Page images
PDF
EPUB

in compendium opportune reducta et illustrata, studio et cura Petri Avanzini, romani presbyteri, philosophia, theologiæ et juris utriusque doctoris.

Le religieux et loyal éditeur donne les raisons suivantes de ce changement:

Nous avons, dans le commencement, publié notre Revue sous le titre de : Acta ex iis decerpta, quæ apud Sanctam Sedem geruntur, de peur que nos lecteurs, si nous les avions intitulées simplement Acta sanctæ sedis, ne crussent que ce fût une Revue officielle, comme l'on dit.

Mais, comme nos lecteurs connaissent, par une expérience de cinq ans, quelies sont les matières contenues, c'est-à-dire les principaux actes du Saint Siége, qui peuvent être publiés commodément, et, comme d'ailleurs, nous avons vu notre Revue citée plusieurs fois par les autres sous le simple titre d'Acta sanctæ sedis, c'est pour cela qu'au commencement de ce tome VI, délaissant ce titre incommode, nous nous servirons de ce titre plus court, et signifiant la même chose, Acta sanctæ sedis 1.

Ainsi, les lecteurs des Acta sont loyalement avertis, ces Acta sont une Revue comme les autres, publiant certains actes du Saint Siége, recueillis par un savant prêtre aver tissant qu'elle n'a d'officiel, que les actes mêmes qu'elle publie, et que toutes les appréciations paraissent sous la responsabilité seule du collectionneur.

Voilà la vérité.

Or, que nos lecteurs relisent les textes que le P. Sommervogel nous oppose et ils verront qu'il les jette dans l'esprit de ses lecteurs comme ayant une autorité officielle. Et le R. Père avait lu pourtant l'avertissement du consciencieux rédacteur? Qu'on nous le dise, cela est adroit et habile, mais cela est-il loyal et consciencieux?

N'avions-nous pas raison de protester tout d'abord contre son interprétation?

Mais, en définitive, il y a là de vrais actes du Saint-Siége, le P. Sommervogel indique, avec une apparence de loyauté, le tome et la page, il faut voir la valeur de cet appel.

Nous ouvrons donc le t. III, p. 215 invoqué contre nous et nous y trouvons: 1° une série des pièces principales adressées par le cardinal Patrizzi aux évêques de Belgique, ayant toutes rapport à la philosophic de M. l'abbé Ubaghs, enseignée depuis 24 ans dans l'Alma université catholique 1 Préface du tome vi.

belge, et terminées par l'exclusion définitive de cette philosophie et de son auteur. Toutes pièces que nous avons publiées avec plus d'ampleur dans nos Annales 1.

2o Nous y trouvons de plus (page 224) le texte des quatre propositions que nous avons souscrites, non pas avec le titre de condamnation du Traditionalisme de M. Bonnetty, comme s'exprime le P. Sommervogel, mais avec ce titre loyal et consciencieux :

a Theses émises par la Ste Congrégation de l'index et » approuvées par Notre Seigneur Pie IX, Pape, le 15 juin 1855. Rien de plus, nous pouvons même dire que les Acta ont oublié un Acte, c'est-à-dire cette lettre du P. Modena, qui en indiquait et limitait le sens. Mais sans doute que l'éditeur, qui n'a jamais reçu nos Annales, s'est borné à prendre ce texte dans la Civiltà Cattolica, qui s'est bien gardée de publier cette lettre.

Voilà en réalité, ce que contient cette première citation des Acta que le P. Sommervogel donne comme une condamnation du Traditionalisme. Cela est-il loyal? - Voyons la seconde citation t. vi, p. 201.

-

Ici, en effet, nous trouvons la phrase: «Quoique dans la » constitution Dei Filius l'erreur des traditionalistes y soit con» damnée, cependant la doctrine de la nécessité de quelque » enseignement pour l'évolution de la raison humaine ne » paraît pas être atteinte directement et explicitement. >>

Voilà le texte où il est dit que le Traditionalisme est condamné. Sur quoi le P. Sommervogel aurait dû dire 1° qu'il s'agit là de la simple opinion du rédacteur, M. l'abbé Avanzini, ce qui ne constitue pas un Acta sanctæ sedis ; 2o qu'il ne s'agit pas du Traditionalisme des Annales que les professeurs de Louvain repoussent, tandis que nous-mêmes avons repoussé et réfuté le traditionalisme de Louvain, entre autres la doctrine rationaliste de l'évolution de la raison humaine, qui n'est pas l'enseignement; 3° les docteurs de Louvain, qui n'ont pas tout à fait renoncé aux principes philosophiques de M. l'abbé Ubaghs, ont eu grand tort de demander la permision d'enseigner de nouveau leur ancienne doctrine, et le cardi1 Voir les tables générales de la 4 et 5° séries.

1

nal Patrizzi n'a pu que leur répondre, le 7 août 1870, comme il leur a répondu. Sa lettre de sept lignes est le seul acte du Saint-Siège, elle détermine clairement la portée qu'elle doit avoir en renvoyant les professeurs belges à la lettre du 2 mars 1866. Nous avons déjà invité le P. Sommervogel à publier cette lettre dont il nous menace, il n'en fait rien, c'est plus commode de dire à ses lecteurs qu'elle nous condamine. Nous l'avons donnée nous-mêmes et avons indiqué où elle se trouve 1. Que nos lecteurs la consultent, et ils verront qu'il n'y a là que la condamnation des principes de M. l'abbé Ubaghs, et en particulier de son traducianisme. Est-ce que le P. Sommervogel traduirait ce mot par traditionalisme ?

Disons en dernière analyse que le Concile du Vatican a éclairci et fixé le sens du canon Dei Filius, par le rejet des amendements proposés directement contre le traditionalisme modéré professé dans les Annales, décision que M. l'abbé Avanzini ne connaissait pas et que nous le prions de vouloir bien insérer dans son précieux recueil. Mais le P. Sommervogel la connaissait, il est donc inexcusable de ne pas s'y soumettre, et de ne l'avoir citée en partie, que forcé par un huissier.

Nos lecteurs connaissent maintenant toutes les pièces de notre polémique, amicale d'ailleurs pour notre part, avec les Etudes religieuses.

1 Voir Annales. t. xiv, p. 377 (5a série).

A. BONNETTY.

Enseignement catholique.

ESSAI`

SUR LA

MÉTHODE ET LES FONDEMENTS DE LA PHILOSOPHIE

Par l'Abbé PIQUES 1.

« Si je ne puis être philosophe sans cesser d'être homme, j'abandonne la philosophie. >>

BALMES.

Le titre du livre que nous annonçons et le nom de l'auteur ne sont pas inconnus des lecteurs des Annales. Le numéro de juillet dernier 1872 contient l'Introduction de ce petit traité philosophique, très-remarquable à tous les points de vue, du modeste ex-professeur du petit séminaire de Beaucaire. C'est une réfutation neuve et très-complète du Cartesianisme et du Rationalisine contemporain. Ce travail de M. l'abbé Piques pourra rencontrer des contradicteurs ; mais son orthodoxie ne ; saurait être contestée, car il paraît avec l'autorisation du savant et éminent prélat de Nîmes, Mgr Plantier. L'auteur, après avoir réfuté le système du doute méthodique, expose sa propre méthode qui est celle de la foi naturelle ou sociale, constate l'objet fondamental de la philosophie et énumère les articles de son Credo scientifique. Il s'élève à des considérations pleines de science et de profondeur, qui prouvent que les questions les plus ardues, les plus transcendantales ne lui sont pas étrangères. Toujours clair, toujours concis, toujours logique, il élucide avec une rare justesse d'esprit les sujets les plus abstrails, et, maniant avec une grande habileté la langue philosophique, il sait les rendre saisissables et les mettre à la portée des intelligences, qui n'ont pas fait, comme lui, une étude spéciale de la métaphysique. Sou style nous a paru sobre, correct, parfois même élégant et noble, ce qui n'est pas un faible mérite dans un sujet si aride et si monotone. 1 Volume in-8° 175 et xi p. En vente chez Grimaud, libraire, boulevard Saint-Antoine. Nîmes. (Gard). Chez Eugène Belin, rue Vaugirard, 52, Paris. Au Petit-Séminaire, Beaucaire (Gard), chez l'auteur.

Dans un ou deux chapitres on voit se refléter quelque chose de la méthode aristotélicienne ou syllogistique, comme une réminiscence des allures scolastiques, comme un mélange de la subtilité de Scot et de la justesse du coup d'œil investigateur de saint Thomas; dans d'autres il emprunte sa terminologie à la science moderne, dont il à étudié et approfondi les divers systèmes philosophiques.

Comme on l'a déjà vu dans son Introduction, M. Piques démontre, de l'aveu même des principaux chefs de l'école rationaliste contemporaine, l'inanité des efforts et la stérilité des investigations des partisans de l'indépendance et de la souveraineté absolue de la Raison humaine. A quoi faut-il attribuer la nullité des résultats de tant et de si laborieuses recherches faites par des hommes d'un incontestable talent et d'un esprit supérieur? A la fausseté de leurs méthodes, à l'idée fausse qu'ils se sont faite de la Raison, du but et de la nature de la Philosophie, en un mot au défaut des principes fondamentaux qui doivent servir d'assises inébranlables à l'édifice de la science.

1o La méthode généralement suivie par le Rationalisme est celle de Descartes, c'est-à-dire, le doute fictif. Or, en faisant abstraction de toutes les vérités fondamentales, de tous les principes, on sape l'édifice de nos connaissances par la base, et l'on est contraint de bâtir sur un sable mouvant. Qui, c'est là notre conviction, comme celle de M. l'abbé Piques, le Cartésianisme, condamné par le Saint-Siége 1, a donné naissance à tous les systèmes plus ou moins erronés, plus ou moins monstrueux de la Philosophie moderne. L'Entendement est la faculté de connaître ou d'acquérir l'idée actuelle de la vérité et la Raison la faculté de raisonner ou de développer les conséquences de la vérité. Mais la Vérité préexiste à l'entendement et à la raison. Mais ce n'est qu'à l'aide des premiers principes qu'on peut prouver la vérité de ce qui est conforme ou la fausseté de ce qui est contraire à la raison. Que fait le cartésien? Il commence par éteindre le seul flambeau qui puisse l'éclairer; il fait abstraction, par son doute même fictif

Voir les divers décrets portés contre ses ouvrages dans les Annales t. v, p. 95 et 99 (4° Série).

« PreviousContinue »