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de ce journal, prévenu d'excitation à la haine et au mépris du gouvernement du roi, et d'offense envers sa personne. Il s'agissait d'un article publié à l'occasion du coup de pistolet, le 14 mars, dans lequel la Tribune accusait la police, et d'un autre article du 23 mars, et dans le quel on remarquait les passages sui

vans :

«La royauté! où sont ses appuis? où est son aristocratie protectrice? où est la religion qui veille pour elle? La bourgeoisie, qu'elle a voulu s'inféoder, a des intérêts opposés aux siens, et laissez tomber les premières frayeurs, laissez la prospérité renaî tre, vous vous apercevrez si l'homme de la classe moyenne ne regardera pas de près à l'énormité des impôts, à l'exiguité des avantages que lui procure la royauté nouvelle, et si, obligé de choisir entre le prolétaire auquel le rattachent tous les liens naturels, et la quasi-légitimité cupide, avare et lâche, il ne fera pas cause commune avec ceux-là contre celle-ci.

La royauté, l'avez-vous refaite? Est-ce une planche et du velours seulement? Alors, vous avez raison !

«Mais, si c'est une institution sérieuse que vous prétendez avoir renouvelée, dites-moi donc où est sa force la tire-t-elle de l'illustration de la maison d'Orléans ?..... prenez son histoire hommes et femmes, c'est à repousser de dégoût. Est-ce de la considération particulière. de Louis-Philippe? Nous consentons à la faire apprécier par un jury, et nous le tirerons au sort parmi ceux qui ont vu l'homme de plus près! Est-ce du bonheur qu'elle donne au peuple? Assemblez-le, et demandez. lui ce que la royauté prélève sur ses

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nant même le soin de relire la phrase. concernant la famille d'Orléans et le roi Louis-Philippe, phrase dans laquelle M. l'avocat-général n'hésite pas à voir tous les caractères de l'offense envers la personne du roi.

M. Sarrut, après quelques considérations générales, discute l'offense envers la personne du roi. Pour prouver que les attaques sont dans le domaine public, il se dispose à dire la préface de Barnave; mais M. le président s'y oppose.

Le défenseur discute ensuite l'article dans tous ses détails.

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15. Duel. On lit dans les journaux de ce matin la lettre suivante :

«Les attaques directes de M. le colonel Briqueville contre M. le maréchal ministre de la guerre, dans son discours du jeudi 13 juin, à la Chambre des députés, ayant rendu indispensable pour M. le marquis de Dalmatiele besoin d'une satisfaction, une rencontré à eu lieu ce matin au bois de Boulogne entre ces honorables adversaires, qui ont choisi l'épée pour arme, et ont commencé un combat qui a duré plus de dix minutes. M. de Dalmatie ayant, dans un mouvement, rencontré une pierre, est tombé à la renverse. M. Briquevilles'est alors empressé de luitendre la main et de le réplacer sur le bon terrain. Le combat a recommencé. Cette fois, l'épée de M. Briqueville s'étant, après une assez longue lutte, engagée dans celle de M. de Dalmatie, s'est échappée de ses mains. Il s'est avancé droit sur son adversaire, qui lui remit son arme avec empressement. Après un repos que nécessitait une attaque aussi vive, le combat reprit de nouveau. Les adversai res se précipitèrent l'un sur l'autre, et arrivèrent bientôt à se saisir corps à corps. Dans cette situation, les témoins, qui étaient d'une part, pour M. le marquis de Dalmatie,

M. le maréchal Clauzel et le général Jacqueminot; d'autre part, M. le général Exelmans et M. César Bacot, député, se jetèrent entre eux, et déclarèrent qu'en gens d'honneur ils ne devaient pas permettre la continuation d'un engagement aussi opiniátre. Les deux combattans se sont soumis à cette décision, et se sont séparés se donnant réciproquement les marques d'une franche et loyale estime

« Maréchal Clauzel, C. Bacot, Jacqueminot, Exelmans.

<< Paris, 14 juin 1833.»

15. Théâtre de l'Opéra-Comique, Ire représentation de CINQ ANS d'enTR'ACTE, opéra-comique en deux actes; paroles de M. Féréol, musique de M. Leborne. Voilà un acteur-auteur de plus; M. Féréol, lui aussi, a cédé à la tentation; on doit le lui pardonner d'autant plus facilement, qu'après avoir joué si souvent dans des opéras-comiques de la force que vous savez, il a pu très-légitimement, et toute vanité à part, se dire « Moi aussi je suis auteur d'opéra-comique, ed io son pittor. » En effet, l'opera-comique de M. Féréol n'est ni plus ni moins mauvais que tant d'autres; sous le rapport des bonnes intentions, des sentimens honnêtes et des mœurs, on n'a que des éloges à lui donner. Si vous aviez le malheur de douter qu'il faille être bon fils et bon frère, vous en seriez convaincu à voir jouer Cing ans d'entr'acte. Cet opéra-comique a d'ailleurs ceci d'heureux pour M. Leborne que ce compositeur peut rejeter surl'innocence du poème, la faiblesse et la monotonie de sa musique. Il faut dire pourtant qu'on a applaudi avec justice l'ouverture, le chant d'introduction, et une romance d'une mélodie suave et gracieuse au second acte.

16. Invention d'une nouvelle Charrue. Un champ dépendant de la fer. me de Rouvray, située à une lieue de Paris, commune de Pantin, est le lieu qui a été choisi pour une expérience dont la charrue-Grangé a

été l'objet hier : quoique le fond de ce champ soit une terre poreuse, sa sécheresse actuelle et son extrême dureté, qui en rendent le travail difficile aux charrues de la ferme, étaient des conditions favorables pour cette expérience.

Un grand nombre d'hommes notables dans les sciences économiques y ont assisté. Les sections d'agriculture et de mécanique de l'Académie des Sciences y étaient représentées par plusieurs membres, accompagnés du président, M. Geoffroy SaintHilaire, et de beaucoup d'autres membres isolés, soit de l'Institut, soit de la Société royale d'agriculture, de la Société d'encouragement pour l'industrie, etc. La charrue a fonctionné pendant deux heures environ, attelée de trois chevaux et dirigée par M. Grangé lui-même, accompagné seulement d'un garçon de ferme.

La charrue-Grangé n'est autre qu'une charrue ordinaire à avanttrain; ce qui la distingue de celleci, c'est le système de leviers qui y sont adaptés, et dont le principal a pour objet de soulever le soc et de le tirer de terre pour tourner et changer de sillon. Elle n'est pourvue que d'un seul mancheron, au lieu des deux qu'il faut aux charrues ordinaires, qu'un homme doit toujours tenir et diriger, au lieu qu'une fois placée, la charrueGrangé trace le sillon sans qu'îl faille, pour ainsi dire, s'en occuper. La haye est maintenue au dessus de l'avant-train dans un double montant, traversé par une broche en fer qui la soutient dans cette espèce de coulisse, et l'y élève ou l'y abaisse à volonté; au moyen de cette disposition, on varie comme l'on veut la profondeur qu'on doit donner au labour. De plus, la haye, ainsi maintenue, ne peut ni osciller ni s'incliner à droite ou à gauche. Enfin, une disposition très-simple permet encore, en donnant au soc un degré différent d'horizontalité, d'adapter la charrue au travail des terres en pente.

Parmi le grand nombre d'assis

tans, soit théoriciens et savans, soit mieux encore, agriculteurs du pays et des environs, quoique tous sans doute ne fussent pas dans des dispositions également favorables à la nouvelle charrue, aucun n'a pu disconvenir de la facilité remarquable avec laquelle elle a fonctionné dans un fonds difficile. L'avis de tous les praticiens a été unanime aussi sur l'immense avantage du levier par lequel l'action des bras de l'homme est remplacée pour déterrer le soc et le tenir suspendu pendant le revirement de l'attelage. On peut dire en quelque sorte que c'est là le point capital de l'invention de M. Grange; et nul doute qu'avant peu ce système de levier ne soit adapté au plus grand nombre des charrues, quel que soit d'ailleurs leur mode de construction, car il peut convenir à tous. Cette invention est destinée à faire époque dans l'histoire des progrès de l'agriculture.

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16.-Metz. Longévité.-François Roussel, né à Rouvres (Meuse), étameur et fondeur de cuillers ambulant dans la froide saison, et marchand de coco aussitôt que paraissait le soleil, est mort à Metz, aujourd'hui, à l'âge de cent dix-huit ans quatre mois. Cet homme, que l'on peut considérer à peu près comme le doyen des générations istantes, a exercé jusqu'à ses derniers jours sa pénible industrie.

20.-Institut. - Élection.— Aujourd'hui l'Académie Française a procédé au remplacement de M. Andrieux. Au premier tour de scrutin, sur 25 votans, M. Thiers, ministre du commerce et des travaux publics, a réuni 17 suffrages, et M. Charles Nodier 6. Il y a eu 2 bulletins nuls. En conséquence, M. Thiers a été proclamé membre de l'Académie Française.

25. Valenciennes. Police correctionnelle. Affaire des ouvriers charbonniers d'Anzin. (Voyez 20 mai). Le ribunal correctionnel de Valenciennes a prononcé,

aujourd'hui, son jugement dans l'affaire des ouvriers d'Anzin, commencée le 18. Dix-neuf prévenus figuraient dans la cause, et 160 témoins ont été entendus.

Dans les premiers considérans, le jugement établit le fait d'une coalition d'ouvriers, sans chefs ni moteurs, pour faire cesser le travail, à l'effet d'obtenir une augmentation de salaire. Il fixe ensuite la participation de quelques uns des prévenus à cette coalition.

«Considérant, poursuit le jugement, qu'il est bien remarquable qu'au milieu des rassemblemens même la voix de l'honorable maire d'Anzin (M. Joseph - Mathieu, inspecteur. général à la compagnie des mines d'Anzin) n'a jamais été entièrement méconnue; qu'aucune menace qu'aucune insulte n'a été faite, soit aux magistrats de l'ordre 'administratif ou judiciaire, soit aux commandans de la force armée; que' toutes les autorités furent toujours respectées; qu'aucune parole offensante contre le roi ou son gouvernement n'a été proférée; qu'enfin cinq mille ouvriers n'ont, pendant dix jours, sur un rayon de frontière de huit lieues, commis aucun dégât dans les fosses; que ces faits, joints à leur bonne conduite antérieure et à l'ancienne et profonde misère de ces courageux ouvriers, la plupart chargés d'une nombreuse famille, réclament en leur faveur toute l'in dulgence de la justice ;

«Par ces motifs, le tribunal déclare.... (suivent les noms des cinq prévenus) convaincus du délit de coalition; condamne Louis Lectain, Jean-Baptiste Senecot à un mois; Alexandre Deramez et César Gendarme à quinze jours; Eloi Oudart et Trognon fils, à huit jours d'emprisonnement, etc. »

Ce jugement a été accueilli par les bravos de l'auditoire. Plusieurs dès prévenus ont versé des larmes en entendant leur condamnatian. Après le prononcé du jugement, le président a adressé aux ouvriers l'allocution suivante :

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« Ouvriers mineurs, la plupart

d'entre vous vont être rendus à la liberté. Tous cependant ne sont pas exempts de reproches. Mais les motifs d'indulgence pour les coupables furent pour vous, dans le doute, des motifs d'acquittement, Vous allez bientôt reprendre vos occupations ordinaires; vous ne rejoindrez pas vos camarades sans sans leur répéter les paroles de M. François, votre défenseur; vous leur redirez avec lui que votre conduite a été blamable, que l'émente n'est pas permise. Le jugement de condamnation apprendra aussi que l'on ne viole pas impunément les lois protectrices de l'ordre public. Toutes les autorités, forment des vœux sincères pour l'amélioration de votre sort; la voix de l'humanité ne Lardera pas à se faire comprendre; Jes propriétaires des riches établissemens des mines ne peuvent être vos tyrans; non, ils ne peuvent l'être un titre plus digne leur ést réservé ; ils ne laisseront pas à d'autres le mérite d'être vos bienfaiteurs.

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citation au mépris et à la haine du gouvernement du roi, à l'occasion d'un article publié dans le numéro du 25 janvier dernier de son journal. Voici les principaux passages de l'article incriminé, intitulé Madame malade.

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« Madame cst malade, en danger peut-être, c'est le moment de nous rallier. Nous l'avons dit au jour de l'arrestation de Marie-Caroline: Malheur à qui osera toucher à l'un des cheveux de la petite-fille d'Henri IV! Oh! oui, malheur! Cette menace d'aujourd'hui est dé notre part un dernier avis; après la parole, l'action. Vienne une fatale nouvelle, ce qu'à Dieu ne plaise! et pour la France et pour l'Europe, vienne une fatale nouvelle, et sur notre foi, nous jurons qu'on ne demandera pas où sont les royalistes! Une vie ne peut être payée que par une autre vie. Madame est à nous. Rendez-lui la liberté, et priez Dieu qu'il ne soit pas trop tard. Ah! que l'on craigne d'apprendre ce que peuvent des gens désespérés ! »

M. l'avocat-général Boucly a soutenu l'accusation. Le prévenu a été défendu par Me Berryer, qui a invoqué en faveur de son client l'excuse provenant des circonstances au milieu desquelles il avait écrit son article, article dans lequel il faut convenir que le prévenu avait conçu des inquiétudes exagérées, et d'autant plus inoffensif, après six mois d'intervalle, que chacun aujour d'hui, dit Me Berryer, s'écriera, en lisant l'article du Revenant : Mais il ne savait ce qu'il disait!

Après une courte délibération, le jury ayant écarté le chef de provocation au meurtre, et déclaré le prévenu coupable sur les deux autres, la cour l'a condamné à un an de prison et 500 fr. d'amende.

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pérance de voir représenter le plus fameux procès pour criminelle conversation, dont les annales judiciaires de la Grande Bretagne soient seuillées, ont été désappointés complé tement. L'histoire sera sans doute de l'avisde ce membre de la Chambre des lords qui disait: «Je sais que Caroline de Brunswick est une femme méprisable, et par cette raison je pense qu'elle doit rester unie à notre gracieux souverain. » Les auteurs du nouveau drame ne l'ont pas entendu ainsi ; ils ont fait de Georges IV et de sa femme des personnages tout à fait respectables leur Caroline est un modèle de vertu et de chasteté. Bergami lui-même n'a plus pour la reine qu'une passion toute platoni que. Quand les faits sont encore si près de nous, c'est un étrange projet que de les travestir de la sorte; les auteurs n'ont pas eu à se louer de l'avoir entrepris.

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9. Paris. Theatre-Français. Tre représentation de la MORT DE FIGAno, drame en cinq actes et en prose de M. Rosier. Quelle métamorphose ont subie, dans cette pièce, ces personnages si brillans et si gais, créés par la verve mordante et spirituelle de Beaumarchais ! Ce n'est rien auprès, que la Mère coupable. Nous sommes en 93, à Valence : transformé en républicain âpre et brutal, Figaro s'est fait conspirateur politique, le magnifique et superbe Almaviva s'est laissé faire conspirateur par son valet; Rosine est tombée dans la bigoterie la plus étroite;

Suzanne est devenue une femme de charge de l'espèce la plus bourgeoise; le fameux Basile n'est pas moins méconnaissable, et nous avons de plus le fils de Figaro, Pietro, qui aime Florestine, la fille du comte Almaviva. Celle-ci ressemble à toutes les héroïnes de drame ou de roman, et celui-là ne ressemble à rien. Deux autres personnages appartenaient encore à M. Rosier: le procureur fiscal Torrido, qui est bien le plus abominable des hommes, et un prisonnier français, M. de SaintPrix, qui emploie les loisirs de sa captivité à faire un cours de chirur gie mêlé de politique. Ici, Torrido joue à peu près le rôle du Begearss de la Mère coupable. Tous ces personnages se meuvent dans une action obscure, bizarre et décousue, remplie d'événemens impossibles, et où l'on chercherait en vain la tenue des' caractères l'observation des mœurs, l'intérêt et le bon sens des situations. Ce drame a pourtant obtenu de nombreux applaudissemens, justifiés en certains endroits par la chaleur du style et le nerf de la pensée.

17. Caen. Congrès scientifique.On écrit de cette ville le congrès scientifique qui se tiendra à Caen, depuis le 20 de ce mois jusqu'au 26, promet d'être intéressant et nombreux. Des sociétés académiques de Nantes, Poitiers, Evreux, etc., ont résolu d'y envoyer des députa. tations la société géologique de France y sera représentée par dix de ses membres résidant à Paris, et plus de quinze antiquaires, chimistes et littérateurs de Koueu ont annoncé leur arrivée. D'après les acceptations déjà reçues le 1er juillet, on compte que la réunion sera d'environ 80 Français: c'était le nombre de l'assemblée de Cambridge; et, outre plusieurs Anglais, on espère à Caen que quelques savans de l'Allemagne viendront. Le congrès comprendra six sections: géologie et minéralogie; sciences physique, chimique et agronomique; histoire naturelle; littérature et philologie;

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