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14. Académie des sciences. Rapport sur les ravages du cholera à la Havane. Dom Ramon de la Sagra a adressé à l'Académie un onvrage intitulé ; Tablas necrologicas del colera morbus en la ciudad de la Habana y sus arrabales, (Tableaux de la mortalité produite par le choléra-morbus à la Havane.)

Le nombre des individus qui ont succombé au choléra-morbus est de 8,253. Voiei la proportion des morts, suivant les races, les conditions et les sexes:

Hommes blanca, 5 p. 100; femmes blanchies, 4; mulâtres libres, 6; mulâtresses libres, 7; mulâtres esclaves, 6; mulâtresses esclaves, 7; nègres créoles libres; 10; négresses créoles libres, II; nègres créoles esclaves, 7; femmes créoles esclaves, 6 1/2; nègres libres, 19; négresses libres, 17; nègres esclaves, 10 1/2; négresses, 8 1/2.

I parait qu'à la Havane la première enfance a été moins attaquée par le choléra que les autres âges.

La population de la Havane et de ses faubourgs est de 112,000 hab., de sorte que la mortalité a été de plus de 7 sur 100 habitans. A Paris, où le choléra a été si affreux, il n'a cependant enlevé que a et une fraction sur 100 habitans, si l'on prend 18,000 morts et 715,000 habitans. Que l'on jugé de la violence du fléau à la Havane où il a emporté plus de 7 habitans sur 100.

Voici quelques détails que nous extrayons d'une lettre écrite le 1er mai : « J'ai été suivi à la Havane par le choléra, qui est venu s'y établir en même temps que moi. Pour vous faire une idée de ce qui s'est passé ici, reportez vos souvenirs à ce que nous avons vu à Paris dans les trois premiers jours; rap pelez-vous comme ce fléau déconcerta l'autorité dans la première

ville du monde civilisé; seulement alors vous pourrez vous figurer ce qui est arrivé dans une colonie; les affaires commerciales furent immé diatement suspendues ; les autorités désertèrent leur poste; les riches habitans les suivirent dans l'intérieur de l'île; 15,000 personnes émigrèrent en deux jours, ce qui augmenta la tristesse profonde dans laquelle la ville était plongée; et l'épidémie augmentant avec une effrayante rapidité, la mortalité s'éleva dans un seul jour à plus de 900 personnes; la stupeur fut à son comble. L'égoïsme américain et colonial se montra dans toute son horreur; là, les maîtres laissent mourir leurs esclaves sans secours, dans la crainte de la contagion et malgré l'intérêt qu'ils ont à leur conservation; à côté les parens, abandonnant leurs parens, les laissent enterrer vivans; les médecins, partageant la. frayeur commune, refusent de faire les visites que leur impose l'autorité sans puissance. Au milieu du désordre qui régnait il était presque impossible d'établir au juste la mortalité journalière, que la peur augmentait; l'entrée du cimetière était défendue; les morts se portaient dans les tombereaux qui servent ordinairement à enlever les boues de la ville; on avait eu la précaution de les couvrir d'une planche; ils étaient précédés d'une sonnette qui se faisait entendre de très-loin et venait vous rappeler que votre tour n'était pas encore venu. si un instant vous aviez pu l'oublier; et sous ce beau ciel la maladie vous tuait en six heures. »

18, Cour de cassation. Affaire du National. - La cour de cassation s'est occupée aujourd'hui du pourvoi formé par le National contre l'arrêt de la cour d'assises de Versailles qui a condamné M. Paulin, son gérant, à un mois de prison et 5,000 f. d'amende pour infidélité et mauvaise foi dans le compte rendu des débats de la cour d'assises dans l'affaire da Coup de pistolet.

Le National, indépendamment du compte-rendu des débats, publié

dans sa feuille du 4 mars dernier, inséra dans le corps du journal un article qui se composait de réflexions sur la physionomie des débats et sur la direction qui leur avait été donnée par le président, M. Duboys d'An

gers. "

Cité directement devant la cour d'assises, le 19 mars suivant, M. Paulin déclina l'incompétence de la cour en se fondant sur ce que l'article incriminé n'était pas un compterendu des débats, mais bien un article de réflexions et de doctrines sur ces débats. Ces moyens ayant été rejetés, M. Paulin fit défaut, et la cour, statuant au fond, le condamna le 20 mars à un an de prison, 5,000 fr. d'amende et à l'interdiction pendant deux ans de rendre compte des débats judiciaires.

Leit mai, la cour de cassation, saisie du pourvoi de M. Paulin, cassa l'arrêt de la cour de la Seine, et le renvoya devant la cour d'assises de Versailles. Devant cette cour, M. Paulin présenta de nouveau ses moyens d'incompétence, qui furent rejetés comme ils l'avaient été à Paris. La cour, statuant au fond, prononça la même peine que celle qui avait été infligée par la cour d'assises de la Seine, en réduisant néanmoins à un mois la durée de l'emprisonnement.

Me Crémieux, avocat du National, a plaidé devant la cour deux moyens de cassation, tirés de la double incompétence dans laquelle se troy vaient les juges qui ont rendu l'arrêt; ratione personarum, à raison de la personne des juges qui avaient jugé le compte-rendu sans avoir assisté aux débats; et ratione materiae, a raison de savoir si l'article incriminé constituait véritablement un compte rendu.

M. Parant, avocat-général, tout en concédant à la cour le droit d'examiner si l'article incriminé constituait ou non un véritable compte renda, a conclu au rejet du pourvoi.

Après deux heures et demie de délibération, la cour rend l'arrêt dont voici les principaux motifs :

« La cour, vu les art. 420 du

et

Code d'instruction criminelle, 16 de la loi du 25 mars 1822, 3 de la loi du 8 octobre 1830;

« Sur le premier moyen résultant de ce que les magistrats de la cour d'assises de Seine-et-Oise n'étant pas ceux qui avaient tenu l'audience dont le compte-rendu était attaqué, n'avaient pas pouvoir de juger;

« attendu que les mesures exceptionnelles doivent être restreintes aux objets pour lesquels elles ont été instituées;

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en

Que la loi du 25 mars 1822, er attribuant aux cours et tribunaux par son art. 16 le droit de juger le compte-rendu de leur audience n'a rien dit du pourvoi qui pourrait frapper les décisions de ces cours ou tribunaux, et les a par conséquent laissés au droit commun;

«Que l'art. 3 de la loi du 8 octobre 1830 n'a rien ajouté à ces dispositions;

« Que des lors la cour d'assises de, Seine-et-Oise a été régulièrement saisie et était compétente pour sta tuer au fond;

« Sur le deuxième moyen tiré de l'incompétence prétendue, fondée sur ce que l'article incriminé n'était pas un compte-rendu dans le sens de la loi ;

«Attendu que l'article d'un journal qui présente des faits plus ou moins nombreux peut être considéré comme un compte-rendu, quelque place qu'il occupe dans le journal, quoique accompagné de réflexions, et encore que dans le même numéro se trouve un compte plus détaillé des débats de l'audience;

« Attendu que l'article incriminé présente ces caractères , qu'il peut être considéré comme up compte rendu, et qu'il rentre dans les prévisions de la loi;

« Attendu que, décidant en fait que l'article du National est infidèle, de mauvaise foi et injurieux pour la cour d'assises de la Seine, et notamment pour deux de ses magistrats, la cour d'assises de Seine-et-Oise n'a violé aucune disposition dans ses attributions ;

.

« Attendo d'ailleurs que l'arrêt est

régulier en la forme, rejette le elle a traversé an beau milieu du pourvoi. »

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26. Mâcon. Troubles. Origine du compagnonage. Hier, jour de la Saint-Crépin, fête des cordonniers, des désordres affligeans 'ont éclaté à Mâcon et à Sens; il s'agissait dans P'une et l'autre ville de la prétention des cordonniers à faire entrer le compas et l'équerre dans les insignes de leur profession, A cette nouvelle, les ouvriers charpentiers, maçons, menuisiers, etc., se sont émus, et des rixes violentes ont eu lieu, à Mâcon, au sortir de la messe, où les insignes en question avaient été exposés dans une châsse; à Sens, à l'entrée d'un bat dont les billets d'invitation en étaient décorés.

Cette querelle, qui éclate de temps en temps en rixes sanglantes, est déja bien ancienne. Il parait que les garçons cordonniers sont exclus, ainsi que quelques autres corps d'état, du grand compagnonage,, de ce qu'on appelle le devoir, sous le prétexte qu'ils n'ont point été employés à la construction du temple de Salomon, première origine, à ce qu'assurent particulièrement les tail. leurs de pierre, de toutes les associa tions d'ouvriers.

NOVEMBRE.

12. Londres. Omnibus à vapeur. On lit dans les journaux de ce jour : Hier, la voiture à vapeur de sir Charles Dance est partie de Gray's inn-Road pour Birmingham. Afin de rendre l'expérience plus deisive,

jour le pont de Westminster, Parliament-Street, Whitehall, Charing. Cross, Pall-mall, est montée par Regent-Street, dans Portland-Place, jusqu'a Regent's - Park, et a pris New-Road. Cette distance de cinq milles environ a été parcourue en 35 minutes, quoiqu'en beaucoup d'endroits la voiture ait rencontré la route couverte de granit concassé. En outre, les rues de Londres sont, à cette heure-là surtout, encombrées de voitures de toute espèce. Elle a été souvent forcée de ralentir sa marche et d'aller le plus lentement possible; souvent aussi elle a pu manoeuvrer avec la plus grande rapidité au milieu de cette foule de voitures qui se croisent en tous sens.

En un mot, on peut considérer l'essai fait dans les rues de Londres comme tout-à-fait concluant en faveur de la voiture à vapeur.

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6. Reims. Duel d'une femme avec un homme. Henriette R.... de Chênes Bourgerie, près de Sedan, femme d'une constitution robuste, âgée de 66 ans, ayant eu une querelle qui date de 28 années, avec le sieur M... C..., boulanger, lui a donné plusieurs fois rendez-vous pour se battre à l'arme blanche, à la Villette. En effet, la rencontre a eu lieu le 3 de ce mois. Le combat a été repris trois fois à la même place. La femme H. R... s'est retirée blessée. Ce n'est que trois jours après qu'on a conçu l'espoir de la sauver. Elle est maintenant convalescente, et l'intrépide amazone se promet bien, lors de son entière guérison, de renouveler le combat.

7. Paris. Théâtre de l'Opéra-Comi que. ire représentation de UNE JOURNÉE DE LA FRONDE, opéra-comique en trois actes; paroles de M. Melesville, musique de M. Carafa. Ceci est une journée de la fronde, comme une journée de la ligue, ou de toute autre époque où deux partis divisent l'état et sont aux prises. Quant à tout ce qui peut marquer la fronde d'un cachet particulier, il

'n'en faut rien demander à cette pièce. Mais que deviendrait l'opéracomique, si on allait vouloir l'examiner l'histoire à la main ? Ce que M. Mélesville entend par une journée de la fronde, ce sont les aventures d'un marchand qui, se trouvant placé entre le parlement et Mazarin, voudrait bien vendre à tout le monde sans épouser le parti de personne, mais qui se voit mêlé malgré lui dans toutes les intrigues. Ainsi Mathieu conspire avec le marquis de Jassay, émissaire de Mazarin, et tantôt il cache chez lui la duchesse de Longueville à ce double métier tout n'est pas profit; Mathieu y court de fort grands risques, et y ressent de fort grandes peurs. On rit volontiers de ses peurs et de ses risques, et, en fin de compte, il s'en tire sain et sauf. Cet opéra-comique était un vaudeville en 1829, et s'appelait la Maison du Rempart. Il a perdu, sous sa nouvelle forme, une partie de sa vivacité, qualité essentielle d'un imbroglio de ce genre, et n'a inspiré à M. Carafa, sauf deux ou trois jolis morceaux, qu'une partition dépourvue d'idées et de caractère.

7. Théâtre de la Porte Saint-Martin. 1re représentation de: MARIE TUDOR, drame en trois journées et en quatre parties, par M. Victor Hugo. On trouve dans diverses préfaces de M. Hugo des théories sur l'art dramatique avec lesquelles ses pièces ne s'accordent guère. L'art, suivant M. Hugo, feuillette la nature, interroge les chroniques, s'étudie à reproduire la réalité des faits, surtout celle des mœurs et des caractères. Mais comment arrive-t-il donc que ce soient précisément toutes ces choses-là que la critique ait vainement cherchées jusqu'ici dans ses drames et encore aujourd'hui dans Marie Tudor? L'histoire de cette reine sanguinaire et bigote, telle que le poète vient de nous la faire, sera celle, quant au fond, d'Elisabeth et du comte d'Essex, de Roxane et de Bajazet, de Christine de Suède et de Monal

deschi; mais non l'histoire de la véritable Marie Tudor. M. Victor Hugo a voulu baser son drame, comme il a dit lui-même, sur ce formidable triangle qu'on retrouve si souvent dans l'histoire: une reine, un favori, et un bourreau. Alors, pourquoi aller justement prendre une reine qui n'est pas un des trois points de ce triangle? Ce choix malheureux fait sentir tout de suite à combien d'erreurs le poète se con-damnait, et tous les obstacles contre lesquels il devait se briser. Le roman imaginé par M. Hugo n'offre, en effet, nulle trace de la réalité des mœurs, des faits et des carac tères ; il n'y a rien là du règne de Marie Tudor. Mais ce roman, s'il est vraisemblable, intéressant, pas·sionné, remarquable par le style, pourra encore captiver l'attention et l'estime du public: sous tous ces rapports, nous devons encore avouer que le nouveau drame n'est nullement satisfaisant et qu'il ne présente presque aucune de ces choses grandes et hardies qui ont fait passer les exagérations et les bizarreries de Lucrèce Borgia. Une seule situation de Marie Tudor est vraiment belle et dramatique c'est au dernier acte, quand, par un conflit de circonstances assez pénible à débrouiller d'ailleurs, la reine et une jeune fille sont toutes deux dans l'incertitude sur le sort de leur amant; car l'échafaud est dressé, la hache est prête, et l'amant de la reine ou l'amant de la jeune fille aura la tête tranchée. Eperdue, inenaçante, la reine donne l'ordre de suspendre l'exécution ; il est trop tard. Trois coups de canon annoncent, comme dans Adélaïde Duguesclin, que la hache est tombée. Un homme paraît, c'est l'amant de la jeune fille que la reine avait voulu faire périr à la place du sien.

9. Musiciens russes. — L'ouverture des concerts Montesquieu a eu lieu aujourd'hui. Cette soirée musicale a été terminée par six morceaux de musique exécutés soit avec des cors ou des roseaux, soit avec la voix, par les vingt-deux musiciens

russes qui composent l'orchestre uninote. Chaque musicien, avec sa voix ou l'instrument qui lui est confié, ne fait jamais que la même hote, en sorte qu'excepté le cas où les sons se succèdent comme dans une octave, et en supposant tous les temps égaux, ordinairement la préoccupation principale de ces musiciens doit être de compter les mesures et les temps, pour lancer juste au momént venu, et pendant la durée nécessaire, la note qu'ils sont chargés de donner avec la voix du l'instrument.

Les instrumens dont se servent les-vingt-deux musiciens russes sont des cors dont la forme ressemble à celle des trompes avec lesquelles les bergers suisses rappellent les bestiaux. Ces cors ont depuis cinq pouces jusqu'à huit pieds de long pour parcourir depuis les sons áigus jusqu'aux plus graves. D'après le système adopté pour ce nouveau genre d'exécution musicale, chaque cor ne doit rendre qu'un son. Toutefois on a cru remarquer que les plus petits de ces instrumens en donnent plusieurs, et paraissent même armés de clefs pour changer de tons Quoi qu'il en soit, et en admettant même que cet orchestre ne soit pas rigoureusement uni-note on a été étonné de la précision souvent gracieuse avec laquelle certaines difficultés ont été rendues, dans l'ouverture du Calife de Bagdad, et dans la mélodie russe. Des variations de Kosloff, exécutées d'après le même système avec des roseaux, ont varié les effets de la partie instrumentale de ce concert. Quant à ce mode d'exécution appliqué à la voix humaine, sans rien perdre de sa singu larité, il devient évidemment moins difficile, puisque l'on peut, avec cet organe, préparer les sons par des porte-voix, ce qui ne peut se pratiquer avec des tubes qui ne rendent qu'un son.

12. Cour d'Assises. Délits de la presse. Les trois journaux la Tribune, le Renovateur, la Quo

t

tidienne figuraient ce matin devant la cour d'assises, en la personne de MM. Lionne, de Lostange et Dieudé, gérans respectifs de ces journaux, pour délits d'offenses envers la personne du roi et d'attaques contre son inviolabilité.

Pendant le voyage de S. M. dans l'ouest de la France, Louis-Philippe, répondant à la harangue du président du tribunal de commerce de Bernay, qui lui avait dit « que c'était en fai

sant connaître la vérité aux rois « qu'on pouvait aujourd'hui affermir « et consolider les trônes >>, avait répliqué « que si la vérité était a due aux rois, elle n'était pas «<moins due aux peuples; qu'eux

aussi avaient leurs flatteurs, qui « savent aussi bien tronquer la vérité « par la flatterie, que la comprimer « par l'insulte et l'obscurcir par la «< calomnie.» (V. l'Histoire, p. 3or.)

Le journal la Tribune, reproduisant ce discours du roi dans son numéro du 30 août dernier, l'avait accompagné d'un article dans lequel il plaçait dans la bouche du président du tribunal ce que, selon lui, ce magistrat eût pu à son tour lui répondre.

Dans cette prétendue réponse, dont l'intégralité est du reste incriminée, on trouvait les passages suivans, sur lesquels M. Perrot de Chezelles, l'un des substituts du procureur général, a plus particulièrement insisté :

<< Mais, Sire, sauf le respect que je vous dois, vous déclamez un peu.

« Vous prétendez que les nations ont leur flatteurs. C'est un mot renouvélé de M. de Peyronnet, qui l'avait renouvelé de bien d'autres....

Le premier bavard et le prémier malhonnête homme pourront au hasard accuser la morale et la foi d'un citoyen dévoué au peuple. Vous couviendrez, Sire, qu'il n'y a pas là de quoi encourager la flatterie aux nations.

« Vous, au contraire, si vous avez un Soubise, qui, en tout temps, soit disposé à se prosterner devant vos idées, vous en faites un maréchal de France; si vous avez un mignon

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