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qui flatte jusqu'au petit chien de votre sœur, vous l'élevez au rang de ministre, et vous le conservez dans votre sécrétaire à titre d'intendant. La flatterie envers vous est d'autant plus utile qu'elle est chanceuse envers les peuples..... Vous êtes, vous, roi des Français, reconnu par l'Europe, Dieu sait à quelle condition! Vous avez une nombreuse famille que vous voulez placer; l'une en Belgique, l'autre en Portugal, en attendant que la révolution fasse vaquer des trônes en Europe. Vous rêvez à votre dynastie, excellent père de famille, et vous vous inquiétez peu des souffrances du pays....

Mais vous, fils d'Egalité, qu'al vez-vous donc donné à la France?.... «On attendait de vous un peu de gloire.... pas trop ; car les d'Orléans n'ont jamais eu de tels précédens. Eh bien depuis trois ans, qu'avez vous fait du drapeau tricolore? Quel est son rôle en Italie, qu'a-t-il terminé en Belgique ?....

«Est-ce à vous qu'est due l'ac tivité, l'intelligence d'une population qui a, depuis quatorze cents ans, montré l'admirable instinct du travail et du courage? Ainsi donc, les biens dont nous jouissons, c'est nous, c'est la nation tout entière qui les crée. Vous n'y êtes, vous, que pour le mal qu'elle ressent et vous demandez qu'on vous remercie de ce que le soleil est chaud, la moisson riche et la consommation abondante!!!....

· De quoi venez-vous donc vous targuer, roi prétendu citoyen?...

« Pardon, fils d'Orléans! je parle un peu : c'est là contagion qui, me gagne. La nation connaitra aussi ce que je vous ai dit, et elle en profi terá plus que vous. C'est sa destinée qui *lui donne l'heureux avantage de voir toujours la royauté avengle, se précipitant bientôt à tous

les excès.

« Continuez, Sire, à suivre la voie dans laquelle vous êtes. Le silence du pays est le meilleur présage de ce qui vous est réservé. Le régent fut un roué, votre père un

faux patriote vous avez les vertus et les vices de ces deux hommes, également effacés et affaiblis....... Voyez vous-même l'avenir qui vous attend. »

Malgré la saisie de ce numéro, opérée le même jour, et annoncée le même soir par le journal ministériel, la Quotidienne et le Rénovateur ayant reproduit cet article le lent demain, 1er septembre, ces deux journaux furent également sairis et enveloppés dans la commune poursuite

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Après trois quarts d'heure de délibération, le jury déclaré M. Lionne, gérant de la Tribune, coupable du délit d'attaque contre l'inviolabilité de la personne du roi.

Le Rénovateur et la Quotidienne sont déclarés non coupables

M. le président prononce l'acquit tement de ces deux journaux.

M. le substitut réclame, à l'égard de M. Lionne, l'application de l'artil cle 10 de la loi du 9 juin 1819, combiné avec l'art. 365 du Code d'instraction criminelle, qui veut qu'en cas de conviction de plusieurs erimes où délits, la peine la plus forte soit seule appliquée. Ilsoutient que dans l'état actuel de la législation en matière de récidive, la condamnation à l'amende pourrait être dans l'espèce élevée à 40,000 francs, ce qui laisserait encore à la cour une latitude de r9,000 francs.

M. Marrast défenseur de la Zvibune, répond que les peines de là récidive sont inapplicables, l'article incriminéayant été publié antérieu rement à la condamnation de la Tribune au maximum de la peine.

Après une demi-heure de délibé♣ ration, la cour, vu les articles 9 đè la loi du ro juin 1819, 58 du Code pénal, 1er de la loi du 17 mai 18173 Ter de la loi du 29 novembre 1830 | vu la déclaration du jury, vá l'arrêt du 29 septembre, qui, par saite de la condamnation prononcée par la Chambre des députés, prononce con tre Lionne la peine de cinq ans de prison et de 20,000 fr. d'amende ; et faisant application desdits articles à Lionne, la condamné à une an+

née de prison, qu'il subira après les cinq années auxquelles il est déjà condamné, et à 24,000 fr. d'amende, qui se confondront jusqu'à concurrence de 20,000 francs, avec l'amende précédemment encourue.

Théatre- Français. ¡1o représentation de BERTRAND ET RATON, ou J'ART DE CONSPIRER, Comédie en cinq actes et en prose, par M. Scribe.

:

-M. Scribe est le Molière de notre époque, ce qui ne veut pas dire que M. Scribe soit un Molière, mais bien qué la comédie repose tout entière sur ce fécond et spirituel écrivain, et par là on pourra juger ce que c'était que la comédie du temps où il a vécu des nuances plutôt que des couleurs, des observations à fleur de peau, des mœurs et des caractères vus à la loupe, des personnages dessinés à travers des carrés de réduction, des figures de silhouette, des intrigues en miniature; quelque chose d'élégant, de coquet, de compassé, qui plaît et charme avec une douce facilité. Tel M. Scribe est au Gymnase, dans ses petits drames, si bien faits, si bien taillés pour la dimension et les acteurs de cette salle, tel, ou peut s'en faut, vous le retrouvez au ThéâtreFrançais; et il est impossible en écoutant la grande comédie de M. Scribe, la comédie en cinq actes, de ne pas y reconnaitre à chaque instant l'ongle du lion, c'est-à-dire du vaudevilliste. Bertrand et. Raton, malgré le succès de vogue que cette pièce a justement obtenu, ne détruira pas cette opinion. Cette pensée, mise en fable par La Fontaine, que celui qui tire les marrons du feu n'est pas celui qui les mange, que celui qui fait naître les événemens n'est pas celui qui en profite; cette pensée, ou plutôt ce lieu commun qui s'applique à toutes les positions sociales, M. Scribe a voulu la traduire en eing grands actes, en prenant une révolution politique pour fond de son drame. L'adresse est le trait distinctif du talent de M. Scribe, et jamais il n'en a fourni une preuve plus frappante qu'en donnant sa co

médic dans un temps où le public était, par une expérience récente, merveilleusement disposé à reconnaître les Raton et les Bertrand politiques, pourvu qu'on les posât devant lui avec quelque habileté. C'est donc une comédie à allusions que nous avons ici. La scène, il est vrai, se passe en Danemarck, et par le fond des événemens, ou plutôt par les noms, l'intrigue semble vouloir rappeler la révolution qui précipita Struensée du ministère. Mais dans tout cela il ne s'agit réellement que de personnages et de caractères français, que d'intrigues françaises, que de mœurs françaises, si ce mot de mœurs n'est pas trop fort pour la comédie de M. Scribe. Son Bertrand est un grand seigneur que tout le monde aurait pu nommer, à son affectation de finesse diplomatique, à sa prétention aux bons mots et aux épigrammes; son Raton n'est pas si reconnaissable, parce qu'il est moins vrai; car on ne voit pas que les riches industriels aient été dans la révolution de juillet les Ratons qui tirent les marrons du feu. Cette révolution a certainement mis la bourgeoisie commerçante au pinacle. M. Scribe a été mieux inspiré dans la création du colonel Roller, soldat d'antichambre, ambitieux, toujours mécontent, intriguant qui n'a ga gné ses grades que par des complots et des trahisons: c'est l'un des fils que Bertrand de Rantzau fait jouer pour arriver à son but. Ce même Bertrand de Rantzau est aussi nettement caractérisé: vieux courtisan, impénétrable, blanchi dans les ruses diplomatiques, il voit tomber tous les ministres et tous les gouvernemens, sans que lui tombe jamais, sans que jamais il se compromette avec les puissances. Il ne conspire pas, par la raison que ceux qui font des conspirations sont rarement ceux qui en profitent; mais il tire parti, avec une prodigieuse adresse, de tous les hommes disposés à conspirer; il les mène les uns par les autres dans une foule de scènes ingénieuses, amusantes, étincelantes de mots piquans, et où éclate un art

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infini à déguiser par la grâce, la finesse ou la vivacité du dialogue, la faiblesse d'une situation ou l'insuffisance de l'intrigue. Ainsi, il en est de cette comédie comme de presque toutes les pièces de M. Scribe : une broderie éblouissante fait passer le canevas. y a trois ou quatre émeutes dans la pièce; il fallait voir comme le public s'y reconnaissait. Somme toute, succès immense, mais aussi succès de circonstance en grande partie.

15. Lyon. Longévité.—On lit dans le Courrier de Lyon :

« Sur la commune de Caluire, paroisse de Cuire, est décédé, le 4 août dernier, un vieillard nommé Jean-Claude Chabert, natif de Charly (Rhône), âgé de cent un ans; il était né le 23 juillet 1732.

«Il avait recommandé d'enterrer avec lui le squelette de son fils, qui en effet a été trouvé après sa mort, dans son grenier. Il parait qu'il s'occupait de la recherche de la pierre philosophale, et que pour cela il invoquait les esprits infernaux; car sur sa table de travail se trouvaient ouverts le grand et le petit Albert, une tête de mort que l'on dit être celle de sa femme, et d'autres débris d'ossemens humains. Le curé de Cuire lui a refusé les prières de l'église.. L'intérieur de son appartement surpasse les descriptions les plus romantiques sur un pareil sujet. »

15. Riom. Cour d'assises. Perversité précoce. Jean Pény, ce criminel de neuf ans, accusé d'avoir précipité une petite fille dans le feu et de l'y avoir retenue de vive force, et d'avoir voulu jeter un autre enfant dans un puits, a été jugé ce soir, après deux audiences d'une solennité remarquable. De hautes ques tions dominaient cette cause d'un grand intérêt, dont les débats ont

25. Londres. Enormité des fortunes en Angleterre. Voici l'évaluation en francs du revenu anLe duc de Northumberland.

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fait ressortir l'inconcevable impassibilité de l'accusé, qu'un spectacle imposant, aussi nouveau, aussi extraordinaire pour son âge et pour ses habitudes, n'a ni ému ni surpris. Il a été, au milieu de cette assemblée nombreuse dont il attirait les avides regards, le même qu'il était en prison, ne faisant jamais de réponse qui pût compromettre la ténacité de son système de défense; étudiant d'un coup d'œil la physionomie et l'intention de celui qui parlait; puis, les yeux baissés, et parfaite ment recueilli, méditant une réponse dont il cherchait l'impression dans tous les traits de son interrogateur.

Déclaré coupable avec discernement, il a été condamné au minimum de la peine ( dix années d'emprisonnement dans une maison de correction).

Quelques personnes, qui n'étaient point initiées dans la connaissance du moral de cet enfant, s'attendaient à le voir pleurer en entendant prononcer sa condamnation. Mais, après avoir fort bien compris son sort sur les seules conclusions du ministere public, il a dit qu'il était très-content de rester dix ans dans une maison où il serait bien.

Au premier abord, cet enfant paraît avoir, de beaux yeux; mais, attentivement examiné, son regard est presque toujours équivoque; et par fois on serait, malgré soi, disposé à reconnaître dans ses yeux et dans son sourire quelque apparence de

férocité.

On a voulu savoir quelle avait été sa conduite en prison; et voici l'un des faits qui lui sont reprochés pendant le séjour qu'il y a fait. Il s'était notamment donné la cruelle jouissance d'implanter des fragmens de verre dans les fentes des pavés de la cour des prisonniers, sans doute pour que ces malheureux se blessassent les pieds dans leur promenade au moment de la récréation.

nuel des principaux propriétaires · territoriaux de la Grande-Bretagne :

3,600,000

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og 4. Paris. Theatre de l'Opéra. Première représentation de LA REVOLTE AU SERAIL, ballet de M. Taglioni musique de M. Labarre; décors de MM. Cicéri, Léger, Feuchères et Desplechin. Un sérail de Grenade, le palais de l'Alhambra, un calife et sa cour, des noirs, des eunuques, de magnifiques décors, des costumes riches et pittoresques, des cafetans, des yatagans, des turbans, des sultanes, des rubis, des topazes, des poignards à manches scintillans,. des jets d'eau, de la magie, des enchantemens, et surtout une armée d'odalisques, mademoiselle Taglioni en tête, faisant des émeutes, s'échappant du sérail l'arme an bras, bivouaquant au milieu des montagnes, et exécutant toutes les manoeuvres militaires; tout cela forme un spectacle ravissant qui a enlevé ce soir le public de l'Opéra. Il n'y a pas de général qui danse avec plus de grace, ni de danseuse qui commande une armée avec plus d'a plomb que mademoiselle Taglioni. La musique, par sa clarté, son élégance et sa vivacité, peut aussi revendiquer sa part dans ce brillant Buccès.

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tre la sûreté de l'état.-Long-temps avant l'ouverture des portes, une foule considérable assiége les issues qui conduisent à la salle d'audience. Un auditoire nombreux, en grande partie de dames et d'avo. cats, envahit bientôt et le barreau et les banquettes distribuées dans l'intérieur du prétoire. A l'intérieur comme à l'extérieur les postes de troupes de ligne, de gardes municipaux et de sergens de ville ont été doublés.

Près du bureau de la cour, gisent, pêle-mêle, parmi les pièces de conviction, une vingtaine de fusils de a balles, un lingot de plomb, un munition, trois épées, deux moules

faisceau de mandrins à cartouches, des cuillers, des fourchettes, des verres, des bouteilles et une multitude de brochures de diverses dimensions.

A dix heures et demie les gardes Its sont au nombre de vingt-sept. municipaux introduisent les accusés. Parmi eux on remarque Fancien capitaine de cavalerie Kersausie, le chimiste Raspail, et quatre élèves de l'école Polytechnique qui sont revêtus de leur uniforme: deux accusés portent l'uniforme de la garde nationale.

11. Cour d'assises. Complot con- L'acte d'accusation annonce que

la Société des Droits de l'Homme avait d'abord choisi l'anniversaire des journées de juin pour attaquer le gouvernement à force ouverte, mais elle avait ensuite renvoyé l'exé cution de ses projets aux journées de juillet. Jusque-là, elle chercha à fortifier ses rangs par des affiliations nouvelles et par des séductions adressées à l'armée; elle essaya de jeter des fermens de discorde dans la garde nationale elle-même, et de s'insinuer au sein de l'école Polytechnique. Après l'armée et l'école, la société s'adressa au peuple..

« Mais la Société des Droits de l'Homme ne s'est pas bornée à attaquer le gouvernement par la propagation de ses désastreux principes; elle n'a pas eu la patience d'attendre l'effet de cet homicide poison qu'elle a trouvé trop lent; elle a voulu devancer le temps et détruire tout d'un coup à main armée l'édifice social qu'elle avait commencé à miner. Elle a choisi le jour et pour ainsi dire marqué son heure.

:

« C'était le 28 juillet, au moment de la revue, que le roi devait passer sur les boulevarts. La société avait d'avance fait provision d'armes et de munitions; ses hommes étaient réunis dans les divers quartiers par le conseil supérieur; la troupe, enrégimentée, connaissant ses chefs et leur obéissant, attendait le signal. Un mot, un geste, le tocsin sonnait, et le fer et le feu, au milieu du trouble que les cris à bas les forts! à bas les bastilles ! à bas le roi! devaient produire, allaient porter la désolation au sein de la capitale et renverser toutes les espérances que la France avait placées dans un gouvernement national. Si le mot ne fut pas prononcé, si la faction, ainsi préparée, ne reçut pas le signal, c'est le cœur qui manqua. Le calme de la garde nationale, son enthousiasme pour la monarchie, le dévoùment de la troupe, l'attitude de l'autorité, l'arrestation qu'elle fit faire de plusieurs coupables d'une section et de plusieurs chefs pris, pour ainsi dire, en flagrant délit, tout concourut à déjouer ce mouve

ment insurrectionnel qui, pour n'avoir pas réussi, n'en méritë pas moins d'être puni. Ainsi le veulent d'abord la loi, puis l'intérêt de l'état et la paix publique que la justice à le devoir de conserver, »

L'acte d'accusation, dans sa sëconde partie, discute les faits particuliers à chacuti des accusés. Cés faits son niés par eux de la manière la plus formelle. Ils soutiennent que l'acte d'accusation est un tissu d'indignes calomnies; que le complot, s'il y a eu complot, n'a existé que dans la tête de la police. Ils accusent à leur tour le parquet d'avoir falsifié les pièces produites contre eux, d'avoir dénaturé les dépositions des témoins, et signalent les changemens qu'elles contiennent, avec une extrême violence de langage. Dans la séance du 13, Me Dupont, avocat de Kersausie, examinant une de ces pièces, s'écrie:

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Ceci n'est pas de l'écriture de Kersausie et je reconnais le crayon rouge du parquet. » L'organe du ministère public, M. Delapalme demande aussitôt acte de ces expressions et des réserves qu'il fait à l'égard de l'incident. Presque toujours les accusés refusent de répondre aux questions du président et l'apostrophent grossièrement. Mais le plus grand scandale devait être donné dans la séance du 19. M. l'avocat-général Delapalmé avait pris la

parole pour soutenir l'accusation; après avoir repoussé les imputations lancées contre les magistrats, il s'était attaché à montrer la Société des Droits de l'homme formée avec la résolution constante d'agir contre Tes institutions du pays:

"

Nous arrivons, ajoutait-il, aux faits particuliers qui se rattachent aux événemens des 27 et 28 juillet dernier. Nous avons parlé des divi sions qui avaient éclaté au sein de la Société; on les a présentées hier comme des querelles de famille promptement apaisées. Il est utile de les faire connaître, surtout relativement aux différences qui en sont résultées dans la manière d'agir des diverses fractions de la Société. D'ae

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