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M.Je Président : Qu'on amène l'interrupteur au pied de la cour.

Les gardes municipaux amènent les témoins Petit-Jean et Vignerte, qui sont détenus à la Conciergerie pour d'autres causes, et sont chaque jour amenés aux débats.

M. Vignerte déclare sa profession d'avocat.

M. le Président: Vous avez interrompu l'avocat-général, en disant qu'il avait menti.

M Vignerte: J'ai dit : Tu en as menti, misérable.

M. le Président: Qu'avez-vous à dire pour votre défense?

M. Vignerte: Je n'ai pas besoin de défense. J'ai été révolté d'entendre l'avocat général calomnier la Société des Droits de l'homme, et dire qu'elle voulait le pillage et le partage des propriétés; je n'ai pu m'empêcher de lui dire: Tu en as menti, misérable!

M. le Président : Et vous, PetitJean?

M. Petit-Jean C'est mon opinion, j'y persiste. J'ai été, comme mon ami, indigné que l'on proférât contre la Société des Droits de l'homme des expressions de cette

nature.

+

M. Vignerte: Je défie M.l'avocalgénéral de montrer un seul écrit de la Société des Droits de l'homme où il soit question de la loi agraire. Le soutenir c'est égarer le pays; il faut avoir de l'effronterie pour débiter de pareilles calomnies.

M. l'avocat général : Nous regrettons d'avoir à nous expliquer sur une injure próférée envers nousmême; la cour comprend fort bien 'que nous devons distinguer en nous la personne et le magistrat : ce n'est pas la personne qui a été injuriée; aucune injure ne peut nous atteindre. Nous pouvons nous tromper sans doute, on peut combattre notre erreur; mais il s'agit ici de l'injure dirigée contre le magistrat. Le délit a été commis à l'audience; le Code d'instruction criminelle veut que la quérons qu'application de la loi répression soit immédiate. Nous resoit faite au sieur Vignerte, car le sieur Petit-Jean n'a point proféré la même exclamation; il s'est borné à dire qu'il partageait l'opinion de son ami.

M. Raspail: Je demande à pré'senter la défense des détenus...

M. le président : Me Dupont...

M. Vignerte (avec énergie): Je ne veux pas être défendu!... Vous n'êtes qu'un tas de valets; vous êtes les salariés d'un roi usurpateur des droits du peuple; je ne vous reconnais pas pour mes juges.

M. le président: Parfait, au moment où Vignerte s'est écrié que l'avocat général avait menti, vous vous êtes écrié : C'est vrai !

M. Parfait: Oui!"

M. le président: La cour ordonne qu'il en sera délibéré.

Me Dupont: La cour ne pourraitelle pas accorder un sursis d'une heure ou deux, afin de donner aux esprits le temps de se calmer ?

La cour prononce ainsi son arrêt :

«La cour, statuant sur l'incident et sur le trouble apporté à l'audience, oui l'avocat-général en ses réquisitions, ouï Petit-Jean, Vignerte et Parfait en leurs observations, ainsi

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Me Dupont: Je n'ai parlé que sur le sursis.

M. le président : «Vu les articles du Code d'instruction criminelle, en ce qui touche Vignerte, attendu que, pendant le réquisitoire de M. l'avocat général, Vignerte s'est écrié à deux fois en s'adressant au magistrat : « Tu en as menti, misérable!» qu'amené devant le conseil, il a persisté, et qu'après le réquisitoire, en s'adressant à la cour, il s'est écrié : « Vous êtes un tas de valets et de salariés; je ne vous reconnais pas comme juges; je ne reconnais pas votre gouvernement;

«En ce qui touche Petit-Jean, considérant qu'il résulte de l'instruction que les paroles n'ont pas été proférées par lui;

«En ce qui touche Parfait, attendu sa qualité d'accusé;

Vu la disposition de l'article 222 du Code pénal (cet article prononce un emprisonnement de deux à cinq ans);

« Condamne Vignerte à la peine de trois années d'emprisonnement. » (Vives exclamations aux baus des accusés.)

Plusieurs accusés : C'est abominable! c'est une horreur! Nous demandons à partager la peine.

Un accusé : Il ne fera pas ses trois

ans.

M. le président : La cour renvoie Petit-Jean de la plainte, et surseoit à statuer en ce qui concerne Parfait.

M. Vignerte, en se retirant : Le roi vous donnera une poignée de main.

Après cet incident, M. l'avocatgénéral continue son réquisitoire, et la séance se termine par un discours que M. Raspail prononce pour sa défense.

Les audiences du 20 et du 21 sont consacrées aux plaidoiries des avocats. Me Moulin ayant parlé de la perfide habileté de l'acte d'accusa tion, le ministère public demande

acte de ces paroles pour être statué à la fin des débats. Me Pinart, Me Michel, Me Dupont avaient déjà été l'objet de réquisitoires semblables.

Enfin, dans la séance du 21, après le résumé de M. le président, les questions sont posées aux jurés, qui se retirent dans leur salle de délibération. Ils en sortent au bout de deux heures, et le chef du jury, déclare que sur toutes les questions la réponse est : « Non, les accusés ne sont pas coupables. » M. le président prononce leur acquittement.

La parole est ensuiteà M. l'avocatgénéral pour développer ses réquisitions contre MMes Pinart, Dupont et Michel à raison de diverses paroles injurieuses proférées par eux dans le cours des débats contre les magistrats du parquet, et spécialement par Me Dupont dans sa plaidoirie. La cour, ayant entendu les avocats dans leurs défenses, et après une délibération de deux heures, a interdit à Me Dupont, à Me Pinart et à Me Michel, l'exercice de leur profession d'avocat, savoir le premier pendant une année, et les deux autres pendant six mois.

12. Nantes, Cour d'assises. Affaire de chouannerie. La cour d'assises de Nantes vient de juger les nommés Poulain, Huet, Louis et Cadot, accusés de plusieurs assassinats, incendies, etc., commis par eux lorsqu'ils faisaient partie de la bande de chouans organisée par Terrieu, dit Coeur-de-Lion.

M. le substitut du procureur du roi a démontré que les accusés n'étaient pas seulement des réfractaires, des insurgés, mais des assassins, répandant partout la terreur par le meurtre; que leur crime n'était pas sealement une guèrre au gouvernement, mais un assassinat contre l'humanité. Toutes les atrocités dont les accusés se sont rendus coupables ont été signalées par M. le substitut; il a montré l'épouvantable sang-froid de leurs auteurs; leurs horribles et ironiques propos, leurs massacres calculés; il a nommé les nombreux martyrs de leur implacable férocité.

Les réponses du jury ont été affirmatives sur toutes les questions, et sans circonstances atténuantes, si ce n'est en faveur de Cadot seulement. La cour a prononcé la peine de mort contre les trois premiers accusés, et celle des travaux forcés à perpétuité contre Cadot.

16. Paris. Institut. Élection. L'Académie des sciences a procédé aujourd'hui au scrutin pour l'élection d'un membre dans la section d'agriculture.

Au premier tour, sur 52 votans, M. Turpin a obtenu 15 voix, M. Girou de Buzaraignes 11, M. Hozard12, M. Huerne de Pommeuse 4, M. Vilmorin, 6, et M. Soulange-Bodin 3. Au second tour, les suffrages se sont partagés de la manière suivante : M. Turpin 19, M. Girou 11, M. Huzard 14, M. Huerne 1, M. Vilmorin 5, et M. Soulange-Bodin 2.

Enfin, au troisième tour, M. Turpin a obtenu la majorité (31 voix).

paru la considérer que comme une œuvre légère, sans beaucoup d'importance sous le rapport de l'art. Cependant on y a remarqué çà et lå de jolis motifs, une cavatine au premier acte qui a valu à Mme Ungher de légitimes applaudissemens, une barcarolle fort originale, parfaitement chantée par Tamburini, une cava. tine également chantée à ravir par Rubini, et enfin un trio charmant dans lequel ces trois virtuoses ont fait assaut de talent comme acteurs et comme chanteurs. Le finale du deuxième acte est aussi très-bien. Toutefois la première impression a été défavorable à cet opéra et ne lui permettra pas sans doute d'être joué souvent.

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politiques de M, Nodier, sa guerre d'épigrammes contre l'Académie, le penchant qu'il a montré pour la nouvelle école élevée jadis aux nues par l'auteur de Jean Sbogar; et la manière dont il parviendrait à plaire à ses auditeurs, sans blesser aucune convenance, en expliquant ses anciens sentimens, excitait au plus haut point la curiosité publique. M. Nodier a commencé, suivant l'usage, par se prosterner en toute humilité devant la gloire de ceux qui l'avaient élu, par exprimer le bonheur qu'il ressentait d'être à son tour de l'Académie, ou plutôt par déclarer que ce bonheur était inexprimable. Et en effet, s'il faut en croire M. Nodier, malgré quarante

17. Théâtre Italien. Première,titut: on se rappelait les opinions représentation de GIANNI DI CALAIS, opéra semi-seria en trois actes, de Donizetti. Ce Jean de Calais est un armateur qui, faisant un jour la chasse aux corsaires, a délivré de leurs mains une jeune et belle demoiselle qu'il a ensuite épousée, sans lui demander aucun renseignement ni sur elle ni sur sa famille, mais qui n'en est pas moins la fille du roi de Zélande. Après une série d'aventures singulières et romanesques, les plus incroyables du monde, Jean de Calais est reconnu par ce roi, bonhomme s'il en fut, comme son gendre et son successeur au trône. Ce tissu d'invraisemblances, tiré d'un vieux mélodrame joué vers 1810 à l'Ambigu-Comique, est au dessous de la critique. Le public n'y comprenait rien, et de là sans doute en partie la froideur avec laquelle il a écouté la musique de Donizetti. C'était d'ailleurs une rude besogne pour les dilettanti parisiens que de suivre une pièce inintelligible et d'apprécier une partition nouvelle. On n'a

ans

d'études appliquées à l'art oratoire et à la grammaire, il n'avait pas trouvé dans le langage des paroles assez vives, des expressions assez fortes pour peindre l'excès de sa félicité. Quelques personnes ont pensé que c'était pousser un peu loin l'exagération.

Après un tribut d'éloges payé en

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termes élégans et justes à son pré décesseur M. Laya, en mettant le citoyen au dessus de l'écrivain et son courage au dessus de son talent, le récipendiaire est arrivé à la ques tion de ses opinions littéraires. L'é cole romantique avait eu long-temps. un appui dans la critique ingénieuse de M. Nodier, quelquefois même un encouragement dans l'autorité de son exemple, Il n'a point désavoué ses sympathies pour la rénovation de la littérature, et pour certains écrivains de nos jours qui tentent de l'opérer avec plus de persévérance que de succès; mais il a posé de justes bornes à son admiration, et les restrictions dont ses éloges étaient mêlés n'étaient que des concessions au bon sens. Bientôl, il s'est élevé jusqu'à l'éloquence en défendant les intérêts de la vraie littérature contre ceux qui semblent avoir conspiré la ruine de la morale publique. Des applaudissemens unanimes ont dû lui prouver que ses paroles avaient trouvé un écho dans tous les coeurs. Il a fini son discours par un noble souvenir accordé à la vieillesse, à l'exil, présence du pouvoir qu'il a remercié de lui laisser la franchise de sa conscience.

en

M. Jouy était chargé de répondre à M. Nodier; il l'a fait en homme d'esprit, mais surtout en admirateur de l'Académie, de M. Nodier de M. Laya et de Voltaire. Après toutes ces admirations, l'orateur s'est livré à une vive censure de la licence, de la presse, dont il a tracé un effroyable tableau.

La séance a été terminée par la lecture que M. Tissot a faite de deux idylles de Théocrite, qui ont paru traduites avec autant d'élégance que de fidélité.

28. Théâtre de la Porte SaintMartin. Première représentation de ANGELE, drame en cinq actes et en prose de M. Alexandre Dumas. Après la chute éclatante du Fils de l'émigré (28 août 1832), M. Dumas s'était retiré, comme Achille, sous sa tente, boudant le public,

cet autre roi des r les rois qui venait d'infliger à l'écrivain oublieux de sa gloire une juste punition. Mais M: Dumas avait à sa disposition trop de moyens de faire la paix avec ses juges, pour que sa rancune tint à jamais contre la perspective d'un nouveau triomphe. Il n'avait qu'à leur donner un de ces ouvrages féconds en mouvemens passionnés en émotions fortes et inattendues qui rachètent leurs défauts habituels; et, à cette condition, la réconciliation serait bientôt opérée c'est ce qui a eu lieu ce soir, avec tant de bienveillance et d'applaudissemens de la part du public, qu'il n'aurait pas fait davantage pour un chef-d'œuvre. Angèle est loin cependant d'être un un chef-d'œuvre et même il faut passer par trois actes assez médiocres, assez peu intéressans, pour arriver au drame; trois actes qui se ressentent encore beaucoup de cette brutalité cynique, de ce matérialisme effronté, dont la scène est aujourd'hui si souvent souillée par ses régénérateurs. Un progrès de M. Dumas, c'est d'avoir donné cette fois une pensée morale pour base à son ouvrage. L'homme profondément corrompu, qu'il nous montre cherchant à parvenir, à satisfaire son avidité pour la fortune et les honneurs, en séduisant les femmes dont le crédit peut favoriser ses desseins, reçoit à la fin le juste châtiment de toutes ses infamies, au rebours de certain système de littérature suivant lequel la vertu est inévitablement destinée à être sacrifiée et le vice à prospérer. La dernière victime de l'égoïste ambitieux, c'est une jeune fille qu'il a feint d'aimer, et qu'il a ensuite lâchement abandonnée pour se tourner du côté de la mère lorsqu'il s'est aperçu qu'un mariage avec celle-ci lui serait plus avantageux. Mais Angèle porte avec elle les témoignages de la séduction, et quand elle arrive tout à coup à Paris pour retrouver son séducteur, et surtout pour retrouver sa mère, alors le drame devient vif, simple, naturel et touchant. La scène de l'a

veu, au quatrième acte, entre la mère et la fille, est fort belle, surtout, parce qu'elle est chaste et pleine de mots vrais et sortis du cœur. Les situations du cinquième acte sont également fortes et saisissantes. La principale est la provocation qu'un jeune homme, triste et malade, qui aimait aussi Angèle de toute son âme, adresse au baron d'Alvimar, le séducteur de la pauvre jeune fille; un duel s'ensuit, dans lequel d'Alvimar succombe, et son vainqueur, poussant le dévouement pour Angèle jusqu'aux dernières limites, s'arrange de manière qu'elle pourra du moins avouer son enfant sans rougir. Ce dénouement était plein de difficultés; mais M. Dumas s'en est tiré avec une adresse et une ha

bileté que le public a reconnues par d'unanimes applaudissemens.

31. Théâtre de l'Opéra-Comique. Première représentation de LE REVENANT, opéra fantastique en cinq "tableaux; paroles de M. de Calvimont, musique de M. Gomis. Le sujet de cette pièce n'est autre chose que l'histoire contée, dans le Redgauntelet, de Walter Scott, par Willie le vagabond, histoire terrible et qui n'a pas le sens commun, comme toutes les histoires de sorciers, de diables et d'apparitions. Il s'agit d'un fermier écossais qui voit mourir son seigneur au moment où il venait de lui payer son loyer, et avant d'en avoir reçu quittance; l'héritier du défunt, en rivalité d'amour avec le fermier, insiste pour avoir cette quittance, ou sinon il faudra payer deux fois. Le diable se mêle de l'aventure, si bien que le fermier deseend aux enfers, revoit son ancien maître, en obtient la quittance voulue, et remonte

sur la terre, où il a le double plaisir de confondre son nouveau propriétaire et d'épouser sa fiancée. La musique et les décors tiennent lieu ́de l'intérêt ́qui manque à cette pièce bizarre. Cette musique, d'une touche sévère et vigoureuse, atteste que l'auteur s'est inspiré de Weber, sans le copier servilement. L'ouverture est d'un effet large et hardi. Des couplets modulés d'une manière originale, une romance d'une mélodie gracieuse, un finale traité avec talent ont été applaudis dans le premier acte. Au second, la scène de l'enfer a fait sensation : le choeur des damnés et la ballade du sabbat ont obtenu un succès complet. Il est à regretter néanmoins, dans cette œuvre si remarquable à beaucoup d'égards, que la nature du sujet ramène trop souvent les effets sombres et lugubres, qu'elle entraîne une trop grande uniformité de moyens et de couleurs.

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Voici le relevé des observations météorologiques faites à l'Observatoire de Paris en 1833:

La plus grande élévation du baromètre a été, le 4 janvier, à 113o,93; la moindre élévation a été, le 1er avril, à 732°, oo. Le 29 juin le thermomètre est monté à 290 1/2 centigrade, et le to janvier il est descendu à 80 1/2 de glace centi. grade. Ily a eu 161 jours de pluie, 168 de brouillard, 45 de gelée, 11 de neige, 10 de grêle et grésil, 9 de tonnere. Le vent a soufflé 47 fois du N., 39 fois du N. E., 22 fois de PE., 31 fois du S. E., 44 fois du S., 68 fois du S. O., 89 fois de l'O., 25 fois. du N. O. Il est tombé 580 imill. 35 cent. d'eau dans la cour de l'Observatoire, et 487 mill. 10 cent. sur l'édifice.

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