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attachement pour la cause sainte et juste que nous défendons. Le Comte de Wittgenstein m'autorise à vous déclarer, et à prendre Dieu à témoin, qu'il usera de représailles sur les prisonniers françois, soit, généraux, soit officiers supérieurs, soit commissaires des guerres. Leur vie répondra de la vie, de la sûreté et des propriétés des habitans des villes et des provinces qui se sont déclarées pour l'indépendance de l'Allemagne.

Signé D'AUVRAY, etc.

No XIV.

Notification du 5 mai 1813.

APRÈS des combats opiniâtres qui, depuis le 26 du mois passé, ont eu lieu pendant plusieurs jours sur les deux ailes des armées alliées, et dans lesquels la victoire s'est déclarée pour nous, l'ennemi, non-seulement a été repoussé des bords de la Saale près de Halle; mais, le même jour, 2 de mai, il lui a aussi été livré une bataille rangée dans la plaine entre Lutzen et Pegau.

Depuis le commencement de l'action jusqu'à la nuit tombante, qui a empêché le résultat d'être décisif, l'avantage a été constamment de notre côté.

La bataille a été, des deux côtés, extrêmement opiniâtre et sanglante.

Nos troupes ont constamment combattu avec un courage au-dessus de tout éloge, et ce n'est que par-là qu'elles ont conservé l'avantage sur l'ennemi qui leur étoit supérieur en force.

Sa Majesté le Roi et les Princes de la maison royale se portent bien.

Nous nous empressons de porter cette nou velle à la connoissance du public, et nous lui communiquerons, aussitôt que ce sera possible, les détails de la bataille qui devoit être continuée le lendemain.

Vive le Roi et la brave armée alliée!

Berlin, le 6 mai 1813.

Le gouvernement militaire du pays situé entre

l'Elbe et l'Oder.

Signé DE L'ESTOCQ, SACK.

No XV.

Rapport prussien sur la bataille de Goerschen, le 2 mai 1813 (1).

Le 30 avril on apprit, au quartier-genéral du

(1) C'est ainsi que les Allemands appellent la bataille de Lutzen.

Comte de Wittgenstein, que la plus grande partie de l'armée d'Italie et les gardes françoises avoient passé la Saale dans les environs de Naumbourg. Le bruit se répandit en même temps que Napoléon étoit arrivé à l'armée. On remarquoit que l'armée du Vice-Roi faisoit un mouvement vers la droite. Il étoit donc évident que l'ennemi tâchoit de réunir toutes ses forces, et l'on pouvoit présumer qu'il avoit l'intention de nous livrer une grande bataille.

En conséquence, Leurs Majestés l'Empereur Alexandre et le Roi de Prusse se rendirent à

l'armée pour animer par leur présence le courage des tronpes. Pour pouvoir juger de la force de l'ennemi, le corps du général Winzingerode fit une reconnoissance depuis Leipzig sur la route de Weissenfels. On s'assura par-là que l'ennemi se trouvoit près de cette dernière ville en force supérieure. Le 1er mai il s'engagea entre l'ennemi et ce corps un combat très-vif qui prouva que la principale force de l'ennemi étoit entre Weissenfels et Lutzen.

On supposoit que le Vice-Roi étoit posté entre Leipzig et Halle. Il ne restoit donc aucun doute sur le plan de l'ennemi. Le général Comte de Wittgenstein résolut de prévenir ses desseins, de déranger ses dispositions pour une attaque impré

vue, et de lui enlever l'offensive. Notre principal but devoit être de tomber d'abord sur la partie de ses forces qu'il regardoit comme ses meilleures troupes, pour donner, par un coup décisif, une plus grande liberté d'agir à nos corps de troupes légères, sur lesquelles depuis quelque temps l'ennemi avoit obtenu trop de prépondérance. Il falloit donc, s'il étoit possible, diriger la première attaque sur les troupes ennemies placées en arrière.

En conséquence, dans la nuit du 1er au 2 mai, la grande armée partit, en deux colonnes, de Rotha et Borne, et se porta jusqu'aux défilés de l'Elster dans les environs de Pégau. Pour masquer ce mouvement, le général Winzingerode eut ordre de laisser en place ses corps de cavalerie et de rejoindre ensuite la grande armée en traversant Zwenkau.

Au point du jour, toute l'armée passa près de Pégau, par le défilé de l'Elster, et se rangea en ordre de bataille sur la rive gauche de cette rivière, ayant son aile droite appuyée sur le village de Werben et la gauche sur le village de Grüna. Une reconnoissance fit voir que la principale force de l'ennemi avoit déjà dépassé Weissenfels et se trouvoit dans les villages de Gross-Goerschen, Klein-Goerschen, Rahno et Starsiedel, ainsi que dans la ville de Lutzen.

L'ennemi n'osa pas troubler notre marche, ni se présenter dans la plaine, mais se posta dans les villages le long du canal. Vers midi, le général Blücher formant l'avant-garde de l'armée, soutenue par une partie de l'artilleré russe, reçut l'ordre d'attaquer l'ennemi. Cette attaque eut lieu au village de Gross-Goerschen, que l'ennemi défendit si opiniâtrément, qu'il fallut le prendre d'assaut. Le général d'York se plaça, avec son corps à la droite du village. Toute l'armée fit un mouvement à droite, et bientôt l'action devint générale sur toute la ligne du corps de Blücher. L'ennemi déploya une artillerie nombreuse, surtout en pièces de gros calibre, et la fusillade fut soutenue pendant quelques heures avec beaucoup de vivacité dans plusieurs villages.

Dans ce combat meurtrier, où nos troupes montrèrent une ardeur sans égale, les villages de Klein-Goerschen et de Rahno furent pris d'assaut, de même qu'avoit êté enlevé celui de GrossGoerschen au commencement de l'action. Nous nous y maintinmes pendant plusieurs heures. Enfin l'ennemi s'y porta avec une force imposante, tourna ces villages et les reprit en partie; mais ayant été attaqué de nouveau, il ne put s'y maintenir. Les gardes prussiennes étant venues pour soutenir leurs camarades, il s'engagea pendant

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