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AVANT-PROPOS

A manufacture de porcelaines de Tournay, dont les produits étaient encore peu connus

il y a quelques années, se révéla comme une fabrique de tout premier ordre, lors de l'exposition nationale de 1880 à Bruxelles, où se trouvèrent réunis en grand nombre, les produits les plus remarquables sortis de ses ateliers.

L'attention se porta sur ces porcelaines si fines et si richement décorées; on rechercha cette vaisselle, ces vases, ces groupes charmants longtemps dédaignés, et on leur rendit, dans les buffets et sur les étagères, les places d'honneur qu'ils n'eussent jamais dû quitter.

En même temps, on voulut connaître l'histoire des générations d'artistes qui ont doté notre ville de cette brillante industrie; on voulut apprendre à distinguer leurs œuvres de celles des usines rivales; recherche

MÉMOIRES. XVIII.

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souvent difficile et à laquelle les ouvrages généraux sur la Céramique n'apportent qu'un bien faible secours.

La société historique et littéraire, soucieuse de conserver le souvenir de toutes les gloires locales, nous demanda d'écrire l'histoire de notre manufacture de porcelaines.

Notre goût pour l'étude des arts industriels, et l'amour filial que nous gardons à notre vieille et glorieuse cité, ne nous permettaient pas de décliner cet honneur.

Aidés des conseils de nos savants collègues, nous avons donc mis la main à l'œuvre, et entraînés par l'intérêt que nous semblaient présenter nos recherches, nous avons élargi un peu le cadre premier que nous nous étions tracé.

Comment, en effet, après avoir étudié l'histoire de cette belle manufacture, ne pas rechercher et faire connaître les œuvres principales qu'elle a produites?

Notre travail sera fort incomplet et très imparfait, nous ne pouvons nous le dissimuler; nous aurons du moins réuni les premiers éléments d'une histoire de cette manufacture digne de tenter la plume et le crayon des meilleurs artistes.

* *

Ce n'est point sans appréhension que nous livrons au public le résultat de notre travail, moins peut-être à raison de son imperfection (on rencontre de l'indul

gence à cet égard) qu'à cause de l'étonnement que pourront manifester certaines personnes de nous voir sortir de la sphère de nos études professionnelles.

Nous leur répondrons que toute profession laisse à celui qui l'exerce des loisirs; qu'il est peut être plus agréable et à coup sûr plus profitable au point de vue de la formation et du développement intellectuels, d'employer ces loisirs à d'utiles recherches, qu'à des passe-temps frivoles; que ces études sont pleines d'attrait; qu'elles font le charme des longues soirées d'hiver passées au foyer de famille.

Elles sont enfin un refuge contre les agitations de la politique, si irritantes parfois, pénibles toujours, à cette époque de lutte; contre les tristesses de l'heure présente: «Est-il donc étonnant que l'étude de l'archéologie ait pris aujourd'hui une si grande exten>sion? (demande un écrivain de profession); le présent décourage et attriste, le passé seul peut encore procurer des jouissances esthétiques, sans lesquelles la » vie est peu de chose. »

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Bien avant nous, des médecins, des prêtres, des avocats se sont adonnés à l'étude des arts; et pour ne parler que de celle qui nous occupe, nous croyons trouver une entière justification dans les exemples donnés par d'éminents magistrats des cours d'appel de Liège et de Bruxelles, auteurs de travaux récents sur la céramique.

Nous devons des remerciements à une foule d'ama

teurs qui ont facilité notre tâche et enrichi notre catalogue de précieuses descriptions. Nous en devons tout particulièrement à MM. le comte de Nédonchel, président de la société historique et littéraire de Tournay; Piot, archiviste du royaume, à Bruxelles; Alexandre Pinchart, chef de section aux mêmes archives, qui a bien voulu nous communiquer ses notes relatives à l'histoire de la Céramique, qu'il prépare; Fétis, conseiller à la cour d'appel de Bruxelles, dont les avis nous ont été précieux; E. Desmazières et A. de la Grange, pour leurs multiples communications; P. Maquest, archiviste, qui a obligeamment guidé nos recherches dans le riche dépôt de nos archives locales; le comte P. du Chastel, pour ses notices généalogiques; Vasseur frères, qui ont illustré ce volume, et dont le talent est bien connu.

Qu'ils veuillent agréer l'expression de notre reconnaissance.

Tournay, septembre 1882.

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