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Décor en bleu.

Cuisson.

pose de plusieurs pièces, comme une théière, par exemple, à laquelle on doit ajouter une anse, un bec, etc., il retourne à l'atelier des garnisseurs, qui fixent ces accessoires au moyen de la pâte à l'état demiliquide appelé barbotine.

Les pièces de vaisselle courante, destinées à être décorées en bleu, sont portées à l'atelier des peintres, qui appliquent cette couleur sur le cru, c'est-à-dire sur la pièce non encore cuite.

Le peintre trace le dessin au moyen d'un poncis, (1) puis il le repasse avec un pinceau très fin.

Il appose en même temps, au revers de la pièce, la marque en bleu.

Cette couleur peut être appliquée avant la cuisson, parce qu'elle supporte le grand feu; aussi elle pénètre la pâte et devient absolument inaltérable. (2)

Les pièces décorées en bleu et celles qui sont destinées à recevoir un décor fin, sont ensuite mises au four. Chaque objet est placé (encastré) dans une gasette, (3)

(1) On appelle ainsi une feuille de papier portant le dessin qu'il s'agit de reproduire; ce dessin est entièrement piqué. L'ouvrier applique la feuille sur la pièce et la frappe légèrement avec un linge rempli de poussière de charbon de bois. Le décor se trouve, de la sorte, tracé très exactement sur la pièce, à travers les piqûres, et le peintre n'a plus qu'à le fixer.

(2) On désigne souvent le décor de la vaisselle d'usage, sous le nom de bleu au grand feu, par allusion à son mode de cuison.

(3) La gasette est une boite de terre creuse, cylindrique, dans laquelle on place les pièces de porcelaines avant de les mettre au four, afin de les préserver du contact de la flamme, de la poussière et des cendres du foyer.

appelée ici ustensile, dont le fond est légèrement saupoudré de sable. Les ustensiles se superposent et sont placés en piles dans le four.

Les pièces sont cuites au grand feu ou feu de biscuit.

A leur sortie du four, on les frotte avec un morceau de pierre ponce ou de grés, pour faire disparaître les aspérités qui pourraient résulter de la cuisson.

Lorsqu'elles sont parfaitement lisses, on les plonge Emaillure. dans un bain d'émail, liquide vitreux, qui leur donne la glaçure et le brillant.

Elles repassent alors une seconde fois au four, pour cuire l'émail, à un feu beaucoup moins intense que le premier.

Les produits ordinaires sont alors terminés, et propres à être livrés au commerce, quant aux porcelaines fines, elles doivent seulement être décorées.

Les procédés de décoration ne nous sont pas authentiquement connus, pas plus que la composition de la pâte. Là, nous ne nous trouvons plus seulement en présence d'un unique chef d'industrie : chaque décorateur, chaque peintre avait son secret, qu'il ne confiait à personne, et qu'il se faisait gloire d'emporter dans la tombe.

Nous avons trouvé cependant, dans Bastenaire, l'art de fabriquer la porcelaine, de précieux renseignements à ce sujet.

Ancien ouvrier de notre manufacture, il a dû s'inspirer des procédés qui y étaient en usage.

Décor en

couleurs.

L'or dont on se sert pour la décoration des porcelaines, doit être aussi fin que possible. On emploie de préférence l'or en ruban et les ducats. On le fait dissoudre dans de l'eau forte mélangée d'esprit de sel marin, puis on l'applique au pinceau, et on le cuit, au four. Après la cuisson, l'or a un ton jaune mat, il ne reprend son éclat qu'après qu'il a été bruni, avec une pointe d'agate: Il y a deux manières de brunir. L'une est à fond plein et uni; on l'emploie sur les parties des vases qui sont souvent maniées. L'autre se nomme brunir à l'effet; le fond reste mat, et les ornements sont polis au brunissoir.

Le brunissage s'obtient au moyen d'une pointe d'agate qu'on passe sur l'or mat en allant et venant dans le même sens, puis on frotte la dorure, avec du blanc d'Espagne délayé dans du vinaigre, et l'on repasse le brunissoir en sanguine; l'or prend alors un éclat extraordinaire.

Le brunissage à l'effet s'obtient au moyen d'une pointe d'agate très fine, qui enlève le mat des parties qu'il s'agit de faire briller. C'est un véritable travail de ciseleur; aussi l'appelle-t-on décor d'or ciselé.

Les couleurs propres à peindre la porcelaine, sont tirées du règne minéral; la haute température à laquelle elles sont soumises lors de la cuisson, ne permet pas d'employer les couleurs végétales, qui se volatilisent. Les couleurs tirées des métaux sont les meilleures. Le pourpre rosé se fait avec l'oxide d'or et celui d'étain le carmin avec les mêmes, en y ajoutant un peu d'oxide d'argent; le rouge avec le fer, quelquefois le cuivre et

l'étain; le bleu vient du cobalt, le vert du chrome et du cuivre, le jaune de l'étain, de l'antimoine et du plomb, le blanc de l'étain, le noir du fer, du cuivre et du manganése; le chatiron du manganèse et du fer; les différents bruns ont tous pour base l'oxyde de fer. (Tome II. p. 321 et suivantes).

Ces couleurs en poudre, délayées dans de l'eau gommée s'appliquent sur la porcelaine émaillée, comme une peinture à l'eau ; elles sont ensuite cuites au four et font corps avec l'émail, qui entre de nouveau en fusion à cette cuisson. Chacune d'elles, ou à peu près, exigeant un degré de chaleur différent, il s'ensuit que chaque pièce doit passer au four presqu'autant de fois qu'elle compte de tons.

Les couleurs sont cuites au feu de mouffle, qui est beaucoup moins ardent encore que le petit feu.

On comprend que, dans la longue suite d'opérations auxquelles sont soumises les pièces de porcelaine, il arrive que beaucoup subissent des accidents qui les rendent imparfaites ou impropres à l'usage, et qu'en conséquence les produits de la manufacture se soient toujours vendus à des prix relativement élevés, qui en faisaient des objets de luxe. « Le petit nombre de pièces parfaites, en comparaison des pièces défectueu» ses, n'est nullement étonnant si l'on prend en con» sidération la multiplicité des opérations et les grands risques qui accompagnent la fabrication de la porcelaine de luxe. Après avoir subi l'épreuve du grand feu et du demi-grand feu, un grain de sable se déta

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Groupes et statuettes.

chant des parois intérieures de la gasette peut tom» ber sur la pièce, et la rendre défectueuse.

» Une trop grande chaleur fait écailler la dorure et » détruit les couleurs fines et tendres, qui s'absorbent » dans les nuances plus foncées. D'un autre côté, une chaleur trop douce rend les couleurs ternes, et on ne peut pas toujours remédier à ce défaut par une » seconde cuisson.

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» Des taches noires déparent quelquefois la dorure > et quelquefois aussi les couleurs se grippent en » séchant et laissent apercevoir la glaçure; le bleu turquoise et quelques autres couleurs tendres se » détériorent quand elles sont accidentellement exposées à l'action des acides. »

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La fabrication des groupes et statuettes exige un travail et des soins tout particuliers.

Les sujets à reproduire sont partagés en autant de moules qu'il y a de pièces détachées. Toutes les pièces sont coulées séparément. Puis on les réunit, de manière à reconstituer le sujet. On garnit ensuite le groupe.

Les nœuds de rubans, bouquets, feuillages des arbres, mousses et plantes grimpantes, sont trop légers pour pouvoir être moulés ou même coulés : les modeleurs les font à la main et les appliquent sur la pièce. (1)

Ce travail exige de véritables artistes, et nos modeleurs du siècle passé étaient dignes de ce nom.

(1) Cette circonstance permet de reconnaître sûrement et au premier coup d'œil, les contrefaçons modernes. Elles ne sont pas achevées ou ne portent que des ornements lourds et imparfaits, tandis que les anciens biscuits se font remarquer par leur excessive légèreté.

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