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gouvernement, et celui-ci ayant répondu qu'il fallait tout à la fois sauvegarder les intérêts de la ville et prendre égard à l'intérêt qu'elle a de soutenir une importante manufacture, qui devait lui apporter de très grands avantages, il fut résolu, le 17 avril 1753, de faire à Peterinck l'avance demandée, moyennant fournir les garanties offertes. (1)

Un an s'était à peine écoulé, que Peterinck sollicitait une nouvelle avance de six mille florins, nécessitée, disait-il, par les frais considérables qu'entraîne l'établissement de la manufacture, et promettant de les rembourser dans six mois.

Peterinck faisait recommander sa demande par le comte de Cobenzl, ministre à la cour de Bruxelles, protecteur éclairé des arts, et qui témoigna toujours de la plus vive sollicitude pour notre manufacture de porcelaines.

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Le ministre écrivit à cette fin au magistrat, et celui-ci tant pour le maintien de cette importante fabrique que pour témoigner à Son Excellence les égards qu'on a à sa recommandation,» accorda à Peterinck les six mille florins demandés. Il exigea toutefois un nouvel acte de gage, et une caution qui fut le sieur Hogué, fils, négociant à Lille. (2 juillet 1754.) (2)

Le comte de Cobenzl en remercia la ville comme d'un service qu'elle lui aurait personnellement rendu. Peu de temps après, il eut encore l'occasion de lui

(1) Arch. de Tournay. Consaux. Vol. 266, fol. 44.

(2) Ibid. fol. 238 et 240.

Prêt de dix mille florins par le gouvernement.

écrire pour le même sujet. La fabrique languissait, faute de ressources qui lui permissent de prendre tout son développement; il y avait en outre un arriéré qu'elle n'était pas capable de combler. Peterinck recourut de nouveau à son protecteur, qui s'employa à intéresser le gouvernement en même temps que la ville, au succès de l'industriel.

Treize mille florins étaient nécessaires pour l'aider d'une manière efficace.

Après différents pourparlers avec le gouvernement, il fut arrêté que la ville avancerait trois mille florins, et le gouvernement dix mille, remboursables en dix annuités de mille florins chacune, aux conditions suivantes : (1)

La somme serait remise au magistrat de Tournay, chargé de payer les dettes les plus pressantes, par lui-même ou sous sa direction. La ville devait être caution envers Sa Majesté, elle prendrait, envers Peterinck, telle sécurité qu'elle jugerait utile. Elle aurait la surveillance immédiate de la manufacture et nommerait à cette fin deux commissaires.

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Le 10 avril 1755, la ville touchait les dix mille florins prêtés par le gouvernement, et le 22 du même mois, elle accordait à Peterinck ordonnance de paiement des trois mille qu'elle avait accepté de lui avancer. (2)

Peterinck ne put remplir les engagements qu'il avait pris vis-à-vis du gouvernement. Un décret du conseil

(1) Arch. de Tournay. Consaux. Vol. 267, fol. 2 à 6, 36 à 40, 46, 47, 52.

(2) Voir aux pièces justificatives.

des finances, communiqué aux Consaux de Tournay, le 16 mars 1756, lui accordait un délai de deux ans, pour effectuer le premier remboursement partiel des dix mille florins que le gouvernement lui avait avancés. (1) Ce décret dut être renouvelé bien des fois dans la suite.

délégués par

En vertu de l'octroi de 1751, un membre du magis- Commissaires trat, délégué par lui, était appelé à juger les contestations qui pourraient naître entre Peterinck et ses ouvriers.

Dès l'année 1752, la manufacture subsidiée par la ville, patronnée par le gouvernement, fut soumise toute entière à la surveillance de ce commissaire.

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C'était, en 1752, le sieur Errembault du Coutre, juré et commissaire ci-devant nommé en cette partie, (qui) ne laissera pas de veiller de temps en temps pour en apercevoir l'importance et les progrès. » (2) Lorsqu'en 1754, le gouvernement fut sollicité de faire à Peterinck un prêt de dix mille florins, il exigea d'abord que la situation de la fabrique fut examinée par deux commissaires désignés par les Consaux.

Ce furent les sieurs Vranx, juré, et Longueville, conseiller, que la ville adjoignit au sieur Errembault du Coutre, déjà en fonctions. (3) Puis, en accordant la somme demandée, le gouvernement stipula que la manufacture dépendrait directement de l'inspection de

(1) Arch. de Tournay. Consaux. Volume 267, fol. 203.

(2) Ibid. Vol. 265, fol. 335.

(3) Ibid. 14 janvier 1755.

la ville.

Faïence.

la ville, et que celle-ci en pourrait établir et changer la direction comme bon lui semblerait.

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En conséquence, les Consaux désignèrent pour tenir la caisse et les livres de la manufacture, le sieur Rivoire, personne prudente et éclairée en cette partie, qui vient d'en prendre le soin, » (écrivaient-ils au gouverneur des Pays-Bas, le 14 avril 1755,) et à qui nous ne pouvons refuser la confiance que nous n'avions pas en Peterinck, qui a fait voir par le dérangement actuel de ses affaires, qu'elles étaient au-dessus de lui. (1)

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En même temps, ils désignèrent comme « commis»saires-surveillants à la manufacture, les sieurs du Coutre et Vranx, jurés, à l'adjonction du sieur Longueville, premier conseiller pensionnaire. »

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Ces commissaires firent aux Consaux, le 16 mars 1756, un rapport sur la situation de la fabrique. Nous aurons à l'examiner plus loin, en établissant cette situation à la fin de la première période de la fabrication, lorsque la propriété de la fabrique passa à une société.

Peterinck ne s'adonna pas seulement à la fabrication de la porcelaine : la faïence fut également l'objet de ses travaux, et il ne négligea rien pour la perfectionner autant que possible.

Nous avons vu qu'il appela à Tournay un des meilleurs ouvriers de la fabrique de Rouen, nommé

Ce

(1) Arch. du royaume. Conseil des finances. Farde 2029. Rivoire était un Lyonnais, ayant résidé à Amiens avant de venir à Tournay.

Claude Borne; celui-ci, après quelques années de séjour chez Peterinck, partit à Mons, où les magistrats de cette ville lui offraient de fonder une manufacture de faïence. Ce pouvait être une rude concurrence pour l'usine de Peterinck, aussi s'opposa-t-il de toutes ses forces à l'érection de cette nouvelle usine. Le plus sûr moyen était d'obtenir du gouvernement un privilège exclusif pour la fabrication de la faïence, comme il en avait un déjà pour la fabrication de la porcelaine, et malgré l'opposition des Montois, il y parvint (1755). Le magistrat de Tournay intervint vigoureusement en cette circonstance et le gouvernement se montra très favorable.(1)

L'un et l'autre d'ailleurs avaient tout intérêt à soutenir la manufacture de Tournay, à laquelle ils avaient avancé de grosses sommes d'argent.

Mons s'en vengea en chicanant Peterinck au sujet des droits de barrière qu'elle prétendit lui faire payer sur les charbons de terre, qu'il faisait venir de ses environs et qui avaient été jusqu'alors exempts d'impôt. (2) Le magistrat de Tournay se joignit de nouveau aux réclamations de Peterinck, qui prétendait être exempt de droits de barrière en vertu de son octroi, et il obtint gain de cause.

Cette difficulté était à peine réglée, qu'une autre surgit au sujet des mêmes droits sur les terres blanches, employées par Peterinck dans sa fabrication et, qu'il faisait tirer des environs de Beloeil et de Chimay.

(1) Arch. de Tournay. Consaux. 22 avril 1755.

(2) Arch. du royaume. Cons. des finances. Farde 2029.

Exemption

des droits

de barrière.

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