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moyen cette manufacture se trouvera permanemment » fixée en icelle, de se prêter à la demande desdits sieurs Peterinck et Cie; et en effet quelques jours plus tard, il était autorisé à enlever dix-huit chênes de charpentage, de sept à huit chevrons chaque, et septante-quatre autres de jardinage, et plus tard encore vingt-neuf chênes de neuf à dix chevrons; de telle sorte que la charpente de la manufacture fut donnée par la ville.

"

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première

On mit aussitôt la main à l'œuvre et le 27 juin 1763, Pose de la les délégués du magistrat se rendirent sur le terrain de la future usine, pour en poser la première pierre.

Elle fut placée dans l'angle flanqué à droite en > entrant dans la cour du bâtiment double qui fait » face au quay et portait l'inscription suivante: Amplis- simus senatus tornacensis, regiæ ac imperatoriæ hujus fabricæ illustris protector, harum aedium suis erigendarum, auspiciis ac munificentia primum lapidem posuit X Calend. jun. MCCLXIII. » (1)

"

"

Le magistrat distribua en même temps aux ouvriers une somme de deux cents florins.

Les bâtiments s'élevèrent rapidement. Ils subsistent encore aujourd'hui en majeure partie, et ce qui reste donne une grande idée de ce que fut la fabrique à l'époque de sa splendeur.

pierre.

L'établissement des nouveaux ateliers, les amélio- Développerations apportées aux moulins, allaient permettre de

(1) Arch. de Tournay. Consaux du 21 juin 1763. Vol. 270, fol. 140. Elle ne s'y trouve plus aujourd'hui.

ment de la fabrication.

Vente en 1763.

satisfaire à toutes les commandes, en augmentant la fabrication; aussi celle-ci prit-elle un grand développement qui, depuis lors, alla croissant d'année en

année.

En 1763, la vente s'éleva à quatre-vingt mille florins.

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« On observe, (continue le rapport d'où sont extraits - ces chiffres,) que si cette fabrique avait pu faire toute la masse d'ouvrage qu'on luy demande, la vente » aurait été portée à plus de cent quatre-vingt mille florins. "

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Il se débite tant en porcelaine qu'en faïence:

en Hollande pour la valeur de

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.

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9,000 florins.

12,000

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13,000

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(1) Arch. du royaume. Dépouillement des besognés d'inspection, des contrôleurs sur l'objet des manufactures, fabriques et productions de l'année 1764. Un volume manuscrit in-folio, fol. 737.

» mais cette marchandise doit être fraudée; celui de Liège augmente journellement et s'étend vers l'Alle

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magne; le bijoutage est recherché en Espagne et s'y vend bien; le débit serait immense pour la France, si l'on avait assez de marchandise et si les droits d'entrée étaient modérés. Tout passe en fraude et une > bonne partie des porcelaines s'expédie pour Paris. »

On vendait encore des porcelaines en Russie, où il s'en trouvait, d'après un inventaire du 31 mars 1778, pour vingt mille florins. (1) »

Quels étaient ces produits tant recherchés? C'est ce que nous aurons à examiner au chapitre IV. Disons seulement qu'à cette époque ils n'étaient pas encore parfaits, bien que se distinguant par des qualités sérieuses.

Vers l'année 1770, s'ouvre la période la plus brillante de l'existence de la manufacture, tant sous le rapport du développement des affaires, que sous celui de la perfection des produits qu'elle livrait au commerce.

On vendit pour cent vingt-cinq mille florins en 1772 et cent soixante-quinze mille en 1774. (2)

Produits.

1770.

Vente.

Mais aussi, quel génie et quelle industrie déploya Peintres et Peterinck, et quelle pléïade d'artistes le seconda dans

sculpteurs.

son œuvre! (3)

(1) Arch. du royaume. Cons. des finances Farde 2030. (2) Ibid.

(3) Voir chapitre III.

Moulins,

Gillis dans la sculpture, Duvivier dans la peinture, occupaient le premier rang. Peterinck lui-même peignit, dit-on; mais ses œuvres n'ont pas été reconnues jusqu'ici. (1)

Delmotte, professeur à l'académie (en 1765), a vraisemblablement donné des modèles à la manufacture, bien qu'on n'en trouve pas la preuve formelle; Lecreux a créé pour elle de petits chefs-d'oeuvre. (2)

Joseph Willems très entendu dans la partie de la sculpture et du modelage pensionné des Consaux, y travailla pendant dix mois environ.

"

François de la Musellerie remplaça Duvivier comme premier peintre en 1771, et mourut trois ans après. Joseph Mayer lui succéda; nous aurons souvent à le citer dans la suite.

Pierre Ignace Barbieux et Jacques Lefebvre, tous deux natifs de Tournay, qui sollicitèrent la place de professeur à l'académie, devenue vacante par la mort de Duvivier (en 1771), promettaient l'un et l'autre de mettre leurs talents au service de la manufacture de porcelaines. (3)

Il arriva que les nouveaux bâtiments eux-mêmes et leurs dépendances devinrent insuffisants.

La production se trouvait constamment entravée par le manque de matière première convenablement pré

(1) L'art ancien à l'exposition nationale belge.

(2) Bozière (Tournay ancien et moderne) rapporte que Lecreux modela beaucoup de statuettes reproduites en biscuit, et d'autre part, on trouve en 1775 un peintre à la manufacture, nommé Joseph Delmotte. (3) Arch. de Tournay. Consaux. Vol. 273, fol. 215 et 217.

parée; il était urgent d'y pourvoir par la construction de nouveaux moulins. Celui qui avait été établi sur la petite rivière fonctionnait mal; on avait tenté à diverses reprises de l'améliorer, mais inutilement; (1) plus tard le gouvernement nomma un commissaire pour aviser à ce qu'il y aurait à faire; et sur son rapport, sans doute, on proposa « d'établir de nouveaux moulins au débouché de la neuve rivière. " (2)

Mais Peterinck, connaissant combien le cours de la petite rivière se prêtait mal à l'établissement de moulins, demandait, au contraire, qu'on changeât complètement de système et qu'on élevât un moulin à vent et un à cheval. Il développait les avantages de son projet dans un long mémoire adressé au comte de Cobenzl. Le ministre transmit la requête au magistrat de Tournay, le priant d'y être favorable. Celui-ci se mit en relation avec les états du Tournaisis, et il fut décidé qu'on permettrait aux associés de la manufacture d'établir deux moulins comme ils le proposaient, l'un à vent, l'autre à cheval, à condition de démolir le moulin actuellement existant qui, sous aucun prétexte, ne pourrait être rétabli. La dépense était estimée à vingt-quatre mille florins.

Le lendemain, 4 mai 1765, les Consaux ratifièrent définitivement les propositions des associés et leur allouèrent une somme de dix-huit mille florins à la

(1) Le 26 juillet 1763, on ordonna des travaux propres à faciliter l'écoulement des eaux. La dépense s'éleva à sept cents florins dont cinq cents furent payés par la ville. Arch. de Tournay. Consaux. Vol. 270, fol. 149.

(2) Archives de Tournay. Consaux. Vol. 270, fol. 247.

MÉMOIRES. XVIII.

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