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Ouvriers. (nombre.)

Peterinck

vers travaux.

ges le surplus se partageait par quart entre les associés. (1)

Peterinck partagea bientôt la direction de l'usine avec son fils Charles Peterinck-Gérard, qui avait gardé la maison paternelle, à la rue Muche-Vache, après que son père eut transporté ses pénates à la nouvelle usine. (2) La fabrique, convenablement outillée, marchait à souhait; elle occupait plus de quatre cents ouvriers, et entrait en ce moment dans ce que nous appelons sa quatrième période de fabrication; période brillante, particulièrement caractérisée par le décor bleu de roi, en quoi elle excella, et par l'imitation des décors de la fabrique de Sèvres.

Mayer fut le peintre le plus en renom de cette époque, et telle était son habileté, qu'ayant eu à décorer pour le duc d'Orléans un service destiné à concourir avec ceux de Sèvres, il triompha de ses concurrents. (3)

Disons de suite que ce service remarquable, loin de rapporter quelque profit à la fabrique, lui causa au contraire une forte perte, car son prix, qui était de soixante mille florins, ne fut jamais payé.

Peterinck, rassuré sur l'avenir de la manufacture, entreprend di- s'abandonna de nouveau aux entreprises les plus étrangères à sa profession. En 1782, on le voit occupé à faire sauter les murs extérieurs des fortifications et de la citadelle. (4)

(1) Contrat du 6 mars 1781, communiqué par M. V. Peterinck. (2) Recensement de la population en 1775 et 1786. Voir pièces justificatives.

(3) Voir au chapitre III, la notice sur Mayer.

(4) Arch. de Tournay. Consaux.

Ce travail absorba tout son temps et il y était encore employé en 1783 et 1784.- Il soumissionne la construction des piles du Pont-aux-Pommes, mais n'obtient pas cet ouvrage. Il reprend l'établissement de routes

pavées.

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En 1786, il fait des recherches dans les terrains de la citadelle, pour y retrouver les canons qui y ont été enfouis, et stipule qu'il conservera pour lui la moitié du poids des pièces retrouvées de la sorte, ce qui lui est accordé. (1)

La même année, il entreprend la reconstruction d'un puits, vis-à-vis de la rue des Récollets. (2)

Il achète des terrains de l'ancien quartier de la citadelle, pour y bâtir des cabarets; il en achète en dehors de la porte Morelle; il bâtit sur le cimetière Saint-Nicaise, il demande à acheter l'ancien cimetière de la Madeleine, toujours pour y bâtir. (3)

des

houilles.

En même temps, Peterinck et ses associés obtenaient Exploitation du gouvernement un privilège pour la recherche et l'exploitation des houilles et charbons de terre, qui pourraient se trouver dans quelques endroits du pays et comté de Hainaut, du Tournaisis et de la Flandre, avec toutes les terres franches y enclavées dans l'espace de deux lieues de la rive droite de l'Escaut, depuis la frontière de la domination impériale jusqu'à Tournay et delà en s'éloignant de deux lieues de cette rivière

(1) Arch. de Tournay. Consaux. Vol. 278, fol. 191.

(2) Ibid. fol. 212.

(3) Ibid. Vol. 280, fol. 23, 39, 56, 65.

Visite de la

vers la droite, afin de ne pas empiéter sur la concession faite en 1782, à Louis-Alexandre de Calonne et Cie, continuer à une pareille largeur de deux lieues, jusqu'aux environs de Schoorisse. (1)

Peterinck se fournissait de charbon à Fresnes, Condé, Anzin; il sollicita à diverses reprises, mais inutilement, l'exemption d'impôt sur ces matières.

C'était une lourde charge pour lui, d'autant plus qu'à la suite de l'établissement d'usines rivales de la sienne dans les environs, et en particulier à Valenciennes, le prix du bois à brûler s'était fort élevé.

La manufacture reçut le 8 octobre 1791, la visite manufacture des archiducs Charles et Marie-Christine, accompagnés ducs, gouver- du duc de Saxe Teschen; honneur insigne, car les

par les archi

neurs des Pays-Bas.

archiducs qui étaient arrivés la veille à Tournay, quittèrent cette ville après un séjour de vingt-quatre heures seulement qu'ils employèrent, dit le chroniqueur, à entendre la messe, visiter la fabrique, et à faire manoeuvrer les troupes. (2)

Produits. Les porcelaines de Tournay étaient d'ailleurs très recherchées à cette époque et leur usage fort répandu.

Les pièces d'art, urnes et vases, groupes et statuettes, en porcelaine ou en biscuit, décoraient les appartements; l'empereur Joseph II, ayant visité Tournay le 9 juin 1781, les Consaux lui firent offrir

Desmazières, Bibliogra

(1) Arch. de Tournay. Vol. 278. fol. 40. phie tournaisienne, no 1514; plaquette imprimée chez Serré, en 1785. (2) Ephémérides tournaisiennes par Hennebert.

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qu'il

quatre grandes urnes en porcelaine de la manufacture
de Tournay; mais l'empereur refusa, disant
» n'acceptait rien de ses sujets.» (1)

Un peu plus tard, les gouverneurs des Pays-Bas devant se rendre à Tournay et y loger, les Consaux firent disposer pour eux plusieurs chambres à l'hôtel de l'Impératrice, et M. de Basserode, l'un des membres du magistrat, fut chargé notamment de se procurer » de belles tapisseries, lustres, miroirs, feux, groupes » de porcelaine, etc., pour meubler et orner trois chambres, et de faire mettre aussi de beaux tapis » de pied, de la fabrique du sieur Piat Lefebvre, marchand hautelisseur.» (2)

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On se figure aisément l'effet que devaient produire au milieu des élégants mobiliers du siècle passé, les ravissants groupes en biscuit de notre fabrique; on eût pu y ajouter quelques bronzes de Lefebvre-Caters, et les illustres hôtes auraient eu sous les yeux les plus beaux produits de l'industrie locale que nos magistrats se plaisaient à faire valoir en toute occasion, au grand profit de la réputation artistique de la ville et des intérêts de ses habitants.

Le débit de la vaisselle d'usage était considérable; dans tout le nord de la France, il n'était pas de grande famille qui n'en fût fournie. C'était la porcelaine ordinairement employée dans les ménages à Paris. (3)

Vente en

France.

(1) Arch. de Tournay. Consaux. Vol. 276. fol. 121 et 123. (2) Ibid. 26 août 1781.

(3) Voir Houdoy, céramique lilloise; Lecocq; coup d'œil, etc....

Tarif de 1790.

Incendie à la fabrique.

Et en effet on en trouve encore énormément aujourd'hui dans tout le nord de la France, plus peut-être qu'en Belgique, si ce n'est à Tournay même.

Un tarif publié vers 1790, imprimé chez Serré (1) énumère les différentes pièces de porcelaine qui entrent dans la composition d'un service. Il n'y est question que de la porcelaine d'usage, et l'on est effrayé de leur nombre et de leur variété.

Assiettes à côtes, osier, rocailles, isolées, rondes; soupières; plats ovales, ronds (six dimensions de chaque sorte), terrines, saladiers, compotiers, seaux; pots à glace, sauciers, beurriers, moutardiers, jattes à salade, salières; pots à crême, sucriers ovales ou ronds, jattes à punch, à café, à thé, cafetières, gobelets, tasses à thé; pots au lait, théières, boîtes au sucre, écuelles à bouillon, jattes à bouillon, porte-carafe, etc.

Nous pourrions ajouter à cette nomenclature les manches de couteaux, boutons, chapelets, jeux divers; recommencer la même énumération en ce qui concerne les porcelaines fines, ou de luxe, et y joindre les objets d'art et de petit mobilier, que la fabrique produisait en grand nombre, tels que tabatières, boîtes, médaillons, encriers, pendules, groupes et statues.

Le 26 décembre 1793, un violent incendie causa de grands dégâts à la fabrique. Le moulin principal et le magasin où se trouvaient les matières premières ayant

(1) Desmazières, Bibliographie tournaisienne, no 1920.

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