Page images
PDF
EPUB

n'avons pas trouvé (et pour cause) les actes de naissance. Ce sont Claude et Henri Borne dont il est parlé ci-dessus, et Marie-Joseph, morte le 12 novembre 1761; probablement sœur ou fille de Claude, dont il est parlé dans la correspondance.

Cette famille est éteinte aujourd'hui, ou du moins elle n'a plus de descendants à Tournay.

ANTOINE GILLIS (sculpteur et modeleur).

1702-1782

JEAN GILLIS, fils, (peintre).

Antoine Gillis, né à Dôle en 1702, et fixé à Valenciennes depuis de nombreuses années, fut appelé à Tournay pour sculpter la chaire de vérité de la cathédrale. En même temps, il modela pour Peterinck, quelques statues et en particulier une sainte Thérèse destinée à être exécutée en porcelaine et offerte à l'impératrice Marie-Thérèse. (1)

Désirant se fixer définitivement à Tournay, il s'adressa, le 31 août 1756, aux magistrats de cette ville, qui songeaient précisément à y établir une académie de dessin, et leur exposa combien cette création serait utile pour perfectionner les arts, métiers et

[ocr errors]

(1) Consaux. Vol. 267, fol. 265.

- Voir au chapitre V.

» manufactures, donner une émulation aux jeunes gens » de cette ville et former des élèves pour la manufac»ture de porcelaine, de façon qu'elle ne soit plus dans » le cas de dépendre des étrangers comme elle l'a été · jusqu'à présent à son grand préjudice.

"

"

Il demandait pour lui et son fils une pension annuelle de neuf cents livres de France, « et comme ce n'est que

[ocr errors]

66

dans les modèles qu'il pourra faire pour la manufac»ture de porcelaine qu'il peut espérer de trouver en cette ville de quoi se soutenir... il demande que la manufacture s'engage à lui faire faire chaque année, » sa vie durant, pour mille quatre cents livres de France de modèles qu'il fournira aux mêmes prix que >> le sieur Peterinck en a payé aux modeleurs qui l'ont servi jusqu'à présent. En outre, il demande que Messieurs du magistrat, qui sont les maîtres de cette manufacture, lui garantissent le contrat qu'il pourra faire avec la dite manufacture... » (1)

"

[ocr errors]

"

"

"

La requête de Gillis fut reçue avec beaucoup d'égards. Les actes des Consaux le qualifient fameux sculpteur. Il avait auparavant exercé son art à Valenciennes, qui l'avait pensionné.

Agé de cinquante-trois ans seulement, il pouvait rendre encore de grands services à Tournay.

C'est ce que fit observer aux Consaux le conseiller Longueville dans son rapport du 14 septembre 1756, (2) en insistant surtout sur ceci que Gillis formerait de

(1) Lettre de Gillis, lue aux Consaux le 31 août 1756. Vol. 267,

fol. 265.

(2) Ibid. fol. 270.

[ocr errors]
[ocr errors]

bons sculpteurs « outre qu'il a déjà des écoliers en état de modeler, dont quelques-uns le suivront ici..» (1) Mais il ajoute qu'on ne peut accepter la clause concernant la manufacture de porcelaine. Il s'agit sans doute de la stipulation relative à la fourniture des modèles. Elle n'est pas reprise en effet dans le contrat passé le 19 novembre 1756, entre la ville d'une part. « Antoine Gillis et Jean Gillis, son fils, tous deux peintres et le premier sculpteur pensionné de la ville de Valen- ciennes d'autre part; la ville accorde à « Gillis père, sa vie durant, et après son décès à son fils > aussi pendant sa vie, qui enseignera lors seul le dessin et corrigera le modelage, comme les professeurs font dans les autres académies, une somme annuelle de quatre cent nonante florins, à commencer - au 1er avril prochain.

"

"

66

"

"

[ocr errors]

"

En ce qui concerne la manufacture de porcelaine, les dits sieurs Gillis enseigneront en particulier et auront - pour ainsi dire continuellement sous leurs yeux trois enfants orphelins au choix de Messieurs du magis- trat. Ils leur apprendront à dessiner et à modeler et - les rendront le plus tôt possible capables d'être employés avec avantage à la manufacture de porcelaine. - Ils feront de plus, ce qu'ils pourront, pour attirer en cette ville quelques-uns de leurs écoliers les plus en état de modeler.» (2)

[ocr errors]
[ocr errors]

Gillis, nommé directeur de l'académie, la fit rapide

(1) Gillis obtint la libre entrée, dans les Pays-Bas, de ses moules, tableaux, meubles, etc. 2 mai 1757. Arch. du royaume. Farde 2194.

(2) Ibid. fol. 307.

[ocr errors]

ment prospérer. Il eut plus tard pour collègues, Peterinck qui enseignait l'architecture, Duvivier, Delmotte et Lecreux, professeurs de dessin et de modelage, et Marc Lefebvre. (1)

L'académie fut toujours l'objet de la sollicitude du magistrat, qui assistait chaque année à la distribution des récompenses. Les élèves qui en fréquentaient les cours, étaient nombreux. On les voit chaque année à l'occasion de la fête de Saint-Luc, leur patron, demander aux Consaux la célébration d'une messe solennelle. Elle se disait à la chapelle de l'hôtel-de-ville, et l'on sonnait le carillon du beffroi. Cet usage a été conservé jusqu'en 1794. (2)

Gillis travailla, comme on l'a vu, pour la manufacture de porcelaines; mais la perte des archives ne nous permet pas de savoir dans quelles conditions, ni quelles œuvres peuvent lui être attribuées, parmi les admirables biscuits qui nous restent de la première période de la manufacture. (3) Un calendrier de Tournay, édité en 1775, lui attribue les statues (en bois) de saint Eloi et de saint Martin, qui se trouvaient dans l'église SaintMartin; de saint Augustin, dans l'église Saint-Marc; de saint Joseph, dans l'église Saint-André.

Son fils peignit les disciples d'Emmaüs, pour l'église de l'abbaye de Saint-Marc, un tableau représentant saint Nicolas, pour l'église Saint-Piat, et un tableau de saint André, pour l'église de ce nom.

(1) Consaux, 26 novembre 1765.

(2) Ibid. Vol. 286, 14 octobre 1794.

(3) Nous indiquerons cependant, au chapitre V, quelques groupes qui semblent sortis de ses mains.

Vers la fin de 1764, Gillis fut victime d'un accident qui lui occasionna une blessure à la main et le rendit incapable d'exercer son art.

Le magistrat dut le faire remplacer comme professeur de dessin à l'académie (17 février 1767), et trois mois plus tard, il accordait une pension à lui et à son fils, incapables de travailler, < vu le désastre qui lui

[ocr errors]

est arrivé par les infirmités dont il est accablé, et de l'accident fâcheux de son fils. " (1)

Jean Gillis, fils, professeur à l'académie, était en ce moment atteint de folie. Il s'en remit et put reprendre, en 1771, ses fonctions de professeur, mais il éprouva bientôt une rechute et on dut l'interner à la maison de force de Froidmont. (2)

Gillis père se rétablit bientôt, et reprit, (avril 1769) en partie au moins, ses diverses fonctions.

66

Le magistrat, pour l'encourager à continuer ses > soins à l'académie, lui accorda quelques exemptions d'impôts sur la bière. (3)

[ocr errors]

Mais deux ou trois ans plus tard, Gillis, de nouveau souffrant, ne fréquentait plus l'académie, “ ou la fré

[ocr errors]

quentant, n'y avait été presque d'aucun secours à » cause de la blessure de sa main et d'ailleurs de son

(1) Arch. de Tournay. Consaux. Vol. 271, fol. 173.

66

(2) Consaux du 26 mars 1782. Requête de l'abbé Gillis, demandant qu'on veuille lui accorder, en considération de l'incommodité dont son frère, autrefois adjoint directeur de l'académie établie en cette ville, à présent détenu dans la maison de force à Froidmond, continue d'être attaqué, la somme de cent quatre-vingts florins l'an, prévue par les

[blocks in formation]
« PreviousContinue »