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>> abandonnent leurs projets liberticides parce qu'ils >> ne peuvent plus réussir. Ce que le peuple veut, ce » qui est de son intérêt, c'est que sa majesté offen»sée par la rébellion soit enfin vengée; c'est que, >> trahi depuis tant d'années par tant de mandataires » infidèles, il trouve, dans la punition des scélé» rats qui veulent répandre son sang, la juste réparation des maux qu'il a soufferts. Bien loin de >> partager le sentiment d'indulgence que vient d'exprimer le ministre, j'engage la Convention à persévérer dans les principes d'une juste sévé» rité. Il ne faut pas, après l'acceptation de l'acte >> constitutionnel, laisser subsister de nouveaux >> germes de division; il faut étouffer la faction » scélérate qui a si long-temps exposé la patrie; >> sans cela elle renouerait bientôt ses trames, et >> forcerait le peuple à de nouvelles convulsions. >> Nous triompherons! nous triompherons des ar» mées qui nous environnent; mais pour cela, il >> faut exaucer les voeux du peuple et punir les >> traîtres! »

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Comme Robespierre savait personnifier son peuple, le faire parler, le faire s'indigner, se venger, et entretenir par lui les divisions intestines! Personne, dans la Convention, n'osa répliquer. Le ministre, auteur de la proposition, s'estima fort heureux, après l'improbation violente de Robespierre, d'en être quitte pour la retraite et le

silence.

Au surplus, du refus fait par Robespierre d'ad

mettre à la réconciliation des hommes qui, suivant ses propres principes, avaient accompli un devoir en s'insurgeant contre la violation de leurs droits dans la personne de leurs représentans, il résulta qu'un tribunal de sang fut établi à Marseille; que ce tribunal, composé de juges choisis parmi les patriotes excessifs faits prisonniers pendant l'insurrection, n'exerça que des vengeances. Alors tout ce qu'il y avait de riche et d'honnête dans Marseille en sortit pour se réfugier à Toulon, et comme les mêmes violences y continuaient, on se donna aux Anglais pour s'y soustraire. Les mêmes réactions et les mêmes horreurs eurent lieu à Nîmes, à Toulouse et partout où les journées des 31 mai et 2 juin avaient produit les mêmes soulèvemens contre les dominateurs tyranniques de la Convention nationale. Cette boucherie affreuse d'un genre tout nouveau, fit, au nom de la loi et contre toutes les lois divines et humaines, verser des flots de sang par toute la France!

La réunion des fédérés des départemens, pour l'acceptation de la constitution, eut lieu le 10 août. Dès la séance du 7, on entendit, dans la Convention, un de leurs orateurs prononcer, au nom de ses frères, un discours analogue au temps et au but de cette réunion.

Dans la séance du 9, la commission des six, chargée de recueillir les procès-verbaux d'acceptation de l'acte constitutionnel, fit son rapport sur l'adhésion générale. Enfin, le 10 août 1793, eut

lieu, avec une pompe toute populaire, l'inauguration de la république française. Le président de la Convention termina ainsi son discours aux fédérés:

Français, vos mandataires ont interrogé, dans >> quatre-vingt-sept départemens, votre raison et >> votre conscience sur l'acte constitutionnel qu'ils >> vous ont présenté. Quatre-vingt-sept départe>> mens ont accepté l'acte constitutionnel. Jamais >> un vœu plus unanime n'a organisé une républi»que plus grande et plus populaire. Il y a un an, >> notre territoire était occupé par l'ennemi; nous » proclamâmes la république, et nous fùmes vain» queurs. Tandis que nous constituons la France, >> l'Europe l'attaque de toutes parts: jurons de dé» fendre la constitution jusqu'à la mort la répu>>blique est éternelle ! »>

On discuta en leur présence quelques articles du Code civil, et ils se disposèrent à retourner ensuite dans leurs départemens. Mais, avant leur départ, l'un d'eux, se rendant l'organe des assemblées primaires dans la séance du 12 août, obtint la parole, y demanda, au nom de ses collègues, qu'il fût fait un appel au peuple pour qu'il se » levât et anéantît ses ennemis; pour que tous les >> gens suspects fussent mis en arrestation, et en>> voyés en tête de la masse terrible des sans-culot»tes, et qu'ils y combattissent enfin pour la liberté.»>

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Tous les envoyés des départemens avaient été pris dans la sans-culotterie, alors très en vogue partout parce qu'elle dominait dans la Convention.

Cette proposition fut soutenue par un membre, qui demanda l'arrestation de tous les gens suspects. Elle fut envoyée au comité de législation pour le mode d'exécution, décrété dans la séance du 17 septembre suivant.

Néanmoins, parmi les envoyés des départemens, étaient des hommes sages, qui, loin d'approuver toutes les démarches de leurs confrères, avaient et manifestaient des sentimens très-opposés. Ceux-ci furent molestés, emprisonnés; violation criminelle de leur caractère, injure pour leurs commettans; mais après la violation de la représentation nationale dans la personne des députés détenus, celle-là doit-elle étonner?

CHAPITRE VIII.

La constitution est suspendue pour continuer le gouvernement révolutionnaire. - Diverses mesures de salut public prises par la montagne création d'une armée révolutionnaire; loi des suspects; levée en masse de tout le peuple français; loi contre les étrangers; emprunt forcé ; réquisitions, établissement du maxiArrestation Accusation et jugement des vingt-deux. de soixante-treize conventionnels qui avaient protesté contre la journée du 2 juin.

mum.

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ROBESPIERRE Sut tirer un grand parti des fédérés qui demandèrent la poursuite des représentans détenus; qui vengèrent, à leur manière, Paris des apostrophes du président Isnard; qui proposèrent l'arrestation des gens suspects, et l'anéantissement de tous les ennemis de la montagne, qui fournirent enfin un prétexte pour suspendre l'exécution de la constitution que les trois quarts et demi de la république attendaient telle quelle, comme un moyen de faire casser le gouvernement révolutionnaire, c'est-à-dire un gouvernement sans frein et sans mesure. Après avoir été bien fêtés, bien caressés par les Parisiens et les meneurs de la Convention, ils retournèrent chez eux, en laissant la constitution, qu'ils venaient d'accepter si solennellement, dans l'arche de la patrie d'où elle n'est plus sortie.

Robespierre et les siens reprirent alors leur première marche, qu'ils appelaient révolutionnaire,

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