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Domino.... Bonam voluntatem habemus magis peregrinari à corpore, et præsentes esse ad Dominuum (1) : « Nous savons que pendant que nous >> habitons ce corps, nous sommes éloignés du Sei» gneur.... Nous aimons mieux sortir de la maison » de ce corps pour aller habiter, avec le Seigneur », Car tant que nous sommes dans le corps, nous voyageons loin de Dieu; et quand nous sommes avec Dieu, nous voyageons loin du corps. L'un et l'autre n'est qu'un voyage, et non une entière séparation; parce que nous passons dans le corps pour aller à Dieu, et que nous allons à Dieu dans l'espérance de retourner à nos corps. Ainsi lorsque nous vivons dans cette chair, nous ne devons pas nous y attacher comme si nous y devions demeurer toujours : et lorsqu'il en faut sortir, nous ne devons pas nous affliger comme si nous n'y devions jamais retourner. Par-là étant délivrés des soins inquiets de la vie et des appréhensions de la mort, lorsque notre dernière heure approche, nous nous endormons en paix et en espérance. Car que crains-tu, ame chrétienne, dans les approches de la mort? Crains-tu de perdre ton corps? Mais que ta foi ne chancèle pas; pourvu que tu le soumettes à l'Esprit de Dieu, cet Esprit tout-puissant te le rendra meilleur, saura bien te le conserver pour l'éternité. Peut-être qu'en voyant tomber ta maison, tu appréhendes d'être sans retraite mais écoute le divin apôtre : « Nous savons, dit - il aux Corinthiens, » nous ne sommes pas induits à le croire par des » conjectures. douteuses, mais nous le savons très(1) II. Cor. v. 6, 8.

:

» assurément et avec une entière certitude, que si » cette maison de terre et de boue dans laquelle » nous habitons, est détruite, nous avons une autre » maison qui n'est pas bâtié de main d'homme, la» quelle nous est préparée au ciel (1)». O conduité miséricordieuse de celui qui pourvoit à tous nos besoins! « Il a dessein, dit excellemment saint Jean » Chrysostôme (2), de réparer la maison qu'il nous » a donnée : pendant qu'il la détruit et qu'il la ren» verse pour la rebâtir toute neuve, il est nécessaire >> que nous délogions ». Car que ferions-nous dans ce tumulte et dans cette poudre ? Et lui-même nous offre son palais, il nous y donne un appartement pour nous faire attendre en repòs l'entière répara tion de notre ancien édifice. Ne craignons done rien, mes Frères; songeons seulement à bien vivre: car tout est en sûreté pour le chrétien. Tu n'oses pas, chrétien, tu te défies de t'es œuvres; songe donc

à cette assurance.....

(1) II. Cor. v. I. - (2) Homil. in dict. Apost. De dormientibus, etc. tom 1, pag. 764.

1.ER SERMON

POUR

LE I.ER DIMANCHE DE L'AVENT,

PRÉCHÉ DEVANT LE ROI.

Sur la nécessité pressante de s'éveiller, de sortir de sa langueur, et de travailler sans délai à son salut.

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Hora est jam nos de somno surgere.

Il est temps désormais qué nous nous révèillions de notre sommeil. Rom. XII. 11.

Le croira-t-on, si je le dis, que presque toute la nature humaine est endormie, et qu'au milieu de cette action si vive et si empressée qui paroît principalement à la cour, la plupart des hommes languissent au dedans du cœur dans une mortelle léthargie? Nul ne veille véritablement, que celui qui est attentif à son salut. Et s'il est ainsi, chrétiens, qu'il y en a dans cet auditoire qu'un profond sommeil appesantit! qu'il y en a qui en prêtant l'oreille n'entendent pas, et ne voient pas en ouvrant les yeux, et qui peut-être malheureusement ne se réveilleront pas encore à mon discours! C'est l'intention de l'Eglise de les tirer aujourd'hui de ce per

nicieux assoupissement. C'est pourquoi elle nous lit dans les saints mystères de ce jour, l'histoire du jugement dernier; lorsque la nature étonnée de la majesté de Jésus-Christ, rompra tout le concert de ses mouvemens, et qu'on entendra un bruit tel qu'on peut se l'imaginer parmi de si effroyables ruines, et dans un renversement si affreux. Quiconque ne s'éveille pas à ce bruit terrible, est trop profondément assoupi, et il dort d'un sommeil de mort. Toutefois si nous y sommes sourds, l'Eglise pour nous exciter davantage, fait encore retentir à nos oreilles la parole de l'apôtre. Le grand Paul mêle sa voix au bruit confus de l'univers, et nous dit d'un ton éclatant : O fidèles, « l'heure est venue » de nous éveiller » : Hora est jam nos de somno surgere. Ainsi je ne crois pas quitter l'Evangile, mais en prendre l'intention et l'esprit, quand j'interprète l'épître que l'Eglise lit en ce jour. Fasse celui pour qui je parle, que j'annonce avec tant de force ses menaces et ses jugemens, que ceux qui dorment dans leurs péchés se réveillent et se convertissent! C'est la grâce que je lui demande par les prières de la sainte Vierge.

! C'est une vérité constante que l'Ecriture a établie et que l'expérience a justifiée, que la cause de tous les crimes et de tous les malheurs de la vie humaine, c'est le défaut d'attention et de vigilance. Si les justes tombent si souvent, perdent la grâce après une longue persévérance, c'est qu'ils s'endorment dans la vue de leurs bonnes œuvres. Ils pensent avoir vaincu tout-à-fait leurs mauvais désirs : la confiance qu'ils ont en ce calme, fait qu'ils aban→

donnent le gouvernail, c'est-à-dire qu'ils perdent l'attention à eux-mêmes et à la prière. Ainsi ils périssent misérablement, et pour avoir cessé de veiller, ils perdent en un moment tout le fruit de tant de travaux. Mais si l'attention et la vigilance est si nécessaire aux justes, pour prévenir leur chute funeste, combien en ont besoin les pécheurs pour s'en relever et pour réparer leurs ruines? C'est pourquoi de tous les préceptes que le Saint-Esprit a donnés aux hommes, il n'y en a aucun que le Fils de Dieu ait répété plus souvent, que les saints apôtres aient inculqué avec plus de force, que celui de veiller sans cesse. Toutes les épîtres, tous les évangiles, toutes les pages de l'Ecriture sont pleines de ces paroles: « Veillez, priez, prenez garde, soyez prêts à toutes les heures; parce » que vous ne savez pas à laquelle viendra le Sei» gneur ». En effet, faute de veiller à notre salut et à notre conscience, notre ennemi qui n'est que trop vigilant, et nos passions qui ne sont que trop attentives à leurs objets, nous surprennent, nous emportent, nous mettent entièrement sous le joug, et traînent nos ames captives devant le redoutable tribunal de Jésus-Christ, avant que nous ayons seulement songé à en prévenir les rigueurs par la pénitence. C'est ce dangereux assoupissement que craignoit le divin Psalmiste, lorsqu'il faisoit cette prière : « Eclairez mes yeux, ô Seigneur, de peur » que je ne m'endorme dans la mort (1) ». C'est pour prévenir l'effet de cette mortelle léthargie, que l'apôtre nous dit aujourd'hui « Mes Frères,

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(1) Ps. XII. 4.

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