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lioration de ressources ordinaires montant à 6,867,643 fr. 44 c. Exercice 1858. Dans le compte rendu du Préfet, le total général des recettes de cet exercice de

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« La réserve actuelle de la Ville passera donc à l'année 1859, telle qu'elle s'est trouvée après les cinq années écoulées de 1852 à 1857. La phase financière qui se terminera cette année pour laisser s'ouvrir la période de dix ans pendant laquelle la Ville est obligée de mener à fin la grande entreprise consacrée par la loi du 19 mai 1858, lui léguera une situation non moins favorable que celle dont elle-même avait reçu le dépôt. »

Telle était l'importante considération mise en relief par le premier magistrat de la Seine; il en était une autre par laquelle il appelait l'attention du Conseil municipal, c'est que, si l'exercice 1858 ne prélevait rien sur les ressources libres du passé; s'il se suffisait complétement à lui-même pour toutes les dépenses ordinaires et extraordinaires, l'importance des sommes qu'il aurait fournies aux grands travaux de toute nature, sans déshériter aucun service, en les dotant tous, au contraire, d'une manière plus large que par le passé, pourrait certainement être prise pour mesure des ressources que la ville était en état d'affecter, en une seule année, à ces œuvres fécondes. Ces prévisions rassurantes rendaient aisée l'assiette du budget de l'exercice 1859.

Les propositions de dépenses ordinaires inscrites à ce budget, excédaient dans le compte rendu du Préfet de 583,944 fr. 71 c. les allocations accordées au budget de 1858, cet excédant provenant des engagements pris par la Ville, dans le traité du 18 mars, et sanctionnés par la loi votée par la législature.

On trouvera plus loin (Appendice) les détails et la répartition des autres dépenses de l'exercice 1859, il suffira de rappeler celles qui concernent l'amélioration de la voie publique, et qui à diverses reprises ont excité la sollicitude du Corps législatif. Sans doute, dès le budget de 1860, la situation finan

cière s'améliorerait, d'abord de la progression probable des revenus de la Ville, puis de la réduction de plus d'un million que subirait le crédit nécessaire au service de la dette proprement dite; ensuite de l'allocation supplémentaire d'environ 950,000 fr. promise par l'Etat pour les dépenses de la police municipale, qui désormais seraient partagées par moitié; enfin, des 2 millions dont s'accroîtrait la seconde annuité de la subvention de l'Etat pour l'ouverture des nouvelles voies qui avaient motivé le traité du 18 mars. Mais il n'en était pas moins vrai que la combinaison financière adoptée par l'Etat obligeait à marcher au début avec plus de lenteur, que ne le comporterait la bonne direction de l'entreprise. Or, selon le chef de l'édilité parisienne, et il appelait sur ce point l'examen sérieux du Conseil, il importait aux intérêts de l'Etat comme à ceux de la Ville, que les acquisitions à faire pour les percements projetés pussent être consommées le plus promptement possible : le prix des propriétés que devait atteindre l'expropriation tendant toujours à s'accroître; les quartiers à traverser se peuplant, l'activité industrielle s'y développant, les exigences des propriétaires s'exaltant, « hâter la dépense, c'était donc la diminuer. » On pouvait douter un peu de cette conclusion, les dépenses devant toujours avoir lieu, on ne voyait pas bien comment la propriété serait moins exigeante.

M. le Préfet ajoutait que l'évaluation à 180 millions des frais de ces grandes entreprises de voirie ne représentait que la dépense nette; le débours primitif serait beaucoup plus considérable, et la moyenne de 18 millions ne saurait suffire. La Ville, chargée d'avancer les sommes nécessaires, répugnerait sans doute à se les procurer par voie d'emprunt. Comme il ne s'agissait que d'une simple avance, au lieu d'accroître sa dette constituée, elle préférerait probablement établir, pour le service de trésorerie de ses grands travaux, une caisse semblable à celle de la Boulangerie, émettant des bons à toute échéance, dans des limites réglées selon les circonstances par le Conseil municipal et par le Gouvernement.

« Quoi que vous en décidiez, disait le Préfet en terminant, la base de toute combinaison à venir, c'est l'œuvre qui nous oc

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cupe en ce moment : c'est un budget sagement réglé. Il n'est point de fardeau qu'on ne soulève, point d'obstacle qu'on n'écarte avec un puissant levier de finances bien conduites. Des dépenses sévèrement restreintes dans les limites des besoins, laissent au mécanisme toute sa souplesse et tout son ressort, mais des recettes assurées, progressives, en sont l'indispensable point d'appui. »

Ainsi s'exprimait le premier magistrat de la cité dans ce remarquable mémoire du 12 août, et nul ne saurait méconnaître qu'il avait bien raison.

CHAPITRE V.

FAITS POLITIQUES EXTRA-PARLEMENTAIRES.

Retraite du général Espi

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Retour à une politique moins rigoureuse. nasse; son remplacement par M. Delangle, nommé uniquement Ministre de l'intérieur. Cause de ce changement: la circulaire de M. Espinasse au sujet des biens des hôpitaux. Effet produit par ce document. Les Conseils généraux. Remarquable discours de M. de Persigny. - Le duc de Malakoff à Londres : l'alliance anglaise. - Mémorable voyage de l'Empereur à Cherbourg; la reine Victoria s'y rend de son côté. Remarquables discours de l'Empereur. Son retour. - Politique de la France au dehors. Les derniers travaux de la Conférence de Paris: les Principautés; résolution à ce sujet. — Le Montenegro. Note du Moniteur sur cette question; hostilités nouvelles. Les massacres de Djeddah. Détails; résolutions du Gouvernement de concert avec la Grande-Bretagne. - Guerre de Chine: même accord entre les deux Gouvernements. Détails sur le bombardement et la prise de Canton; rapport de M. Rigault de Genouilly. Prise des forts de Peiho. - Traité de paix conclu avec le Céleste Empire par le baron Gros. Traité conclu par le même avec le Japon. Europe: Traité avec Bade.

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Les mesures d'une rigueur continue et absolue ne sont pas de nature à être acceptées trop longtemps par les mœurs. Aussi bien la politique introduite par le ministre de l'intérieur et de la sûreté générale tendait-elle sinon à fléchir, du moins à ne plus paraître d'une nécessité évidente aux yeux de tous. Ce n'est pas que le brave général qui avait assumé l'œuvre d'une vigilance quelque peu menaçante, eût par lui-même un goût prononcé pour les actes empreints de ce caractère, mais il avait été appelé en des circonstances exceptionnelles, qui par cela même ne devaient pas donner lieu à une politique persistante. On ne voit pas d'ailleurs que le passage du général Espinasse aux affaires, se soit traduit en des décisions violentes. Le Ministre de la sûreté générale porta ses regards, on ne saurait en douter, sur tous les points d'où le danger contre les institutions actuelles pouvait

surgir. Il résultait, par exemple, d'une Note du Moniteur (13 juin), que la question du colportage préoccupa vivement le successeur de M. Billault, «huit millions de livres immoraux répandus par dix mille mains dans nos villages et dans nos campagnes, l'irréligion sous toutes ses formes, les doctrines perverses du socialisme le plus grossier, les raffinements d'une obscénité honteuse, allant s'offrir à domicile et solliciter au mal des esprits incultes et naïfs, telle était la situation vers 1847... »

A ce tableau d'un danger réel, la Note opposait les avantages qu'offriraient << huit millions de bons livres offerts comme moyens d'instruction à des populations impatientes de l'ignorance, leur ouvrant, après le labeur de la journée, le domaine des sentiments honnêtes et des idées saines, leur inspirant un acte d'adoration pour Dieu, d'amour pour la patrie, de reconnaissance pour le Souverain, popularisant jusque dans les hameaux les noms les plus glorieux de notre littérature nationale... »

Des mesures de surveillance (tendantes à ce but), le contrôle attentif et incessant de la Commission permanente, avaient produit déjà de bons résultats. Le Ministre de l'intérieur et de la sûreté générale avait présidé lui-même une des dernières assemblées de la Commission, et il avait indiqué aux membres qui la composaient les vues du Gouvernement en cette matière. En même temps il avait adressé aux préfets une circulaire signalant à leur attention quelques points essentiels, à savoir: « scrupuleuse observation des catalogues officiels avant l'apposition de l'estampille, épuration continue du personnel des colporteurs, limite variable de la durée des permissions, etc. >>

La fin justifiait peut-être ici les moyens, qui avaient bien quelque chose d'excessif. Il était dit encore dans la circulaire du Ministre de l'intérieur, que la Commission examinait avec soin toutes les publications religieuses; qu'elle avait rejeté du colportage tous les ouvrages qui lui avaient paru tendre à irriter les esprits, et à réveiller des passions qui n'étaient plus de notre époque. « Votre zèle, ajoutait le document ministériel en s'adressant aux préfets, doit s'associer à cette sage pensée. C'est le devoir de l'administration de s'opposer à ce que des sociétés étrangères, disposant de ressources considérables,

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