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Beust fit justice (séance du18 février). Cette politique n'empêchait pas le Gouvernement saxon de s'enquérir et de se préoccuper sérieusement de ce qui, dans d'autres Etats, pouvait lui paraître un danger. En effet, le 14 novembre, lors du changement de ministère amené par l'avénement du prince de Prusse à la Régence (voy. ci-dessus), il adressa à la légation de Saxe à Berlin une dépêche non destinée, il est vrai, à être communiquée au Gouvernement prussien, mais qui avait trait à ce sujet. Il y était dit « que l'on avait confiance en la haute prudence et la sagesse de Son Altesse Royale le Prince-Régent, autant pour le choix des hommes nommés conseillers de la Couronne, que pour la manière dont ils agiront. » Et plus loin : « que ce serait une erreur de supposer que le dernier changement de personnes en Prusse soit de nature à donner des inquiétudes au Gouvernement de Saxe. » Or, c'est précisément le caractère que l'on assiguait à cette missive diplomatique, dont on ne citait d'ailleurs que ces passages.

A l'époque où la politique du cabinet prussien était remise en d'autres mains, le ministère saxon subissait aussi une modification. Le décès de M. de Zschinsky ayant laissé vacant le portefeuille de la justice, il fut confié à M. Behr, remplacé luimême aux finances par M. de Friesen qui avait dirigé l'intérieur de 1849 à 1852.

On remarqua, cette année, un mouvement de décroissance dans les opérations qui se firent sur la place de Leipzig, au moins en ce qui concernait le marché intérieur. On ne pouvait attribuer ce résultat qu'aux suites prolongées de la dernière crise commerciale.

Le Gouvernement promulgua, pour être mise en vigueur à partir du 1er novembre, une loi relative aux poids et mesures, et institutive d'un nouveau système dont la base-unité serait la livre douanière déjà introduite dans l'administration des douanes, depuis le 1er janvier 1840, et équivalente à 500 grammes français. Les autres articles de la loi réglaient les subdivisions de cet étalon principal.

1858

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SAXE-WEIMAR.

Cette principauté conclut, le 7 août, avec le Gouvernement français, un traité d'extradition qui fut promulgué par décret impérial. A l'intérieur, on imprimait une vigoureuse et louable impulsion aux travaux du chemin de fer de la Wéra. Déjà la voie d'Eisenach à Cobourg avait été livrée à la circulation. Cette ligne était destinée à prendre une grande importance, en ce qu'elle formait la jonction entre les chemins de fer du nord de l'Allemagne vers Hambourg et Brême, et ceux de la Bavière et de l'Autriche, vers l'Adriatique et la Méditerranée. Et bientôt elle compterait parmi les principales artères commerciales du pays.

WURTEMBERG.

Rentré dans son repos après de mémorables entrevues, le royaume put reprendre le cours habituel et régulier de ses affaires politiques ou administratives. On a vu (Confédération germanique) qu'après avoir été appelé par le Congrès de Paris à participer, ainsi que la Bavière, aux travaux de la commission chargée de régler la difficile question de la navigation du Danube, le Gouvernement de Stuttgard fit comme celui de Munich et profita de cet appel bénévole pour soutenir précisément que le traité du 7 novembre 1857, réglementaire des droits des riverains, pouvait se passer de la sanction de la Conférence. Il est évident que comme la Bavière, le Wurtemberg prétendait en suivant cette politique sauvegarder son droit de souveraineté; mais il était clair aussi que, soustrait au contrôle de l'Autriche, le traité laissait un libre accès aux empiétements de cette puis

sance.

A l'intérieur, deux grandes questions furent portées devant les Chambres réunies, le 4 mai. En première ligne, la sanction à donner au concordat négocié depuis cinq ans avec Rome et conclu enfin vers la fin de l'année précédente. En cette occasion, les députés protestants, quoique conservateurs dans le sens gouvernemental, se réunirent aux membres de la gauche libérale pour

combattre le projet. L'agitation provoquée dans un pays voisin (Bade), à propos d'un arrangement analogue avec le Gouvernement pontifical, ne contribua pas peu à ces dispositions peu favorables des députés wurtembourgeois. A quoi il fallait ajouter le bruit répandu, qui se réalisa, en effet, au mois d'octobre, du voyage du roi Guillaume en Italie, où il se rendit sous le nom de comte de Teck. Les protestants y voyaient le parti pris par ce Souverain de se convertir au catholicisme: conjecture purement gratuite et qui néanmoins ne laissa pas d'indisposer certains esprits.

Une autre affaire considérable devait occuper les représentants du pays. On a vu ci-dessus que la Diète de Francfort avait invité le Gouvernement à donner satisfaction aux seigneurs médiatisés. Il s'agissait en conséquence de régler l'indemnité qui leur revenait. Mais tant de passions s'agitaient dans cette sorte de liquidation politique, qu'il n'y avait pas apparence qu'elle dût s'effectuer aisément! Vers la fin de l'année (juillet), la question n'avait pas fait un pas bien décisif. Le représentant des ayants droit, prince de Wallerstein, ne trouvant pas suffisantes les offres que faisait le Gouvernement, en avait appelé à la Haute Diète; conjecturant ensuite que cette assemblée, après avoir sauvegardé le principe même de l'indemnité, s'en référerait au Gouvernement du roi Guillaume, il avait retiré sa demande. Au mois d'octobre, ce fut le chef du Cabinet qui reprit l'initiative de la proposition de M. de Wallerstein. Il fut entendu avec ce personnage que si les nouvelles bases d'arrangement, qui seraient soumises aux Chambres, n'avaient pas l'assentiment des parties intéressées, on s'abandonnerait pour le règlement définitif à la Confédération germanique représentée à Francfort. Mais la prorogation des Etats survenue presque à la même époque (octobre), laissa encore pendante la solution de ce différend. La discussion du budget, qui naturellement avait précédé la séparation des Chambres, ne se passa pas sans orages. Lors de la délibération sur la précédente loi d'impôt (1855), les représentants du pays trouvant parfaitement suffisants les traitements alloués à certains fonctionnaires, en particulier les secrétaires d'Etat et les agents diplomatiques,

avaient refusé d'augmenter, comme le demandait le Gouvernement, les appointements de ces serviteurs de l'Etat. Insistance. de la part du Cabinet, qui passa même outre et se donna la satisfaction d'allouer les augmentations proposées. Et comme il y a toujours quelque texte à invoquer en pareille matière, le ministère en trouva un dans la Constitution même. Sur ce, blâme de la Chambre, mais vote pour ne pas déranger les bases sur lesquelles était édifié le budget. Les Etats allouèrent avec empressement les sommes demandées (environ 20 millions) pour l'achèvement des voies ferrées.

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Parmi les ressources du royaume : bétail, cuirs, laine, la dernière année 1857 avait présenté des différences en plus sur le premier article, en moins (durant certaines périodes) sur le second; enfin, un progrès réel sur le dernier : 15,042 quintaux vendus sur 15,045.

HANOVRE.

Au dehors comme au dedans, ce petit royaume s'agitait à un degré qui laissait en arrière maints Etats plus puissants. On a pu remarquer son attitude peu bienveillante vis-à-vis du Gouvernement danois. Ses hommes d'Etat, MM. de Heimbruch et Zimmermann, ue dissimulaient en aucune façon leurs dispositions hostiles. Cette année surtout elles se manifestèrent plus vivement qu'à aucune autre époque. Nous avons rappelé ci-dessus (Confédération germanique) la teneur de la proposition déposée à la Diète par le représentant de ce fougueux voisin des possessions allemandes du Danemark Elle tendait à faire prier le cabinet de Copenhague de s'abstenir, jusqu'à ce que droit eût été fait aux demandes de la Diète elle-même, de faire voter toutes résolutions ayant pour objet les duchés de Holstein et de Lauenbourg. Autre démonstration qui n'était rien moins qu'amicale: il s'agissait de la réunion à Nordstemmen (septembre) du dixième corps de l'armée fédérale sous le commandement du général Jacobi. Les troupes holsteinoises faisant partie de ce corps où figurait en nombre assez considérable le contingent hanovrien, allaient-elles participer aux manœuvres auxquelles étaient invités un prince autrichien (l'archiduc Charles-Ferdi

nand d'Autriche) et le prince de Prusse? Le roi de Danemark jugea opportun de s'y refuser ou de s'abstenir de les envoyer. Et l'on comprend qu'en présence de l'esprit d'hostilité qui animait le Gouvernement de Georges V, il ne pouvait guère agir autrement. Le Cabinet dont M. de Platen était le chef ne comptait pas seulement sur l'appui des deux grandes puissances allemandes, il espérait aussi le concours du ministère anglais. Mais une question grave menaçait de troubler les bons rapports entre Londres et le Hanovre aussi bien qu'entre cet Etat et d'autres parties intéressées. Nous voulons parler de la question du péage que le Gouvernement hanovrien percevait à Stade. Elle était ancienne, et anciennes aussi étaient les réclamations de l'Angleterre. Elle se représenta de nouveau cette année (juillet) à la Chambre des Communes. A bien des égards, elle avait de l'analogie avec la question actuellement réglée (voy. Ann., 1857) des droits du Sund, et tout annonçait qu'elle aurait même issue. Ici encore il s'agissait d'un droit qui remontait aux temps féodaux,

Il y a quelques siècles l'Elbe s'étant ensablé vis-à-vis des bouches de la Schwinge, un seigneur de Stade fit exécuter des travaux qui rendirent le passage libre. Puis il établit un péage. Plus tard, nouvel ensablement; les navires reprirent le Thalweg du fleuve, et le comte de Stade s'habituant à un péage, construisit un fort à l'embouchure de la rivière et y arrêta les navires pour les forcer à payer.

1715. Stade passe sous la domination du Hanovre, d'où la perception du péage par cet Etat. Dès lors, tous les navires remontant l'Elbe pour se rendre à Hambourg, à quelque nation qu'ils appartinssent (Hambourg excepté), durent payer les droits de Stade. Et quoique Hambourg supportât les frais de bouées, de phares dans l'Elbe, c'est la Couronne de Hanovre qui, sans rien débourser, encaissait la totalité du droit. Dans le principe, le taux du péage était fixé à 1/16/, environ de la valeur des cargaisons au maximum.-17 août 1792, à la suite de difficultés d'application, établissement d'un tarif basé sur le même principe un droit correspondant à un quantum de la valeur.

1815. La question est reprise entre les puissances riveraines

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