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ÉTUDES FRANCISCAINES

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BX. 3101 E85

DE LA MALICE INTRINSÈQUE

DU MENSONGE.

Les hommes qui se sont occupés des problèmes moraux n'ont pas toujours envisagé ni toujours résolu de la même manière la question du mensonge. A cette demande: en quoi le mensonge consiste-t-il et quelle est son essence? A cette autre demande, la plus importante de toutes celles qu'on peut se poser en ce sujet le mensonge est-il intrinsèquement mauvais et n'est-il jamais permis de mentir? ils n'ont pas toujours donné la même réponse. Des deux chefs de la philosophie antique, l'un, Aristote, a vu dans le mensonge une malice intrinsèque et a déclaré qu'il n'est jamais permis de mentir, l'autre, Platon, a cru au contraire qu'il était permis, au moins en certains cas, de mentir.

Ce qui nous intéresse davantage, des Pères en assez grand nombre ont soutenu également que le mensonge est quelquefois permis. Si j'en crois Billuart, c'est la doctrine à peu près générale des Pères grecs. Ces pères n'ont-ils pas été amenés à penser ainsi par plusieurs manières de parler qu'on trouve dans la Sainte Écriture, et qu'il est si difficile d'expliquer, telles par exemple que la réponse d'Abraham au roi d'Égypte, celle de Jacob à son père Isaac ? Pour eux le seul moyen de justifier ces réponses et de les excuser de faute était de dire que le mensonge n'est pas toujours défendu. Je ne dois pas cependant l'oublier, les critiques n'admettent pas tous l'assertion de Billuart. Beaucoup parmi eux prêtent à plusieurs des Pères Grecs, entre autres à S. Jean Chrysostome, à Clément d'Alexandrie, une autre opinion.

Parmi les Pères latins qui ont pris ouvertement parti pour la licéité du mensonge, on cite S. Hilaire, Cassien, S. Jérôme. S. Augustin a hésité longtemps; la question le tourmentait; elle

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