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forestière avant les trois mois qui suivent la rédaction du procès-verbal et de donner cette citation non-seulement à fins civiles, mais, en outre, éventuellement et subsidiairement aux fins de l'amende de l'article 148. Sans aucun doute, les actes d'information ordonnés par le parquet interrompent la prescription et profitent à la partie civile; mais, outre que le ministère public peut les omettre, on pourrait objecter à l'administration que les actes d'information criminelle ne sont pas dirigés contre le même fait et que le délit forestier est prescrit. Il vaut bien mieux prévoir les objections, même celles dont on peut triompher, que de les laisser naître. Il sera toujours facile de se désister, s'il y a lieu, des conclusions en vue de l'amende de l'article 148.

16. Il nous paraît convenable, en même temps, de délivrer la citation forestière à une date d'audience assez éloignée pour que le ministère public ait le temps d'informer et de prendre les mesures nécessaires à la répression, sans réclamer du Tribunal le sursis ou la remise de l'affaire forestière. L'entente avec le parquet, dans ces circonstances importantes, ne peut être qu'avantageuse aux intérêts forestiers.

17. Rappelons enfin que, dans ces affaires de dommages-intérêts, les auteurs d'accidents, presque toujours graves pour les forêts, doivent au propriétaire la réparation de tout le préjudice causé par leur faute. C'est non-seulement le bois brûlé et le préjudice causé à l'avenir de la forêt, mais encore les dépenses faites pour éteindre le sinistre et les torts causés par l'abatage des bois, dont le sacrifice a été nécessaire. Le Tribunal est autorisé, par l'article 198, à les fixer selon les circonstances, c'est-à-dire selon leur gravité. Il ne peut descendre au-dessous de l'amende encourue en vertu de l'article 148. Or, celle-ci variant entre les limites de 20 à 100 francs, il ne peut être question d'arbitrer le dommage suivant le tarif des amendes de l'article 192. On avait eu un instant cette prétention, mais la Cour de cassation l'a très-justement repoussée dans deux arrêts, dont l'un est antérieur et l'autre postérieur au Code forestier, et qui sont rapportés par M. Meaume, Comm., II, no 1027 (Crim. cass., 25 août 1809 et 25 mars 1830).

A. PUTON.

DES COUPES PAR VOLUME.

Les coupes pratiquées' dans les futaies pleines sont, depuis longtemps déjà, basées sur le volume. Bien des praticiens, cependant, contestent encore l'utilité des coupes de cette nature et leur préfèrent celles assises par contenance, les seules connues en France, avant l'introduction de la méthode des éclaircies et du réensemencement naturel. Sans vouloir juger cette question, traitée et approfondie par les représentants les plus distingués de l'art forestier, qu'il nous soit permis d'en dire quelques inots et d'exposer notre avis.

La possibilité par contenance assure une parfaite régularité à la marche des coupes; son application n'est sujette à aucune difficulté.

Les coupes par volume, telles qu'on les établit aujourd'hui, sont au contraire d'une assiette vague et incertaine : les résultats sont fréquemment défectueux et la marche des exploitations irrégulière. Reconnaissons toutefois que, pour obtenir la distribution régulière de peuplements uniformes et d'âges gradués, le rapport soutenu et en même temps le réensemencement naturel, il est à peu près indispensable de faire des coupes par volume.

On y procède actuellement de la façon suivante :

La révolution de futaie est divisée en quelques périodes ̊ (de trois à six), d'une durée de trente ans environ. Dans cet espace de temps, on exploite une affectation entière, qui est une division de la série partagée en autant d'affectations équivalentes, qu'il y a de périodes dans la révolution. Le matériel existant, au début de la période, sur la division, a été évalué, et si l'on a par exemple, 45 000 mètres cubes pour une période de trente ans, ce sera 1 500 mètres cubes à prendre annuellement.

L'affectation est d'abord entamée par des coupes d'ensemencement, d'autant plus importantes qu'elles ne sont normalement accompagnées d'aucune coupe secondaire ni définitive. Aussi arrive-t-il nécessairement que les coupes d'ensemencement sont épuisées bien avant la fin de la période. Pendant douze ou quinze ans, on est donc réduit à ne faire que des coupes secondaires ou définitives. Celles-ci étant moins urgentes et pouvant être avancées ou reculées sans grand inconvénient, on assoit d'abord les coupes secondaires, pour parfaire la possibilité en coupes définitives. En admettant qu'il n'y ait aucun mécompte dans les calculs, la marche des coupes a été régulière et, à la fin de la période, l'affectation, complétement régénérée, peut être fermée. C'est pour obtenir ce résultat que les coupes d'ensemencement doivent être terminées douze ou quinze ans avant la fin de la période; car la coupe définitive, dans les conditions

les plus favorables, ne peut succéder à la coupe d'ensemencement qu'après un pareil nombre d'années (1).

Avec ce système, on n'obtient qu'une gradation incomplète dans les âges des peuplements : à chaque période correspondant une lacune de la moitié de sa durée. C'est un faible inconvénient. Il est beaucoup plus à craindre, au contraire, d'arriver à la fin d'une période avant la régénération complète de l'affectation correspondante. On est obligé de réunir deux affectations ensemble, et, ainsi se trouve détruit le mécanisme de l'aménagement.

Remarquons encore que les combinaisons de ce mécanisme ne supposent pas nécessaire l'intervention permanente des coupes d'ensemencement par volume. Il est indispensable, au contraire, de n'y pas recourir pendant quinze années sur trente.

Concluons de ce fait qu'il n'y a aucun obstacle cultural à soumettre les coupes d'ensemencement à la possibilité par contenance (2). En procédant ainsi on obtiendrait une meilleure graduation dans les âges des peuplements, bien qu'il soit impossible d'arriver à la perfection sur ce point, à cause du temps qui s'écoule d'une année de semence à la suivante. Mais, en faisant précéder chaque coupe annuelle d'ensemencement par une coupe préparatoire, on réaliserait toute la régularité désirable en cette matière.

Quant aux coupes secondaires et définitives, leur assiette se fera par volume, et il est aisé de comprendre qu'en se ménageant un matériel suffisant pour les coupes définitives on ne sera jamais pris au dépourvu.

Supposons donc une futaie assez régulière aménagée à cent cinquante ans et divisée en cent cinquante coupes. Chaque année se fera une coupe d'ensemencement sur une de ces divisions. Pour les coupes secondaires et définitives, il faut distinguer deux cas.

Si l'on débute dans des peuplements complets et intacts, il faut nécessairement subir une diminution dans le revenu, jusqu'à la constitution d'un matériel suffisant mis pour ainsi dire en chantier, par le passage des coupes d'ensemencement.

Si, au contraire, on attaque des peuplements déjà entamés et constitués comme nous venons de dire, on pourra absorber toute la possibilité de la forêt, dès le début de l'aménagement. Quel en sera le chiffre ? Le volume du matériel existant sur la division de l'année, la coupe no 125 par exemple. Les agents opérateurs commencent par asseoir la coupe d'ensemencement, et font en même temps le dénombrement des réserves. Le volume de ces dernières est ensuite calculé séance tenante, et il est exactement

(1) Voir Etudes sur la production du chêne, par MM. Bagneris et Broilliard, p. 59. (2) M. Tassy émet aussi l'opinion qu'on ne doit recourir à la possibilité par volume qu'en cas d'absolue nécessité. Il prescrit d'asseoir les coupes d'ensemencement par contenance toutes les fois qu'il sera possible de fixer un délai constant entre la coupe d'ensemencement et la secondaire (Eludes sur l'aménagement, 2e édit., p. 281). Cette condition est-elle absolument nécessaire?

celui qu'il faut assigner aux coupes secondaires ou définitives. Telle est la marche à suivre s'il s'agit d'un particulier ou d'une commune.

Pour l'Etat, on pourrait se contenter d'établir les coupes secondaires ou définitives, suivant le besoin des peuplements; l'équilibre dans les produits s'établirait nécessairement en raison de l'étendue et de la variété des bois domaniaux. La conservation de la forêt serait assurée par la marche régulière des coupes d'ensemencement.

Quelle simplification cette méthode apporterait dans l'art d'aménager les forêts! Ajoutons qu'à nos yeux, il serait souvent impossible et qu'il sera toujours inutile d'établir, dans une série de futaie, autant de coupes. qu'il y a d'années dans la révolution; le tiers ou le quart suffiront, et la coupe annuelle sera l'objet d'une opération d'arpentage très-simple qui n'aura pas même besoin d'être très-précise, la contenance n'entrant pas en ligne de compte, pour faire l'estimation de la coupe. Nous aurons ainsi dans une série trente-six, quarante ou cinquante divisions qui seront égales ou inversement proportionnelles à la production, de façon à égaliser les produits annuels.

Si l'on avait à aménager une forêt irrégulière il est bien certain que cette méthode deviendrait peut-être inapplicable, mais il serait facile de la modifier, suivant les circonstances. Les coupes d'ensemencement seraient néanmoins assises comme précédemment, mais les coupes secondaires et définitives seraient modifiées en raison de l'irrégularité des peuplements.

Les chablis et bois secs extraits dans les divisions entamées par les exploitations doivent, en tous cas, être précomptés sur la possibilité des coupes secondaires ou définitives. Il n'y a pas à parler des coupes d'amélioration, qui se feront suivant l'usage déjà établi.

La possibilité, calculée comme nous l'indiquons, représente si évidemment la production de la forêt, que toute démonstration est inutile. Elle est si facile à établir, qu'il est permis de douter qu'il existe une méthode plus simple. « Plus d'affectations difformes, plus de parcellaire à lignes bizarres et parfois introuvables sur le terrain ! Un plan de division donnant en marge la marche des exploitations constituerait tout l'aménagement. >> Si la méthode la plus simple est la meilleure, si tout procédé compliqué ou recherché doit être évité comme parfaitement inutile », il faut avouer que le système que nous venons d'exposer n'est pas dépourvu de tout intérêt.

Nous ferons remarquer enfin que, pour faire face aux petites négligences ou erreurs admises dans toute opération mécanique, nous réaliserons chaque année une économie de matériel s'accumulant pour former une réserve toujours disponible. Il est aisé de l'évaluer. C'est l'accroissement que prend la réserve de la coupe d'ensemencement depuis l'époque de cette coupe jusqu'à la coupe définitive. C'est aussi l'accroissement annuel du matériel en exploitation, élément que nous avons négligé dans le calcul de la possibilité et qu'il est facile d'estimer. Ce matériel sera réparti sur quinze divisions annuelles au minimum, cinq en coupes d'ensemencement

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et dix en coupes secondaires; les premières équivalent à divisions

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entières et les deuxièmes à, soit, ou, en nombre rond, sept divisions. La végétation étant très-active dans les peuplements éclaircis, nous pouvous admettre que l'accroissenient cherché sera au moins égal à celui de dix divisions, ou l'accroissement d'une division pendant dix ans. Supposons que la révolution adoptée soit de dix ans ×n, la possibilité est égale à l'accroissement d'une division pendant 10 n, années, et l'accroissement pendant dix ans est égal à la possibilité divisée par n. Le matériel économisé chaque année est alors d'à peu près un dixième de la possibilité pour une révolution de cent ans, un quinzième pour cent cinquante ans, et de même pour les autres révolutions. Son importance est donc en raison inverse de la révolution, et en raison directe de l'étendue de la série et de la fertilité du sol. On pourra augmenter cette réserve suivant les besoins du propriétaire.

G. R.

LE BAMBOU ET SES DIVERS EMPLOIS 1.

Fendu et débité en minces lanières, le bambou fournit la matière la plus solide pour fabriquer des hottes, d'excellents paniers, des boîtes, des verveux, des cages à poules, etc. Pour les engins de pêche on choisit les bambous à tige mince; une espèce, le « booloo seroo », variété du Schizostachium brachycladum, doit son nom à son aptitude spéciale pour cet emploi. Les Malais font avec le bambou de larges nattes de plusieurs qualités; les sacs qu'on emploie à Java pour exporter le sucre (kranyangs) sont ordinairement en bambusa-blumeana. Les larges chapeaux (toodongs) que portent les femmes et les hommes à Java, et qui ressemblent à une moitié de sphère, sont formés d'un tissu serré de minces lanières de bambou peintes et vernies à l'extérieur. Le « shalako » ou couvre-chef que les Européens portent à Saïgon (Cochinchine) est aussi en bambou. Les Bugginese et les Macassars des Célebes font usage également de chapeaux de bambou délicatement faits et très-beaux. Les Chinois vort jusqu'à se faire des vêtements avec les ramilles d'une petite espèce de bambou. Ces chaumes ont à peu près la grosseur d'une plume de corbeau; on les coupe en petits morceaux, longs d'un demi-pouce, qu'on enfile dans des tresses de soie et qui sont disposés en carrés. Les dandys chinois aiment à porter sur la peau de ces vêtements de bambou pour préserver de la sueur leurs habits de coton blanc.

(1) Suite et fin, voir p. 103.

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