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une très-grande clarté, puis il passe à l'examen des divers modes de traitement futaie pleine, futaie jardinée, taillis. Nous regrettons de ne pas voir mentionné l'ancien tire et aire, aujourd'hui fort décrié et qui ne mérite pas tout le dédain qu'on a pour lui. Les chapitres consacrés à l'aménagement proprement dit, c'est-à-dire à l'exposé des méthodes employées pour établir le plan d'exploitation, forment un traité trèscomplet de cet art si simple en théorie et qui exige tant de sagacité quand il faut arriver à l'application.

Le troisième livre renferme, sous le titre général de Gestion des forêts, tout ce qui concerne la réalisation des produits, les travaux d'amélioration, la surveillance et la constatation des recettes. Les forestiers y trouveront de précieuses indications sur les opérations de martelage, les estimations et les modes de vente. Les tableaux qui l'accompagnent seront très-utilement consultés par les propriétaires qui veulent se rendre un compte exact du revenu qu'ils tirent de leurs bois. Des tarifs graphiques, établis d'après les méthodes nouvelles, donnent, sous une forme simple, le volume des arbres sur pied ou abattus et remplacent avantageusement les tables de cubage.

Le lecteur peut apprécier, d'après cette analyse, l'importance de l'oeuvre entreprise par M. Frochot; ajoutons qu'il l'a accomplie en unissant de la manière la plus heureuse la science à l'application pratique.

Le noble art de la chasse, qui, jadis, était un dernier reflet de la vie libre des premiers âges, est entré, de nos jours, dans des voies nouvelles. On ne peut plus, comme autrefois, poursuivre librement le gibier sur toutes les terres ouvertes. Il faut ou rester sur ses terres, ce qui n'est pas permis à tout le monde, ou payer le droit de chasser sur les terres des autres. Or, les autres sont devenus si exigeants, que les chasseurs, qui ne sont pas tous millionnaires, sont obligés de s'associer pour acquérir le droit de se promener à main armée dans les bois ou les guérets.

Ces associations ont donné naissance à des contestations d'autant plus difficiles à résoudre, que le chasseur est, comme on sait, très-jaloux de ses droits et que la jurisprudence a eu rarement à lui indiquer ses devoirs, qui sont tracés par le code du savoir vivre plutôt que par le Code) civil. Ces devoirs et ces droits sont fort clairement exposés dans un excellent livre que M. Bellecroix vient de faire paraître sous le titre la Chasse pratique (1).

L'auteur expose dans cet élégant volume, qu'il a illustré lui-même, comment on loue les chasses et comment on organise des associations viables. Il indique les dispositions à prendre pour régler les droits des actionnaires et ceux du titulaire. Puis il enseigne ce qu'il faut faire pour avoir de bons gardes, pour assurer la destruction des animaux nuisibles, la multiplication du gibier et, enfin, pour organiser les battues en plaine et au bois.

(1) La chasse pratique, Sociétés de chasses à tir, terrains de chasse, gardes, etc., par E. Bellccroix, in-18 jésus, 404 pages. Paris, libr. Firmin-Didot, prix : 3 franc».

Les conseils donnés par M. Bellecroix sont éminemment pratiques. On voit qu'il a vécu dans le monde des chasseurs. Il connaît leurs travers et les raille fort spirituellement. Ses railleries ne les corrigeront certainement pas, mais elles serviront peut-être à éclairer quelques jeunes gens, pleins d'illusions, sur les difficultés, qu'ils ne soupçonnent pas, quand ils entrent dans des associations qui, d'après M. Bellecroix, sont, « comme les femmes anglaises, admirables ou affreuses, excellentes ou détestables. »

-M. Leroy a eu l'imprudence d'entrer au Jardin d'Acclimatation; il en est sorti, dit-il, affligé de la monomanie de l'élevage. Depuis cette visite, qu'il qualifie de funeste, il s'est adonné avec passion à l'élevage des faisans, des perdrix, tétras, colins, etc., et il raconte, avec beaucoup de verve, ses essais, ses déboires et ses succès, dans un livre qu'il intitule Aviculture (1). Nous n'essayerons pas de dire ce que contient ce charmant volume, de peur de produire sur nos lecteurs l'effet qu'a produit sur l'auteur sa visite au Jardin d'Acclimatation; mais si quelqu'un d'entre eux, déjà atteint de la monomanie de l'élevage, désire se mettre à l'abri de toute tentative de guérison, nous lui conseillons d'étudier avec soin l'aviculture de M. Leroy; il y apprendra comment on arrive à faire éclore et à élever jusqu'à l'âge mûr les volatiles les plus réfractaires à la civilisation. L'auteur n'a pas dit à quelle sauce il fallait accommoder ses élèves arrivés à maturité, mais, à cela près, son ouvrage est certainement ce qui a été fait de plus complet sur un sujet d'une grande actualité, car nos chasses seraient vite dépeuplées, si l'art ne venait au secours de la nature.

Signalons, pour finir, un joli volume publié par un ancien forestier, aujourd'hui écrivain scientifique distingué. C'est le traité d'horticulture en chambre, que M. de la Blanchère vient de faire paraître chez Firmin Didot. Cet ouvrage (2) n'a que des rapports fort éloignés avec l'art forestier, puisqu'il traite des plantes d'ornement élevées dans l'intérieur des habitations, mais les forestiers ne sont pas toujours dans les bois et plus d'un sera peut-être enchanté de pouvoir donner un conseil à sa femme sur la manière de préserver d'une mort anticipée les malheureux végétaux qu'on voit si souvent dépérir dans tous les coins d'un salon.

B. DE LA GRYE.

(1) Aviculture, faisans, perdrix, colins, initiations à l'élevage, 2o édit., par M. T. Leroy, in-18 jesus, 405 pages. Paris, libr. Firmin-Didot. Prix: 3 francs.

(2) La plante dans les appartements, par H. de la Blanchère, in-18 jésus, 200 pages, 91 figures par Riocreux. Paris, libr. Firmin-Didot.

CHRONIQUE FORESTIÈRE.

Budget des

Société d'agriculture de France. Election de MM. Mathieu et Grandeau. dépenses de l'administration des forêts. Exposition forestière de Compiègne. Le déboisement dans le Guatemala. Société de secours.

Dans sa séance du 23 mai, la Société d'agriculture de France a nommé membre associé M. Mathieu, sous-directeur de l'Ecole forestière. M. Grandeau, professeur à la même école, a été nommé membre correspondant.

Les titres d'associés et de correspondants sont conférés à l'élection. Le nombre des associés est égal à celui des sociétaires, qui est fixé à 52; il peut y avoir dans chaque département autant de correspondants qu'il y a de sous-préfectures.

MM. Mathieu et Grandeau avaient les titres les plus incontestables à la flatteuse distinction que vient de leur donner la plus ancienne et la plus. célèbre institution agricole de notre pays.

Parmi les œuvres qui avaient signalé M. Mathieu au choix de la Société d'agriculture, nous nous bornerons à citer sa Flore forestière, ses Etudes sur le reboisement, ses observations météorologiques et ses remarquables notices sur l'Exposition de 1867 et sur celle de Vienne. Le bagage de M. Grandeau n'est pas moins important. Ses nombreux travaux organiques l'ont déjà placé au premier rang des chercheurs qui tendent à imprimer à l'agriculture une direction vraiment scientifique.

-Le service forestier attendait, non sans quelque anxiété, le rapport de la commission du budget, qu'on disait fort menaçant pour le personnel. Ce rapport a été publié dans le Journal officiel du 7 mai. Nous le reproduisons en entier dans cette chronique.

La commission propose d'allouer le crédit de 350 000 francs demandé, pour élever de 100 francs le traitement des préposés. Tous les forestiers applaudiront à cette mesure, devenue indispensable. Ils ne verront pas avec la même satisfaction le paragraphe final, dans lequel la commission invite l'administration des forêts à rechercher «les parcelles que leur inutilité ou leur pauvreté recommandent tout spécialement à une aliénation. » Il y a bien longtemps que les commissions du budget font la chasse à ces parcelles inutiles ou pauvres. S'il en reste encore quelques-unes, il faut qu'elles soient bien cachées, car, depuis 1816, on les traque avec une remarquable persistance. Nous pensions que cette question des aliénations était définitivement vidée. Il n'en est rien, à ce qu'il paraît. Les idées fausses sont difficiles à déraciner.

Voici la partie du rapport relative aux dépenses de l'administration des forêts:

« Les crédits réclamés par le service des forêts, pour l'exercice 1877, s'élevaient à la somme de 13 020 732 francs.

Nous vous avons proposé, l'année dernière, de les réduire à 12 995 732 francs. C'est cette somme que vous avez votée, et qui avait été acceptée par M. le ministre des finances.

Pour l'exercice que nous examinons, on nous réclame un crédit total de 13 370 732 francs, soit une augmentation de 375 000 francs, laquelle se décompose ainsi :

10 000 francs pour la création de deux inspecteurs ;

15 000 francs pour accroître les frais de tournées ;

350 000 francs pour augmenter le traitement des gardes domaniaux. Les deux premières sommes de 1 0000 et 4 5000 francs représentent précisément la somme réduite par nous dans le dernier budget. Elles sont réclamées pour les mêmes causes.

Nous n'avons donc qu'à persister dans les motifs que nous avons eu soin d'indiquer dans notre rapport, sur l'exercice courant, et que, par votre vote précédent, vous avez approuvés.

Quant à la somme de 350 000 francs, elle est applicable à une augmentation du traitement des gardes forestiers; elle serait de 100 francs pour chacun d'eux.

Nous vous proposons de l'accorder. Cette augmentation, juste et nécessaire, est réclamée depuis longtemps; elle a, pour ainsi dire, été promise dans nos derniers rapports sur les dépenses du ministère des finances.

Nous vous proposons de maintenir la somme précédente allouée pour le boisement, la conservation et l'exploitation des dunes. On ne saurait trop s'intéresser à cet utile travail, qui défend notre littoral maritime contre l'ensablement, et prépare pour le Trésor un produit rémunérateur.

L'année dernière nous nous sommes expliqué longuement sur le reboisement et le gazonnement des montagnes. Nous avons indiqué l'intérêt national qui s'y attache. Une loi a été récemment votée par la Chambre. Votre commission n'hésite pas à vous proposer le vote des crédits qui vous sont aujourd'hui demandés, et elle appelle le moment où d'autres crédits pourront être rendus nécessaires par le développement des travaux.

Il serait opportun que la direction générale des forêts pût elle-même préparer une partie des ressources, en recherchant les parcelles de bois, appartenant au domaine de l'Etat, que leur inutilité et leur pauvreté forestière recommandent tout spécialement à une aliénation. »>

-Le concours régional des départements du Nord a tenu, cette année, ses assises à Compiègne. Cette ville devait cet honneur à sa situation exceptionnelle, à ses magnifiques parcs, admirablement disposés pour cette solennité. L'hospitalité que la ville a offerte aux exposants a été digne de sa vieille gloire.

L'administration des forêts, qui occupe une si grande place dans cette contrée forestière, a largement contribué à l'embellissement de l'exposi tion. Elle a fait construire, à l'entrée du grand parc réservé, au milieu de

lilas en fleurs, un chalet rustique et deux annexes d'un goût exquis. Sous ces abris étaient groupés avec art, à côté des produits de la flore et de la faune des forêts, les échantillons des marchandises si variées, fabriquées dans le pays avec les bois des forêts de la région. Bethisy et Saint-Sauveur avaient envoyé leurs bois de brosses, leurs jouets d'enfants; Compiègne et Carlepont, leurs bois sculptés; La Croix-Saint-Ouen, ses boîtes; SaintJean et Choisy, leurs galoches et sabots; Compiègne, ses queues de billard, sa boissellerie, ses treillages; enfin, Paris, ses bois de placage.

Tous ces échantillons avaient été disposés avec beaucoup de goût par M. Fessart, sous-inspecteur des forêts, qui n'avait pas oublié la sylviculture. Un charmant jardin, formé au moyen de plants de toutes les essences acclimatées dans le pays, donnait une idée très-complète de nos ressources forestières. On y voyait, à côté des brins de l'âge le plus tendre, des spécimens gigantesques des chênes et des hêtres que l'ouragan du 12 mai 1876 a si malheureusement renversés.

Le visiteur examinait avec curiosité les nombreux outils employés par les bûcherons et les charbonniers, il s'initiait à la vie quelque peu sauvage de ces rudes ouvriers en voyant les huttes dans lesquelles ils passent une partie de l'année.

L'Exposition forestière de Compiègne réunissait tous les éléments de succès, elle offrait au public de nombreux sujets d'étude et de distraction, aussi a-t-elle été très-visitée.

M. Faré, directeur général des forêts, est venu la voir le 24 mai et il a exprimé très-chaleureusement sa satisfaction. Le maréchal de Mac-Mahon, qui est arrivé le 26, a paru s'intéresser vivement à cette exhibition des produits de l'art forestier.

Le jury a montré toute l'importance qu'il attachait à cette branche de l'agriculture en accordant de nombreuses récompenses aux organisateurs et aux exposants. M. Fessart qui a dirigé l'installation et le choix des produits a obtenu une médaille d'or, une médaille d'argent a été donnée au garde Thuillier François qui a travaillé avec zèle à l'établissement des pépinières. Neuf autres médailles ont été décernées aux exposants.

Deux médailles de vermeil ont été décernées, l'une à M. Evilliot, marchand de bois à Compiègne, et l'autre à M. Lemaire-Monard, fabricant d'objets en bois à Béthisy-Saint-Pierre. Des médailles d'argent ont été données à M. David (Florimond), fabricant de boîtes à Lacroix-SaintOuen; à M. Viart (Vincent), fabricant de bois de brosses à Saint-Sauveur ; à M. Daras (Gustave), outillage complet des usines à débiter le bois; à M. Bombars (Victor), fabricant de treillage à Saint-Jean.

Le département a, de son côté, attribué à la partie forestière du concours régional trois médailles qui ont été décernées, savoir: une médaille de vermeil au garde forestier Tourneur, à la Brovières; des médailles d'argent au brigadier forestier Demarque, à la Croix-Saint-Ouen, et au brigadier Remy, à Saint-Léger-aux-Bois.

-L'Ausland donne des renseignements curieux sur les effets que la

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