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SCIE A VAPEUR TRANSPORTABLE POUR BOIS DE CHAUFFAGE.

Prix machine 2 chevaux, 3500 francs.

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2o D'une machine à vapeur verticale d'une force de 2, 3, et même 4 chevaux;

3o D'une scie circulaire, placée à l'autre bout du chariot;

4o D'un plateau mobile, fonctionnant sur galets servant à maintenir les bûches et à les pousser à la scie.

Un tablier en tôle incliné sert à déverser les morceaux coupés loin de la scie, de façon à la dégager complétement.

Nous avons eu dernièrement l'occasion de voir fonctionner cet appareil au concours de Nancy, où il a été fort remarqué, et nous avons pu en apprécier les qualités principales que l'on peut résumer ainsi :

Bon agencement, facilité de manœuvre et solidité de construction.

Avec une machine de 2 chevaux, on peut faire de 12 à 14 traits de scie à la minute dans du bois de 15 à 18 centimètres de grosseur, ce qui procure une économie de plus de 50 pour 100 sur le travail fait à bras d'hommes, et plus de 20 pour 100 sur une scierie fixe, en supprimant tous les frais de manutention pour transporter les bois à la scie.

Nous croyons donc pouvoir prédire à cette nouvelle scie un très-grand succès, et nous sommes certains que pour la campagne prochaine, il n'y aura pas de marchand de bois coupant son bois en forêt, pas un chantier dans les villes, qui n'ait en sa possession la nouvelle Scie à vapeur transportable, de M. J. Hermann-Lachapelle.

OBSERVATIONS SUR LES PLANTATIONS URBAINES.

Les immenses travaux d'embellissement exécutés par la ville de Paris et, à son exemple, par un grand nombre d'autres villes de France et de l'étranger, ont fait de l'arboriculture décorative un art tout nouveau.

Quand on a vu les squares parisiens, les bois de Boulogne, de Vincennes, et surtout l'admirable parc Monceaux, on ne peut plus se contenter des maigres et poudreuses allées de tilleuls qui ont la prétention d'orner la plupart des villes de province.

Cependant, beaucoup de municipalités, continuent à faire planter en lignes ou en quinconces les espaces consacrés à la promenade. On sait bien qu'il y a plus d'ombre et moins de poussière dans les allées d'un square gazonné et bien garni de beaux arbres, que sous de monotones rangées de tilleuls étiolés; mais la routine est là, et son empire s'exerce à la ville comme au village.

Cette persistance d'une mode surannée tient le plus souvent à ce que les travaux d'édilité sont confiés à des ingénieurs habitués à manier la pierre de taille et tout à fait étrangers à l'arboriculture.

Ces messieurs sont imprégnés si profondément du sentiment de la sy

métrie, qu'ils ne conçoivent pas un plan dont les dispositions s'écartent de la ligne droite et des combinaisons du carré et du triangle équilatéral.

Ils croient d'ailleurs qu'il suffit de creuser des trous rectangulaires et d'y placer un arbre bien droit, pour obtenir à coup sûr un ombrage épais. De la nature du sol, de l'espèce d'arbres, ils s'inquiètent médiocrement. Les arbres, de quelque espèce qu'ils soient, ne se contentent pas longtemps des fosses où on les plante. Si leurs racines, après avoir absorbé toutes les matières assimilables contenues dans la terre qui les entoure, se trouvent arrêtées par un sol compacte, battu comme celui des promenades fréquentées, leur croissance se ralentit et l'arbre dépérit. Il est une autre cause de dépérissement qui agit aussi avec beaucoup d'énergie, c'est l'enlèvement des feuilles mortes. Ces feuilles, qui constituent le seul engrais des arbres, sont soigneusement balayées; aussi le sol, dépourvu de cette couverture fécondante, piétiné, durci, presque impénétrable à l'eau, devient-il bientôt infertile. Au bout de peu d'années, les sujets les moins vigoureux disparaissent; les chocs accidentels, les coups de soleil, les fuites de gaz, mortelles pour les arbres, amènent leur contingent de mortalité, et il se forme, au détriment de cette symétrie, qui est l'objectif des ingénieurs, des lacunes qu'il est fort difficile de combler, car les jeunes arbres viennent mal à côté de ceux qui sont plus âgés. Il y a toujours entre eux une différence de taille fort désagréable à l'œil.

Les arbres, d'ailleurs, sont peu disposés à se plier aux exigences de MM. les ingénieurs. Malgré toutes les peines qu'on se donne pour les tailler sur le patron d'un battoir, ce qui, jusqu'à présent, est considéré comme la forme la plus gracieuse, il n'est pas rare de les voir lancer leurs branches dans des directions tout-à-fait contraires au modèle adopté. On corrige, il est vrai, par de sévères élagages ces essais d'indiscipline; mais ces amputations, toujours mal faites, ont rarememt des résultats heureux. Le malheureux arbre qui s'obstinait à suivre la direction imposée par les exigences de sa nutrition, ne tarde pas à se couvrir de plaies incurables qui entraînent sa mort dans un délai plus ou moins long. C'est que l'arbre, être vivant, ne se soumet pas, comme la pierre de taille et la fonte, à tous les caprices de l'art. Il lui faut, pour vivre, de la fraîcheur au pied, de l'air au corps, de la lumière à la tête. Or la première et la plus esssentielle de ces conditions n'est remplie que lorsque des racines peuvent s'étendre dans un sol meuble, suffisamment frais et imprégné de substances assimilables. Il est évident que le sol durci et imperméable de nos places publiques ne satisfait à aucune de ces conditions.

Pour apprécier l'influence que l'état du sol exerce sur la végétation des arbres, il suffit de comparer aux sujets plantés dans les jardins limitrophes des places publiques ceux de même espèce qui croissent sur ces places. Les premiers sont verts et vigoureux quand les autres sont, depuis longtemps, jaunes et rachitiques. Ils respirent le même air, ils sont éclairés par la même lumière; mais les uns ont le pied dans la terre et les autres dans le conglomérat de gravier et de boue qui résulte du passage répété de l'homme.

Cette simple observation indique déjà que le premier soin à prendre pour faire croître des arbres, c'est de mettre le sol dans lequel on les plante à l'abri du piétinement; cela n'est pas toujours facile dans les villes où l'espace est mesuré, mais on peut y arriver dans bien des cas.

Le procédé le plus usuel, lorsqu'on dispose de surfaces un peu étendues, consiste à établir des enceintes gazonnées, sur les bords desquelles les arbres sont plantés de manière à ombrager les allées livrées à la fréquentation. Nous conseillerons dans ce cas de ne pas faire ces plantations régulières, afin de pouvoir remplacer, sans rompre la symétrie, les sujets qui viendraient à manquer.

S'il s'agit de planter un boulevard, une avenue, toujours étroite en raison de sa longueur, il faut nécessairement adopter la plantation en ligne, mais pour atténuer, autant que possible les inconvénients du piétinement et les dangers des chocs, il faudra réserver au pied des arbres une banquette d'au moins 2 mètres de largeur, élevée d'environ 20 centimètres au-dessus du niveau de la voie. Cette banquette isole les arbres, les préserve du choc des voitures et n'est jamais tassée comme la voie, parce les bordures qui la limitent empêchent la circulation d'y devenir continue. Si ces banquettes ne peuvent pas être gazonnées, on les maintiendra à l'état meuble par un léger binage. On profitera de cette opération pour donner au sol un engrais au moyen d'un compost de feuilles et de fumier bien décomposé. Avec ces précautions, il y aura quelques chances de conserver en bon état les arbres sur les places et les boulevards. Il faut se garder avec soin de ces ébranchements barbares qui laissent sur les tiges des traces ineffaçables. C'est par des raccourcissements sagement pratiqués qu'on amène peu à peu les arbres à prendre une forme régulière, mais les amputations qu'on leur fait subir ne produisent jamais que des déformations ou des plaies incurables.

Quelques jardiniers ont l'habitude d'étêter tous les sujets au moment de la plantation. Cette opération a pour résultat de faire former au point de section une empaumure qui altérera toujours la forme de l'arbre. Les arbres d'ornement doivent être plantés comme ils sortent de la pépinière; on peut tout au plus épointer les derniers rameaux, et encore cela n'est nullement nécessaire.

Le choix des essences est chose capitale. Pendant longtemps l'orme a été l'arbre préféré, parce que, disait-on, son bois est excellent pour la confection du matériel roulant de la guerre. On plante les promenades pour avoir de l'ombre et non pour avoir des bois d'oeuvre; il faut rechercher les essences qui croissent vite et qui conviennent au sol. Les marronniers, les platanes veulent un sol frais et profond; les tilleuls, surtout les variétés à petites feuilles, sont moins exigeants, ils se contentent d'un terrain sec, pourvu qu'il ne soit pas trop compacte. Le sophora, le noyer d'Amérique, qui sont de fort beaux arbres, aujourd'hui assez communs en France, ne sont pas plus difficiles que les tilleuls. Nous excluons des plantations régulières le robinier ou accacia, dont le feuillage épais donne peu d'ombre, et le frêne, qui a le grave inconvénient d'attirer les mouches

cantharides; mais nous voudrions voir employer plus souvent les peupliers du Canada, ceux de la Caroline et même les grands saules à cinq étamines, dont les feuilles ressemblent à celles du laurier. Ces essences ont une croissance très-rapide. Les érables, platanes et sycomores conviennent assez bien dans les sols calcaires. Les résineux ne sont généralement employés qu'en massifs ou isolés dans les gazons. C'est avec raison que l'on ne se sert pas de ces arbres pour les plantations en ligne. Dans les villes, les résineux dépérissent promptement, parce que leurs feuilles se couvrent de poussière. Ce pralinage qui obstrue les stomates a sur les résineux des effets plus nuisibles que sur les essences à feuilles caduques, parce que

ces dernières renouvellent leurs feuilles tous les ans.

Dans beaucoup de squares nous voyons disposer des arbres au milieu des enceintes gazonnées. C'est peu judicieux, mais cela vaut encore mieux que de les planter, comme on le fait si souvent, dans les allées qui entourent de vastes boulingrins. C'est dans le gazon même, mais près des allées, qu'il faut mettre les arbres, afin que leur ombrage soit utilisé. Ainsi placés, ils profitent des arrosages donnés au gazon et sont préservés du contact de l'homme qui leur est toujours nuisible, comme on peut s'en assurer en examinant les troncs couverts de blessures des arbres de toutes nos promenades.

Cette disposition a été adoptée au parc Monceaux, qui est certainement le jardin le plus ombreux de Paris. On a suivi les vieilles traditions aux Tuileries et au Luxembourg et ces deux jardins sont aujourd'hui dans l'état le plus pitoyable. Il faudra que le ministère des travaux publics, dans les attributions duquel se trouvent ces deux propriétés de l'Etat, emprunte à la ville de Paris quelques jardiniers et remplace ces quinconces désolés par des pelouses ombragées, car il est impossible de persister à remplacer par des perches à houblon des arbres qui meurent les uns après les autres.

Lorsqu'un sujet vient à se couronner ou à se briser accidentellement, on se hâte ordinairement de l'arracher pour le remplacer. On aurait souvent grand avantage à recéper l'arbre au pied et à lui laisser produire des rejets de souche, qui formeront en peu d'années des cépées d'un très-joli effet. Ce procédé ne peut, on le comprend, être employé que dans les jardins paysagers. Il faut se résigner à remplacer les sujets manquants dans les plantations des avenues et des boulevards, mais la réussite est bien peu assurée.

La conservation des allées d'arbres dans les rues fréquentées des grandes villes me paraît si difficile, que j'ai depuis longtemps proposé de les remplacer par des berceaux de plantes grimpantes, dont l'entretien et le renouvellement sont bien plus faciles que ceux des grands arbres. Ce projet peut paraître paradoxal au premier abord; quelques explications prouveront qu'il n'est pas si étrange qu'il en a l'air.

Supposons, par exemple, qu'il s'agisse d'ombrager la nouvelle avenue de l'Opéra, où il sera probablement assez difficile de faire croître de beaux arbres, qu'il faudra, dans tous les cas, attendre bien longtemps.

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