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Poids du charbon obtenu pour usage domestique : 4 990 kilogrammes. Rendement en poids, 25.4 pour 100.

Si l'on considère que le rendement des meules en forêt n'est que de 15 à 18 pour 100, on verra que pour les charbons servant à l'usage domestique, obtenus dans les quatrième et cinquième expériences, il y a 7 pour 100 de différence au moins en faveur des appareils, différence qui s'élève à 9 pour 100 lorsqu'on fait du charbon de forge, comme dans les premier, deuxième et troisième essais, relatés par M. Roux.

On voit que les charbons des expériences nos 1, 2, 3 et 4, dont la car bonisation a une durée de quarante-huit à cinquante-six heures, donnent un rendement de 25 à 27 pour 100 du poids du bois total, c'est-à-dire, non-seulement de celui mis dans l'appareil, mais encore du combustible employé, et de 30 pour 100 du poids du bois qui carbonise.

Les appareils construits en 1867, fonctionnent toujours depuis cette époque; ils ne présentent que fort peu de traces d'usure. Les portes seules et les moitiés des panneaux du bas ont été changées au bout de cinq ans, occasionnant une dépense de 200 francs par appareil, soit 40 francs annuellement.

Il est à remarquer qu'une croûte épaisse de goudron se dépose sur les panneaux et protége les fers et les tôles de l'action des pyroligneux.

Ainsi, dans les calculs qui vont suivre, nous admettrons pour la durée des appareils une période de dix ans, qui est loin d'être exagérée.

Voici dans quelles conditions s'opère la carbonisation en forêt :

1o En une journée de douze heures, six hommes chargent et déchargent un appareil, contenant 50 stères de bois ; .

2o En quarante-huit heures, la carbonisation s'opère sous la direction d'un seul ouvrier qui veille nuit et jour à l'entretien du feu dans le foyer; 3o Au bout de quatre-vingt-seize heures, le refroidissement est complet.

On pourrait carboniser 3 000 stères de bois par an et par four, mais dans la pratique il ne faut compter que sur 2 000 stères, à cause des pertes de temps occasionnées par les dimanches et jours fériés, ainsi que par le déplacement des appareils.

Nous ne comptons pas le chauffage du foyer qui, pour 2 000 stères, est de 300; c'est donc 2300 stères qu'on peut cuire annuellement.

Dans la carbonisation en meules on donne, en général, aux charbonniers, 1 franc de façon par 100 kilogrammes de charbon obtenu. Dans les appareils on ne donne que 0 fr. 80 pour cette même quantité. Les entrepreneurs ont à leur charge l'approchage du bois dans un rayon de 500 mètres, son arrimage dans les appareils, la surveillance du foyer et le déchargement du charbon.

Cette économie de main-d'oeuvre s'explique:

1° Parce que la même quantité de bois produit plus de charbon qu'en meules;

2o Parce que l'arrimage est plus facile dans les appareils et qu'il n'est pas besoin de faire ce qu'on nomme le bougeage des meules.

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En général les appareils ne se déplacent que deux fois par an, et dans les coupes fort importantes, une fois seulement. Du reste il n'y a pas de règle fixe à ce sujet ; c'est au propriétaire à voir l'avantage qui résulte de déplacements plus ou moins fréquents.

Dans les calculs comparatifs ci-dessous, nous en admettrons deux annuellement.

Pour une exploitation assez grande, il y a un avantage à avoir deux appareils; l'un travaille pendant que l'autre refroidit; il en résulte que le personnel employé à la carbonisation ne perd pas de temps, ce qui donne plus de facilité pour trouver des ouvriers travaillant à forfait.

Maintenant il est facile de comparer les bénéfices réalisés, en carbonisant les bois par ma méthode ou par celle des meules.

Nous nous servirons des rendements en poids, plus précis que ceux en volume, et pour connaître ces derniers, nous ferons observer que 25 et 18 pour 100 en poids correspondent à 46 et 33 pour 100 en volume; 2300 stères, bois dur, pesant 300 kilogrammes l'un, carbonisés annuellement dans un appareil, produiront 172 500 kilogrammes de charbon pour usage domestique, en admettant, suivant les rendements des expériences (nos 4 et 5), 25 kilogrammes de charbon pour 100 kilogrammes de bois. Le prix moyen du charbon de cette qualité étant de 8 francs les 100 kilogrammes en forêt, nous aurons un prix total de 13 800 francs.

A déduire de cette somme :

1o 0 fr. 80 de façon pour 100 kilogrammes de charbon..

2o Amortissement du capital de 4000 francs, prix de l'appareil
et de la réparation, estimée 40 francs (annuellement).
3o Deux déplacements à 180 francs chacun....

1 380 fr.

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360

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2 300 stères du même bois carbonisés en meules produiront, en adniettant le rendement de 18 kilogrammes de charbon pour 100 kilogrammes de bois :

124 200 kilogrammes de charbon à 8 francs les 100 kilogrammes, ou 9 936 francs.

Il faut déduire de cette somme, pour la façon, comptée à 1 franc les 100 kilogrammes, 1 242 francs. Il reste net 8 694 francs.

Différence en faveur des appareils sur la production d'une année, 2 809 francs.

Ce bénéfice est généralement plus élevé, attendu que le foyer est chauffé avec des bois de nulle valeur, et que nous comptons, dans les calculs précédents, ce chauffage comme étant le même que pour les bois carbonisés. Ensuite le rendement de 18 pour 100 en poids admis pour les meules est loin d'être toujours obtenu. Il faut pour cela des conditions de terrain sur lequel on carbonise et de beau temps qu'on est éloigné de toujours avoir; tandis que dans les appareils le rendement de 25 pour 100 en poids peut s'élever à 27 pour 100 dans les bois de fortes dimensions, comme on le voit par le résultat des expériences relatées par M. Roux, dans son rapport du mois d'avril 1870.

Une expérience vient d'être faite, le 1er août dernier, à Haybes-surMeuse (Ardennes), sur un APPAREIL DROMART, par la Société des agriculteurs de France et sous la surveillance de M. l'inspecteur des forêts de Rocroi. En voici les résultats :

51 stères de bois de chêne écorcé de trois mois de coupe, et dont le poids était de 18 000 kilogrammes, ont été chargés dans le four en onze heures trois quarts, par trois manœuvres.

La durée de la carbonisation a été de soixante-dix-neuf heures et il a é'é brûlé dans le foyer 2 630 kilogrammes de bois ou 7 stères et demi. On a obtenu 5 229 kilogrammes de charbon bien cuit pour usage domestique. Une grande partie de ce charbon avait conservé la longueur des bûches moins le retrait, et il se brisait sous le rable avec un bruit métallique, comme ont pu le constater les agents de l'administration forestière.

Le rendement en poids du bois a donc été de 29 pour 100 de celui mis dans l'appareil, et de 25.34 pour 100 du poids total du bois, c'est-à-dire de celui mis dans l'appareil, augmenté du poids du combustible.

Ces résultats coïncident avec ceux (relatés dans le Mémoire) trouvés par M. Roux en 1870, sur le pin maritime, et qui étaient de 27 et 26 pour 100 du poids du bois.

ED. DROMART, ingénieur civil.

BIBLIOGRAPHIE.

Des contraventions forestières, par M. Boni. · Les chênes du Loiret, par M. le baron de Morogues. Arboretum segrezianum, par M. Lavallée. La destruction des haies, par M. Burger. Considérations sur l'aménagement, par Houba. Le Guide du fores. tier, par M. Bouquet de la Grye.

Notre Code forestier de 1827 a servi de modèle à la loi du 19 décembre 1854, qui régit la propriété forestière en Belgique; mais l'imitation n'a pas été complète, car la loi belge renferme quelques dispositions qui ne se trouvent pas dans la loi française et réciproquement. Notre ju

risprudence n'est donc pas toujours applicable chez nos voisins qui ont, comme nous, besoin de commentaires spéciaux pour expliquer les textes et les interpréter. C'est ce travail qu'un magistrat belge, M. Ferdinand Boni, a fait en exposant, dans un volume qui a pour titre : Des contraventions forestières (1), les principes généraux de la loi de 1854 et les dispositions applicables aux bois des particuliers.

En Belgique comme en France, les poursuites intentées par les particuliers sont portées devant les tribunaux correctionnels ou ceux de simple police, suivant que le fait poursuivi est qualifié délit ou contravention. Sous le rapport de la répression, les infractions commises dans les bois non soumis au régime forestier rentrent dans le droit commun. M. Boni trace avec beaucoup de précision les attributions des gardes des particuliers, leur compétence, il discute les pénalités prononcées pour les délits de toute nature, qui peuvent porter atteinte à la propriété forestière, et il indique les règles à suivre pour les réprimer. Ce commentaire, qui témoigne d'études approfondies de la jurisprudence locale, sera très-utilement consulté par les fonctionnaires et les magistrats chargés d'appliquer le Code forestier belge.

- M. le baron de Morogues, dont nous avons déjà eu l'occasion de signaler les travaux à propos de ses recherches sur les diverses espèces de pin sylvestre, a porté ses investigations sur les chênes du Loiret, et il a résumé ses observations dans une brochure, où il décrit les caractères de dix-huit espèces distinctes toutes dérivant du chêne pédonculé ou du chêne rouvre (2). M. de Morogues est convaincu que tous les types trouvés par lui, dans les forêts du Loiret, où ils sont indigènes, existent depuis l'origine des temps, qu'ils se reproduisent sans altération et qu'ils constituent par suite de véritables espèces.

L'étude des chênes, et en général de tous les arbres qui constituent les forêts, est chose fort difficile quand on veut la faire au point de vue de la botanique pure. Chaque sujet affecte des caractères propres, le plus souvent transmissibles, et qui, pour cela, suffiraient pour justifier la formation d'un nombre d'espèces illimité. Les hybridations viennent encore accroître la confusion. Comment distinguer, dans les caractères aussi variables que la forme des feuilles ou des fruits, ceux qui sont dus à l'hérédité ou aux milieux? Lorsqu'on voit les modifications profondes que la culture produit sur les végétaux, on ne peut accepter comme rigoureuses les distinctions basées sur des caractères qu'on voit disparaître ou s'exagérer au gré du jardinier. Les formes, les couleurs, les dimensions n'ont rien de fixe dans les plantes cultivées. Les végétaux sauvages offrent, il est vrai, des variations moins nombreuses, mais rien ne nous autorise à penser que ceux qui subissent naturellement des influences de même

(1) Des contraventions forestières. Exposé des principes généraux de la loi du 19 décembre 1854, par Ferdinand Boni, juge de paix. In-8°, IV-14 pages. Bruxelles, BruylantChristophe et Ce.

(2) Observations sur quelques espèces de chênes du Loiret, par M. le baron de Morogues. Broch. in-8°, 23 pages, 3 planches. Orléans, imp. Herluison.

ordre que celles que le jardinier produit artificiellement, ne se modifient

pas.

Or, les caractères sur lesquels M. de Morogues établit des espèces nouvelles paraissent rentrer dans la catégorie de ceux qui sont éminemment modifiables, et qui par suite constituent non des espèces, mais de simples variations.

Est-ce à dire pour cela que ses observations soient dénuées d'intérêt? Non. S'il nous paraît inutile d'accroître la nomenclature botanique de mots nouveaux, il nous semble fort intéressant de faire connaître l'existence de types spéciaux doués de propriétés particulières qui peuvent les rendre plus ou moins aptes aux divers usages de l'industrie. M. Morogues, en appelant l'attention sur les nombreuses variétés de chêne qu'il a vues dans le Loiret, a donc fait une œuvre utile. Il serait à désirer qu'il y eût, dans chaque province, des observateurs consciencieux comme lui et, comme lui, empressés de faire connaître les ressources inconnues qu'offre la flore de nos bois.

-M. Alphonse Lavallée, membre de la Société centrale d'agriculture et secrétaire général de la Société d'horticulture, a entrepris depuis vingt ans de réunir, dans sa terre de Segrez (Seine-et-Oise), tous les végétaux ligneux cultivables en plein air aux environs de Paris. Sa collection, aujourd'hui complète, occupe une surface de 31 hectares et comprend 4 267 espèces ou variétés soigneusement déterminées. Pour faire connaître les richesses dendrologiques si patiemment réunies, le propriétaire de Segrez en a publié le catalogue, qui peut être donné comme un modèle du genre. L'Arboretum segrezianum (1) n'est pas une simple énumération des noms divers que, par ignorance ou mauvaise foi, les pépiniéristes donnent à leurs produits. L'auteur, qui est un botaniste érudit, s'est aidé de tous les travaux des maîtres de la science, et il est arrivé, non sans peine, à débrouiller l'étrange confusion qui règne dans la nomenclature horticole, et à établir la synonymie qui doit y mettre fin. Pour compléter son œuvre, M. Lavallée prépare, à l'aide d'un herbier qu'il a formé et qui comprend un spécimen en feuilles, fleurs et fruits de chaque éspèce, un Icones des espèces rares, nouvelles ou litigieuses cultivées à Segrez. Ce recueil, qui complétera celui de Duhamel de Monceau, devenu rare et d'ailleurs un peu vieilli, sera, nous n'en doutons pas, accueilli avec faveur par tous les amateurs de beaux arbres.

- M. Burger a reproduit, dans une brochure (2), les observations qu'il a présentées à la Société d'agriculture de Meaux sur les rapports de la destruction des haies et des plantations avec la disparition des oiseaux.

(1) Arboretum segrezianum. Enumération des arbres el arbrisseaux cultivés à Segrez, comprenant leur synonymie et leur origine, avec l'indication d'ouvrages dans lesquels ils se trouvent figurés, par Alp. Lavallée, de la Société d'agriculture. In-8°, XLVIII319 pages. Paris, Baillière et fils.

(2) Du déboisement des campagnes dans ses rapports avec la disparition des oiseaux utiles à l'agriculture, par A. Burger. In-8°, 60 pages. Paris, libr. agricole.

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