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Cette victoire n'avait point abattu Abdel-Kader, qui n'en continua pas moins à harceler vivement le général Letang auquel Bugeaud avait remis le commandement de la province d'Oran, pour retourner en France.

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en personne sur Oran avec le gros de son armée. | surprises. Par moments on le croit anéanti, et Ce mouvement détermina les premières opéra- tout à coup il reparait àla tête de ses Bédouins plus tions du général Bugeaud, qui quitta aussitôt le puissant que jamais. Appuyé sur le fanatisme des camp de la Tafna, battit une division d'Abdel- populations arabes et secondé secrètement par le Kader qui essayait de lui barrer le chemin d'Oran, Maroc, il continuera sans doute longtemps enet atteignit cette place d'où il repartit aussitôt core cette guerre irréconciliable qu'il vient de repour se porter sur Tlemcen. Il ravitailla cette prendre avec une énergie nouvelle. V. H. forteresse après avoir eu un nouvel engagement ABDELMÉLIK BEN OMAR, le Marsille des avec l'émir, et rentra dans le camp de la Tafna. chroniques et des romans de chevalerie, où son Abdel-Kader reparut, peu de jours après, sur histoire n'est pas moins défigurée que son nom, cette rivière, et, disposé à intercepter de nouveau fut un des principaux vizirs du calife Abdéles communications avec Tlemcen, prit position, rahman Ier. Lorsque ce prince fut appelé en Bugeaud quitta à son tour ses retranchements, Espagne par les restes du parti des Oméyas, s'avança contre les Arabes, et, après quelques Abdelmélik accourut de l'Orient où il vivait en escarmouches, il gagna une position favorable exil, pour se ranger sous ses drapeaux, et il en sur les bords du Sickah où il battit compléte- reçut le gouvernement de Séville. Chargé presment l'émir le 6 juillet 1836. que aussitôt par le calife de Cordoue de réduire par les armes Ioussouf el Fehry, il lui enleva successivement toutes les places qu'il gardait encore, et lui livra un combat dans lequel périt cet ancien émir d'Espage, dont il fit suspendre la tête à l'une des portes de la ville (an de l'hégire 142; de J. C. 759). L'année suivante, Abdelmélik concourut à réprimer les révoltes fomentées sur divers points par les fils de Ioussouf ou les cheiks de leur parti; et deux ans après, il eut également une part glorieuse à la défaite des Africains qui abordaient en Espagne avec le dessein d'y rétablir l'autorité spirituelle du calife d'Orient, et de détruire la puissance de l'Adhagel ou intrus Oméya, le sage et vaillant Abdérahman Ier. Lorsque après la dispersion de ces Africains, leur auxiliaire, le chef des bandits d'Espagne armés pour la même cause religieuse, osa tenter un coup de main sur Séville, Abdelmélik fondit sur lui, tailla en pièces sa troupe, et, l'ayant fait prisonnier avec quelques autres chefs rebelles, leur fit trancher la tête. Bientôt se répandit le bruit d'un autre débarquement plus considérable d'Africains conduits par Abdallah el Sekeby; et à cette nouvelle, les rebelles réfugiés dans les montagnes de Romba appelèrent à leur tête le gouverneur de Mequinez Abd el Ghafyr, se disant issu de Fatime, fille du prophète. Tandis que les nouveaux ennemis venus d'Orient sont défaits et dispersés sur la côte même par Abdérahman, Abdelmélik, instruit de l'approche d'Abd el Ghafyr sur Séville, envoie contre lui son plus jeune fils Khosym à la tête d'un simple détachement. Peu habitué encore aux dangers de la guerre, ou trop prudent peut-être, le jeune homme se replie précipitamment et sans coup férir sur la ville, où il paraît devant son père dans une agitation telle que celui-ci croit y voir un indice

En 1837 Bugeaud se retrouva à la tête de la province d'Oran, disposé à rentrer en campagne avec un corps de douze mille hommes. Mais, tout en se préparant à reprendre l'offensive, il lança une proclamation, dans laquelle, après avoir exposé aux Arabes sa résolution d'anéantir tout ce qui leur résisterait, il leur offrait cependant la paix. On disait que l'émir était enfin enclin à négocier avec les Français. Bugeaud lui dépêcha le juif Ben-Durand pour lui faire des propositions. Les négociations furent entamées; et, le 7 mai, la paix fut signée.

Dès ce moment, Abdel-Kader s'appliqua à établir solidement sa puissance, non-seulement dans le rayon que le traité lui avait assigné sur la limite des possessions françaises, mais encore dans le Haut-Atlas et dans la région du désert qui le borde. Il y établit plusieurs villes, telles que Boghar, Taza, Saïda, Tafraoua et Tagdempt. Mais le bouillant émir ne pouvait longtemps rester en repos. Le 29 octobre 1839 on surprit des lettres qu'il adressait aux tribus, provoquant à la guerre sainte contre les Français qu'il espérait bientôt chasser de l'Algérie. Les premiers engagements eurent lieu sur la Chiffa, et dans les plaines de Buffarick et de Métidja, où les Hadjoutes, soulevés par l'émir, vinrent attaquer les tribus amies de la France. L'armée française fut aussitôt augmentée de 20,000 hommes, et portée à 60,000 combattants, et la lutte recommença avec ce redoutable Abdel-Kader, qui, presque toujours battu dans les grandes rencontres, ne recherche que les escarmouches et surtout les

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d'épouvante. A cette vue Abdelmélik n'est plus | drapeaux. Chaque jour était témoin d'un nouveau triomphe des siens contre les troupes du roi Almoravide Ali Aboul Hacem. Cependant un seul échec que les Almohades essuyèrent devant Maroc (1125 de J. C.) mit leur parti à deux doigts de sa perte; et par la bravoure et l'habileté qu'il déploya pour en sauver les débris, Abdelmoumen justifia l'exclamation prophétique de son maître : « Notre empire est sauvé, puisque Abdelmoumen vit encore!» En effet, une diversion causée au prince Almoravide par l'expédition d'Alphonse le Batailleur sur l'Andalousie laissa aux Almohades le temps de réparer leur désastre. En 1130, une armée de 30,000 hommes bien exercés sortit du Tinmål sous les ordres d'Abdelmoumen, alors imam; et non loin d'Agmat, une déroute complète des Almoravides vengea la défaite des Almohades à Maroc. Ils se fussent alors emparés de cette place; mais d'autres vues rappelaient Abdelmoumen à Tinmål. Le lendemain du jour où il y arriva, le mahdy, qui sentait approcher sa fin, abdiqua dans ses mains l'autorité suprême. Les cheiks prirent l'avis du peuple dans une assemblée générale de ses représentants, et Abdelmoumen fut proclamé sans opposition calife des Almohades. En moins de cinq années il avait soumis à sa loi toutes les tribus guerrières des montagnes de Darah jusqu'à Saléh, tout le pays de Fez et celui de Teza; à l'intérieur, des lois nouvelles avaient réglé les formes et l'action du pouvoir administratif mettant à profit les embarras toujours plus pressants qui entouraient le trône de Maroc, Abdelmoumen vint menacer à la fois Fez et Trémécen. Alors s'engagea aux environs de Trémécen une action générale qui décida du sort des Almoravides. L'imam almohade, dont les forces étaient inférieures en nombre à celles de son adversaire, l'avait emporté sur lui par l'habileté des manœuvres. On voit avec quelque surprise qu'à cette occasion Abdelmoumen employa des moyens de tactique dont l'application est généralement regardée comme une découverte moderne: nous voulons parler de la disposition des troupes en carré. Le premier rang de chacune des lignes présentait un front hérissé de lances; le second se composait d'hommes armés d'épées et de boucliers: et derrière ce rempart se tenaient sur deux rangs des arbalétriers et des frondeurs; enfin, à un signal donné, les quatre angles fournissaient à la cavalerie que renfermait cette vaste enciente, des issues pour opérer ses charges. Ce combat fut suivi de la prise d'Oran, et bientôt après de celles de Trémécen et de Fez; cent mille personnes péri

maître de son courroux : « Meurs, lâche, lui crie-t-il en le frappant au cœur avec sa lance; tu n'es pas mon fils; tu n'es pas de la noble race de Méruân! » Un poignant remords dut faire place bientôt à cet accès de frénésie. Abdelmélik songea plutôt à chercher le trépas qu'à faire ses dispositions pour le combat qui allait s'engager. L'action fut vive et le succès douteux; elle recommença le lendemain, et continua avec le même acharnement, jusqu'à ce qu'Abdelmélik ayant été atteint d'une grave blessure, l'ennemi prit le dessus et entra vainqueur dans la place, d'où néanmoins il fut délogé la nuit d'après. Dans les mœurs chevaleresques et pourtant barbares de cette époque, la conduite d'Abdelmélik n'excita que de l'admiration : s'il s'y mêlait quelque commisération, le père en était seul l'objet. Le roi lui donna le gouvernement de Sarragosse et de toute l'Espagne orientale (156 de l'hég.; de J. C. 772). C'est dans cette charge éminente qu'Abdelmélik passa le reste de sa vie. Il l'occupait encore à l'épo- | que de l'invasion de l'Espagne par Charlema- | gne; et ce fait suffit pour réfuter l'opinion des historiens qui ont avancé que c'est à l'incitation du gouverneur de Sarragosse que le monarque français entreprit son étrange expédition. L'orientaliste D. Jos. Ant. Conde, de l'académie de Madrid, est le premier qui a, en quelque sorte, constaté l'identité d'Abdelmélik avec le prétendu roi Marsille des chroniques, tant célébré aussi par l'Arioste. DE CHAMROBERT.

ABDELMOUMEN (Abou Mohammed), premier calife et deuxième imam de la secte et dynastie africaine des al Movahédoûn ou unitaires communément dits Al Mohades (voyez ce mot), avait été le disciple et le compagnon du fameux Mahdy ben Toumert, auquel il succéda l'an de l'hégire 524 (1130 de J.C.), après l'avoir aidé à fonder sa puissance. Fils d'un po- | tier de terre, Abdelmoumen se distinguait déjà par son savoir et ses talents lorsque, à peine âgé de dix-huit ans, il devint le confident des projets de son maître, qu'il suivit à Fez, puis à Maroc. Leurs audacieuses prédications les ayant fait proscrire de cette ville, les deux novateurs se réfugièrent à Tinmål, sur les confins du Sahara; c'est là que, par la provocation d'Abdelmoumen, les adhérents de la nouvelle secte proclamèrent en qualité de mahdy ou messie et d'imam (grand prêtre), ben Toumert qui aussitôt nomma l'adroit séide son hagib ou lieutenant. Abdelmoumen mérita par son intrépidité et par sa prudence d'asservir la victoire à ses

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rent, dit-on, dans le massacre des habitants de | les romans de chevalerie; mais les Mores et les la seconde de ces villes. La nouvelle de ces évé- Arabes d'Espagne lui durent réellement de la nements porta les gouverneurs des provinces reconnaissance pour les établissements d'inmusulmanes d'Espagne à embrasser les doctrines struction publique qu'il fonda, et au nombre religieuses du mahdy, et à se détacher par con- desquels on cite l'école des hâfites. Sous ce nom séquent de l'obéissance du nouveau roi de Ma- étaient désignés 3,000 enfants qu'on élevait roc, le jeune Ibrahim, dont l'empire se trouva sans distinction de rang ou de fortune. Ils réduit à l'enceinte de cette cité. Tandis qu'Ab- étaient instruits dans la religion et les diverses delmoumen en faisait le siége, ses lieutenants branches du savoir, et avaient des maîtres préludaient à la conquête de la Péninsule par pour tous les exercices du corps. Afin d'honorer l'occupation d'Algésiras et de Gibraltar. Pro- cet établissement, Abdelmoumen avait voulu clamé ror de Maroc dès que le sort des armes que ses propres enfants fussent du nombre des l'eut rendu maître d'Ibrahim et de la ville fidèle hâfites. DE CHAMROBERT. qui pour sa défense avait supporté les horreurs ABDÉRAHMAN OU ABD EL RAHMAN BEN ABDALLAH d'une famine affreuse, le farouche Almohade en EL GAFÉKI. Ce septième émir ou gouverneur acheva la dévastation; après quoi ce vaste tom- arabe de l'Espagne, ennemi irréconciliable des beau, purifié selon le rite du mahdy, fut repeuplé chrétiens, dut cette haute dignité au suffrage par des nomades appelés du désert. Ce fut par | de ses pairs les cheiks arabes, qui, sous la conde semblables cruautés qu'il soumit en assez duite d'Alzama ben Mélik el Chulani, étaient peu de temps Saléh, Ceuta, Sigilmesse et les venus mettre le siége devant Toulouse (l'an 102 pays de Zanhaga et de Doukela, Kaïrvan et Tunis, de l'hég., 721 de J. C.) Ce général ayant été et enfin toute la Mauritanie jusqu'au désert de tué, Abdérahman, qui par son courage et sa Barkah. Cependant, déjà maîtres de Séville et prudence avait assuré la retraite de l'armée, lui de Cordoue, les Almohades pressaient dans Gre- succéda, et ce choix fut ratifié par l'émir d'Afrinade les derniers soutiens du parti Almoravide. que. L'envie et la calomnie lui firent bientôt Alarmé de leurs succès, Alphonse de Léon vint perdre le rang qu'il occupait; il supporta sa leur faire la guerre. Elle traîna en longueur jus- disgrâce avec dignité, et, par les nouveaux serqu'au moment où Abdelmoumen se décida à vices qu'il rendit, mérita d'y être réintégré s'embarquer lui-même pour Gibraltar. La mort (an 110 hég., 728 J. C.). Ce fut alors qu'il comd'Alphonse de Léon avait apporté de grands mença l'exécution d'un projet qu'il nourrissait changements dans la politique des princes chré- depuis longtemps, la conquête de la France. tiens, qui alors étaient entièrement divisés de Othman, capitaine d'une grande valeur, comvues et d'intérêts. Rappelé à Maroc par les soins | mandait son avant-garde; mais cet officier, qui de l'administration, Abdelmoumen y emportait avait épousé une des filles d'Eudes, duc d'Aquidonc l'assurance d'achever par un coup de maintaine, lui ayant manqué de foi, Abdérahman la conquête de la péninsule hispanique; mais envoya un détachement à sa poursuite, et le au moment même où l'Algihad (voy.) qu'il ve- traître fut tué. L'émir entra à l'improviste dans nait de publier contre les chrétiens rassemblait l'Aquitaine en traversant la Navarre, et enleva sous ses drapeaux une armée que l'on évalue à d'assaut la ville de Bordeaux, malgré la vigoucent mille fantassins et trois cent mille che- reuse résistance du gouverneur, qui paya de sa vaux, il mourut, subitement le 8 djoumadj, tête sa fidélité à son souverain. Après avoir an 558 (de J. C. 1163) dans la 63o année de son battu le duc d'Aquitaine sur les rives de la Dorâge et la 34o de son règne. dogne, il dévasta la Touraine; arrivé jusque dans le Poitou, il y rencontra Charles Martel, et perdit la vie dans une bataille où la victoire fut longtemps disputée. On place communément au 7 octobre 732 la date de ce mémorable combat, dont on ne connaît pas même précisément le théâtre. V. CHARLES MARTEL et POITIERS (bataille de). DE CHAMROBert.

Ainsi qu'il l'avait ordonné, Abdelmoumen fut enseveli dans le même tombeau que le mahdy, à Tinmål, lieu qui déjà était pour sa secte un objet de vénération.

Quoique constamment occupé des soins de la guerre, Abdelmoumen n'avait pas entièrement négligé ce qui pouvait concourir au bien-être de ses sujets. Il encouragea la publication des ouvrages d'imagination, précédemment prohibés par les austères Almoravides. C'eût été à la vérité ne faire que peu de chose pour les lettres, s'il se fût borné à remettre en honneur

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ABDÉRAHMAN (ou mieux ABD EL RAHMAN Ier), BEN MOAVIAH BEN HIXEM, surnommé Abou Motrif et Safár, 1er calife oméya (ommiade) d'Espagne, était né à Damas, l'an 113 de l'hégire (de J. C. 731). Témoin du meurtre de sa

famille (V. OMMIADES), Abdérahman n'échappa | arméés africaines furent battues et dispersées ; que par miracle à son arrêt de mort. Après avoir la seule réponse que l'Adhagel voulut faire aux habité tour à tour plusieurs retraites, il passa invectives dont il était l'objet, fut d'envoyer la dans la Mauritanie, certain de trouver un der- tête du chef d'une de ces expéditions à Kaïrvan, nier refuge à Tahart parmi la tribu de Zénéta, où ses émissaires la clouèrent de nuit à une à laquelle appartenait sa mère. C'est là que le colonne avec cette inscription : « C'est ainsi dernier rejeton des Oméyas reçut l'offre de la « qu'Abdérahman, le successeur des Oméyas, couronne d'Espagne que lui vint faire une dé- << traite les téméraires et les superbes. » Assez putation des chefs des tribus arabes, syriennes longtemps encore le parti fanatique ou ambiet égyptiennes qui y étaient établies, et à qui tieux qui luttait en Espagne contre l'autorité les convulsions de leur patrie adoptive depuis d'Abdérahman en faveur de la suprématie du la révolution qui avait donné un nouveau maître calife d'Orient continua d'agiter plusieurs proà l'Orient, faisaient regretter la domination vinces; mais il paraît qu'une paix profonde plus ferme des Oméyas, dont eux-mêmes étaient régnait enfin dans le royaume de Cordoue à les délégués ou les créatures. Une seule circon- l'époque où Charlemagne s'avança vainqueur stance semblait promettre quelque chance de jusqu'aux rives de l'Ebre. Quatre ans après succès à cette tentative audacieuse : c'était la cette invasion extraordinaire, et tandis que lutte engagée entre Ioussouf el Fehry, émir l'aigle d'Occident était aux prises à Roncevaux d'Espagne, et l'émir de la mer, Ahmer ben avec les Navarrois et les Basques, les dernières Amrham. Mais le premier, vainqueur de son traces de sa conquête en Espagne disparaisrival, le traînait captif à sa suite avec son fils saient par le rétablissement de l'autorité d'Aben rentrant dans Cordoue, au moment où à la dérahman dans Sarragosse (162 de l'hégire, tête d'une poignée de Zénètes, sa seule escorte, 778 de J. C.). Cinq ans plus tard, le feu de le jeune Abdérahman abordait à Abmunecar la révolte fut rallumé dans les Alpuxarras. Bien (août 755). Il y était attendu par environ vingt du sang coula encore dans cette guerre civile, mille hommes; et à Séville il fut accueilli en mais non sans produire en même temps un souverain. En peu de temps il y reçoit la souheureux résultat en purgeant le pays des banmission et le serment d'obéissance de toutes dits dont il était infesté, et pour qui nulle occales places voisines; et marchant contre Cor- sion n'était perdue d'exercer leur brigandage. doue, il culbute d'abord le fils de Ioussouf en- Le calme enfin rétabli, Abdérahman s'occupa voyé pour lui disputer le passage, et dans les plus que jamais du soin d'améliorer l'organisachamps de Musarah se trouve en présence de tion intérieure de l'État dont il avait déjà eml'armée quatre fois plus nombreuse de l'émir belli les principales cités. Sa situation par raplui-même, qu'il taille en pièces malgré sa résis-port au calife d'Orient lui imposait l'obligation tance assez vive, et qu'il force enfin à se replier en déroute sur l'Algarve. Cordoue ouvrit ses portes au vainqueur à qui une série d'autres victoires assura décidément la possession de l'Espagne. Secondé par la bravoure et l'habileté des lieutenants qu'il avait su choisir (V. ABDELMÉLIK ben Omar), Abdérahman réduisit totalement les restes du parti de Ioussouf.

de faire régner avec lui la justice et la tolérance. Il encourageait et donnait lui-même l'exemple d'une haute estime pour les travaux de l'esprit, en s'entourant de savants et en cultivant la poésie. Il avait fondé un nombre considérable de mosquées en Espagne; mais la plus belle est celle qu'il fit élever à Cordoue: il en avait luimême fourni le plan, et il y travailla de ses mains une heure chaque jour jusqu'à son achè

Tandis qu'au milieu de ces incroyables succès s'établissait la puissance des Oméyas en Es-vement. Il n'est peut-être pas sans intérêt de pagne, les Arabes perdaient avec Narbonne tout espoir d'établissement au delà des Pyrénées (145 de l'hégire, 760 de J. C.). Cependant la cour d'Orient, qu'occupaient incessamment les révoltes des cheiks, ne laissa pas de tenter quelques moyens pour briser la puissance indépendante qui s'était formée en Espagne. Les anathèmes religieux avaient été sans effet. On fit partir successivement d'Afrique deux expéditions précédées de manifestes où Abdérahman était traité d'intrus proscrit, d'Adhagel. Ces

remarquer que ce fut lui qui planta dans ses magnifiques jardins de Cordoue le premier palmier que vit le sol espagnol, et dont on assure que sont sortis tous ceux qu'il nourrit maintenant. Avant sa mort, survenue l'an 171 de l'hég. (787 de J. C.), Abdérahman, justement surnommé le Sage, avait associé à sa couronne son plus jeune fils, Hixem al Rhadi, qui lui succéda à l'exclusion de ses aînés Suleiman et Abdallah. Abdérahman ne l'affectionnait pas moins pour ses précieuses qualités que parce qu'il

l'avait eu de la sultane Hovara, dont toute sa 915 de J. C.). Les rebelles laissèrent 7,000 morts vie il avait été l'amant idolâtre. DE CHAMROBERT. sur le champ de bataille; il y en eut 3,000 du ABDÉRAHMAN II ou Abd el Rahman el Mou- côté d'Abdérahman. En peu de temps 200 villes safer, 4 roi de Cordoue, fils et successeur d'Al- ou villages fortifiés se soumirent au jeune roi. hakem Ier, monta sur le trône à l'âge de 34 ans De retour dans sa capitale, Abdérahman III fit environ, l'an 206 de l'hégire (822 de J. C.). Son équiper, avec une incroyable diligence, une courage et l'affection des peuples l'y avaient ap- flotte destinée à protéger les côtes du royaume pelé; mais des guerres continuelles tant étran- | contre les corsaires africains et arabes qui ingères qu'intestines agitèrent son règne. Souve- festaient la Méditerranée et venaient d'exercer rain d'un peuple remuant que des membres de d'horribles ravages en Sicile et en Calabre; puis sa propre famille excitaient à la révolte, et en- il acheva de soumettre Calib, et réprima l'insurtouré de voisins avides de conquêtes, Abdérah-rection qui éclata en même temps dans les Alman eut beaucoup de peine à résister aux tentatives des uns et des autres. Il fit successivement et quelquefois simultanément la guerre aux Asturiens, aux Français conduits par le fils de Charlemagne, et au calife de Bagdad.

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puxarras. Il surprit les rebelles et les dispersa. En attendant, Giaffar, l'un des fils de Calib, était allé mendier chez les chrétiens des secours contre le calife de Cordoue; et à son incitation le jeune roi de Léon, Ramire II, avait franchi le Cependant les sujets d'Abdérahman furent Duéro à la tête d'une armée nombreuse, saccagé moins malheureux qu'ils n'auraient pu l'être sous la province de Tolède et pris Talaveyra. Pour un autre prince. Celui-ci se montra empressé de punir cette agression téméraire, Abdérahman soulager la misère du peuple; il favorisa l'in- fit envahir à son tour la Galice par le prince dustrie, le commerce, les sciences et les arts; Almudafar, qui extermina l'armée de Ramire ses efforts furent constamment dirigés vers des │(an de l'hégire 318, de J. C. 930). C'est à cette objets d'utilité publique. Aussi, lorsqu'il mourut même époque qu'Abdérahman, sollicité par les après trente années d'un règne plus brillant cheiks zénètes, envoya une armée en Afrique qu'heureux (an 238 de l'hégire, 852 de J. C.), pour disputer la suzeraineté de Fez au fondases sujets le regrettèrent comme le meilleur des teur de la dynastie des Fatimites, Obeid Allah al pères. Pour continuer ses bienfaits après lui, il Mahdy, qui avait mis fin au règne des Édrisites. s'était plu à faire donner à son fils aîné, qui lui Le massacre de 7,000 Fatimites marqua le presuccéda sous le nom de Mohammed Ier, une ex- mier établissement de la puissance d'Abdérahcellente éducation, et ce prince honora la cou- man, dont le nom fut, dès ce moment, proclamé ronne par ses grandes qualités. CHAMROBERT. dans les mosquées de Fez. Mais, moins d'un an ABDÉRAHMAN III ou Abd el Rahman, émir après, cette ville avait été reprise par le général al Moumenyn (prince des croyants), surnommé fatimite Maïssoud; qui exerça de sanglantes rele Grand, et aussi al Nasser Ledyn Allah (pro- présailles sur les soldats d'Abdérahman. Tandis tecteur du culte de Dieu), 8o roi de Cordoue ou que l'Afrique dévorait ses trésors et ses meilcalife oméya d'Espagne, succéda, l'an 912 de leurs soldats, Abdérahman fit face à une nounotre ère (300 de l'hégire), à son grand-père velle agression de Ramire dans la Lusitanie. A Abdallah ben Mohammed, qui l'avait fait recon- la vérité ce prince fut encore repoussé par le naître vali alhadi, à l'exclusion de son fils Al- brave Almudafar, mais ce fut au prix de sacrimudafar. Abdérahman avait 21 ans lorsqu'il fices que l'épuisement du royaume ne permetceignit le baudrier royal. La douceur et l'amé- tait pas de continuer. Rassemblant une armée nité de son caractère, autant que l'agrément de de 100,000 hommes, Abdérahman franchit le son esprit et les avantages extérieurs dont la Duéro, et vint mettre le siége devant Zamora. nature l'avait doué, lui conquirent de bonne Il s'engagea sous les murs de cette ville, entre heure l'affection des grands et la prédilection Abdérahman et Ramire, une bataille des plus de son aïeul. Après avoir donné ses soins à as- meurtrières. Ramire effectua sa retraite sans surer la tranquillité dans Cordoue, il s'apprêta avoir pu secourir Zamora, que les Arabes prià combattre le rebelle Calib ben Hassûn, qui, rent d'assaut. Abdérahman III voulut alors tenter usurpateur de la moitié du royaume des pre- de nouveaux efforts pour établir plus solidement miers califes d'Espagne, régnait à Tolède. S'a- sa domination en Afrique, quand fut découverte, vançant contre lui à la tête de 40,000 soldats à Cordoue, une conspiration qui le devait préd'élite, il le joignit aux environs de Cuença, et cipiter du trône, et à la tête de laquelle des amremporta sur lui en ce lieu une victoire long-bitieux avaient placé le propre fils du roi. Abtemps disputée, mais décisive (301 de l'hégire, | dérahman, sacrifiant au repos de ses peuples un

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