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de plusieurs îlots. Cet endroit est situé sur les côtes de l'Égypte, à quatre lieues Est d'Alexandrie.

.Il est devenu célèbre dans l'histoire des guerres contemporaines par deux grands combats l'un sur mer, fatal à la France, et dans lequel l'amiral anglais Nelson (voy. l'art.) détruisit la flotte française, commandée par l'a

fut parvenu au califat, il ne prenait que trois drachmes par jour du trésor; encore il trouvait le moyen de faire des aumônes. On ajoute qu'à sa mort on ne trouva chez lui que cinq drachmes. Pour tout bien il possédait, outre l'habit qu'il avait sur lui, un chameau qui lui apportait de l'eau, et un esclave éthiopien qui avait soin de sa personne. Il ordonna, en mourant, qu'on remît tout cela à Omar, son successeur; et ce-miral Brueys; l'autre sur terre, signalé par une lui-ci, en le recevant, ne put s'empêcher de dire: « Aboubekr a vécu de telle sorte qu'il sera impossible à ceux qui viendront après lui de l'imiter.» Aboubekr a aux yeux des musulmans le mérite d'avoir le premier réuni le Coran en corps d'ouvrage. V. les art. ARABES (conquêtes des), KHORAN, CALIFE et OMAR.

REINAUD.

victoire décisive de Bonaparte sur l'armée turque débarquée sous les ordres de Moustapha Pacha: Voici les faits les plus remarquables de ces deux batailles.

Le 19 mai 1798, la flotte française était sortie du port de Toulon, conduisant en Égypte une armée dont le commandement était confié au jeune conquérant de l'Italie. Dès que l'amiral Saint-Vincent, qui croisait devant Cadix, eut été informé de la sortie de la flotte, dont on ignorait la destination, il envoya dans la Méditerranée le contre-amiral Nelson, avec quatorze vaisseaux de ligne, lui ordonnant de chercher et de combattre l'armée navale des Français. Nelson, après avoir couru longtemps la mer, rencontra enfin la flotte française devant la rade d'Aboukir. 'Il donna aussitôt le signal du combat. A peine les capitaines fran

ABOU HANIFAH EL NOUMAN BEN HABIT, chef des hanéfites, l'une des quatre sectes orthodoxes de l'islamisme, naquit à Koufah l'an 80 de l'hégire (699 de J. C.), et mourut en 767. Ce héros de la piété musulmane, d'abord destiné à l'état de tisserand, puis occupé de l'étude du droit, refusa la place de juge et devint l'un des principaux docteurs des croyants. Partisan et défenseur ardent du droit de la maison d'Ali contre l'usurpation de celle des Abbassides, il brillait par sa haute raison et par ses efforts pour assurer la pureté de la foi, à cette première épo-çais, qui s'étaient rassemblés sur le vaisseau que de l'islamisme où s'était conservée encore l'impulsion morale et religieuse qui lui donna naissance. Importuné par les remontrances que Hanifah opposait à son désir de se venger des habitants de Mosoul, Abdallah II le fit jeter dans les prisons de Bagdad, et empoisonner peu de temps après. Il avait déjà été persécuté par le calife Almansor au sujet du dogme de la pré-inouïe, prouva l'inutilité de ces précautions en destination, et on peut le regarder comme ayant été véritablement martyr de sa foi et des principes universels de la morale et de la justice. Abou Hanifah exposa sa doctrine dans un livre auquel, selon l'usage de tout l'Orient, il donna un titre allégorique, Sened (Appui). Il y établit tous les points de l'islamisme sur l'autorité du Coran et de la tradition. Trois cents ans après sa mort on lui éleva un monument, et l'on fonda un collège pour ses disciples, parmi lesquels Abou Joseph est renommé.

amiral, avaient-ils eu le temps de se rendre à leurs postes, que déjà les bâtiments anglais les plus rapprochés commençaient l'attaque. La flotte française, embossée en ligne courbe, semblait serrer d'aussi près que possible une petite île défendue par une batterie de canons et de mortiers. Mais Nelson, avec une témérité

faisant pénétrer soudain la moitié de ses vaisseaux entre l'ile et la ligne de bataille des Français, pris ainsi à revers du côté de terre. L'autre moitié de son escadre, attaquant de front, jeta l'ancre à une portée de pistolet : la flotte française se trouvait ainsi, par la manouvre hardie de Nelson, placée entre deux feux. Il était six heures du soir, quand le combat commença au bout d'une heure, la plupart des vaisseaux français étaient démâtés et pris. L'amiral Brueys fut tué au moment où l'incendie éclatait sur son vaisseau amiral,

Jusqu'à ce jour les musulmans regardent comme sacrées les prescriptions et l'enseigne-l'Orient, de 120 canons; il fut impossible d'ément d'Abou Hanifah, et ce n'est que dans les pratiques de la dévotion privée qu'on se permettrait de s'en écarter.

M. BERR.

ABOUKIR, le Canopus des anciens; maintenant un village habité par une centaine d'Arabes, avec un château fort, à l'est d'un golfe parsemé

teindre le feu, et ce superbe bâtiment sauta en l'air. Les débris embrasés du vaisseau lancé par l'explosion retombaient de toutes parts sur les bâtiments qui l'entouraient. A peine put-on sauver 70 à 80 hommes sur 1000. Le capitaine Casabianca fut blessé mortellement : son fils,

venus bloquer.

âgé de 12 ans, se fit tuer à ses côtés. Les vais- temps mais l'immense supériorité de celui-ci seaux qui restaient encore continuèrent la ca- les força de battre en retraite, et de rendre nonnade jusqu'au lendemain matin, que fut dé-même le fort d'Aboukir que les Anglais étaient cidée la défaite de la flotte française. Ce combat CONV. LEX. MODIFIÉ. eut lieu du 1er au 2 août 1798. Deux vaisseaux ABOUL ABBAS. Voy. ABBASSIDES. de ligne et deux frégates, sous les ordres de ABOULFARADJ (GRÉGOIRE), ABULFARAGIUS, l'amiral Villeneuve, parvinrent seuls à se sauver nommé aussi BarHebræus, célèbre historien et à Malte et à Corfou. Neuf vaisseaux de ligne médecin de la secte des chrétiens jacobites, étaient pris: un dixième avait sauté, un onzième naquit en 1226, à Malatia ou Mélitine dans l'Asie avait été brûlé par les Français eux-mêmes, Mineure. Il étudia sous son père l'art de guérir, ainsi qu'une frégate : une autre était ensevelie et s'adonna à l'étude des langues arabes et sydans les sables. Ainsi la destruction des forces riaque, de la philosophie, de l'histoire naturelle maritimes de la France, dans la Méditerranée, et de la théologie. En 1244, il se rendit à Antioche, coupant les communications entre ce pays et puis à Tripoli de Syrie, où il fut sacré évêque l'armée d'Égypte, où elle se trouvait aban- de Gouba, n'ayant encore que 20 ans. Il occupa donnée à ses propres ressources, sans pouvoir ensuite le siége épiscopal d'Alep, et devint à être recrutée, ne permettait plus d'espérer la 40 ans mafrian ou primat des jacobites d'Orient. conservation de cette conquête. Il mourut revêtu de cette dignité, en 1286, à Le souvenir de ce désastre fut en partie Meaghah, dans l'Adzerbidjan. Aboulfaradj écrieffacé par la victoire signalée que Bonaparte vit en syriaque et traduisit ensuite en arabe remporta sur les Turcs, après son retour de une Histoire universelle depuis la création Syrie, le 26 juillet 1799. Il avait atteint Mourad du monde. Pococke publia, en 1650, un extrait Bey, échappé à la poursuite de Desaix, et se de cette histoire, et donna en 1665, à Oxford, préparait à livrer à l'intrépide chef des mame- une traduction latine de l'ouvrage entier, en luks un combat décisif, lorsque la nouvelle de 2 vol. in-4o. Le texte syriaque et arabe fut pul'arrivée d'une flotte musulmane dans la rade blié en 1789, avec une version latine, sous le d'Aboukir lui fit craindre pour Alexandrie. Une titre suivant: Abulpharagii Chronicon syriaarmée de plus de 30,000 hommes dont le grand cum, arabicum et latinum, ex versione et vizir Ioussouf avait donné le commandement à cum notis P. J. Bruns et G. G. Kirsch; Moustapha Pacha, débarquait en effet sur cette 2 vol. in-4o, Leipzig. En 1805, il parut un ouplage. Le sultan s'en promettait la destruction vrage intitulé: Chronici syriaci Abulpharades Français et leur expulsion de l'Égypte. Bo- giani e scriptoribus græcis emendati, illusnaparte accourt à la tête de ses braves troupes, trati specimen, auctore A. J. Arnolds, in-4o, dont le total n'excédait guère 6,000 hommes, 1805, Marbourg. Aboulfaradj écrivit lui-même et a bientôt dissipé cette illusion en écrasant sa vie, et laissa aussi beaucoup d'ouvrages de les Turcs 10,000 d'entre eux furent précipi- | philosophie et de théologie, énumérés dans la tés dans la mer; les autres furent tués, en Bibliotheca orientalis d'Assemani, t. 2, p. 244 combattant, ou faits prisonniers avec le pacha, et suivantes. E. CHOPPIN D'ARNOUVILLE. leur général. Cette brillante victoire assura ABOULFAZL, vizir et historiographe de l'empour longtemps encore aux Français la posses-pereur indien Akbar, est surtout fameux par le sion de l'Égypte.

Lorsqu'il fallut enfin l'évacuer, Aboukir fut de nouveau le théâtre d'un événement remarquable par lequel les Français clorent cette campagne immortelle dont les conquêtes profitèrent, sinon à la France, au moins à la république des lettres dont les acquisitions sont devenues l'apanage de l'humanité tout entière. | Le 7 mars 1801, au moment où l'armée répu- 1 blicaine préparait sa retraite, une flotte amena de Rhodes à Aboukir un corps de 6,000 Anglais, bientôt suivis d'une autre division de 6,000 hommes. Les Français, réduits à un petit nombre de soldats, firent néanmoins bonne contenance, et continrent l'ennemi pendant quelque

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tableau qu'il a laissé du règne de ce prince. Il florissait dans la dernière moitié du XVIe siècle de notre ère, et il fut tué en 1603, deux ans avant la mort d'Akbar. L'ouvrage d'Aboulfazl se compose de deux parties, et porte le titre général d'Akbar nameh ou de livre d'Akbar. La première partie traite de l'histoire du prince depuis son avénement jusqu'à l'avant-dernière année de son règne, et renferme de plus une introduction pour les temps qui ont précédé. La seconde partie, qui porte le titre particulier d'Ayin Akberi, c'est-à-dire de miroir d'Akbar, et qui forme un ouvrage complet dans son genre, est un tableau général de la maison des empereurs indiens, telle qu'elle était organisée sous

Akbar; des forces militaires à pied et à cheval, des productions naturelles du sol, de la population de chaque province, et des événements qui s'y étaient passés. On trouve à la fin un tableau des croyances et des pratiques religieuses des Indous, de leur littérature et de leurs sciences. Ce tableau est d'autant plus authentique que les meilleurs ouvrages sanscrits avaient été traduits pour cet objet en persan. Le principal traducteur lui-même était un frère d'Akbar, appelé Feyzi, qui, pour cet effet, avait consenti à se soumettre à toutes les exigences des brahmanes. L'ouvrage en général est tellement estimé des Orientaux, qu'ils lui ont donné le titre de chegref nameh, ou de bon livre par excellence. L'éloquence de style d'Aboulfazl avait donné lieu à ce dicton : « Les monarques de la terre redoutent encore plus la plume d'Aboulfazl que l'épée d'Akbar. » Malheureusement l'auteur a, dans quelques endroits, affecté le style des anciens écrivains persans, de manière qu'on a beaucoup de peine à l'entendre. Il existe une traduction anglaise de l'Ayin Akberi, faite dans l'Inde, par Gladwin; et cette traduction, qui offrait de grandes difficultés, est fort estimée; seulement elle est abrégée en quelques parties. A l'égard de la version persane, on conservait jadis, dans la bibliothèque des empereurs à Dehli, l'exemplaire même qui fut présenté par l'auteur à Akbar. Cet exemplaire, d'une rare beauté, tomba dans les mains du colonel Fohei, lorsque les Anglais entrèrent dans Dehli, et passa plus tard dans la bibliothèque de Langlès. Après la mort de ce savant, il fut acquis par M. Jonathan Scott, orientaliste anglais. REINAUD.

ABOULFÉDA (EMADEDDIN ISMAEL), historien et géographe arabe, était issu du même sang que le grand Saladin, et appartenait à la branche des Ayoubites qui régnait sur la ville de Hamah en Syrie. Il naquit en 1273 de notre ère, et, dès l'âge de douze ans, prit part aux guerres qui eurent pour résultat l'entière destruction des colonies fondées en Orient par les croisés. Il se distingua plus tard dans les guerres des sultans d'Égypte et de Syrie contre les Mongols, alors maitres de la Mésopotamie et de l'Asie Mineure. Après diverses vicissitudes, il fut investi par le sultan d'Égypte de la principauté de Hamah, et mourut en 1351.

Aboulféda est principalement connu en Europe par sa chronique universelle et sa géographie. La chronique est intitulée Ketab almokhtasser fy akhbar albacher, c'est-à-dire Abrégé de l'histoire du genre humain. Cet ouvrage, composé dans un temps où les livres étaient

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rares, et où il fallait qu'un livre tînt lieu de tous les autres, commence à la création du monde et se termine au temps où vivait l'auteur. La portion qui précède Mahomet est traitée d'une manière très-succincte; ce n'est qu'en avançant que les détails se multiplient, jusqu'à ce que l'auteur, arrivant à son époque, se livre à de longs développements. Il résulte d'un plan aussi bizarre, commun, du reste, aux chroniqueurs | chrétiens du moyen âge, que les derniers siècles occupent une place hors de proportion avec celle des premiers. Cette histoire est une compilation abrégée des principaux ouvrages historiques publiés antérieurement, et il serait difficile de déterminer ce qui appartient en propre à l'auteur. Elle passe cependant, et avec raison, pour le monument historique des Arabes le plus important qui ait été publié en Europe. La partie qui est postérieure à Mahomet a été imprimée avec une traduction latine et dés notes par Reiske, en 5 vol. in-4o. Le titre est Annales moslemici, Copenhague, de 1789 à 1794. Le succès qu'a obtenu l'ouvrage n'est pas seulement fondé sur la longue série des siècles qu'il embrasse; on ne peut refuser à l'auteur le mérite de nous avoir conservé, sur bien des points, des faits que nous ne connaissons que par lui. A l'égard de la géographie, elle porte le titre de Ketab tequouym alboldan, c'est-à-dire Livre de la position des pays. Outre l'ensemble du système géographique des Orientaux qu'elle présente, ainsi que la division de la terre en climats, et les tables de latitudes et de longitudes, on y trouve une description détaillée des mers, des lacs, des fleuves, des montagnes, des royaumes et des villes. Il y est également question des cités qui ont anciennement figuré sur la scène du monde, des productions naturelles de chaque pays, des moeurs de ses habitants. On peut seulement regretter que l'état des sciences mathématiques, à cette époque, n'ait pas permis à l'auteur de donner plus d'exactitude à la détermination des degrés de longitude et de latitude, détermination qui est indispensable pour la fixation des lieux, et qui n'a été perfectionnée que dans les temps modernes. Plusieurs savants ont à diverses époques tenté de publier l'ouvrage entier d'Aboulféda, mais jusqu'ici il n'en existe rien de complet. REINAUD.

ABOUL HAKEM. Voy. ABENCÉRAGES et GRENADE (roy, de).

ABOU MACHAR, mots dont on avait fait par corruption en Occident Albu-mazar, est le nom d'un écrivain arabe qui fleurit à Bagdad dans le IXe siècle de notre ère, et qui se rendit célèbre

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On doit au comte d'Aboville une utile invention, celle des roues à voussoir, avec des moyeux de métal. L'Institut a loué cette invention, qui fut exposée en 1802 parmi les produits de l'industrie française, et dont on se sert maintenant pour les vélocifères,

Cet officier général est mort en 1819. Aboville eut deux fils, l'un et l'autre officiers généraux dans l'armée française. L'aîné (Auguste-Ga

par ses ouvrages astronomiques et astrologiques. Le plus fameux est celui qui porte le titre de Olouf ou de milliers d'années. Dans cet ouvrage, Abou Machar a essayé de fixer l'établissement successif des empires et des religions avec le terme de leur durée. C'est ainsi qu'il prétendait que la religion chrétienne ne devait pas se maintenir plus de quinze cents ans. Il n'est pas inutile de dire, pour l'histoire des erreurs de l'esprit humain, que, pendant long-briel), né en 1775, mourut en 1820. Après avoir temps, la réputation d'Abou Machar fut aussi grande en Occident qu'en Orient. Non-seulement plusieurs de ses ouvrages furent traduits en latin, mais, lorsque l'imprimerie fut découverte, on se hâta de les multiplier par la voie de l'impression. REINAUD.

ABOVILLE (D'). Trois officiers généraux d'artillerie, tous trois successivement comtes et pairs de France, ont signalé ce nom dans l'armée.

Le premier, père des deux autres, FRANÇOISMARIE, Comte d'ABOVILLE, né à Brest, le 25 janvier 1730, entra en 1744 en qualité de surnuméraire dans l'artillerie. Il prit, comme colonel, part aux succès glorieux des troupes françaises dans la guerre de l'indépendance américaine. Promu au grade de maréchal de camp en 1789, il fit en 1791 acte de dévouement à l'assemblée nationale, ainsi que d'autres officiers généraux, lors de la fuite de Louis XVI. Quand Dumouriez, en 1792, tenta de soulever l'armée contre la Convention, le général d'Aboville qui commandait, comme lieutenant général, l'armée du Nord et des Ardennes, se déclara contre lui. Successivement nommé premier inspecteur général d'artillerie, après le 18 brumaire, sénateur, grand officier de la Légion d'honneur, titulaire de la sénatorerie de Besançon en 1804, commandant des gardes nationales du Doubs et du Jura en 1805, il fut appelé à Brest, comme gouverneur, en 1809. Ayant adhéré, dès le 3 avril 1814, au gouvernement des Bourbons, il fut nommé pair le 4 juin, et ensuite commandeur de l'ordre de Saint-Louis. Au mois de mars 1815, se faisant l'organe de l'association fraternelle des chevaliers de l'ordre, il offrit à Louis XVIII l'hommage de leur commun dévouement. Nommé, le 2 juin suivant, à la pairie par Napoléon, il lui adressa l'hommage de sa gratitude, ne rejetant que sur ses infirmités l'incapacité qui ne lui permettait pas d'en remplir les devoirs. Aussi ne lui fut-il tenu aucun compte de ce subterfuge, lors du retour du roi. Compris dans l'ordonnance du 4 juillet, et exclu de la chambre, il n'y fut rappelé que par une décision postérieure.

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fait avec distinction la campagne d'Espagne, il devint, après la restauration, commissaire du roi près l'administration des poudres et salpètres. Le cadet (Auguste-Marie), naquit en 1776, et entra dès 1790 dans le corps de l'artillerie, Il prit une part honorable aux guerres de la république et de l'empire, et perdit un bras à la bataille de Wagram; il fut promu au grade de général de brigade et au commandement de l'école d'artillerie de la Fère. Ce fut en cette qualité qu'il fit échouer par ses dispositions, en mars 1815, la tentative des généraux Lefebvre Desnouettes et Lallemand pour s'emparer de cette place. Ce général, héritier des titres de comte et de pair portés par son père et son frère, siégeait au conseil de guerre, devant lequel furent traduits, en 1816, le contre-amiral Linois et le colonel Boyer, comme prévenus d'avoir méconnu l'autorité du roi, à la Guadeloupe, en 1815. AUBERT DE VITRY.

ABRAHAM, le plus ancien et le plus célèbre des patriarches hébreux. C'est à lui que se rattachent les annales du peuple juif, l'alliance divine et les miracles consacrés par l'Écriture. Né à Ur dans la Chaldée, environ 2,000 ans avant J. C., il'descendait, à la huitième génération, de Sem, fils ainé de Noé. Il passa ses premières années dans la maison de son père Tareb; il y fut préservé de l'idolâtrie à laquelle était adonné le reste de sa famille. Fidèle à sa haute vocation et sentant que c'était Dieu même qui l'y appelait, il se rendit au pays de Chanaan avec sa famille, et s'établit à Haran, dans la Mésopotamie. Après la mort de son père, il mena une vie errante, cherchant pour ses nombreux troupeaux de vastes et commodes pâturages. Il visita Sichem, Bethel et de pays de Gerara, d'où il retourna à Bethel. De fréquentes disputes entre ses serviteurs et ceux de Loth, son neveu, amenèrent enfin leur séparation. Abraham resta à Mambré; Loth s'arrêta à Gomorrhe. Abraham, quelque temps après, informé que plusieurs chefs arabes avaient surpris Gomorrhe et enlevé Loth avec toute sa famille, les poursuivit à la tête de ses 318 serviteurs, remporta une

victoire complète et délivra son neveu. Suivant la tradition biblique, Dieu avait révélé l'avenir à Abraham, et il mit le sceau, par le commandement de la circoncision, à l'alliance qu'il formá avec lui et ses descendants. L'âge avancé d'Abraham et de Sara semblait déjà rendre incertain l'accomplissement des promesses divines, lorsque, continue le récit de la Genèse, trois anges entrèrent chez eux sous la figure de voyageurs. Ils étaient envoyés du ciel pour porter un dernier avertissement à Sodome et à Gomorrhe où régnait la plus grande perversité. Ils annoncèrent à Abraham qu'à leur retour Sara serait devenue mère. En effet, quoique âgée de 90 ans, elle devint enceinte; et au temps marqué par les anges elle mit au monde un fils nommé Isaac. Lorsque celui-ci eut atteint sa vingt-cinquième année, Abraham, dans sa fervente piété, crut devoir donner à Dieu une preuve éclatante de sa soumission en lui faisant le sacrifice de ses plus chères affections. Dieu, poursuit toujours la naïve tradition dans son langage allégorique, lui ordonna de sacrifier sur la montagne de Moria cet Isaac, son fils unique. L'infortuné vieillard allait obéir avec résignation au maître suprême de la vie et de la mort: : déjà la victime était sur le bûcher et prête à recevoir le coup fatal, lorsque Dieu, satisfait de l'obéissance de son serviteur, arrêta son bras déjà levé pour l'affreux sacrifice. Sara mourut bientôt après, et Abraham épousa Céthura (Kétoura) qui lui donna encore six enfants. Il mourut âgé de 175 ans et fut enterré à côté de Sara. Les juifs et les Arabes voient également dans Abraham le fondateur de leur race; c'est d'Ismael, fils de sa servante Agar, dont la Bible raconte les touchantes aventures au désert, que les nations ismaélites ont tiré leur origine et leur nom. Aussi, tandis que les Églises grecque et romaine ont placé le nom d'Abraham dans leurs légendes, le Coran en parle également avec respect. Quelques écrivains mahométans soutiennent qu'Abraham avait fait le voyage de la Mecque, et qu'il avait même commencé la construction du lieu saint de cette ville.

Dans l'histoire d'Abraham la fiction se trouve mêlée à la vérité, et les récits des rabbins l'ont rendue encore plus merveilleuse. Flave Josephe (Archæol., 1,7), en avait donné l'exemple à ces derniers il fait d'Abraham un sage qui, né au milieu des idolâtres, serait arrivé par la réflexion et la contemplation des merveilles de la nature à l'idée d'un seul créateur, digne de notre adoration. D'un autre côté, les théolo

giens protestants ont soutenu que le monothéisme des juifs ne date, à vrai dire, que de la législation religieuse, politique et civile de Moïse. Le livre Iézira ou de la création, que lui ont attribué des rabbins modernes, est revendiqué par d'autres, avec un peu plus de fondement, pour le | célèbre Akiba (voy. l'art.). CONV. LEX. MOD.

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ABRAHAM A SANCTA CLARA. Ce prédicateur, fameux dans son temps par l'originalité de son style, naquit le 4 juin 1642, à Krohen-Heimstetten, près de Moskirch, en Souabe, et se nommait primitivement Ulrich Megerle. Il entra, l'an 1662, dans l'ordre des Augustins déchaussés, à Marienbrunn dans la basse Autriche, étudia à Vienne, dans le couvent de son ordre, la philosophie et la théologie, passa comme prédicateur au couvent de Taxa dans la haute Bavière, et fut appelé à Vienne, en 1669, avec le titre de prédicateur de la cour impériale. Il mourut dans ce poste le 1er décembre 1709, à l'âge de 65 ans. Toujours pauvre et content, il visita les malades avec un courage digne d'éloges pendant la peste de 1679. Ses sermons se distinguent par une originalité burlesque et abondent en idées les plus comiques et les plus singulières. Ces qualités, qui étaient parfaitement en harmonie avec le goût de l'époque, lui attiraient de nombreux auditeurs; et comme, outre cela, il était trèspopulaire, et qu'il assaisonnait ses discours de traits mordants, il ne pouvait manquer d'exercer de l'influence. Nous citerons les titres de quelques-uns de ses écrits, parce qu'ils pourront donner une idée du ton qui y règne: Macédoine salutaire; Nid de fous récemment éclos, ou Atelier de beaucoup de fous et de folles, par Abraham a Sancta Clara; Judas l'Archicoquin. D'autres plus singuliers encore sont entièrement intraduisibles. Dans l'un de ces titres, il cherche, par exemple, à imiter le cri de la poule qui pond. Abraham a Sancta Clara était prédestiné par la nature à parler devant le peuple, et sous ce style comique et burlesque se trouve caché un sens solide, joint à une profonde connaissance du cœur humain et à un grand amour de la vérité. C'est avec une franchise pleine de hardiesse qu'il s'emporte contre les désordres de son temps; et, seul dans son style bigarré, mais cependant vif et énergique, il contraste d'une manière frappante avec le froid mysticisme et la subtilité prétentieuse de la plupart des prédicateurs de son siècle. DICT. CONV.

ABRAHAMITES, secte hérétique que les Arabes nommèrent Ibrahimiah, du nom de sou fondateur, Ibrahim ou Abraham. Cet hérésiarque renouvela dans Antioche dont il était natif

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