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des villes qui ont repris pour la plupart leur blason, tel qu'il leur avait été anciennement concédé. Pour nous, nous approuvons leur conduite à cet égard. Il est certain qu'une ville qui n'aurait pas d'armes et qui en demanderait de nos jours recevrait plutôt une abeille qu'une fleur de lis dans son écusson; mais les villes qui ont l'ancien emblème doivent le conserver, tant par reconnaissance, qu'en souvenir de l'époque à laquelle il leur fut concédé, et qui rappelle un fait souvent mémorable.

D'ailleurs, de nos jours, on est bien revenu de ces craintes pusillanimes, et le gouvernement lui-même, avec une justice qui l'honore et que chacun se plait à reconnaître, dans toutes les réparations dont les anciens monuments sont l'objet, entre autres, à Paris, à ce bijou de l'art chrétien qu'on appelle la Sainte Chapelle, et sans aller si loin, à Aix, au chœur de l'église Métropolitaine de St-Sauveur, récemment restauré, tient à ce qu'on conserve scrupuleusement le style de l'époque et fait revivre la fleur favorite de nos anciens rois. Car il comprend qu'un écusson est une sorte de millesime, qu'il appartient à l'histoire, et que le supprimer serait un anachronisme.

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LEMAGNE.-COMTES DE PROVENCE: MAISON DE BOSON, DE BARCELONNE, D'ANJOU. RENÉ ET CHARLES DU MAINE.-RÉUNION DE LA PROVENCE A LA FRANCE.-DIVISION TERRITORIALE. ADMINISTRATION MUNICIPALE ET JUDICIAIRE.

La partie méridionale de la France qu'on appelle la Provence forme aujourd'hui, si l'on y comprend le Comtat, les départements du Var, des Basses-Alpes, des Bouches-du-Rhône, de Vaucluse, des Alpes-Maritimes et une petite partie de la Drôme.

Elle est bornée au levant par le Piémont, au nord par le Dauphiné, au couchant par le Rhône qui lui sert de limite avec le Languedoc et au midi par la mer Méditerranée.

La Provence a du Midi au Nord 40 lieues d'étendue et 32 de l'Est l'Ouest e! elle est comprise entre les degrès 42,44 de latitude et 26,29 de longitude.

Sous les Gaulois, ce pays n'avait point de dénomination propre. Il était alors habité par de nombreuses peuplades, à moitié sauvages, parmi lesquelles on remarquait les Décéates, les Ligauniens, les Oxibiens, les Sueltres, les Salyens, les Désuviates, les Vulgientes, etc. Ces peuples, errants et chasseurs, habitaient les montagnes sans demeures fixes, et disputaient avec les bêtes fauves, de courage et de férocité; ceux qui habitaient les côtes, vivaient de pêche et de piraterie. Ce furent les Phocéens, fondateurs de Marseille, dans cette partie du pays alors habitée par les Ségobriges, qui leur apprirent à se réunir dans une ville et à cultiver avec la vigne et l'olivier tous les autres arbres apportés de la Grèce. Les Marseillais à leur tour fondérent d'autres colonies et ne contribuèrent pas peu à civiliser les indigènes et à porter leur soin vers l'agriculture et l'industrie.

Appelés par les Marseillais, leurs alliés, les Romains entreprirent vers 166 avant Jésus-Christ de porter leurs armes en deça des Alpes. Ce grand peuple dominait déjà dans toute l'Italie; il ne lui restait plus qu'à soumettre les Liguriens qui habitaient le long de la mer depuis Gènes jusqu'au Var. Quelque temps après, les Romains passérent ce fleuve et vers l'année 124 avant Jésus-Chrit ils avaient conquis, et en peu de temps, tout le pays dont nous nous occupons et qui fut appelé Provincia d'où est venu plustard le nom de Provence. Elle fut d'abord comprise dans la Province Romaine, ensuite du temps d'Auguste dans la Province Narbonnaise renfermant le Languedoc, le Vivarais, la Savoie et le Dauphiné. Plustard, vers 368 de Jésus-Christ, lorsqu'on fit la 3me division des Gaules, la Provence forma la Narbonnaise seconde.

Les Romains, en conquérants habiles, établirent une admi

nistration solide dans leurs nouvelles colonies, qui adoptèrent insensiblement leur religion et leurs lois, leurs usages et leurs mœurs. La transformation de cette contrée fut tellement grande que Pline assure que de son temps, la province Narbonnaise était si bien cultivée, si bien administrée et ses habitants si policés qu'on l'aurait prise sans peine pour la plus belle partie de l'Italie.

Mais bientôt l'empire touche à sa décadence, et avec le géant Romain devait aussi tomber cet état florissant. Placée entre les Gaules et l'Italie, la Provence fut bientôt déchirée par tous les parties qui se formèrent en deça des Alpes.

Vers le milieu du Vme siècle, les Bourguignons ou Burgundes, arrivés en 406 par l'Helvétic, en occupèrent, vers 474, la partie occidentale jusqu'à la rive gauche de la Durance; les Visigoths, qui en 412, avaient traversé la Gaule Narbonnaise pour aller s'établir en Espagne, repassèrent les Pyrennées et sous la conduite de leur roi Euric vinrent s'emparer d'Arles et de tout le pays au Sud et à l'Est de la Durance. Plustard Théodoric-le-Grand, roi des Ostrogoths, forma des possessions bourguignones et visigothes une annexe de son royaume d'Italie.

Cette province est ensuite cédée en 536 aux rois de France, descendant de Clovis, par Vitigès, successeur de Théodoric Clotaire Ier la légua en mourant à son fils Gontran, roi de Bourgogne et d'Orléans. Après Louis-le-Débonnaire, fils et successeur de Charlemagne, empereur d'Occident, elle échut en l'année 843, à Lothaire, roi d'Italie. Son fils Charles en hérita en 855 et elle fit alors partie du royaume de Bourgogne Cisjurane et constitua le royaume de Provence qui dura pendant toute la vie du roi Charles, pendant quatorze ans environ. Celui-ci, descendu au tombeau, son état disparut dans un nouveau partage entre ses deux frères.

Charles Ier dit le Chauve, roi de France, maitre de la Provence, en confia le gouvernement à son beau-frère Bozon, qui

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