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dans ses états de Provence. Il fit ensuite la paix avec le roi d'Aragon en lui donnant sa fille Blanche en mariage. Ce prince fit bâtir la belle église de St-Maximin et contribua, bien que faiblement, avec Philippe-le-Bel et le pape Clément V, à la destruction des Templiers en Provence. C'est sous ce règne, en 4308, à l'occasion du grand schisme d'Occident, que Clément V vint s'établir à Avignon où ses successeurs Jean XXII, Benoit XII, Clément VI, Urbain V et Grégoire XI, continuèrent leur résidence, jusqu'en 1376. Charles II mourût saintement en Italie, en 4309; son corps fut déposé dans la chapelle des Dominicains d'Aix. Il avait épousé Marie, fille du roi de Hongrie, qui le rendit père de nombreux enfants, entre autres de St-Louis, évêque de Toulouse, qui naquit à Brignoles, et de Robert qui lui succéda comme comte de Provence et roi de Naples, de Sicile et de Jérusalem.

ROBERT (1309 à 1343), fut un prince débonnaire, joignant une piété solide à une instruction très-étendue. Il épousa d'abord Yolande, fille de Pierre III, roi d'Aragon, qui lui laissa deux fils, Charles et Louis, puis Sance d'Aragon qui ne lui donna point d'enfants. Robert ayant perdu ses fils, laissa ses états à Jeanne sa petite-fille, et mourût à Naples l'an 1343 en odeur de sainteté et revêtu de l'habit de St-François.

JEANNE (1343 à 1382), bonne et passionnée en même temps, eut un règne long et agité. Elle épousa d'abord André de Hongrie, puis Louis de Tarente, en troisièmes nôces Jacques, fils du roi de Majorque, enfin en quatrièmes nôces Othon, duc de Brunswich. De ces différentes unions n'ayant eu qu'un fils qui mourût en bas-âge, elle adopta pour son héritier Louis d'Anjou, fils de Jean, roi de France. Plustard ayant besoin d'argent, elle vendit, le 19 juin 1338, au pape Clément VI la ville d'Avignon moyennant la faible somme de 8,000 florins (48,000 fr.). Obligée de se battre contre Charles de Duras, petit-fils du comte Charles II, Jeanne tomba entre les mains de son ennemi qui la

fit décapiter à Naples l'an 1382 et la Provence tomba dans les horreurs de la guerre civile. Sous ce règne St-Elzéar de Sabran fut canonisé en 1368 par le pape Urbain V.

COMTES DE LA 2me MAISON D'ANJOU.

LOUIS Ier (1382 à 1384), duc d'Anjou, ne régna pas longtemps sur la Provence. Il avait épousé Marie de Blois, fille de Charles et de Jeanne de Bretagne. Dès son arrivée en Provence, il châtia les séditieux, puis passa à Naples où il batit Charles de Duras, mais il mourût sur ces entrefaites en Italie, laissant ses états à Louis d'Anjou, un de ses fils.

LOUIS II (1384 à 1417), n'avait que six ans lorsqu'il succéda en 1384 à son père comme comte de Provence et roi de Naples, de Sicile et de Jérusalem, sous la régence de sa mère Marie de Blois. Ce prince se rendit redoutable à ses ennemis et acheva de détruire le parti de Duras qui désolait l'Italie. Il soulagea ses peuples, confirma les privilèges d'Aix, dota son université déjà établie, créa une cour souveraine dont le président portait le titre de juge-mage. Louis II épousa en 1400 Yolande, fille de Jean, roi d'Aragon et d'Yolande de Bar de Lorraine, dont il eut trois fils: Louis, son successeur, Réné d'Anjou et Charles, comte du Maine, et deux filles: Marie d'Anjou, qui épousa Charles VII, dauphin puis roi de France, et Yolande, mariée au duc de Bretagne. Louis II mourût à Angers l'an 1447.

LOUIS III (1447 à 1434), chassa les Aragonais du royaume de Naples, mais pendant qu'il était dans ce pays, Alphonse, roi d'Aragon, vint fondre à l'improviste sur Marseille. La maladie saisit ce prince dans la Calabre; sentant sa fin approcher et n'ayant pas d'enfant de son mariage avec Marguerite de Savoie, fille d'Amédée VIII et de Marie de Bretagne, il testa en faveur de son frère Réné d'Anjou, et mourût à Cosenza en 1434.

RENÉ D'ANJOU (1434 à 1480), dit le Bon, dès qu'il eut hérité de son frère, céda ses droits sur la Lorraine à Charles de Vaudemont et chercha à soumettre les rebelles de Naples et de Sicile sans pouvoir y réussir. Dés-lors, il ne songea plus qu'à vivre tranquillement sur le reste de ses états et ne chercha plus qu'une chose, à rendre son peuple heureux. Ce prince dont on ne saurait prononcer le nom sans y joindre l'épithète de bon, protégeait les arts qu'il cultivait avec succès, encourageait avec soin l'agriculture et était enfin doué de toutes les vertus. Il autorisa le franc-alleu du territoire d'Aix en 4470, établit l'ordre militaire du croissant et institua à Aix les jeux curieux et excentriques de la Fête-Dieu. Il épousa en premières noces Isabeau de Lorraine, de laquelle il eut cinq fils et quatre filles, et en secondes noces Jeanne de Laval qui ne laissa pas de postérité. René le bon, mourût à Aix en 4480, âgé de 73 ans, regretté de tout son peuple qui conserve encore religieusement sa mémoire. Son corps fut porté à Angers. Ayant eu le malheur de perdre tous ses fils, ce bon prince fut forcé de laisser ses états à son neveu, Charles d'Anjou, par son testament du 22 août 1474.

CHARLES III D'ANJOU (4480 à 1481), dit du Maine, roi de Naples, de Sicile et de Jérusalem, fut le 23me et dernier comte de Provence. Il était fils de Charles, comte du Maine et d'lsabelle de Luxembourg. Il avait épousé Jeanne de Lorraine, fille de Ferry de Lorraine, comte de Vaudemont et d'Yolande d'Anjou, fille du bon comte René, qui lui survécut sans enfants. Inquiété dans la possession de ses états par le roi d'Aragon et d'autres princes, Charles, d'une santé délicate, prit la résolution qui lui avait été manifestée par son prédécesseur, de laisser le comté de Provence à son cousin Louis XI, roi de France, et à ses successeurs. Charles du Maine mourût peu de temps après avoir fait son testament qui fut signé à Marseille le 10 décembre 1481; il avait régné dix-sept mois. Son corps fut enseveli dans l'église St-Sauveur d'Aix.

La Provence ne fut définitivement réunie à la couronne de France que sous Charles VIII qui accepta solennellement cette province aux conditions fixées par les États-Généraux tenus en 1487, conditions qui garantissaient l'indépendance politique du pays. Le roi de France jura de maintenir les franchises, statuts, prérogatives, us et coutumes de la Provence, réunie à la grande monarchie non comme un accessoire à un principal, mais comme un principal à un autre principal. Ainsi rattachée à la France après six siècles et en conservant ses lois fondamentales, la Provence participa dès lors au mouvement social qui poussait un grand peuple à de hautes destinées.

Jusqu'au règne de Louis XV, inclusivement, le parlement d'Aix mit toujours en tête de ses arrêts: de par le roi, comte de Provence et de Forcalquier..... et les rois de France euxmêmes prirent ce titre dans tous les édits adressés aux États de la province. Cet usage ne cessa que lorsque le petit-fils de Louis XV, le frère de l'infortuné Louis XVI, qui devait plustard règner sous le nom de Louis XVIII, eut reçu lui-même en naissant ce titre de comte de Provence.

Le patois ou mieux la langue provençale est un dérivé du latin. Remarquable par sa douceur et par son rythme, cette langue fut une des premières cultivées au moyen-âge. Comme on le sait, la Provence fut le berceau et la patrie des troubadours.

Avant la révolution de 4789, on divisait la Provence en haute et en basse. La haute, au nord, comprenait six diocèses: Sisteron, Apt, Digne, Sénez, Riez et Glandevès, et quatre sénéchaussées: Castellane, Digne, Sisteron et Forcalquier.

La basse, au midi, comprenait sept diocèses: Arles, Aix, Marseille, Toulon, Fréjus, Grasse et Vence; et huit sénéchaussées: Aix, Draguignan, Arles, Marseille, Toulon, Hyères, Brignoles et Grasse.

A l'époque de la réunion du comté à la France, il était divisé en 26 circonscriptions administratives connue les unes sous le nom de viguerie, les autres sous celui de bailliage, d'autres

enfin sous celui de vaux ou vallées. Les vigueries (vicaria) étaient: Aix, Hyères, Draguignan, Grasse, Forcalquier, Tarascon et Lorgues; les bailliages (bajulia): St-Maximin, Barjols, Aups, Brignoles, Toulon, St-Paul, Sisteron, Apt, Digne, Moustiers, Guilleaumes, Seyne, Colmars et Castellane; et les vaux ou vallées: Martigues, Lambesc, Tretz, Rians et Barrême.

Au commencement du XVIe siècle le nom de viguerie prévalut et François Ier par un édit de mars 1544, supprima les baillages avec les baillis et les remplaça par les vigueries ayant à leur tête un viguier, dont l'office subsista jusqu'en 1749 époque à laquelle il fut supprimé comme office de judicature.

Les vallées subirent le même sort des bailliages et il ne fut plus conservé que celle de Barrême, qui a subsisté jusqu'à la révolution.

Voici la nomenclature des vigueries à cette époque dans l'ordre des affouagements; elles étaient au nombre de vingttrois, formant un total de 680 communes, en y comprenant le Val de Barrême: Aix, Tarascon, Forcalquier, Sisteron, Grasse, Hyères, Draguignan, Toulon, Digne, St-Paul, Moustiers, Castellane, Apt, St-Maximin, Brignoles, Barjols, Guilleaumes, Annot, Colmars, Seyne, Lorgues, Aups et Barrême.

Chacune de ces vigueries députait le maire premier consul du chef-lieu de viguerie à Lambesc où se tenaient chaque année les assemblées générales des communautés. Quelques autres villes avaient à cause de leur importance le droit de députer aux États, s'étaient: Fréjus, Riez, Pertuis, Manosque, St-Remy, Reillane, les Mées, Antibes, Valensole, Lambesc. Tretz, Cuers, Rians, Olioulles et Martigues.

Quant à la ville de Marseille, qui avait une administration particulière, ainsi qu'une cotisation séparée, et à celle d'Arles, qui faisait partie avec Salon et quelques autres communes des terres adjacentes, elles envoyaient alternativement et à tour de rôle un député à l'assemblée générale. Les terres adjacentes, au nombre de 25 lors des États tenus en 1789, ne faisaient point

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