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Mais le médecin ne doit point borner là ses recherches ; il examinera avec le plus grand soin si l'individu n'aurait pas été assassiné avant de tomber dans l'eau, et si les meurtriers n'auraient pas eu recours à la submersion pour mieux faire prendre le change; il déter

dans les veines, nous en avons vu distendre la dure-mère comme un ballon, enfler le scrotum, et causer l'érection du pénis, occuper la cavité des membranes séreuses, former au-dessous de ces membranes des bulles arrondies et multipliées, donner lieu aussi à un emphysème sous-muqueux, soit dans le canal intestinal, soit dans la vessie. Ce dernier phénomène n'est pas sans importance; il prouve qu'on a trop exclusivement considéré l'emphysème sousmuqueux comme le résultat d'un travail inflammatoire.

Dessèchement de certaines parties. Nous n'avons pas vu sans étonnement quelques membranes desséchées et endurcies comme du parchemin sur des cadavres qui avaient séjourné de 3 à 5 mois dans l'eau : c'étaient en général les portions des membranes séreuses qui avaient été en contact avec les gaz; la petite quantité de ces derniers ne permet cependant pas de supposer qu'ils aient absorbé l'humidité des membranes qui les contenaient. Nous avons observé cette dessiccation dans les plèvres, le péricarde, le péritoine.

Etat du foie. Plusieurs fois nous avons remarqué à la surface et dans les vaisseaux du foie des cadavres qui étaient restés pendant trois, quatre ou cinq mois dans l'eau, une quantité prodigieuse de petits grains blanchâtres, brillans, comme cristallins, et dont la nature, ainsi que le mode de formation, nous sont encore inconnus.

minera en conséquence s'il ne découvre point des traces d'empoisonnement, d'étranglement, d'asphyxie par les gaz délétères, de blessures, etc. : souvent il trouvera sur le front, aux tempes et sur quelques autres parties du corps, des contusions, des plaies contuses, des ecchymoses; il s'attachera alors à décider si elles ont été faites avant ou après la mort. Si tout porte à croire que l'individu ait été blessé avant la mort, on recherchera d'après la forme des blessures, celle de l'instrument qui les a produites, en se rappelant toutefois que des lésions de ce genre peuvent être le résultat de la violence avec laquelle l'individu qui s'est jeté à l'eau a heurté contre des corps durs qui se trouvaient au fond du liquide, ou de la chute d'un lieu élevé, pendant laquelle le corps aurait frappé contre des pierres, des rochers; en un mot, il aura égard à toutes les circonstances dont nous parlerons à l'occasion des bles

sures.

SECONDE QUESTION. Lorsqu'un individu vivant a été submergé, est-il tombé dans l'eau par accident? s'y est-il précipité? ou bien a-t-il été noyé par une main homicide?

Admettrons-nous avec les auteurs modernes que dans la submersion par accident, la mort est la suite de l'asphyxie spasmodique, et que rarement les poumons sont le siége d'un engouement, tandis qu'il y a asphyxie par engouement dans le cas de suicide, parce que le noyé fait de vains efforts pour respirer, et qu'enfin dans la submersion par homicide, l'asphyxie est spasmodique sans engouement, comme dans le premier cas, parce

que l'individu est surpris par une violence imprévue? Des assertions de ce genre, basées sur des espèces d'asphyxie que nous avons dit ne pas exister avec les caractères qu'on leur a assigné (voyez page 282), ne peuvent satisfaire aucun esprit juste, et ne doivent jamais figurer dans un rapport médico-légal, sous peine de vouloir passer pour n'avoir jamais ouvert un seul cadavre de noyé.

Avouons franchement que, dans beaucoup de circonstances, l'art ne possède aucun moyen de résoudre le problème : comment reconnaître, par exemple, si le cadavre submergé appartient à un individu qui s'est jeté volontairement à l'eau ou qui s'est noyé en nageant, ou bien à un autre individu qui aurait été poussé dans la rivière ou dans la mer, étant sur le bord de l'eau? Confions aux magistrats le soin de déterminer jusqu'à quel point la nature du lieu, qui peut être désert ou habité, l'élévation des bords du précipice, l'existence d'un poids attaché au corps, d'un lien qui unit les mains, le désordre des vêtemens, etc., peuvent éclairer la question, et bornons-nous à rechercher si l'individu dont il s'agit ne devait pas être naturellement porté à se suicider (voyez SUICIDE, p. 160); s'il n'éprouvait point des vertiges, s'il n'était point sujet à des accès d'épilepsie, d'hystérie, etc; s'il n'offrait point des blessures ou d'autres lésions qui annonceraient qu'il a été assassiné, qu'il s'est précipité, qu'on l'a précipité, ou qu'il a voulu se détruire. (Voyez BLESSURES.)

La résolution de ce problème ne présentera aucune difficulté, s'il s'agit d'un nouveau-né qui a été submergé vivant, car il est évident qu'il a été noyé par une main

homicide. Nous avons été requis le 21 avril 1827 par M. le procureur du roi, pour déterminer la cause de la mort d'un enfant nouveau-né qui avait été retiré de la Seine trois jours auparavant. Cet enfant, parfaitement constitué, à terme, et viable, avait respiré complétement: le thorax était bombé, les poumons développés recouvraient en grande partie le péricarde; ils étaient crépitans, de couleur rosée, et plus légers que l'eau sur laquelle ils nageaient, même lorsqu'ils étaient unis au cœur ; ils contenaient une quantité notable de sang, et n'étaient le siége d'aucune altération; leur poids était d'une once quatre gros et quarante-huit grains; pressés dans l'eau, même avec force, ils continuaient à surnager. Le cadavre n'offrait aucun indice de putréfaction. Le cordon ombilical, long de douze pouces, n'était ni lié, ni flétri, ni desséché. Le larynx, la trachée-artère et les bronches renfermaient une certaine quantité d'un liquide aqueux, et beaucoup d'écume non sanguinolente. Tous les autres organes étaient dans l'état naturel. La bouche, les narines et les autres ouvertures étaient libres. On ne voyait à la surface du corps aucune trace de violence exercée par un corps contondant, piquant ou tranchant. Il n'était pas difficile de conclure que cet enfant avait vécu, et que sa mort était le résultat de la submersion.

TRENTE-TROISIÈME LEÇON.

De l'Asphyxie par strangulation.

Nous rangeons sous ce titre tout ce qui se rapporte à l'étranglement et à la suspension. Dans la simple stran

gulation, la mort doit être attribuée à l'interruption de la respiration, déterminée par le resserrement de la trachée-artère; nous admettrons aussi que par suite de la compression des veines jugulaires, il se fait une con gestion sanguine dans les vaisseaux de l'encéphale ; mais nous sommes loin de regarder la stagnation du sang dans les vaisseaux de la tête, comme cause de ce genre de mort. La mort par suspension est également le résultat de l'interruption de la respiration, mais les causes qui empêchent l'air d'entrer dans les poumons sont différentes: 1o tantôt il y a, comme dans le cas précédent, strangulation, c'est-à dire resserrement de la trachéeartère; 2° dans certaines circonstances il y a luxation, ou fracture, et peut-être même diduction de la colonne vertébrale et lésion de la moelle épinière, lésion qui est immédiatement suivie de l'asphyxie aussi la vie cesse alors dans l'instant même, tandis qu'on observe le contraire dans les autres cas; 3° il n'est pas rare enfin, comme l'a fort bien observé M. Deslandes, que l'asphyxie soit le résultat de l'occlusion de l'orifice guttural du larynx. Cette occlusion peut être opérée de plusieurs manières; le plus souvent, dit M. Deslandes, le lien après avoir été appliqué à la base du col, glisse à cause de la forme de celui-ci et du poids du corps, jusqu'à ce qu'il soit arrêté par la saillie de l'os maxillaire inférieur: alors il comprime fortement l'espace qui est entre cet os et le larynx, soulève les chairs placées sous la base de la langue, et par suite cette base elle-même qui se trouve alors appliquée contre l'épiglotte, qu'elle abaisse sur l'ouverture laryngée, qui de la sorte se trouve close. (Revue médicale. Avril 1824.)

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