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moment de la combustion, et qu'il aurait été difficile de prouver que le phénomène dépendait d'un état électrique du sujet. Nous ne pousserons pas plus loin l'examen des causes occasionelles, parce qu'il nous serait impossible, dans l'état actuel de la science, d'établir autre chose que des conjectures dont le vague se ferait bientôt sentir.

Phénomènes de la combustion humaine spontanée. On observe dans les premiers temps une flamme peu vive, bleuâtre, difficile à éteindre par l'eau, et à laquelle souvent ce liquide donne plus d'activité; bientôt après elle disparaît, et on lui voit succéder des escarres profondes, des convulsions, le délire, des vomissemens, la diarrhée, un état particulier de putréfaction et la mort. La combustion marche avec une rapidité étonnante, mais quelle que soit son intensité,

le

corps n'est jamais complètement incinéré ; quelques parties sont à moitié brûlées ou torréfiées, tandis que d'autres sont réduites en cendres; on ne trouve à la place de celles-ci qu'une petite quantité de matière grasse, fétide, et un charbon léger, onctueux et odorant (1). Il est assez ordinaire de voir les doigts, les

(1) On lit dans un journal allemand un exemple récent de combustion spontanée locale sans destruction de la partie primitivement affectée. Une couturière, âgée de 17 ans, était occupée à coudre, dans la soirée du 21 février 1825, lorsqu'en voulant enlever une bougie placée sur une croisée, elle ressentit tout à coup une chaleur forte et extraordinaire dans tout le corps, en même temps qu'une brûlure cuisante à l'indicateur de la main gauche. Au même instant ce doigt

orteils, les pieds, les mains, quelques vertèbres et quelques portions du crâne échapper à la destruction complète, tandis que le tronc se consume presque en entier. Les meubles en bois et les autres corps combustibles placés à une certaine distance de l'individu, ne brûlent pas ou ne brûlent qu'incomplétement; les vêtemens dont il est couvert sont au contraire entièrement détruits. Les murs et les meubles sont tapissés d'une suie épaisse, grasse, très-noire et fétide; une odeur empyreumatique désagréable se fait sentir dans la chambre.

Il n'est guère possible de confondre les phénomènes qui précèdent, avec ceux que l'on observe dans la combustion ordinaire, dont la marche, d'ailleurs, est beaucoup plus lente: on sait combien les anciens éprouvaient de peine à consumer entièrement le corps des criminels, et qu'ils ne pouvaient atteindre ce but qu'en employant des quantités de bois fort consi

fût entouré d'une flamme azurée, longue d'un pouce et demi environ, qui répandait une odeur sulfureuse, qui n'était visible que dans l'obscurité, et que l'eau semblait activer. La paume de la main ne tarda pas à être parsemée de petits vésicules qui avaient de la ressemblance avec celles qui se manifestent après les brûlures; le thermomètre placé dans cette main marquait 25°, tandis qu'il ne montait qu'à 17° dans la main droite. Plusieurs autres vésicules se développèrent successivement à l'indicateur, au doigt annulaire, au medius, etc., et ce ne fut que le 5 mai que la malade sortit parfaitement guérie de l'hôpital. (Litterarischen Annal der Gesamm. Heilkunde, août 1825.)

dérables, après avoir coupé le cadavre en plusieurs

morceaux.

QUARANTE-CINQUIÈME LEÇON.

Des taches de sang sur les instrumens en fer et sur les étoffes.

Les médecins sont souvent requis par les tribunaux pour déterminer si des taches que l'on remarque sur des instrumens en fer ou en acier, ou sur du linge, sont produites par du sang. Cette matière ayant fait l'objet d'un travail publié par M. Lassaigne, en 1825, nous croyons, pour ne pas être accusés de plagiat, devoir annoncer que, dès l'année 1823, nous l'avions traité dans une de nos leçons à la Faculté de Médecine: du reste, si nos expériences ont quelque analogie avec celles de ce chimiste distingué, on verra qu'elles en different sous plusieurs rapports, et surtout qu'elles embrassent la question d'une manière bien plus vaste. Nous croyons devoir examiner successivement les lames de fer ou d'acier et les étoffes tachées.

Lames de fer ou d'acier. Les taches produites par le sang sur ces instrumens peuvent être confondues avec celles que déterminent le jus de citron et la rouille. I importe par conséquent de les étudier comparative

ment.

Caractères des taches de sang desséché. Les points de la lame sur lesquels il n'y a eu qu'une petite quantité de sang sont d'un rouge clair; ils offrent au contraire une couleur brune foncée partout où le sang a été

déposé en plus grande quantité. En exposant à une température de 25 à 30° les portions de cette lame où se trouve une couche de sang d'une épaisseur appréciable, celui-ci se soulève par écailles, et laisse le métal assez brillant. En chauffant dans un petit tube de verre une portion de sang desséché, on obtient un produit volatil ammoniacal qui ramène au bleu la couleur du papier de tournesol, que l'on a préalablement disposé à la partie supérieure du tube. Lorsqu'on verse sur la tache de d'acide desséché une goutte sang hydrochlorique pur, la tache ne jaunit pas, ne disparaît pas, et le fer ne devient pas brillant, comme cela a lieu avec la tache produite par le jus de citron ou par la rouille. En plongeant dans l'eau distillée la portion de la lame tachée, on ne tarde pas à apercevoir des stries rougeâtres, qui vont de haut en bas, et bientôt la matière colorante se trouve ramassée au fond du liquide: celui-ci reste incolore, excepté dans sa partie inférieure: si, à cette époque, on retire la lame, on observe que les parties tachées qui ont été ainsi traitées par l'eau offrent des filamens blanchâtres ou d'un blanc légèrement rougeâtre; ces filamens, formés par la fibrine du sang, pourraient très-bien n'être pas aperçus si la tache sur laquelle on a opéré était peu épaisse. Le liquide aqueux dont on a retiré la lame de fer étant agité avec un tube de verre, acquiert une couleur rosée ou rouge, suivant qu'il a entraîné une plus ou moins grande quantité de matière colorante. Il jouit de propriétés remarquables : il ne rétablit pas, même au bout de quelques heures, la couleur du papier de tournesol rougi par un acide; le chlore,

employé en petite quantité, le verdit sans le préci piter; si on en ajoute davantage il le décolore sans lui faire perdre sa transparence, mais bientôt après il le rend opalin, et finit.par y former un dépôt de flocons blanchâtres : l'ammoniaque ne change pas sensiblement sa couleur, tandis qu'elle altère plusieurs couleurs rouges végétales, comme la cochenille, le bois de Brésil, etc.; l'acide nitrique y fait naître un précipité blanc grisâtre, et la liqueur est à peu près décolorée ; l'acide sulfurique concentré n'y occasione un précipité semblable que lorsqu'il est employé en assez grande quantité ; l'hydrocyanate ferruré de potasse ne le trouble point; l'infusion aqueuse de noix de galle y détermine un précipité de la même nuance que celle du liquide; aussi celui-ci se décolore-t-il, ou du moins ne conserve-t-il après avoir été filtré que la couleur jaunâtre de l'infusion de noix de galle éten⚫ due soumis à l'action de la chaleur, le liquide dont nous parlons se coagule, à moins qu'il ne soit trèsétendu d'eau, car alors il devient simplement opalin d'abord, et ne se coagule que lorsqu'on a évaporé une quantité notable d'eau par l'ébullition. Si au lieu de retirer la lame de fer tachée de sang au moment où le liquide est coloré en rouge à sa partie inférieure; on la laisse pendant plusieurs heures dans l'eau avec le contact de l'air, le fer passe à l'état de tritoxyde jaune rougeâtre, qui reste en grande partie suspendu dans la liqueur et lui communique une teinte jaunâtre; une autre portion de ce tritoxyde, en se déposant, se mêle à la matière colorante rouge qui occupe le fond du vase et en altère la couleur; mais il suffit de filtrer pour sé

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