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des animaux à sang froid sont elliptiques, il n'en est pas moins certain qu'on peut apercevoir, lorsqu'on agit sur du sang détaché d'un linge, des globules elliptiques dans le sang des mammifères et des globules sphériques, ainsi que des corpuscules triangulaires, carrés, etc., dans le sang des oiseaux, ce qui dépend probablement d'un atome de poussière ou du tissu de l'étoffe qui sont unis au sang : il est aisé de concevoir en effet qu'un globule qui eût été sphérique, vu seul, présente une autre forme lorsqu'il est accolé à un corps étranger.

Ajoutons qu'il paraît résulter d'observations nombreuses faites par Hewson, que chez les animaux dans lesquels, à un certain âge, on trouve les corpuscules elliptiques les plus caractérisés, on n'aperçoit, quand ils sont très-jeunes, que des globules circulaires. (Hewsoni Opera omnia. Tabula prima. Lugduni Batavorum, an. 1785.) Ne sait-on pas, d'une autre part, combien il est difficile, quand on n'en a pas l'habitude, de faire de bonnes observations microscopiques? Ces diverses considérations nous portent à ne pas attacher à ces observations autant d'importance qu'on a cru devoir le faire pour résoudre le problème qui nous occupe, et à leur préférer, en général, les observations chimiques dont nous venons de parler.

Pour justifier cette conclusion, nous croyons devoir déclarer qu'après avoir examiné dans plusieurs séances, et à plusieurs reprises, à l'aide d'excellens microscopes, du sang humain et de pigeon détaché des étoffes, non-seulement il nous était souvent difficile de les dis. tinguer l'un de l'autre, mais même quelquefois de re

connaître que c'était du sang. Que l'on juge maintenant de l'embarras dans lequel se trouverait un médecin qui ne s'est jamais livré aux recherches microscopiques. On dira peut-être que nous nous y sommes mal pris, que nous n'avons pas rempli toutes les conditions: soit, mais alors nous demanderons à notre tour que l'on indique ces diverses conditions, et surtout les nombreuses sources des erreurs qui peuvent être commises.

DES TACHES DE SPERME.

Nous avons dit à la page 111 du tome Ier que le médecin pourrait être quelquefois appelé pour décider si des taches existant sur le linge étaient formées par du sperme. La solution de ce problème repose sur ce fait, que les caractères des taches de sperme diffèrent de ceux que présentent la matière des divers écoulemens qui se font par le vagin et par le canal de l'urètre, le mucus, la salive, etc., comme on pourra s'en convaincre par les détails suivans:

Caractères des taches de sperme sur le linge. Ces taches, que nous supposerons déjà parfaitement desséchées, sont en général minces, de couleur légèrement jaunâtre ou grisâtre, peu apparentes, au point que, pour les bien apercevoir, on est souvent obligé de placer le linge entre l'œil et la lumière : pressées entre les doigts elles sont légèrement rudes, et résistent comme si elles eussent été empesées, tandis que les parties du linge qui n'ont pas été tachées conservent leur mollesse; elles sont inodores, à moins qu'on ne les humecte, car alors on ne tarde pas à sentir l'odeur de sperme. Si on approche du feu le linge ainsi taché,

au bout d'une ou de deux minutes toutes les portions salies par du du sperme deviendront d'un jaune fauve, tandis que les autres parties ne se coloreront pas, à moins que le linge n'ait été placé assez près du feu pour roussir : ce caractère, qui n'appartient à la matière d'aucun des écoulemens morbides que nous avons examinés, permet de distinguer sur l'étoffe plusieurs petites taches blanchâtres, qu'il était impossible d'aper cevoir avant de l'avoir chauffée. Dans cette expérience, le sperme ne paraît avoir éprouvé qu'un grand degré de dessiccation, puisqu'en laissant dans l'eau distillée, pendant quelques heures, le linge ainsi jauni, il perd sa couleur, et le liquide acquiert toutes les propriétés de la dissolution du sperme dans l'eau.

Lorsqu'on plonge pendant quelques heures dans l'eau distillée froide les lambeaux tachés, on voit qu'ils s'humectent dans toute leur étendue, ce qui n'arriverait pas pour les parties tachées si elles étaient salies par de la graisse en ayant soin de presser de temps en temps ces lambeaux à l'aide d'un tube de verre, on voit qu'ils ne tardent pas à se décolorer et à se désempeser, mais ils deviennent visqueux, et répandent une odeur spermatique, comme on peut s'en assurer en les comprimant entre les doigts. Le liquide, d'un blanc laiteux, troublé par une multitude de flocons et par les fibrilles qui se sont détachées du linge, tarde beaucoup à s'éclaircir si on le filtre et qu'on le fasse évaporer à une très douce chaleur dans un petit verre à montre, on remarque des phénomènes dont on peut tirer beaucoup de parti pour reconnaître le sperme : 1° il est alcalin : quelquefois cependant il ne rétablit la couleur du pa

pier de tournesol rougi par un acide qu'après avoir été concentré par la chaleur; 2° si on l'évapore à un feu doux, il offre pendant l'opération l'aspect visqueux d'une dissolution gommeuse; il ne se coagule point, quoiqu'il laisse déposer quelques flocons glutineux, et sa consistance est tellement particulière qu'il est difficile de ne pas accorder de l'importance à ce caractère; 3 lorsqu'il est évaporé jusqu'à siccité, il laisse un résidu demi-transparent, semblable au mucilage desséché, luisant, de couleur fauve ou à peine fauve, décomposable comme toutes les matières azotées à une température plus élevée, et qui, étant agité pendant deux ou trois minutes dans l'eau distillée froide, se partage en deux parties, l'une glutineuse, gris jaunâtre, adhérente au doigt comme de la glu, insoluble dans l'eau et soluble dans la potasse, l'autre soluble dans l'eau; 4o la dissolution aqueuse filtrée est incolore, légèrement jaunâtre ou jaune, transparente, et donne un précipité blanc floconneux, par le chlore, l'alcohol, l'acétate et le sous-acétate de plomb et le sublimé corrosif; l'acide nitrique pur et concentré lui communique une légère teinte jaunâtre, si elle est incolore, mais ne la trouble pas, tandis qu'il a constamment précipité ou blanchi la matière des divers écoulemens morbides désignés plus haut; la teinture alcoholique de noix de galle y fait naître un dépôt blanc grisâtre abondant; l'infusion aqueuse a agi de la même manière toutes les fois qu'elle était récente.

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Mis dans l'alcool à 38 degrés, pendant vingt-quatre heures, le linge taché de sperme ne se désempèse pas, et la liqueur ne précipite pas par l'eau; cependant l'alcool

dissout une petite quantité de matière, car en l'éva porant jusqu'à siccité on obtient un léger résidu.

On concevra facilement qu'on ne peut tirer aucun parti des observations microscopiques pour reconnaître les taches dont nous parlons : les animalcules découverts dans le sperme humain par Leewenhoeck, fréquemment observés depuis par de Gleicher, Buffon et Spallanzani, et dont MM. Prévost et Dumas ont constaté l'existence dans tous les animaux mâlés en état de puberté, ne sont plus appréciables lorsque, après avoir desséché le sperme sur un linge, on le délaie dans de l'eau pour l'examiner au microscope; en effet, quel que soit le ménagement que l'on apporte dans cette opération, les animalcules sont tellement désunis dans plusieurs points de leur corps qu'il n'est plus possible de les apercevoir. Il n'en serait pas de même s'il s'agissait de distinguer du sperme déposé et séché sur une lame de verre ; les animalcules dont il s'agit n'ayant été ni froissés ni désunis dans ce cas, sont on ne peut plus visibles quoique sans mouvement; nous les avons parfaitement reconnus sur du sperme desséché depuis dix-huit ans. Mais c'est surtout immédiatement ou peu de temps après l'éjaculation, par exemple une demiheure, une heure et même deux heures après, que la présence de ces animalcules est facile à constater; car alors, indépendamment de leur forme qui ressemble à celle d'un tétard, ils exécutent des mouvemens trèsmarqués, et l'on pourrait à la rigueur prononcer d'après la seule existence d'animalcules ainsi conformés, que la liqueur soumise à l'examen est du sperme, puisqu'on ne les observe avec les mêmes caractères dans

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