de fon efprit, de fa science & de fa vertu.

XIV.

XXXVI. M. de Barcos Abbé de faint Cyran, Démême Ouvra

fenfeur du

ge.

Martin de Barcos étoit né à Baionne d'une 'honnête famille de la ville. Il étoit neveu par fa mere de l'illuftre Jean du Vergier de Hauranne, Abbé de faint Cyran, qui lui donna les premiers élémens des fciences, & le forma à la piété. Enfuite il fut envoié à Louvain avec M. d'Anguibert fon coufin Dict. de Mor. germain, pour finir les études auprès du favant Janfénius, depuis Evêque d'Ypres, intime ami de M. du Vergier. Quelques années après, celui-ci le donna par pure amitié à M. d'Andilli, pour prendre foin de l'éducation de fon jeune fils, l'eftimant plus heureux dans une telle occupation qu'à la Cour du Cardinal de Richelieu, qui l'avoit fait demander pour le prendre auprès de fa perfonne. M. d'Anguibert qui fervoit comme de Secrétaire à M. du Vergier, étant mort, M. de Barcos alla prendre fa place auprès de fon oncle, qui cultiva tellement sa fcience & fa piété, qu'il en fit un faint & favant Eccléfiaftique. M. de faint Cyran n'entreprenoit rien de confidérable, fans confulter fon neveu de Barcos. Il le fit entrer dans les travaux, & lui fit fuivre fes études. Ce fut alors que M. de Barcos fe lia étroitement avec M. Arnauld le Docteur avant qu'il fût enveloppé dans la grande affaire du Livre de la Fréquente Communion. Les Jéfuites firent tout ce qu'ils purent pour les faire aller tous deux à Rome, dans l'efpérance de fe voir délivrés de ces deux puiffans adverfaires. Après la mort de M. du

Vergier, la Reine Mere donna fon Abbaïe de faint Cyran à M. de Barcos, dont elle connoifloit le rare mérite. Il en prit poffeffion le 9. Mai 1644. & réfolut aufli-tôt d'y mettre la réforme.

Au bout de quelques années, il alla s'y renfermer, & donner lui-même l'exemple de ce qu'il vouloit faire pratiquer aux autres. Il commença par rebâtir tout à neufles lieux réguliers, releva les ruines de l'Eglife, meubla la Sacriftie, enrichit la Bibliothèque. Enfuite il rétablit la réforme la plus exacte que l'on ait vue dans l'Ordre de S. Benoît en ces derniers fiécles. Elle confiftoit à fuivre à la lettre la regle de ce faint Patriarche; & lui-même fe trouvoit le premier à tous les exercices du jour & de la nuit, quoiqu'il retin: toujours fon habit Eccléfiaftique, & qu'il n'eût fait aucuns voeux folemnels.

Dans les difputes au fujet du Formulaire, il ne fut pas toujours d'accord avec MM. Arnauld, Nicole & les autres grands Théologiens. Il avoit quelques idées fingulieres, croiant tantôt qu'on accordoit trop, tantôt qu'on n'accordoit pas affez. Quant au fond de la Doctrine, il étoit du fentiment des autres Théologiens; & même par rapport au Formulaire, on vit dans la fuite qu'il aima mieux courir le rifque de perdre fon Abbaïe que de figner. Le Pere Annat obtint un Ordre qui l'exiloit à Boulogne; mais il fe cacha, n'aiant pas reçu la Lettre de cachet. Il reparut lorfque la paix eut été rendue à l'Eglife, & retourna dans fon Abbaïe, où il mourut en 1678. âgé de 78 ans. Les Jéfuites travaillerent auffitôt à renverfer la réforme nouvellement établie, firent exiler les meil

leurs Religieux, & mirent en leur place de mauvais fujets chaffés de différens Ordres. Voici le Catalogue des Ouvrages de M. de Barcos. 1. Cenfure du Prædeftinatus du Pere Sirmond Jéfuite, in 8°. imprimée en 1643. & réimprimée en 1644. dans un Recueil d'Ecrits touchant la Grace. 2. Rć-ponfe à un Extrait de quelques Propofitions de Janfénius & de fes Sectateurs, &c. Ce prétendu Extrait eft l'Ecrit que M. de Barcos réfuta en 1644. 3. Traité de l'autorité de faint Pierre & de faint Paul, qui réfide dans le Pape, fucceffeur de ces deux Apôtres, in-4°. 1645. M. de Barcos fit cet Ouvrage & les deux fuivans, pour justifier cette propofition; Que S. Pierre & S. Paul font deux Chefs de l'Eglife qui n'en font qu'un, qu'il avoit inférée dans la Préface du Livre de la Fréquente Communion de M. Arnauld, fans l'avis de ce Docteur. Il n'y a que l'efprit de chicane qui ait pû porter les Jéfuites à faire tant de bruit au fujet de cette propofition incidente, qui au fond ne donne pas la moindre atteinte à l'autorité du faint Siége, & à l'unité de l'Eglife. 4. La grandeur de l'Eglife Romaine établie fur l'autorité de faint Pierre & de faint Paul, & juftifiée par la Doctrine des Papes, in-4°. 1645. 5. Epiftola ad Innocentium X. fur le même fujet. M. de Barcos foumit au Pape par cette Lettre fon Traité de la grandeur de l'Eglife Romaine. 6. Eclairciffemens de quelques objections que l'on a formées contre le Livre de la grandeur de l'Eglife Romaine, in-4°. 1646. contre le Pere Pierre de faint Jofeph Feuillant. 7. Un Ouvrage Latin fur l'autorité qu'a faint Auguftin dans l'Eglife,

XXXVII. Catalogue de fes Ouvrages,

1650. M. Guillebert Docteur de Sorbonne a travaillé à cet Ouvrage avec M. de Barcos. 8. Lettre à l'Abbeffe & aux Religieufes de Port Royal, pour les confoler, en 1661. 9. Réponse au Pere Ferrier Jéfuite fur fon Idée du Janfénifme, en 1663. 10. La fimple vérité oppofée à la fauffe idée du Janlénifme, en 1664. 11. Explication de la queftion de Fait, touchant les cinq Propofitions, en 1666. 12. Sentimens de l'Abbé Philereme fur l'Oraifon Dominicale, in-12. à Cologne. C'eft cet Ecrit qui donna la premiere occafion au Traité de la Priere de M. Nicole, qui ne goutoit pas l'Ouvrage de M. de Barcos. 13. Explication du Symbole, de l'Oraifon Dominicale, & du Décalogue en deux volumes in-12. imprimés après la mort de l'Auteur, & plufieurs fois réimprimés depuis. 14. Expofition de la Foi de l'Eglife Romaine touchant la Grace & la Prédeftination, in 8°. & in 12. plufieurs fois réimprimée. Ce fut M. Pavillon Evêque d'Alet qui engagea M. de Barcos à composer cet Ouvrage, que M. le Cardinal de Noailles a condamné en 1696. On a fait voir dans des écrits folides & convaincans, que la doctrine de l'Expofition n'eft pas differente de celle que M. de Noailles expofe dans fon Ordonnance, & que rien n'eft moins réel que le Janfénilme que combat ce Cardinal. Enfin il eft certain que M. de Barcos a eu beaucoup de part au Petrus Aurelius de M. de faint Cyran fon oncle,

ARTICLE XIX.

Difputes fur la Morale. Principes des Jéfuites fur la nature de la juf tice, & fur les regles des mœurs, attaqués par MM. de Port-Royal. Publication des Lettres Provinciales.

I.

LES relâchemens des Jéfuites dans l'ad

I.

Erreurs fur la

ont leur four

fur la Grace.

ce, ne font pas les feuls qu'ils aient intro- Morale. Elles duits dans la Morale: leurs principes fur les ce dans les regles des mœurs font également contraires faux principes à l'Ecriture & à la Tradition; & leurs éga- des Jéfuites remens fur ce point font même plus fenfibles & plus frappants, parce qu'ils ont pour objet des vérités de pratique, & qu'ils produifent un renversement général dans les devoirs de l'homme. Mais ils font une fuite naturelle de leurs erreurs fur la Grace, & font d'affez juftes conféquences des faux principes qu'ils avoient adoptés. Auffi avons-nous vû qu'après les' Congrégations de Auxiliis, ceux qui connoiffoient l'importance & l'étendue des vérités de la Grace, comme Lanuza & Pierre Lombard, Archevêque d'Armach, prévoioient que fi l'on ne réprimoit les excès des Jéfuites fur cette importante matiere, la Théologie changeroit bientôt de face, & fe