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devoit rejeter aucune comme mauvaise par sa nature, parce que tout ce qui vient de Dieu est bon; et que, si le péché a été la cause de l'abus que le démon et les hommes font des créatures, la parole de Dieu et la prière que l'on fait à Dieu de répandre sa bénédiction sur elles, les sanctifie, c'est-à-dire, les met dans l'ordre pour lequel elles ont été créées.

Cette coutume de bénir les choses inanimées, dont les fidèles se servent pour les usages ordinaires, paroît avoir toujours subsisté, par les eucologes et les rituels les plus anciens et les plus modernes de toute l'Eglise, tant latine que grecque et orientale. L'Église fait un ou plusieurs signes de croix sur toutes les choses qu'elle bénit, pour faire comprendre, par ces signes, que, depuis le péché, ce n'est que par les mérites de JésusChrist et par la vertu de sa croix que les créatures peuvent

être bénies de Dieu.

Le péché de l'homme avoit mis une confusion entière dans la nature. Les démons abusoient de toutes les criatures; et les hommes, dominés par les démons, en abusoient aussi pour satisfaire leur cupidité. Ce n'est que par les mérites de JésusChrist et par la vertu de sa croix, que les créatures peuvent être délivrées de cet assujétissement à la vanité, dont parle saint Paul, parce que ce n'est que par la grâce que Jésus-Christ a méritée aux hommes, qu'ils peuvent user des créatures selon Dieu, et que le pouvoir du démon sur elles est lié. C'est dans cette vue que saint Paul dit encore que toutes choses ont été rétablies, réparées, renouvelées par Jésus-Christ dans le ciel et sur la terre: instaurare omnia in Christo qua in cœlis et in terrâ sunt.

C'est pour cela aussi que l'Église, voulant bénir quelque créature et la sanctifier pour l'usage de la religion, commence souvent par faire sur elle des exorcismes avant que de la bénir: car le pouvoir du démon sur les créatures, quoique lié, ne laisse pas d'être grand; Dieu le permettant ainsi, pour exercer les hommes et les porter à la vigilance.

C'est pour la même raison que l'Église jette de l'eau bénite sur toutes les choses qu'elle bér it. L'aspersion de l'eau bénite est une espèce d'exorcisme, comme il paroît par les prières que l'Église emploie en bénissant cette eau.

L'Église se sert aussi d'encens dans plusieurs de ses bénédictions, pour demander à Dieu que les prières qu'elle fait pour

attirer sa bénédiction sur toutes les créatures qu'elle bénit, s'élèvent jusqu'à son trône, comme un parfum d'agréable odeur: Dirigatur, Domine, oratio mea, sicut incensum in conspectu tuo.

Enfin l'Eglise emploie aux consécrations l'onction des saintes huiles et du saint chrême, pour demander à Dieu qu'il daigne répandre l'onction du Saint-Esprit sur ces choses; afin d'obtenir, par la vertu de cet Esprit saint, les effets pour lesquels on les bénit et on les consacre. La grâce du Saint-Esprit est appelée onction dans plusieurs endroits du nouveau Testament : JésusChrist est appelé Christ, c'est-à-dire, Oint par excellence; parce que, comme il le dit lui-même après le prophète Isaïe, l'Esprit du Seigneur s'est reposé sur moi; c'est pourquoi il m'a consacré par son onction: Spiritus Domini super me; propter quod unxit me.

DES BENEDICTIONS RESERVEES,

ET DE CELLES QUI NE LE SONT PAS.

LA bénédiction est un acte d'autorité ; et celui qui la reçoit est, comme dit saint Paul, inférieur à celui qui la donne. Pour observer donc, dans l'Église, l'ordre et la subordination convenables, cette fonction est réservée à ceux qui y tiennent les premiers rangs, savoir, aux évêques et aux prêtres; en sorte meme que, quelques bénédictions qui se rapportent à une fin plus relevée, sont tellement réservées aux évêques, que les prêtres ne peuvent les faire, s'ils n'en ont une commission spéciale. Il y a encore d'autres bénédictions réservées aux évêques, que l'on n'accorde pas aux prêtres la permission de faire, et dont nous ne dirons rien ici.

Il est donc du devoir des prêtres de bien connoître quelles béné dictions ils peuvent faire, et celles qui sont réservées de droit

aux évêques, de peur que, par témérité ou par une inconsidé

ration criminelle, ils n'encourent les peines canoniques portées pour les ecclésiastiques qui excèdent leurs pouvoirs.

On trouvera dans chaque rituel quelles sont les bénédictions réservées aux évêques, et quelles sont celles qu'on appelle sacerdotales, que les prêtres peuvent faire. Nous observerons seulement encore ici, que c'est pour empêcher les abus que cette réserve est établie. Il est du bon ordre, par exemple,

de ne pas souffrir qu'on se serve, dans le ministère sacré, d'ornements qui ne soient de l'étoffe, de la qualité et de la forme convenables; de linges qui ne soient décents; que les tabernacles et les ciboires qui doivent être bénits, soient faits en la manière qu'ils doivent l'être, soit pour la matière, soit pour le dedans ou le dehors; qu'on n'expose pas publiquement des reliquaires, des croix, des images où y il auroit des choses contraires à la bienséance ; que les églises, les chapelles, les cimetières, ne soient bâtis et bénits que quand ils sont dans l'ordre où ils doivent être; que l'on ne bénisse aucune cloche sur laquelle on auroit gravé quelque chose d'indécent en la fondant, et qui ne soit de la grosseur et de la qualité convenables au besoin et à la situation des lieux. Les évêques sont les juges de tout cela. Afin donc qu'il n'arrive jamais de surprise, et qu'on ne bénisse et n'expose publiquement rien qui ne soit dans la bienséance requise, l'Eglise réserve la bénédiction de toutes ces choses aux évêques qui en jugent eux-mêmes auparavant ; ou qui commettent ce jugement et ces bénédictions à des prêtres instruits et expérimentés, capables de décider, au nom de l'évêque, sur le bon ou mauvais état de ce qu'on demande à faire bénir.

Entre les bénédictions qu'il est permis aux prêtres de faire, les unes se font avec solennité et avec chant: telles sont la bénédiction des cierges le jour de la fête de la purification, celle des cendres, celle des rameaux le dimanche qui en porte le nom, et la bénédiction des fonts baptismaux la veille de la fête de páques et de celle de la pentecôte. Les autres bénédictions se font avec moins de solennité. Nous ne parlerons ici que des dernières, et nous renvoyons pour les autres au missel, où le chant et les cérémonies qui doivent s'y observer sont marqués.

Au reste, les prêtres doivent bien se donner de garde de faire aucune bénédiction des choses qu'ils prévoient, ou qu'ils ont lieu de soupçonner qu'on a intention d'employer à des usages profanes et superstitieux. C'est pourquoi il est nécessaire de demander, avant que de les bénir, à ceux qui les présentent pour cet effet, pourquoi ils les font bénir

Il est encore défendu à tous les prêtres d'employer pour les bénédictions qu'ils feront, d'autres prières et d'autres cérémonies que celles qui sont marquées dans le rituel ou le missel de leur diocèse, ou qui sont expressément approuvées par l'évêque.

*

RÈGLES GÉNÉRALES POUR LES BENEDICTIONS.

1.o Le prêtre prendra un surplis et une étole de la couleur convenable à l'office du jour, à moins que le rituel ou missel ne l'ordonnent autrement.

2.o Il se fera accompagner d'un clerc, s'il le peut, ou au moins d'un autre ministre, qui portera le bénitier avec l'aspersoir, le rituel ou le missel qui contient l'ordre de la bénédiction. Si c'est un clerc qui l'accompagne, ce clerc sera revêtu de surplis, s'il se peut.

3.o Il y aura au moins un cierge allumé.

4.o Le prêtre fera toutes les bénédictions debout et nu-tête. 5.o Il les commencera en faisant le signe de la croix sur lui, disant:

v. Adjutorium nostrum † in nomine Domini.

R. Qui fecit cœlum et terram.

v. Dominus vobiscum.

R. Et cum spiritu tuo.

Ensuite, ayant les mains jointes, il dira l'oraison ou les oraisons propres à la bénédiction qu'il fera selon qu'il est prescrit dans le rituel ; et toutes les fois qu'il trouvera une croix marquée, il fera le signe de la croix de la main droite sur la chose qu'il bénira Les oraisons finies, il prendra l'aspersoir de la main du clerc, et jettera de l'eau bénite en forme de croix sur ce qu'il aura bénit; mais, s'il est marqué qu'il le doit encenser, il mettra l'encens dans l'encensoir, et le bénira immédiatement après les oraisons; ensuite il jettera de l'eau bénite sur ce qu'il aura bénit, et l'encensera de trois coups sans rien dire.

6. Lorsqu'il voudra bénir des fruits, des aliments, ou autres choses semblables, il ne souffrira point qu'on les mette sur l'autel; mais il les fera mettre sur une petite table couverte d'une nappe ou d'une serviette blanche, et placée à côté de l'autel dans un endroit commode.

Enfin, il se conformera à tout ce qu'il trouvera prescrit dans le Rituel, pour l'ordre de la bénédiction qu'il voudra faire.

ÉPISCOPALE.

Il est très-important pour le bon ordre du gouvernement ecclésiastique, de faire concevoir aux peuples une haute idée de la visite de l'évêque et de ceux auxquels il 'confie son autorité. Les curés la leur inspireront facilement, s'ils la leur font envisager comme une des fonctions du ministère des premiers pasteurs, qui sont les plus consolantes pour leur troupeau; s'ils leur apprennent que leur évêque vient à eux au nom de JésusChrist, pour répandre sur eux sa bénédiction; et que sa visite doit être à leur égard une suite, et, en quelque sorte, un supplément de la mission de ce Dieu Sauveur, pour la sanctification de son Église.

En effet, l'Évangile nous représente la venue de Jésus-Christ dans le monde, comme une visite qu'il a entreprise pour racheter son peuple. Il a particulièrement consacré à cette œuvre de miséricorde les trois dernières années de sa vie mortelle, pendant lesquelles il parcouroit les villes et villages de la Judée, enseignant dans les synagogues, prêchant l'Évangile du royaume de Dieu, éclairant les ignorants, convertissant les pécheurs et répandant partout la lumière et la grâce.

Ce grand pasteur de nos âmes, ayant commencé le cours de sa visite dans une petite portion du monde, a voulu qu'elle fût continuée et perpétuée après lui par toute la terre. Je vous envoie, comme mon Père m'a envoyé, dit-il à ses apôtres, et, en leurs personnes, aux évêques leurs successeurs, en leur ordonnant d'aller, de parcourir les nations, leur apprenant à se tenir inviolablement attachés à la croyance et à la pratique des vérités qui leur avoient été confiées pour les en instruire. Je suis avec vous, leur ajoute ce divin Maître, tous les jours jusqu'à la con

sommation des siècles.

Les apôtres et leurs premiers disciples s'acquittèrent fidèlement de cette mission. Ils entreprirent des voyages et des travaux immenses, pour convertir le monde idolâtre. Ils ne se contentoient pas d'avoir planté la foi dans un pays et d'y avoir

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