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INFORMATIONS

ESPAGNE

L'Ecole centrale de tir.

Notre correspondant nous écrit :

Dans mes précédentes chroniques, j'ai omis de vous faire part de la création d'une Ecole centrale de tir, dont le règlement, élaboré par la même commission qui, sous la présidence du général Suarez Inclan, est chargée de la réorganisation de notre pédagogie militaire, a été approuvé par ordre royal du 28 janvier passé.

Cette Ecole centrale de tir se compose de quatre sections: les deux de l'artillerie, dont celle de Madrid pour l'artillerie de campagne et celle de Cadix pour l'artillerie de forteresse et côtière, que nous avions déjà; puis une section pour l'infanterie et la quatrième.qui sera affectée à la cavalerie. Ces deux dernières se trouvent à Madrid et ont leur champ de tir tout près de cette ville, à Carabanchel. Cette Ecole est placée sous la dépendance immédiate du sous-secrétariat de la guerre et est commandée par un général de brigade, qui a, sous ses ordres, un état-major particulier; chaque section est commandée par un colonel.

Quant aux détails concernant le personnel et l'administration de l'Ecole centrale de tir, je vous en fais grâce, comme aussi des prescriptions se référant aux sections de l'artillerie, lesquelles ne diffèrent de celles qui existaient déjà que par les innovations imposées par les derniers progrès introduits dans le matériel et les idées récemment admises.

Le Règlement de l'Ecole centrale de tir dit que la section de l'infanterie devra être considérée comme un établissement d'instruction et une commission d'études techniques et d'expériences. En tant qu'établissement d'instruction, cette section comprendra :

a) Toutes les années, un cours complémentaire de neuf mois, auxquels seront astreints tous les lieutenants en second nouvellement promus, après avoir fait un stage d'une année dans un corps. Ce cours portera sur l'étude des feux de l'infanterie et de l'artillerie et sur un complément de l'instruction technique, consistant dans la combinaison des moyens d'action des trois armes, la pratique du jeu de la guerre, la fortification, les reconnaissances, les exercices tactiques avec ou sans troupes, etc.

b) Un ou deux cours annuels, de deux mois de durée chacun, pour les

capitaines et les premiers-lieutenants qui seront désignés. Dans ces cours, l'instruction visera tout ce qui se rapporte, directement ou indirectement, à la tactique, et en outre l'étude des procédés de combat et des méthodes d'instruction en vigueur dans les armées étrangères.

c) Un cours annuel de quelques jours destiné à renseigner les officiers supérieurs sur les travaux et les pratiques de la section.

d) Des cours extraordinaires, auxquels assistera le personnel que l'on désignera.

Comme commission technique d'études et d'expériences, la Section de l'infanterie de l'Ecole de tir doit s'occuper de tout ce qui concerne la technique de l'armement portatif, l'instruction du tir, champs d'expériences et de dressage, cibles, règlements, etc., etc.

Les buts et la mission de la Section de cavalerie sont analogues à ce qui est prescrit à la troisième section.

Le règlement de la nouvelle Ecole centrale de tir est admirablement rédigé et tient compte de tous les besoins de notre époque. Il peut être considéré comme un modèle en son genre et fait, en tous points, honneur au talent et à la haute compétence du général Suarez-Inclan. Ce qui importe à présent, c'est de le voir interprété comme il faut et surtout que l'on mette en pratique les exercices qu'il prescrit; mais, le personnel qu'on a chargé d'y professer est de premier ordre et cela fait espérer qu'il remplira sa tâche avec succès, surtout si il est envoyé de temps à autre voir, au delà de la frontière, ce qui se passe et ce qui se fait ailleurs. Rien ne vaut les voyages pour éduquer les jeunes et aussi ceux qui ne le sont plus. Mais, pour se déplacer, il faut de l'argent et si nos officiers ne veulent pas ou ne peuvent pas avoir la générosité de relever l'état d'une partie au moins des débours qu'exige un séjour à l'étranger, il est à craindre que la question économique ne rende impossible de telles études.

Un fait qui semble venir à l'appui de notre conjecture, c'est le nombre ridiculement réduit de projectiles à tirer accordé cette année dans les Ecoles pratiques de notre artillerie, nombre fixé à fortiori, faute de crédits suffisants pour l'augmenter. Il a été assigné seulement 2 coups pour chaque canon ou obusier de 30,5 cm. ; 3 coups aux pièces de 26 et 25 cm., 10 aux autres pièces côtières et 25 à celles de forteresse. Dans les régiments de campagne, de montagne et de siège, ainsi que dans le groupe de Gibraltar et les batteries affectées aux bataillons de place, on devra tirer 50 obus par pièce de batterie active, dont 22 ordinaires et 28 à balles.

BIBLIOGRAPHIE

Etat des officiers de l'armée fédérale au 1er avril 1904. Orell Füssli,

éditeur.

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L'annuaire des officiers de l'armée fédérale vient de paraître, arrêté, comme de coutume, au 1er avril. Ce volume se recommande, comme on sait, par son exactitude et par l'agrément de son emploi. Les recherches sont rendues des plus faciles par une intelligente répartition des matières.

Détail intéressant: l'âge moyen de nos quatre commandants de corps d'armée est de 61 1/2 ans. Le plus âgé est le commandant de corps Bleuler, qui a 67 ans. Il est breveté colonel du 2 juin 1871 et commande le III corps d'armée depuis le 16 octobre 1891. Il est le seul encore en fonctions des quatre commandants de corps nommés au moment de la création de ces unités. Le plus jeune, 56 ans, est le colonel commandant du IVe corps d'armée, Buhlmann, breveté du 31 décembre 1891, et à la tête de son unité depuis le 28 novembre 1902.

L'âge moyen des neuf divisionnaires est 55 1/2 ans. Le plus âgé. 59 ans, est le colonel-divisionnaire Schlatter, breveté du 1er juin 1892, à la tête de la VII division depuis le 9 décembre 1898, le plus jeune, 50 ans, est le colonel-divisionnaire Will, breveté du 30 mars 1893, chef de la IIIe division depuis le 28 novembre 1902.

La détresse de l'armée, par Jacques HAROUÉ. Un vol. in-18 de 468 pages. Paris, Victor-Havard, 1904, Prix, 3 fr. 50.

Ceci n'est pas un livre militaire, mais une œuvre de polémique, d'un caractère général et politique plutôt que spécial et professionnel. L'auteur se donne pourtant pour un officier qui a quitté l'armée « par un acte de volonté réfléchie. » Et il ajoute: « Ce livre est la conséquence d'une démission; il en est aussi l'explication. » Mais il est permis à tout le monde de se dire ancien colonel et de signer « général Nimporteki. » Je viens de feuilleter un vieil Annuaire, et je n'y ai pas trouvé le nom d'Haroué. Au surplus, un officier - même démissionnaire dirait-il M. Passerieu et M. Pédoya, parlant de généraux? La vérité, à ce qu'on m'assure, serait que La détresse de l'armée aurait pour auteur un rédacteur de l'Aurore, lequel aurait attaqué ce journal pour dépister les curiosités. Et il est vrai que, dans le tissu d'éreintements qui constitue son livre, nous trouvons des citations élogieuses de M. Georges Clémenceau, rédacteur en chef de l'Aurore. Cependant, j'ai peine à croire que M. Haroué ait été le collaborateur d'Urbain Gohier ou son continuateur. Tout au plus peut-on dire qu'il a cherché à imiter sa manière, et qu'il n'y a pas trop mal réussi.

E. M.

Les armées et les flottes militaires de tous les Etats du monde. Une brochure in-8° de 83 pages. Paris et Nancy, Berger-Levrault, 1904. Prix : 1 franc.

La maison Berger-Levrault a édité, on se le rappelle, l'excellent Etat militaire des principales puissances étrangères, du général Rau, dont le com

mandant Lauth a pris la suite. La même maison nous donne aujourd'hui une réduction de ce gros volume. Réduction qui est, à certains égards, une amplification, car il ne s'agit plus seulement des « principales » puissances, mais de presque toutes les puissances, même de celles qui ne sont pas principales du tout.

Je ne cacherai pas que j'en ferais volontiers un reproche à cette brochure. Que peut nous servir une monographie des forces militaires ou maritimes de la principauté de Monaco ou de la république de Saint-Marin? Voyez plutôt ce qui nous en est dit :

MONACO.

Superficie: 1,5 kilomètre carré. Population: 15 180 habitants.

Il n'existe pas de loi sur le service militaire. Une garde d'honneur, constituée par enrôlements et comprenant cinq officiers et septante hommes, a été supprimée.

La principauté dispose en outre de cinquante gendarmes.

SAINT-MARIN.

Superficie: 61 kilomètres carrés. Population: 9600 habitants.

Il existe comme force publique un détachement de quelques gendarmes et une milice de quarante officiers et neuf cent soixante hommes répartis en neuf compagnies. Cette milice ne reçoit qu'une instruction très réduite.

Heureusement on trouve, dans la publication de la maison BergerLevrault, d'autres renseignements plus utiles et d'un intérêt moins problématique.

E. M.

Précis d'Astronomie pratique, par P. STROOBANT, Astronome à l'Observatoire royal de Belgique, Professeur à l'Université de Bruxelles. Petit in-8°, avec 40 figures. (Encyclopédie scientifique des Aide-mémoire). Paris, Gauthier-Villars, éditeurs, 1903.

Cet ouvrage débute par les notions fondamentales de l'Astronomie : le mouvement diurne de la sphère céleste et les systèmes de coordonnées : viennent ensuite des généralités sur le globe terrestre : notions sur la forme de la Terre, coordonnées géographiques et réfraction atmosphérique. Dans le chapitre III, l'auteur passe en revue les principaux types d'instruments, indique les formules de réduction et développe les méthodes d'observation et de mesure.

La partie qui traite du Soleil et de son mouvement apparent ainsi que des coordonnées écliptiques et de la parallaxe vient compléter les notions essentielles exposées au commencement du volume. Dans le chapitre V, consacré au mouvement de la Terre et aux phénomènes qui modifient les coordonnées célestes (précession, nutation, aberration, etc.), se trouvent réunies les principales formules utilisées pour la réduction de la position apparente à la position moyenne ou réciproquement.

Les quatre derniers chapitres de l'ouvrage renferment ce qui est relatif à la mesure du temps par le Soleil, à la Lune et à son mouvement et des notions sur les Planètes, les Comètes et les Etoiles.

Cet ouvrage, qui permet au lecteur de se familiariser avec l'esprit des méthodes de la science astronomique, facilitera l'usage des tables et des éphémérides telles que la Connaissance des Temps.

Annuaire alphabétique de l'armée française. Un fort volume in-8° de 983 pages, relié. Paris, Société fermière des Annuaires, (53, rue Lafayette), 1904. Prix: 6 francs.

Voici une publication toute nouvelle qui prétend donner la situation exacte, à la date du 10 janvier dernier, de tous les officiers de l'armée de terre (métropolitaine ou coloniale). Si sa prétention est justifiée, nul doute qu'on aura souvent à consulter ce répertoire.

Il est d'ailleurs complété par des renseignements intéressants. tels que ceux qui se rapportent à l'emplacement des troupes dans les diverses garnisons et à leur répartition sur le territoire français et aux colonies. On y trouve aussi la liste des divers établissements militaires.

J'ajoute que l'exécution typographique est excellente et que la lecture est rendue très facile par l'emploi de caractères d'un gros « œil, comme disent les gens du métier. Ce sont des mérites fort appréciables dans les ouvrages du genre de celui-ci.

E. M.

Delli grande operazioni chirurgiche a domicilio, etc., par le
Dr CHIAVENTONE. 21 p. in-8°. Righini. Milan, 1903.

Cette brochure est de nature à intéresser tout médecin militaire. Elle contient la description détaillée d'un matériel employé par l'auteur dans sa pratique civile pour exécuter à domicile les grandes opérations chirurgicales. Ce matériel, renfermé dans une caisse relativement légère et peu volumineuse, peut aussi servir au chirurgien militaire à faire, sur le champ de bataille même, beaucoup d'opérations urgentes et difficiles qui ne peuvent que difficilement se faire avec les matériels actuellement en usage.

L.

Die russischen Kriegshäfen in Ost-Asien, par le major Joseph SCHÖN. Seidel et Sohn, éditeurs, Vienne, 1904. Avec deux planches. Prix: 1 couronne. L'auteur de la présente brochure, tirage séparé d'articles parus dans les Mittheilungen uber Gegenstände der Artillerie und Genie-Wesens, a déjà publié plusieurs descriptions géographiques militaires. La Revue militaire suisse a consacré, dans ses livraisons d'avril et de mai derniers, des notices bibliographiques à deux autres brochures du même auteur, intitulées l'une : Uebersicht der Kriegsschauplatz in Ost-Asien, la seconde Der Kriegsschauplatz zwischen dem Rhein und der Seine und die Hauptaufgabe seiner Befestigung.

Déjà dans une étude parue en 1899: Ueber die Ziele Russlands in Asien, le major Schön s'était montré connaisseur remarquablement informé et observateur perspicace des affaires d'Extrême-Orient. Il y avait prédit la guerre actuelle.

Ses descriptions des ports de guerre russes de Vladivostok et de PortArthur, ainsi que du port commercial fortifié de Dalny, permettent au lecteur de se faire une idée nette de l'état de situation de ces ports, des moyens de défense qu'ils offrent, et en général, de leur importance militaire et aussi politique.

La lecture de cette nouvelle étude si actuelle et non moins complète et remarquable que les précédentes du même auteur, est à recommander à tous ceux qui s'intéressent beaucoup aux événements d'Extrême-Orient et désirent les suivre avec attention. Elle est accompagnée d'excellents plans de situation des ports de guerre susmentionnés.

Lausanne. imp. Corbaz & Cie.

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