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parée, tandis que le précédent armistice de Malmoë établissait un système contraire, favorable aux prétentions des insurgés. L'administration des duchés ne serait pas, comme alors, confiée à des partisans de l'insurrection, à des traîtres envers leur souverain légitime. Il fallait espérer qu'à l'armistice succéderait bientôt une paix définitive qui assurerait les droits garantis au Danemark et mettrait à néant les iniques prétentions de l'Allemagne sur la mer Baltique et sur la mer du Nord. Il y a, en effet, dans question du Slesvig, plus qu'une question de droit imprescriptible. Il s'agit des intérêts commerciaux et de l'équilibre même de l'Europe.

Ce ne fut pas sans résistance que l'Assemblée insurrectionnelle du Slesvig consentit à céder la place au nouveau gouvernement; mais enfin, celui-ci fut installé, le 25 avril, à Flensbourg, sous le nom d'Administration du pays. L'installation de cette commission régulière fut accueillie avec enthousiasme par la grande majorité des habitants du duché de Slesvig. Mais l'agitation insurrectionnelle continua sourdement dans quelques conseils municipaux et parmi un assez grand nombre de propriétaires allemands qui persistaient à ne reconnaître d'autre autorité que la lieutenancé général. La presse allemande du Nord, continuait à entretenir l'animosité contre le Danemark. Et, cependant, à l'exception des Allemands et des Slesviccois, compromis dans les intrigues de la lieutenance, le peuple acceptait avec sympathie l'action de la commission administrative. Des mesures, nécessitées par l'insurrection et qui froissaient des intérêts nombreux, étaient même accueillies sans murmurer, celle par exemple qui interdisait l'admission dans les caisses publiques du papiermonnaie émis par le gouverment insurrectionnel. La levée du blocus, l'activité rendue au commerce et à la marine, la tranquillité rétablie dans tout le royaume, ramenaient chaque jour la population paisible aux sentiments de loyauté qui, seuls, peuvent assurer au Danemark et à ses annexes une existence heureuse et honorable.

A l'intérieur, l'Assemblée nationale, après avoir employé près de cinq mois à discuter le projet de Constitution nouvelle, adopta ce projet à la majorité de 119 voix contre 4. Le système des deux

Chambres avait prévalu, malgré une assez vive opposition (25 mai). La loi fondamentale obtint, le 5 juin, la sanction royale. Le même jour, sa majesté prononça la clôture de l'Assemblée constituante.

SUÈDE ET NORVÉGE.

On a vu plus haut quelle part la Suède avait prise à l'exécution du traité provisoire conclu entre le Danemark et la Prusse. A l'intérieur, la vieille loyauté suédoise et les efforts intelligents du monarque continuaient à assurer à će pays une prospérité et une sécurité devenues trop rares en Europe.

Une nouvelle loi de navigation, adoptée par le Parlement britannique (voyez plus loin, Grande-Bretagne), ayant placé les navires suédois, soumis aux conditions stipulées de réciprocité, dans cette situation nouvelle d'être, à partir du 1er janvier 1850 (à l'exception du commerce côtier), traités comme les navires britanniques dans tous les ports soumis aux lois britanniques, une proclamation royale rendue à Stockholm, le 26 octobre, or donna, qu'à partir du 1er janvier 1850: 1° les bâtiments anglais visitant les ports de Suède, à leur arrivée et à leur départ, seraient traités de la même manière que les bâtiments indigènes, relativement aux droits de tonnage et de port, et à tous autres frais; que 2o toutes marchandises étant le produit naturel ou industriel de tous pays quelconques, dont l'importation dans les ports du royaume de Suède serait légalement permise par les bâtiments suédois, pourraient être importées en Suède à bord des bâtiments anglais venant de toute place quelconque. De même; toutes marchandises dont l'exportation de Suède, à bord des bâtiments nationaux serait légalement autorisée, pourraient être exportées de là à bord des bâtiments anglais, sans que, dans les deux cas, ces marchandises, ainsi importées ou exportées, fus sent assujetties à des frais plus considérables ou autres que ceux qui seraient prélevés sur des provenances suédoises.

CHAPITRE V.

RUSSIE. Intervention en Hongrie, ses motifs, manifeste impérial; protection des provinces dannbiennes; manifestation sympathique en faveur du Danemarck; relations avec le saint-siége; guerre du Caucase, attaque de SoultanAoûl par les Transkouhaniens, leur défaite par les Cosaques, attaque par les montagnards de la tête du pont d'Olghinsk, ils sont repoussés, le général Kowalewsky disperse une bande rassemblée par le scheik Mahomet, incursion dans la Tchetchina, défaite du naïb Talgkik.

TURQUIE.

PRINCIPAUTÉS DANUBIENNES. Modification ministérielle, destitution de Riza-Pacha, Méhémet-Ali-Pacha et Suleyman-Pacha appelés au ministère; règlement des affaires des principautés danubiennes, arrangement nouveau, Hospodars nommes pour sept ans, création d'un divan, occupation militaire, choix du prince Barbo-Stirbey et de Grégoire Ghiika pour les Hospodats de Valachie et de Moldavie; complications extérieures, le général Puchner rejeté en Valachie, agitation chez les Serbes, pointe faite en Moldavie par Bem, neutralité de la Porte, armements importants, appel de la réserve; réfugiés hongrois, difficulté nouvelle, demande d'extradition, mission du prince Radziwill, refus du divan, note des représentants de France et d'Angleterre, note anglaise séparée, le droit des gens et des réfugiés, apostasie de Bem et de plusieurs d'entre eux, mission pacifique de FuadEffendi, interruption des relations, concessions faites par la Russie et par l'Autriche, le Coblentz polonais, demaude d'expulsion des Polonais naturalisés, intervention furtive de la Grande-Bretagne, la flotte anglaise dans les Dardanelles, coup de vent politique, retraite de l'amiral Parker, la question d'Orient.

ÉGYPTE. Situation déplorable du pays, misère, mort de Méhémet-Ali.

PERSE. Insurrection à Téhéran, intervention officieuse des représentants de France, d'Angleterre et de Russie, résistance à l'émeute, la population armée pour le gouvernement par les imans et les mollahs, l'insurrectinn vaincue; révoltes militaires, insurrection dans le Khoraçan, la ville de Yezd soulevée, désordres à Chiras, la secte des Babis, révolte générale dans la province de Khamisch; différend élevé entre le gouvernement persan et la mission de France, interruption des relations, départ de M. de Sartiges. GRECE. État fâcheux du pays, différends avec la Turquie, interdiction des professeurs hellènes; contre-coup des agitations européennes, réfugiés italiens et hongrois à Athènes, désordres, scènes scandaleuses, le patriotisme

du député Cléomènes, appel à la guerre contre la Porte, faiblesse du ministère; attaques violentes contre M. Christinidès, inculpations honteuses; votes du budget, clôture de la session, prorogation des Chambres. SUISSE. Mouvement prussien dans le canton de Neufchatel, arrestations nombreuses; complicité de la démagogie suisse et de la démagogie italienne, réclamations du maréchal Radetzki, mesures prises par le canton du Tessin; réfugiés de Bade, Heinzen, glorification de l'assassinat, arrêté fédéral d'expulsion, protestations démocratiques, refus de la France de viser les passeports des réfugiés, négociations, revirement d'opinion, expulsion des réfagiés; élection du conseil d'État de Genève, violences, les ateliers nationaux, M. Baumgartuer attaqué, situation misérable de Genève; retour aux opi. nions conservatrices, échecs du parti montagnard dans le conseil national, les fortifications de Genève; M. Druey nommé président du conseil fédéral; nouvelle loi monétaire.

RUSSIE.

Toute l'histoire extérieure de la Russie, pendant l'année 1849, est intimement liée à l'histoire des pays sur lesquels s'étendit son action. On a vu plus haut (voyez le 1er chap. de l'Allemagne) quels motifs puissants justifièrent l'intervention de Sa Majesté impériale dans la querelle élevée entre l'Autriche et la Hongrie insurgée. Un manifeste impérial du 8 mai, et une circulaire adressée par le gouvernement russe à tous les agents diplomatiques à l'étranger, donnèrent à l'attitude nouvelle de Sa Majesté sa signification véritable. Sa Majesté reconnaissait, comme dans sa déclaration de 1848 (voyez l'Annuaire, p. 496), le droit des États européens à modifier leurs institutions et la forme de leur gouvernement; mais elle s'était réservé la pleine liberté d'agir dans le cas où la réaction des révolutions menacerait sa propre sûreté ou l'équilibre établi aux frontières de son empire. Protéger les provinces polonaises et danubiennes contre le fléau d'une propagande armée était un droit fondé, et sur les traités, et sur l'intérêt de la Russie, et sur l'intérêt même de l'ordre et de la tranquilité en Europe.

On verra plus loin (même chapitre, Turquie) quelles mesures prit le cabinet de Saint-Pétersbourg pour assurer le maintien de la sécurité dans les provinces du Danube.

Les intérêts engagés dans la lutte entre le Danemark et l'Allemagne ne pouvaient échapper à l'œil vigilant de la politique impériale. Mais ici, il n'y avait pas lieu à une intervention. L'action diplomatique et la présence d'une flotte russe dans les eaux du Danemark suffirent à prouver que la protection de la Russie ne ferait pas défaut au petit royaume menacé par l'ambition allemande.

Depuis la conclusion de l'arrangement signé à Rome, le 3 août 1847, et ratifiée par Sa Majesté impériale, le 15 novembre de la même année, des relations de confiance s'étaient établies entre la Russie et le Saint-Siége. Par suite de cet arrangement, destiné à assurer aux sujets catholiques romains de Sa Majesté la pleiue jouissance des bienfaits spirituels de leur Église, un nouveau diocèse, celui de Kherson, avait été érigé dans le midi de la Russie, et, d'un commun accord, des évêques avaient pu être désignés pour les siéges épiscopaux vacants dans l'empire. Ainsi, M. Dmochowski, évêque de Milten, in partibus infidelium, avait été élevé à la dignité d'archevêque de Mohileff. Le chanoine Holswinski, recteur de l'Académie ecclésiastique catholique romaine à Saint-Pétersbourg, avait été nommé évêque de Caryste et coadjuteur de l'archevêque de Mohileff, cum futurâ successione. Le Le prélat Zilinski avait été nommé évêque de Vilna, et M. Borowski, professeur de droit canon à l'Académie, évêque de Luck et de Zitomir.

La guerre du Caucase avait été, l'année dernière, signalée par de brillants faits d'armes, entre autres, la défense héroïque du fort d'Akhty (14 septembre, voyez l'Annuaire pour 1848, p. 500). Bientôt après la défaite des bandes de Schamyl par le corps des troupes du Daghestan, sur les rives du Samour, les Cosaques de la ligne se distinguèrent à leur tour par un éclatant fait d'armes.

Les tribus transkoubaniennes songeaient depuis le printemps à tenter un coup de main sur une Stanitza. Dans ce but, les rebelles commencèrent à se réunir au milieu du mois d'octobre 1848. Le général major Kowalewsky prit d'habiles dispositions pour couvrir le pays confié à son commandement : il plaça huit cents cosaques dans le fort d'Oust-Laba, six cents à Nicolaïevsk

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