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cinq des insurgés, presque tous anciens esclaves évadés de la Martinique, restèrent sur le carreau. Les black-men, soldats africains conduits par des officiers blancs, se mirent à leur poursuite et en arrêtèrent un grand nombre.

CAP DE BONNE-ESPÉRANCE.

En 1849, un bill avait prohibé l'importation des convicts à la Nouvelle-Galles du sud. Depuis cette époque, toutes les colonies anglaises se refusaient à recevoir cette classe dangereuse d'émigrants. Plus que toute autre la vieille et rude population calviniste du Cap, qui tire son origine des anciens fermiers hollandais, et des Français réfugiés de l'édit de Nantes, se refuse à l'idée d'une immixtion avec le rebut des bagnes de la Grande-Bretagne. Malgré l'opposition des colons, le comte Grey crut pouvoir ordonner le transport au Cap de 300 forçats extraits de l'établissement des Bermudes. L'effet produit par cette mesure fut des plus fâcheux. La population se prépara à la résistance : le gouverneur lui-même, le général sir Harry Smith, s'associa au mouvement public; toutes transactions cessèrent un moment avec la métropole et, le gouvernement anglais fut forcé de céder.

ILES IONIENNES.

Les usages féodaux subsistent encore dans les îles ioniennes, et Céphalonie est divisée en un certain nombre de fiefs. Une insurrection de paysans avait éclaté au mois de septembre 1848, contre les possesseurs de ces fiefs. Les chefs amnistiés depuis lors, recommencèrent leurs menées. Le 27 août, une bande, sous les ordres de Théodore Vlacco et du pope Gregorio Nodaro, se réunit au nombre de deux à trois mille hommes. Dans leur marche, les rebelles essayèrent d'entraîner les basses classes de la population;

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mais leurs efforts furent vains. Le 2 septembre, ils furent chassés dans la montagne Noire. Le 4 septembre, une rencontre eut lieu entre les troupes de la reine et les insurgés sous les ordres de Vlacco et de Nodaro. Ces derniers voulurent se faire jour à tra vers la troupe. Neuf de leurs hommes furent arrêtés; deux furent fusillés. La loi martiale fut proclamée à Omola, à Iconissia, à Talomi, à Samos, à Pirgi et le pays fut bientôt pacifié.

CHAPITRE X.

AMÉRIQUE DU NORD. États-Unis. Proclamation du nouveau président; question de l'esclavage, motion Stewart repoussée; proposition Miller relative à l'achat de Cuba; convention des députés du Sud, M. Calhoun; question des douanes, les abolitionistes; politique extérieure, l'invasion de Cuba, sympathies pour la Hongrie, différend avec le ministre de France, rappel de M. Poussin; émeute à New-York, M. Macready, victimes nombreuses; ouverture du Congrès; budget; commerce, situation générale; Californie, situation du nouvel État.

Mexique. Ouverture du Congrès, discours du président, budget.

AMÉRIQUE DU SUD.

République argentine. Négociations, expulsion du chargé d'affaires de Sardaigne, refus de recevoir le ministre britannique, bases du traité Leprédour.

Brésil. Relations avec la République argentine, demande de réparation.

Bolivie. Révolution nouvelle.

Haiti. Soulouque prend le nom d'empereur, statut constitutionnel.

ÉTATS-UNIS.

Le général Zacharie Taylor fut officiellement proclamé, le 14 février, président, et M. Fillmore, vice-président de la république des États-Unis. La nomination de M. Taylor à la présidence de l'Union américaine sembla être, pour les États-Unis, le signal d'un développement tout nouveau de la prospérité publique et d'une confiance entière dans l'avenir. L'ivresse avec laquelle on accueillait le nouveau magistrat de l'Union était si grande qu'il fallut créer un mot nouveau pour l'exprimer, la taylormania. Cet engouement ne faisait pas, au reste, oublier les affaires positives, et le pays reçut avec faveur et reconnaissance

les documents publiés par M. Polk, à l'expiration de sa présidence. Dès ses débuts, la session du Congrès mit en présence les deux partis qui divisent l'Union. La question de l'esclavage fut soulevée par une pétition présentée au nom des habitants du NouveauMexique, pour demander au Congrès une Constitution définitive et l'assurance que l'esclavage, aboli chez eux depuis longtemps, n'y serait pas rétabli. Au nom des États du Sud, M. Calhoun qualifia cette pétition d'insolente, d'hostile aux intérêts de la Confédération, surtout venant de la part d'un État si récemment conquis et annexé. En même temps, les deux Chambres de légis lature de la Caroline du Sud adoptaient une résolution impliquant une menace de séparation adressée aux États du Nord pour le cas où les abolitionistes triompheraient à Washington.

Une motion de M. Stewart demandait une nouvelle délibération sur une proposition déjà votée d'abolir l'esclavage dans le district fédéral. La majorité abolitioniste de la Chambre des représen tants la repoussa par 107 voix contre 58. Restait le Sénat, où la députation est proportionnelle, non au chiffre de la population respective, mais au nombre des États. Là, le parti des États à esclaves balançait encore la majorité; quelquefois même, il obtenait l'avantage. Ainsi, sur la proposition de M. Miller, une commission d'enquête fut nommée pour instruire sur les négociations, au moins problématiques, qu'on disait avoir été entamées entre les cabinets de Washington et de Madrid pour le rachat et l'annexion de l'ile de Cuba à la Confédération américaine. C'était encore la question de l'esclavage qui se présentait au fond de cette discussion, et qui expliquait l'ardeur avec laquelle les États du Sud poursuivent l'acquisition de la Havane: ce seraient deux voir de plus pour eux dans le Sénat.

Dans cette session du Congrès, les députés et sénateurs du Sud se réunirent en une Convention qui chargea M. Calhoun de rédiger une adresse en leur nom sur la situation dangereuse faite aux États du Sud. On y signalait l'obstination avec laquelle était ramenée chaque année, par les représentants du Nord, la ques tion de l'abolition de l'esclavage dans le district fédéral. On voyait là un mauvais vouloir et comme l'intention de blâmer une institution fondamentale des États méridionaux. On com

mençait par chercher à faire établir l'autorité du Congrès à réglementer la question de l'esclavage dans le district fédéral si on obtenait cette mesure inconstitutionnelle, on prétendrait ensuite intervenir dans la législation intérieure des États à esclaves. Laisser consacrer le droit du pouvoir fédéral d'abolir l'esclavage dans le district de Colombie, ce serait abandonner implicitement aux États du Nord le sort des États du Sud. Tous les États ne contribuaient-ils pas également aux charges de l'Union? Tous n'avaient-ils pas payé les frais de la dernière guerre? Les nouvelles provinces n'étaient-elles pas la propriété commune et indivise de l'Union. Or, la Constitution garantissant à tout citoyen, dans toute l'étendue et dans toutes les dépendances de l'Union, les mêmes droits et la jouissance incontestéc de sa propriété, tout habitant du Sud ne devait-il pas pouvoir, comme un habitant du Nord, s'établir dans les nouveaux districts avec toute sa propriété ? Oserait-on faire inscrire dans la loi que la possession d'esclaves, loin de constituer une propriété légitime, apporte avec elle une incapacité civile?

Une autre question, celle des douanes, vint incessamment, comme l'esclavage, remettre en présence les États du Nord et ceux du Sud. Ceux-là, les abolitionistes, sont en même temps. manufacturiers, et ils réclament un tarif protecteur pour leur industrie; ceux-ci, propriétaires d'esclaves, sont en même temps agriculteurs, c'est-à-dire partisans de la liberté du commerce.

En dehors de ces questions brûlantes, la politique extérieure des États-Unis présente peu de faits importants. On a vu plus haut (voyez Espagne) que la loyale conduite du président Taylor avait préservé Cuba d'une invasion tentée par une troupe d'aventuriers. Relativement aux affaires européennes, la conduite du président fut moins prudente et moins modérée. Des encouragements furent donnés hautement par lui à l'insurrection hongroise, et une assez vive altercation faillit compromettre les rapports de la France avec l'Amérique du Nord. Une réclamation d'indemnité pour un Français résidant au Mexique à l'époque de la guerre, donna lieu à une correspondance diplomatique assez vive entre M. Clayton et M. Guillaume-Tell Poussin, ministre plénipotentiaire de France nommé par le Gouvernement provisoire. Le

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