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armistice à mon adversaire. Je permis que tous ceux qui s'étaient compromis s'éloignassent, et Milan ne comptait pas assurément être traitée par moi avec autant d'indulgence; mais, en usant de cette modération, j'ai cru agir dans l'esprit du gouvernement de mon empereur et souverain. Je savais que l'Autriche voulait soutenir son bon droit et repousser une attaque déloyale sans exemple, mais non faire des conquêtes ni motiver une guerre générale en Europe. Aussi donnai-je l'ordre à mes troupes victorieuses de faire halte sur les rives du Tessin. Aussitôt que Charles-Albert se fut remis de la première épouvante de ses échecs, et qu'il eut, jusqu'à un certain point, réorganisé de nouveau ses troupes, il reprit l'ancien jeu de ses intrigues, sous les plus futiles et les plus indignes prétextes. L'évacuation de Venise n'eut pas lieu, et l'on n'exécuta pas l'art. 4 de l'armistice.

» Je me vis contraint à user de représailles et à retenir le parc d'artillerie qui était à Peschiera, jusqu'à ce que Venise fût débarrassée des troupes piémontaises et que la flotte eût quitté la mer Adriatique. Enfin la flotte quitta les eaux de Venise, mais non pour rentrer dans les eaux des Etats sardes, conformément à l'article 4 de l'armistice, mais bien pour se rendre à Ancône, où elle continua à appuyer le soulèvement de Venise.

» Charles-Albert se regardait toujours comme le maître légitime de la Lombardie; il forma avec des fuyards lombards une consulta de gouvernement rendant des décrets comme si elle était le gouvernement légitime du pays. Les bulletins les plus mensongers, les plus absurdes étaient imprimés au quartiergénéral du roi et répandus dans toute la Lombardie, afin de propager et de maintenir dans le peuple l'agitation et l'aveuglement. Des scélérats, agents des provinces soulevées de l'empire, était traités par le roi et par ses Chambres comme des envoyés de puissances amies. Ces hommes propageaient les excitations les plus mensongères et les plus incendiaires parmi nos troupes, les engageant à la désertion. Les déserteurs et les recruteurs illicites jouaient un rôle important au quartier-général du roi.

» Si j'avais pu prévoir que la dignité royale dût, en la personne de CharlesAlbert, tomber dans un tel avilissement, je ne lui aurais pas épargné la honte de le faire prisonnier à Milan. Sans mon respect pour un principe qu'en face des tendances anti-monarchiques du temps j'ai cru devoir protéger-même dans mon ennemi, je n'aurais pas oublié qu'entre la dignité et la personne il existe encore une grande différence.

» Les événements politiques ont été cause que l'armistice s'est prolongé plus qu'on ne le prévoyait au moment de sa conclusion. Le Piémont a mis à profit ce temps pour faire ses préparatifs de guerre continuels. L'armistice a été une déception, un mot, et rien de plus, alors que le roi le demandait, en protestant de ses intentions pacifiques. Il n'avait pas oublié la perte de la couroune de fer qu'il croyait déjà tenir ferme dans sa main, et il supportait difficilement la pensée de se voir si rapidement précipité du grade de grand capitaine qu'il avait rêvé.

» Les hommes modérés, les patriotes éprouvés, les sujets dévoués à la dynastie furent éloignés du cabinet à leur place furent appelés les républicains les plus exaltés, des rêveurs ne possédant aucune habileté pratique des Milanais intrigants. Ces hommes poussèrent le roi, digne de pitié, aux mesures les plus extrêmes et les plus ruineuses, de telle sorte que, sous l'empire de l'ambition aveugle, il risque la prospérité de ses provinces héréditaires et l'existence de sa propre dynastie.

>> La maison de Savoie, par une politique toute autre qu'honnête, a souvent saisi le moment des graves luttes dont l'Autriche était occupée, ainsi qu'il advint à la guerre de succession autrichienne, pour attirer à elle des fractions de la Lombardie. Mais Charles-Albert est le premier qui ait osé prétendre à la possession de tout le royaume. Sur quels droits appuie-t-il sa prétention? Sur aucun. L'Autriche possède la Lombardie en vertu des mêmes traités que ceux auxquels la maison de Savoie doit le titre et la propriété de l'ile de Sardaigne. Serait-ce sur le droit de conquête? Charles-Albert n'a jamais conquis la Lombardie.

»ll a saisi le moment où le pays

était dégarni de troupes pour y faire une irruption déloyale; mais il en a été honteusement chassé. Serait-ce sur le droit de la libre élection du peuple et de la soi-disant fusion? Cette fusion n'est qu'un acte de rébellion et un acte extorqué illégalement et violemment à un parti, un acte dont les trois quarts de la population n'ont pas la moindre notion, la moindre idée. Charles-Albert n'a jamais joui des sympathies de la Lombardie; il n'en jouit pas actuellement; les généraux eux-mêmes le confessent. On avait compté sur son armée, sur son assistance: de là les calculs de satisfaction pour son ambition et sa vanité. Quand l'armée a été battue, les sympathies ont dégénéré en haine et dans les plus indignes traitements.

» A qui veut connaître l'amour des Lombards pour Charles-Albert, nous dirons Visitez le palais Greppi, à Milan, et vous y trouverez les traces de cet amour dans les trous de balles dont est criblée la chambre qu'y occupait Charles-Albert. Nous ajouterons: 11 s'est enfui honteusement la nuit de la capitale de ses fidèles alliés lombards. Un roi si méprisé ne peut être un roi du choix du peuple. Jamais roi ne fut traité aussi indignement que CharlesAlbert par les Milanais. Comment peutil avoir existé, comment peut-il exister encore à l'avenir affection et attachement entre lui et les Lombards? Les deux parties se trompent: l'une espère jouer l'autre, et si l'Autriche redoutée était vaincue, ces deux alliés espèrent se débarrasser facilement l'un de l'autre.

» Charles-Albert travaille à la ruine de son trône et de sa dynastie, comme s'il était le principal agent de Mazzini: lui qui fut le plus absolu des monarques, croit-il, par hasard, consolider son trône par l'adoption d'une politique de carrefour? L'honnêteté, et la justice sont des vertus dont un monarque, moins que tout autre, ne peut se passer. L'histoire n'offre pas d'exemple que des trônes se soient consolidés par la déloyauté et le parjure; et Charles-Albert n'assurera pas le sien après l'avoir miné par l'esprit de conquête et par une ambition sans me

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armée, je vais droit à l'ennemi. Puisque notre modération dans la victoire n'a p l'amener à la paix, que l'épée décide une seconde fois. La possession de Tr rin rendra peut-être plus faciles les négociations pour la paix. » Milan, le 16 mars.

» RADETZKI, a

Le gouvernement sarde aux nations de l'Europe civilisée.

« Le gouvernement sarde, contraint, par la suite des événements, à rentrer dans la carrière où l'appela, l'année de nière, le vœu des peuples italiens determinés à reconquérir leur nationalte, s'adresse avec confiance à l'opia de l'Europe, pour la juste appréciation de ses intentions et de sa conduite.

>> Il est superflu de rappeler ici l'engine et le cours de la révolution italiense, laquelle s'est produite comme effet de plusieurs causes longtemps accumulées. mûries par le temps et par les progas de la civilisation. Son premier cri, se premier vœu fut pour la réintégration de l'indépendance nationale. Le bat anque! elle se montra, dans ses phases diverses, constamment fidèle, fut de renverser les obstacles opposés à l'accomplissement de ce vou. Ces obstacles se résumen: tous dans la domination antrichicum sur les provinces de la Lombardo-Vesetie et dans l'influence qu'elle a prétends exercer plus ou moins ouvertement sur les différents Etats de la Péninsule. E était donc naturel que la révolut italienne vit dans l'Autriche son princi pal ennemi, et réunît contre elle tous s efforts.

» Les gouvernements italiens pouvaientils, lors même qu'ils l'auraient vouls, renier ce vœu de la révolution italienne* Les considérations les plus graves con duisent à la persuasion qu'ils ne le pouvaient pas, et moins alors que dans tout autre temps. Les peuples qui ve naient d'obtenir de leurs gouvernements des institutions libérales dont le desir et le besoin se faisaient sentir depuis si longtemps, éprouvaient avec le sentiment d'un amour energique pour la liberte nouvelle un sentiment non moins ener

gique pour l'indépendance nationale, persuadés qu'il n'y avait de véritable liberté que sur les bases de l'indépendance.

» Les gouvernements devaient-ils, par égard pour les prétendus droits de l'Autriche, s'opposer aux vœux si unanimement manifestés par les peuples? Ces droits se fondent sur la possession et sur les traités. Mais quant à la possession, il est toujours permis d'en rechercher l'origine; et quant aux traités, il faut examiner comment ils out été établis et comment ils ont été observés.

» Il est nécessaire, avant tout, de considérer les origines très-diverses de la possession autrichienne sur les divers territoires dont se compose le royaume lombardo-vénitien. On ne saurait admettre que l'Autriche veuille exciper sérieusement des anciens droits que revendiquaient sur l'Italie les empereurs d'Allemagne. Ces droits, lors même qu'on les admettrait sous le rapport historique, ont été entièrement détruits par les stipulations mêmes sur lesquelles elle pourrait s'appuyer aujourd'hui pour soutenir ses prétentions.

Reproduire ici les titres de l'Autriche à la possession de ces provinces qui formaient en outre les duchés de Milan et de Mantoue, ce serait remettre sur le tapis la dispute sur la légitimité de la reversibilité des fiefs à l'Empire; ce serait recourir aux principes d'une jurisprudence tombée en désuétude, pour décider une question palpitante d'actualité; et si l'on veut parler des provinces qui formaient autrefois les possessions de terre ferme de la République de Venise, le droit de l'Autriche sur ces pays paraît n'être fondé sur autre chose que sur ces grands actes d'arbitraire que la conscience publique a toujours condamnés comme contraires à toutes les règles de la justice et de l'équité, actes par suite desquels il arrivait souvent que deux grandes puissances, après s'être emparées d'un petit pays, le partageaient entre elles comme compensation de territoire.

>> Legouvernement sared, qui croit d'un côté que les gouvernements italiens ne devraient pas reconnaître à l'Autriche le droit de conquête, croit aussi qu'ils ne doivent pas regarder l'Autriche

comme fondée dans les prétentions qu'elle s'arroge d'après les traités. Il serait inutile de remonter aux traités anciens, attendu qu'ils ont perdu toute leur force par suite des dispositions subséquentes qui les avaient altérés profondément; et quant aux traités de 1815, auxquels l'Autriche se réfère principalement, il est connu de tout le monde que l'Italie a été contrainte de les subir, et que l'Autriche, ici comme ailleurs, ne s'est pas écartée de l'esprit de sa politique, qui consiste à absorber les diverses nationalités répandues dans ses Etats. Et ici peut-on se dispenser de rappeler que l'Autriche met en avant les traités de 1815 quand elle les a déchirés par l'occupation violente de Cracovie, contre laquelle les protestations de toute l'Europe résonnent encore? En outre, si les traités décident des questions pendantes entre les peuples, ils ne peuvent décider de l'existence des peuples eux-mêmes, parce qu'ils ne peuvent pas effacer la langue, l'histoire, et faire qu'un fait passager, résultat de la force brutale, prévaille à perpétuité contre les lois placées par la nature et par la Providence. L'Italie doit exister par elle-même, non pas dans la géographie et dans la statistique, mais dans le congrès des nations civilisées.

>> Le gouvernement sarde ne renie pas la responsabilité d'avoir commencé la guerre de l'indépendance italienne; bien loin de là, il s'honore d'avoir eu le courage d'entreprendre une œuvre aussi chanceuse. Il savait qu'en le faisant, il répondait aux vœux des peuples et travaillait au triomphe des plus saintes causes de l'ordre social et de l'humanité. Tous les gouvernements de la Péninsule étaient alors d'accord avec lui, tous avaient fourni leur contingent à la guerre, et tous ont ainsi prouvé que l'indépendance de l'Italie était le vœu de tous les peuples italiens.

» Le gouvernement sarde, entré le premier dans cette guerre, et ne consultant que le droit et le vœu de la nation, a contracté un devoir plus rigoureux de la continuer, surtout depuis que la fusion des provinces lombardo-vénitiennes et des duchés avec les Etats sardes, fusion désirée avec une telle unanimité par les populations, lui a imposé la défense et la délivrance des pays qu

étaient le théâtre de la guerre. Se condé par de nobles efforts et par d'immenses sacrifices, il n'a pas abandonné sa tâche, lorsque, après les premiers succès sur le champ de bataille, il fut laissé seul sur ce terrain où des passions peu nobles avaient déjà répandu assez de semences de discorde. Des jours de désastres sont venus; la Sardaigne, trahie par la fortune, a dû plier sous le caprice des circonstances. Un armistice fut conclu entre les deux

armées.

» La France, à qui le gouvernement sarde avait demandé des secours qui avaient été promis aux peuples désirant reconquérir leur nationalité, a proposé à son tour une médiation en commun avec l'Angleterre ; mais à peine la Sardaigne, par déférence pour ces deux grandes puissances, et pour l'amour de la paix, avait-elle accepté la médiation, que l'Autriche commença à prouver qu'elle n'avait aucun désir sincère d'arriver à un arrangement honorable, et qu'elle voulait seulement profiter de l'armistice et de la médiation pour rétablir ses forces et parvenir à reconstituer son empire désorganisé. Telle a été la pensée qui était au fond de toute la politique de l'Autriche depuis le 9 août jusqu'à ce jour; tel a été le motif de toutes les tergiversations patentes ou cachées avec lesquelles elle se joue, depuis bientôt sept mois, de la bonne foi de la Sardaigne et des bons offices des deux puissances médiatrices.

L'Autriche a violé de plusieurs manières les stipulations expresses de l'armistice et la condition internationale des pays qu'elle ne devait occuper que militairement, conformément aux articles de l'armistice et au sens le plus naturel de la médiation. Elle l'a violé en retenant le parc du siége de Peschiera sous le prétexte que les troupes sardes n'avaient pas été éloignées de Venise, mais en réalité dans le but d'empêcher la Sardaigne de recommencer la guerre; elle l'a violé en bloquant Venise par terre et par mer, bien que cette magnifique ville eût sanctionné la cessation des hostilités. Elle l'a violé en rétablissant le pouvoir du duc de Modène avec tous les actes gouvernementaux qu'elle a fait publier dans les provinces lombardovénitiennes et dans les duchés. Elle l'a

violé en imposant d'exorbitantes contributions de guerre à des categories de réfugiés dressées par la colère et la haine, en donnant aux émigrés l'ordre de rentrer dans un délai fixé dans leurs foyers sous peine d'un séquestre "de tous leurs biens équivalant à une confiscation. Elle l'a violé par son édit da 5 janvier 1849, par lequel le commissaire impérial ordonnait qu'il fut envoyé à Vienne des députés dans le but de réorganiser les provinces lombardovénitiennes. Elle l'a violé par toutes ces lois arbitraires, par ces menées perfides à l'aide desquelles elle veut faire croire que la révolution s'est complete ment éteinte dans les provinces occapées par elle, et qu'on n'y connait qu'une vive sympathie pour l'ordre de choses ancien. Elle l'a violé en fonfant aux pieds ces droits éternels qui règlent toutes les sociétés en permettant an feld-maréchal commandant en chef et à ses lieutenants de recourir dans les pays occupés militairement par eux à l'exer cice de la force brutale, de la rapine et d'une insolence qui épuise toute patience. L'Europe a accueilli avec borreur le récit de ces faits, et l'Europe se demande comment des excès de ce genre peuvent se commettre de nos jours par un gouvernement qui se dit être à la hauteur des idées de notre siècle.

» Dans un tel état de choses, le gouvernement sarde a dû entrer dans un examen sérieux de sa propre position sous le point de vue du droit et du fait, de ses rapports avec les puissances médiatrices, de l'état général de l'Italie, pour délibérer ensuite sur le parti à prendre conformément à son honneur et à ses titres les plus légitimes. D'un côté, il a examiné son droit et son devoir de défendre les peuples qui se son unis aux peuples des États sardes, et leurs vœux unanimes en faveur de l'indépendance italienne; d'un autre côté, il a considéré toutes les persécutions éprouvées depuis le 9 août par les populations lombardo-vénitiennes et des duchés, et les sacrifices immenses supportés par l'État durant cette période, qui ont fait peser sur lui tout le poids d'un état de guerre sans lui en apporter ni les avantages ni les espérances. Il a surtout pris en considération les mani

festations spontanées des populations qui lui demandaient à grands cris de faire sortir enfin le pays de cette incertitude, et de maintenir l'union, une fois prononcée, des peuples lombardo-vénitiens et de ceux des duchés avec la Sardaigne.

>> Le gouvernement sarde a ensuite reconnu que ses égards pour les puissances médiatrices ne pouvaient pas s'étendre jusqu'à imposer à la Sardaigne le sacrifice de son honneur et de son salut, et il est persuadé que la sagesse de ces gouvernements et la générosité de leurs pays auront reconnu que l'œuvre amicale de la médiation ne pouvait être regardée par la Sardaigne que comme un bénéfice, quoique sans aucun effet; autrement, cette médiation n'aurait été ni un mérite de leur part ni un titre à la reconnaissance de la Sardaigne. Le gouvernement sarde a pensé que l'Autriche, n'ayant adopté aucune base de la médiation, et ayant en outre déclaré itérativement, dans des actes publics et officiels, ne vouloir rien cèder des traités de 1815, ni céder aucune partie des pays possédés par elle en vertu de ces traités, le but de la médiation était évidemment manqué. Il a pensé que si la France et l'Angleterre ont souffert que l'Autriche tint si peu compte de leur médiation, elles ne pouvaient pas non plus s'offenser si la Sardaigne prenait le parti de revenir à l'état où elle se trouvait avant l'intervention amicale de ces deux puissances, surtout lorsque durant tout ce temps elle s'est constamment montrée loyale. Il a pensé enfin que la France et l'Angleterre et toutes les nations civilisées ne sauraient méconnaître combien il était noble et généreux pour un gouvernement et pour un peuple de courir toutes les chances de la guerre contre un des plus puissants Etats du monde dans le but de reconquérir l'indépendance nationale et de délivrer une partie de leurs frères de la plus cruelle oppression.

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Après avoir pesé toutes les éventualités, examiné les causes éloignées et prochaines des derniers événements, il reste convaincu que sortir de la situation présente n'est pas moins nécessaire pour la Haute-Italie que pour toute la Péninsule, et qu'agir autrement serait exposer à de très-graves dangers les

conditions les plus 'essentielles de l'ordre politique et social.

» Au résumé de toutes ces considérations, le gouvernement sarde a vu qu'il ne lui restait qu'un seul parti à prendre, le parti de la guerre, et il l'a pris.

)) Après tant et de si flagrantes violations de l'armistice commises par l'Autriche, la Sardaigne, dont les pouvoirs constitués n'ont ni reconnu, ni ratifié cet armistice, était certainement en droit de se croire dispensée de le dénoncer. Mais elle décline ce droit, voulant montrer jusqu'à la fin son respect pour les coutumes reconnues comme inviolables parmi les nations civilisées.

» Le 12 de ce mois, le gouvernement sarde a dénoncé à l'Autriche la cessation de l'armistice.

› L'Europe jugera entre les deux gouvernements. Elle dira si d'un côté on pouvait pousser plus loin le respect d'une convention subie, la patience et la longanimité, et de l'autre côté la violence, les infractions et l'insulte. Elle ne voudra pas refuser ses sympathies, dans la lutte qui va recommencer, à la partie qui va combattre pour les droits imprescriptibles des peuples et pour la sainte cause de l'humanité.

>> Le gouvernement sarde prend à témoin de la justice de sa cause toutes les nations civilisées ; il en appelle à ces hautes puissances qui déjà lui ont généreusement prêté leurs bons offices; il en appelle à tous les peuples qui, jadis ou récemment, ont combattu ou combattent encore pour l'indépendance, et savent combien sa privation est amère, combien sa conquête est difficile; il en appelle à la Germanie elle-même, à qui les rapports de langue, de voisinage et de mœurs avec l'Autriche ne doivent pas faire oublier combien elle est hostile à la recomposition d'une forte nationalité allemande. Nous en appelons surtout, et avec plus de chaleur et de confiance, aux populations de la péninsule italique, qui, toutes, malgré les fautes et les erreurs des siècles passés, sont toujours unies par les souvenirs, par les sentiments, par les espérances et par le cœur.

>> La guerre de l'indépendance nationale recommence donc. Si elle ne se rouvre pas sous des auspices aussi favorables que l'an dernier. la cause à

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