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DÉPÈCHE de M. de Corcelles, au sujet les carabiniers ne se sont jamais volondu bombardement.

Rome, le 7 juillet 1849.

« ......Je reviens aux préoccupations du Gouvernement au moment où vous m'avez fait l'honneur de m'écrire le 2 juillet. I importe que l'opinion ne s'égare pas sur les circonstances de notre entrée à Rome. Déjà des rapports plus récents et plus exacts ont dû vous rassurer; toutefois, je continue de prouver la modération de nos armes, comme si nous avions à nous défendre de l'accusation de barbarie.

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Quant au bombardement, j'atteste qu'il n'a pas eu lieu, et je me suis mis en mesure de vous envoyer bientôt le résultat d'une enquête que j'ai provoquée pour prouver ce que j'avance. J'ai déjà recueilli les rétractations verbales de plusieurs consuls. Nous formons une commission où ils sont représentés, ainsi que le monde artistique, par M. Visconti, le conservateur des monuments de Rome.

» Dès à présent, je puis dire avec certitude que cent à cent cinquante obus ou boulets, tout au plus, sont tombés dans l'enceinte de la ville, qui a cinq lieues de circonférence; on n'en voit nulle part les traces. On n'a pu constater, par suite de l'emploi de ces projectiles, que quelques blessures et la mort d'une seule personne; encore ce dernier malheur est-il contesté.

» Aucun monument antique, aucun musée n'a été endommagé. Vous aurez un rapport précis à ce sujet. Un certain nombre de maisons privées ont été détruites par les insurgés eux-mêmes pour faciliter le feu de leurs fortifications, notamment aux abords de Saint-Ange. Ce sont la les seuls ravages de la guerre dans ce genre de destruction. Pour ce qui nous concerne, nous n'avons renversé que des murailles extérieures et quelques réduits à l'entrée du Janicule. Nous avons toujours dit que la résistance n'avait été ni romaine, ni nationale. En voici la preuve : L'ennemi n'a fait aucun usage de ses barricades, qui ont toutes été faites à prix d'argent. Nous avons constaté au ministère des finances qu'elles avaient coûté 2 à 3 millions. La garde civique,

tairement engagés dans les combats, et ont fini, dans les derniers temps, par s'abstenir. Au dernier moment, ils se sont entendus avec le conseil municipal pour nous ouvrir les portes.

vrai peuple de Rome, nous a très-bien » Le Transtevère, c'est-à-dire le reçus. Si la résistance eût été nationale, les campagnes nous auraient inquiétés ; or, quelques compagnies françaises ont suffi pour garder les communications libres entre Rome et le littoral. Les paysans n'ont pas cessé de venir au camp. Quand nous sommes entrés, 12,000 soldats romains environ occupaient le fort Saint-Ange et les divers quartiers militaires; à l'heure qu'il est, 4,000 de ces hommes, reconnus étrangers à la ville, ont reçu des feuilles de route pour leur pays. 4,000 réguliers ont passé de notre côté; 3 à 4,000 aventuriers ont suivi Garibaldi, et la plupart aujourd'hui sont déjà débandés.

» Vous voyez qu'on retrouve dans ces divers éléments toute l'armée assiégée, qui n'a jamais osé faire une véritable sortie et n'a défendu aucun de ses postes au dedans des murailles. En présence de tels témoignages, qui pourrait soutenir maintenant que nous avons attenté à la volonté et aux droits d'une nation?

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» Quant aux dégâts occasionnés par le siége dans les monuments de la ville, la commission d'enquête, dans son rapport, constate qu'ils se réduisent à la liste suivante :

» Au Vatican, dans la salle des tapisseries exécutées Paprès les cartons de Raphaël, et dans le tableau représentant la prédication de saint Paul, l'extrémité inférieure de la draperie de la dernière figure à gauche porte la trace d'une balle. La frise inférieure du tableau porte aussi la même trace. Ce dommage est très-facilement réparable.

» La fontaine de l'Acqua-Paolina, près de la porte Saint-Pancrace, a reçu un boulet qui n'a traversé qu'une maçonnerie insignifiante. Le volume des eaux n'est pas sensiblement di:ninué.

» A San-Pietro-in-Montorio, fortifié, occupé par Garibaldi et placé près de la brèche, les murs de plusieurs chapelles et de l'abside et le toit porteut la trace de nombreux boulets français. La cha

pelle de droite en entrant, peinte à fresque d'après un carton de Michel-Ange, est intacte.

>>En revanche, la balustrade sculptée par Giacomo della Porta a été entièrement brisée par les soldats et les chevaux de Garibaldi. Trois tableaux de l'école du Carrache ont disparu. L'église est absolument profanée et saccagée.

>> Le petit temple, bâti par le Bramante vers l'emplacement du cruc.fiement de saint Pierre, a été entièremeut préservé, bien qu'une bombe ait éclaté à trois mètres de distance. >>

vous exprimer, monsieur le duc, le regret sincère d'avoir donné lieu aux passions baineuses de l'esprit de parti d'exploiter une erreur qui s'explique natsrellement, pour répandre des calonsis contre vous et contre votre brave armée. Je saisis avec empressement cetle ocasion, monsieur le duc, pour vous renouveler mes remerciements de nous aveir rendu l'ordre et la tranquillité. Je vous prie de vouloir agréer, monsieur le dat, l'assurance de ma considération la plus distinguée.

>> Rome, 13 juillet 1849.

» KOLE..

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que

» Pendant le siége de Rome, le parti qui dominait cette ville publiait par ses déclarations officielles la canonnade de vos batteries, ou, comme on le prétend, votre bombardement avait occasionné la destruction irréparable des monuments. Ce n'est que sur la foi de pareilles assertions reitérées (auxquelles leur caractère officiel permettait d'attribuer une exactitude dont les graves désordres empêchaient alors totalement la vérification) qu'on a pu être entrainé à en reproduire la substance dans la lettre que plusieurs agents consulaires et consuls eurent l'honneur de vous adresser en dadu 24 juin. Mais aujourd'hui, qu'on peut sortir de chez soi sans crainte, qu'on peut circuler librement, et qu'on a les moyens de s'éclairer sur le degré de vérité des publications officielles et des bruits dont la ville était inondée; aujourd'hui, que j'ai pu me convaincre que le canou français n'a occasionné la destruction d'aucun monument, et qu'il n'a endommagé dans l'intérieur de la ville que les murs de quelques maisons de peu d'importance, je me fais un devoir de revenir sur la lettre précitée, à laquelle j'ai apposé ma signature, ne désirant pas qu'on attache à cette signature l'intention de soutenir un fait dont l'inexactitude ne laisse plus aucun doute. Je m'empresse donc de

ORDRE GÉNÉRAL.

« Le général en chef reçoit à l'instant les notifications suivantes :

» L'Assemblée a adopté la résolution dont la teneur suit :

» L'Assemblée nationale, en apprenant le succès de nos armes dans l'expédition d'Italie, vote des remercie ments à l'armée expéditionnaire et à ses chefs, qui ont su concilier diguement les devoirs de la guerre avec le respect di à la capitale du monde chrétien.

» L'Assemblée vote également des re merciements à la marine.

» Délibéré en séance publique, à Paris, le 10 juillet 1849.

» Le président et les secrétaires,
>> DUPIN, ARNAUD (de l'Ariége),
LACAZE, PEOPIN, CHAPOT,
BERARD, HEECKEREN. »

PROCLAMATION du général Oudinei, par laquelle la souveraineté temp relle du chef de l'Eglise est rétablie à Rome.

« Romains, depuis notre entrée dans votre cité, d'incontestables témoignages de sympathie, de nombreuses adresses, sont venus prouver que la ville de Rose n'attendait que l'instant où elle serait délivrée d'un régime d'oppression et d'anarchie pour faire éclater de nouveau

sa fidélité et sa gratitude envers le généreux pontife à qui elle doit ses premières libertés. Ces sentiments, la France ne les a jamais mis en doute. En rétablissant aujourd'hui dans la capitale du monde chrétien la souveraineté temporelle du chef de l'Eglise, elle vient réaliser les vœux ardents du monde catholique. Dès son avénement à la dignité suprême, l'illustre Pie IX a fait connaître à son peuple les sentiments généreux dont il est animé. Le souverain pontife apprécie vos désirs et vos besoins, la France le sait; votre confiance ne sera pas trompée.

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MINISTÈRE DE GRACE ET JUSTICE.

«Les circonstances par suite desquelles avait été interrompu le cours régulier de la justice ayant cessé, et avec l'ap probation de S. Exc. le général commandant en chef le corps d'expédition de la Méditerranée, il est ordonné:

» Art. 1er. Le cours de la justice sera immédiatement repris.

» 2. Les jugements seront rendus au nom de S. S. Pie IX, au nom duquel seront passés tous les actes du greffe. Les présidents et greffiers des divers tribunaux sont chargés d'exécuter promptement la présente ordonnance.

» Rome, le 16 juillet 1849.

» Le commissaire extraordinaire. » G. PIACENTINI. >>

ORDRE GÉNÉRAL.

« Dimanche prochain, 15 juillet, un Te Deum sera chanté à l'église SaintPierre, en témoignage d'actions de gråces, pour le succès des armes françaises en Italie et pour le rétablissement de l'autorité pontificale. Tous les corps de l'armée en garnison à Rome assisteront à cette cérémonie religieuse, qui aura lieu à quatre heures de l'après-midi. Une soleunité semblable aura lieu dans chacun des cantonnements occupés par l'armée. Après le Te Deum, il sera passé une grande revue. Les troupes romaines y figureront et se placeront à la gauche des troupes françaises de leur arme. Une salve de cent coups de canon, tirée du château Saint-Ange, annoncera à la ville le moment où le drapeau pontifical sera arboré. Le soir, les édifices publics seront illuminés Des secours aux indigents seront distribués à domicile, au nom du Gouvernement français. La retraite sera battue à dix heures.

>> Rome, le 13 juillet 1849.
» Le général en chef,

« OUDINOT DE REGGIO.»

ADRESSE de la commission municipale provisoire de Rome, au SaintPere.

Votre

« Très-saint Père, dans l'heureuse solennité de ce jour (15 juillet), qui rétablit parmi nous la légitime autorité de gouvernement temporel, nous sommes très-heureux de pouvoir nous adresser librement à Votre Sainteté et Jui renouveler, avec la plus sincère expression de l'âme, les sentiments de fidélité et de soumission que nous avons toujours professés pour elle.

» Au milieu des nombreuses difficultés de tout genre que présente uue ville à peine sortie de l'oppression et de l'anarchie, nous n'avons pas cru pouvoir refuser honorablement de nous charger de l'administration temporaire des affaires communales, qui nous était offerte par le général commandant en chef l'armée française. Nous nous flattons de ne pas nous être écartés ainsi de vos bienfaisantes et généreuses intentions.

» Saint-Père, vous savez bien que notre ville a été victime de la terreur et de machinations perverses, et vous l'avez reconnu. Nous nous consolons de l'espoir que l'état malheureux du pays trouvera un prompt remède, grâce à Votre Sainteté, dans ces institutions qui peuvent seules ramener le calme et

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Il a guidé les armes catholiques pour soutenir les droits de l'humanité foulés aux pieds, de la foi attaquée, et ceux du Saint-Siége et de notre souveraineté. Gloire éternelle à Dieu, qui, même au milieu de ses colères, n'onblie pas sa miséricorde!

Très-aimés sujets, si, dans le tourbillon de ces épouvantables événements, notre cœur a été rassasié d'amertume en réfléchissant à tant de maux soufferts par l'Église, par la religion et par vous, il n'a rien diminué de cette affection avec laquelle il vous a aimés et vous aime en

core.

>> Nous hâtons de nos vœux le jour qui nous ramènera parmi vous, et

Le Saint-Père a répondu dans les quand ce jour sera venu, nous ren

termes suivants :

Au prince Odelscalchi, président de la commission municipale.

« Les sentiments que vous avez exprimés dans votre adresse, très-chers frères et sujets, ont rassuré notre esprit accablé par la pensée des maux très. graves qui ont pesé et pèsent encore sur l'Eglise et sur les sujets pontificaux, par le fait des ennemis de Dieu et des hommes.

>> Nous sommes convaincu qu'en ce qui vous concerne vous ferez tout ce qui dépendra de vous pour concourir à la diminution de ces maux.

>> La somme de 300 doublons d'or (10,500 fr.) vous sera remise; vous la joindrez aux offrandes recueillies à Rome pour procurer des travaux aux classes indigentes.

» Nous vous bénissons absents avec le désir de vous bénir présents quand Dieu aura déterminé le moment de notre retour.

>> Donné à Gaëte, le 20 juillet 1849, de notre pontificat la quatrième année.

» PIUS PAPA IX. »

trerons avec le vif désir de vous ap porter la consolation, et avec la velonté de nous occuper de toutes vos forces de votre vrai bien, appliquant les remèdes difficiles à des max très-graves, pour consoler nos bons sujets, qui, tout en attendant les ins titutions d'accord avec leurs besoins, veulent, comme nous le voulons nousmêmes, voir garanties la liberte ét l'indépendance du souverain pontificat, si nécessaires à la tranquillité du monde catholique.

En attendant, pour réorganiser la chose publique, nous allons nommer une commission qui, munie de pleins pouvoirs et secondée par un ministère, règlera le gouvernement de P'Etat.

>> Nous implorons aujourd'hui avec plus de ferveur la bénédiction da Seigneur, que nous implorâmes ton jours, même éloignés de vous, nous l'implorons pour qu'elle descende avec abondance sur vous. C'est une grande consolation pour

notre cœur

d'espérer que tous ceux qui ont voule se mettre hors d'etat d'en recueillir le fruit par leurs égarements puissent s'en rendre digues par un sincère et constant retour au bien.

» Donné à Gaête, le 17 juillet 1849.

» PIE IX.

PIE IX à ses bien-aimés sujets.

<< Dieu a étendu son bras, et il a commandé à la mer orageuse de l'a. narchie et de l'impiété de s'arrêter.

CIRCULAIRE du général Oudinot de Reggio, commandant en chef, aux commissaires généraux de l'intérieur, des finances, de grace el de justice, et des travaux publics :

<< Monsieur,

>> Sa Sainteté, dans le but de pourvoir à la réorganisation des États poutificaux, a daigné nommer une comission gouvernementale qui, munie de pleins pouvoirs, résidera dans cette capitale. Elle est composée des trèséminents cardinaux Gabriel della Genga Sermattei, Luigi Vannicelli, Asoni et Lodovico Altieri. Cette commission, qui est chargée de former un ministère, est arrivée à Rome. La haute mission dont elle est investie me permet de rendre au gouvernement pontifical les pouvoirs que les événements de la guerre avaient momentanément concentrés dans mes mains. Au moment où cessent mes relations de service avec vous, je sens, Monsieur, le besoin de vous exprimer ma reconnaissance pour le concours actif et à la fois éclairé que vous avez daigué m'accorder dans la direction des affaires.

>> Mes relations avec vous me lais. seront, Monsieur, de précieux souvenirs, attendu que, dans un poste difficile, et dans de graves circonstances, vous avez rendu possible tout service.

» Recevez, je vous prie, avec cette expression de ma gratitude, l'assurance de ma haute considération, de mes sentiments très-distingués.

» Le général en chef, >> OUDINOT DE REGGIO. >>

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tifical, et d'une manière spéciale celle de la ville de Rome, siége et centre de notre très-sainte religion. C'est pourquoi le Saint-Père, fidèle à la promesse consignée dans son vénéré motu proprio, en date de Gaëte, le 7 du mois dernier, nous envoie aujourd'hui parmi vous avec plens pouvo rs, afin de réparer de la meilleure manière et le plus tôt qu'il sera poss ble les graves dommages causés par l'anarchie et par le despotisme du petit nombre (di pochi).

>> Notre première sollicitude consistera à veiller à ce que la religion et la morale soient respectées de tous comme base et fondement de toute existence

sociale, à ce que la justice ait son cours plein et régulier indistinctement pour chacun, et à ce que l'adm nistration de la chose publique reçoive la régularité et l'accroissement dont elle a tant besoin, après l'indigne bus qui en a été fait par des démagogues sans raison et

sans nom.

» Pour atteindre ces très-importants résultats, nous nous aiderous des conseils de personnes distinguées par leur intelligence et par leur zèle, et aussi par la confiance générale dont elles jouissent, et qui contribueront à la bonne issue des affaires. L'ordre régulier des choses veut qu'à la tête des ministères respectifs il y ait des hommes intègres et familiarisés avec le dépar tement dout ils doivent s'occuper avec empressement. En conséquence, nous nommerous le plus promptement possible les personnes qui dirigeront les affaires intérieures et de la police, celles de la justice, des finances, de l'armée et des travaux publics et du commerce, les affaires étrangères restant au très-éminent cardinal premier secrétaire d'État, qui, pendant son absence, aura à Rome un suppléant pour les affaires ordinaires.

>> Puissions-nous donc voir renaître, comme nous l'espérons, la confiance dans toute classe et tout ordre de personnes, pendant que le Saint-Père, avec

son

âme vraiment bienfaisante, s'oc cupera de pourvoir aux améliorations et aux institutions qui seront compatibles avec sa dignité et son très-haut pouvoir de souverain pontife, avec la nature de cet État, dont la conservation intéresse le monde catholique tout entier, et

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