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drapeaux la figure de quelque divinité du paganisme; mais cette innovation ne dura pas long-temps, et après la mort de ce prince le labarum de Constantin fut remis en honneur.

LABOURAGE. «Le labourage, dit Furgault dans son Dictionnaire des antiquités grecques et romaines, était honorable en Grèce dès les temps héroïques, puisque Ulysse et son père Laërte maniaient la charrue. Chez les anciens Romains, les dictateurs et les consuls étaient la plupart des laboureurs. Les Grecs et les Romains faisaient le labourage d'une manière plus simple qu'on ne le fait aujourd'hui. La charrue, que les Grecs appelaient aratron, et les Latins aratrum, n'avait point de roues peut-être n'étaient-elles pas nécessaires dans des fonds secs et raboteux, tels qu'ils pouvaient être communé ment en Grèce et en Italie. Virgile, qui décrit la charrue de son temps, ne parle pas de roues. Un manche, stiva; une flèche ou timon, temo; un joug, jugum; un soc, vomer; deux oreilles, dentalia: voilà toutes les parties de la charrue; au lieu que la nôtre en a beaucoup plus, sans compter les

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du détroit d'Hudson; il s'étend depuis le 50 degré de latitude jusqu'au 63o, et depuis le 301° degré de longitude jusqu'au 323o ou environ; c'est une espèce de triangle. Ce pays est extrêmement froid, stérile, bordé de plusieurs îles, et habité par des sauvages appelés Eskimaux. L'intérieur du pays nous est entièrement inconnu. Cette terre fut découverte en 1496 par le Vénitien Gabato, surnommé Nauclerus, à cause de son habileté dans la navigation. Il avait trouvé, pour aller en Amérique, une route plus courte que celle de Christophe Colomb.

LABYRINTHE. Grand édifice dont il est difficile de trouver l'issue. Les anciens font mention de quatre fameux labyrinthes, dont le premier, à tous égards, est le labyrinthe d'Égypte. Il était bâti un peu au-dessous du lac Moris, auprès d'Arsinoé, autrement nommée la ville des Crocodiles. Ce labyrinthe, selon Pomponius Méla, qui en fait une courte description (liv. I, chap. 1x), 'contenait trois mille appartements et douze palais dans une seule enceinte de murailles. Il était construit et couvert de marbre; il n'offrait qu'une seule descente au bout de laquelle on avait pratiqué intérieurement une infinité de routes par où l'on passait et repassait, en faisant mille détours qui jetaient dans l'incertitude, parcequ'on se retrouvait souvent au même endroit; de sorte qu'après bien des fatigues, on revenait au même lieu d'où l'on était parti, sans savoir comment se retirer d'embarras, et pour s'exprimer plus noblement, en empruntant le langage de Corneille:

dle chemins divers, avec tant d'artifice,
Coupaient de tous côtés ce fameux édifice,
Que qui, pour en sortir, croyait les éviter,
Rentrait dans les sentiers qu'il venait de quitter.

Le nombre des appartements dont parle Méla paraît incroyable; mais Hérodote, qui avait vu de ses yeux ce célèbre labyrinthe lorsqu'il était entier et dans toute sa beauté, explique le fait, en remarquant que la moitié de ces appartements était sous terre, l'autre moitié au-dessus. Il faut donc lire la description que cet historien a faite de ce pompeux édifice, il y a plus de deux mille ans, et y joindre celle de Paul Lucas, qui en a vu les restes au commencement du dernier siècle. Ce qu'en rapporte le voyageur moderne nous paraît d'autant plus intéressant, que c'est un commentaire et une explication du récit d'Hérodote.

Le labyrinthe d'Égypte était un temple immense, dans lequel se trouvaient renfermées des chapelles consacrées à toutes les divinités du pays. Les anciens ne parlent que du nombre prodigieux d'idoles qu'on y avait mises, et dont on voit de tous côtés les figures de différentes grandeurs. L'histoire ne dit point quel prince a fait bâtir le labyrinthe dont nous parlons, ni en quel temps il a été construit. Pomponius Méla en attribue la gloire à Psamméticus : on pourrait penser que c'était l'ouvrage du même prince qui avait fait creuser le lac Moris, et qui lui avait donné son nom, si Pline ne disait qu'on en attribuait l'honneur à plusieurs rois. Hérodote assure qu'il était l'ouvrage de douze rois qui, régnant conjointement, avaient partagé l'É

gypte en autant de parties, et que ces princes avaient laissé de concert ce monument à la pos

térité.

Le labyrinthe de l'île de Créte parut sous le règne de Minos. Pline dit que, quoiqué ce labyrinthe eût été construit par Dédale, sur le modèle de celui d'Égypte, il n'en imita pas la centième partie, et que cependant il contenait un si grand nombre de tours et de détours, qu'il n'était pas possible d'en trouver l'issue. Ovide, sans avoir jamais vu ce labyrinthe, en a fait une description fort ingénieuse dans ses Métamorphoses:

Minos veut que dans l'ombre un vaste labyrinthe Prison du monstre affreux (le Minotaure) le cache en son enceinte.

L'ingénieux Dédale, architecte fameux,
Traça les foudements de ces murs sinueux,
Et dans de longs détours, sans terme et sans issue,
Par l'erreur des sentiers embarrassa la vue.
Tel qu'amoureux de suivre un tortueux chemin,
Le Méandre se joue en son cours incertain,
Et vingt fois sur ses pas ramené dans sa course,
Se rencontre lui-même, et retrouve sa source,
De détours en détours dans sa route égaré:
Tel, de nombreux circuits par Dédale entouré,
Tourne le labyrinthe; et l'inventeur lui-même
Put à peine en sortir, tant son art est extrême.
(DESAINTANGE, Trad. des Métum., liv. VIII, ch. 1.)

Le labyrinthe de l'île de Lemnos, selon Pline, était semblable aux précédents pour l'embarras des routes. Il était distingué par cent cinquante colonnes, si également ajustées dans leurs pivots, qu'un enfant pouvait les faire mouvoir pendant qu'un ouvrier les travaillait. Ce labyrinthe était l'ouvrage des architectes Zmilus, Rhodus, et Théodore de Lemnos. On en voyait encore des vestiges du temps de Pline.

Le labyrinthe d'Italic fut bâti au-dessous de la ville de Clusium,

par Porsenna, roi d'Etrurie, qui voulut s'en faire un magnifique tombeau, et procurer à l'Italie la gloire d'avoir, en ce genre, surpassé la vanité des rois étrangers. Il ne restait déjà plus rien de ce monument, du temps de Pline.

LABYRINTHE (jardinage). Nous avons aujourd'hui, dans nos jardins ou parcs, des labyrinthes qu'on appelait autrefois dédales: ce sont des bois coupés de diverses allées, pratiquées avec un si grand art, qu'on peut s'y égarer facilement. Les charmilles, les bancs, les figures, les fontaines, les berceaux, qui en font l'ornement, en corrigent la solitude et semblent consoler de l'embarras qu'ils causent. Un labyrinthe doit être un peu grand, afin que la vue ne puisse point percer à travers les petits carrés de bois, ce qui en ôterait l'agrément. Il n'y faut qu'une entrée qui servira aussi de sortie.

LAC. Les anciens Gaulois regardaient les lacs comme des divinités, ou au moins comme des lieux où elles fixaient leur séjour. Ils jetaient dans le lac de Toulouse le butin qu'ils avaient fait sur les ennemis. Celui du Gévaudan était consacré à la lune, et tous les ans on y venait des pays circonvoisins, pour y jeter les offrandes qu'on faisait à la déesse. Le lac des deux Corbeaux était aussi très renommé dans les Gaules. L'appétit de ces oiseaux y décidait toutes les contestations. Au jour prescrit, les parties se rendaient au bord du lac, et leur je taient chacune un gâteau. Le plaideur dont l'offrande était reçue avec avidité gagnait sa cause; celui au contraire dont le gâteau n'é

tait que becqueté était réputé condamné par les dieux mêmes.

LACRYMA CHRISTI. C'est le nom que l'on donne en Italie à un vin muscat très agréable, qui croît au royaume de Naples, au milieu des cendres et des débris du mont Vésuve. Un Polonais, dit-on, ayant trouvé ce vin fort à son goût, s'écria: O Domine, cur etiam in terris nostris non lacrymatus es? (Seigneur, pourquoi n'avez-vous pas aussi pleuré sur nos terres?)

LACRYMALE (glande). Cette glande, destinée à la séparation des larmes, est un corps glanduleux, congloméré, situé dans la fossette de l'os coronal, vers le petit angle de l'œil, duquel partent plusieurs petits vaisseaux excrétoires qui viennent s'ouvrir par plusieurs orifices auprès de la racine de l'œil. Nicolas Sténon a découvert le premier ces conduits, le 11 novembre 1661, en présence de Borrichius.

LACRYMATOIRE. Mot formé, comme le précédent, du substantif lacrymæ (larmes). Les lacrymatoires ou les urnes lacrymatoires, étaient, chez les anciens, des fioles de terre ou de verre où l'on recueillait les larmes versées aux funérailles; les lacrymatoires étaient religieusement renfermés dans les tombeaux.

LACTÉE. Voyez VEINES et VOIE. LACTOMETRE. Instrument qui sert à mesurer la quantité de crème que peut produire le lait selon l'âge et la nourriture des animaux; il fut imaginé en 1817, par sir Joseph Bancks, président de la société royale de Londres.

LADRE, c'est-à-dire lépreux. Ce mot est formé du latin Lazarus

(Lazare), nom propre du pauvre mendiant qui se tenait à la porte du mauvais riche, et dont il est parlé dans saint Luc, chap. xvI, verset 19. De Lazarus on a fait lazre, et par l'interposition d'un d, comme dans vendredi venu de Veneris dies, lazdre, ladre. Les Italiens appellent la lèpre le mal de saint Ladre, il mal di santo Ladri. Ce mendiant était couvert d'ulcères ; « de là, dit M. Roquefort dans son Glossaire de la langue romane, on nomma les lépreux ladres, parcequ'ils invoquaient saint Lazare pour les guérir. Ce n'est qu'au commencement du dix-septième siècle qu'on nomma Saint-Lazare la maison située hors de la porte SaintDenys, à Paris. » Ce bâtiment, qui, avant la révolution, était un couvent, est devenu depuis une maison de réclusion pour les femmes. Comme on nommait les lépreux ladres, nos pères appelèrent ladreries les hôpitaux où l'on réunit ces malheureux.

LAI. C'était le nom que nos pères avaient donné à une espèce de poëme déjà tombé en désuetude au milieu du seizième siècle, ainsi que nous l'apprend Thomas Sébilet dans son Art poétique. Ce poëme consistait en une certaine quantité de petits vers distribués également en couplets, dont il ne paraît pas que le nombre ait été bien déterminé, non plus que celui des vers de chaque couplet. « Tout y roulait sur deux rimes, dont une n'était employée que pour terminer les couplets avec de petits bouts de vers qui, ne pouvant remplir la ligne, laissaient un vide entre les couplets, ce qui fit qu'on appela encore le

lai arbre-fourchu. Ces arbresfourchus feraient rire aujour d'hui; on les employait alors dans les sujets lugubres, ou pour quelque grave moralité. » Exemple :

Sur l'appui du monde
Que faut-il qu'on fonde
D'espoir ?
Cette mer profonde,
En débris féconde,
Fait voir

Calme au matiu l'onde,
Et l'orage y gronde

Le soir.

Le P. MOURGUES, Traité de la poésie française, page 176.)

LAINE. L'histoire fait remonter jusqu'au premier âge du monde l'époque l'on s'appliqua à soigner et à améliorer les bêtes à laine. La richesse principale des anciens habitants de la terre consistait en troupeaux de brebis. Les Romains regardèrent cette branche d'agriculture comme la plus essentielle. Numa, voulant donner cours à la monnaie dont il fut l'inventeur, y fit marquer l'empreinte d'une brebis, en signe de son utilité: pecunia à pecude, dit Varron; et plus de six cents ans après, les censeurs avaient la direction de tous les troupeaux de bêtes blanches. Ils prononçaient de fortes amendes contre ceux qui négligeaient leurs troupeaux, et accordaient des récompenses à ceux qui signalaient leur industrie par l'étude et la recherche de tout ce qui pouvait procurer de meilleures laines. Elles servaient chez eux, comme parmi nous, aux vêtements de toute espèce. Curieux de celles qui surpassaient les autres en finesse, en mollesse et en longueur, ils tiraient leurs belles toisons de la Galatie, de la

Pouille, surtout de Tarente, de -l'Attique et de Milet. « Dans l'antiquité, dit J. Peuchet (Dictionnaire universel de la géographie commerçante, introduction, pag. 161), on comptait, parmi les laines les plus précieuses, celles du territoire de Milet et de l'Ionie en général; tandis que la Grèce européenne ne fournissait au commerce que des espèces grossières, peu estimées et à peine propres aux fabriques, si l'on en excepte celles de l'Attique, où les troupeaux, semblables à ceux de l'Espagne moderne, surpassaient, par la finesse de letur toison, les troupeaux de l'Arcadie et ceux de la Phocide, ainsi que nous l'apprend Athénée, au chapitre 1 du livre second de son Banquet. »

Pline et Columelle vantent aussi les toisons de la Gaule.

Dans les premiers temps, les Romains arrachaient la laine des moutons, au lieu de les tondre, et ils choisissaient pour cette opération la saison où la laine se sépare du corps de l'animal : de là, selon quelques auteurs, le mot latin vellus (toison), de vellere (arracher).

Pendant un laps de temps assez long, l'Espagne, l'Angleterre, la Hollande et la Suède ont fourni au commerce les plus belles laines, parceque ces puissances ont perfectionné la qualité et augmenté la quantité de ce produit par l'importation d'une race étrangère, infiniment supérieure à celle du pays. La Castille est redevable à don Pèdre IV des belles laines qu'elle possède. Autrefois les moutons rapportaient annuellement dans le trésor d'Espagne plus de trente millions de réaux. Edouard

IV, ayant fait venir, avec l'agrément du roi d'Espagne, trois mille bêtes blanches de ses états, ouvrit à l'Angleterre une nouvelle source de richesses.

Les Indes orientales ont fourni, dans l'avant-dernier siècle, aux Hollandais une espèce de béliers et de brebis hautes, alongées, grosses de corsage; et cette race, transplantée dans le Texel et dans la Frise orientale, y a réussi au point que les femelles donnent quelquefois quatre agneaux par année, et que les toisons pèsent depuis dix jusqu'à seize livres.

Les Suédois ont aussi transporté chez eux des bêtes à laine de la meilleure espèce d'Angleterre et d'Espagne; et leurs soins ont tellement triomphé des obstacles que les rigueurs de leur climat apportaient au succès de leur entreprise, qu'ils n'ont rien à envier à cet égard aux deux royaumes qui les ont mis en état de se passer de leurs secours.

Quoique la Gaule ait fourni de belles toisons du temps des Romains, les laines de France étaient loin de pouvoir rivaliser avec celles d'Espagne, d'Angleterre et de Hollande, lorsque l'impulsion donnée à l'industrie, à la fin du siècle dernier, fit sentir à cette nation la honte et le poids d'un tribut qu'elle était obligée de payer à l'étranger. Prévoir qu'il ne lui était pas impossible de soutenir la concurrence, c'était pressentir la supériorité qu'elle devait obtenir par la suite.

Ce n'est qu'en 1803 qu'on a commencé d'introduire dans nos manufactures des machines pour carder et pour filer la laine. C'est aux soins éclairés de M. le comte

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