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Chaptal, alors ministre de l'inténeur, qu'on doit cette introduction. On lui doit aussi les encouragements si bien mérités que reçu. rent MM. Douglas et Cockerill, lorsqu'ils vinrent établir en France les ateliers dans lesquels ils construisirent leurs belles machines. Elles furent améliorées ensuite, grâces aux efforts que produisit un concours ouvert (en 1803) sous les auspices du savant et de l'homme d'état dont nous venons de rappeler le nom cher à l'industrie française. Il faut citer MM. Calla, Collier, Cockerill, Dobo, Farrar et Bauwens parmi les artistes qui se sont distingués dans la fabrication et dans le perfectionnement des machines qui servent å filer la laine cardée.

La mécanique avait à vaincre des difficultés plus grandes, afin d'opérer avantageusement le filage de la laine peignée.

En 1812, M. Demaurey obtint un prix de la société d'encouragement, pour une machine propre à peigner la laine. Cette machine exécute, avec deux personnes, le travail de six ouvriers qu'il faudrait employer si l'on voulait peigner la laine à la main.

La société d'encouragement, qui, depuis son institution (laquelle remonte au ministère de M. le comte Chaptal), a fait les plus généreux sacrifices en faveur de l'industrie, proposa, dès 1807, un prix de 3,000 francs pour l'artiste qui présenterait une machine propre à filer la laine peignée. · Dès 1811, M. Dobo avait établi la machine qu'il imagina pour ce travail, dans la manufacture de M. Ternaux, à Bazancourt, aúprès de Reims. Les fils qu'elle

produisit servirent d'abord à fabriquer les tissus ras de mérinos. En 1815, M. Dobo remporta le prix qu'avait fondé la société d'encouragement.

L'importante opération de l'amélioration des laines présentait en France, dès 1806, de très heureux résultats. Le jury, à cette époque, remarqua que la laine des mérinos établis en France depuis plusieurs générations, égalait en finesse et en beauté celle des mérinos nés en Espagne; il annonça que l'on pouvait prévoir une époque où il ne serait plus nécessaire d'acheter des laines à l'étranger. Le temps a confirmé de la manière la plus positive la justesse de cet aperçu. Des résultats incontestables marquent les pas que l'amélioration a faits depuis 1806: il est constaté que la laine des mérinos gagne de la finesse par le séjour de cette race en France. Tous les manufacturiers de l'Europe pensent maintenant, avec les nôtres, que la laine des mérinos nourris en France réussit mieux dans la fabrication des draps superfins que la plus belle laine espagnole. La faveur dont nos laines jouissent est due, en premier lieu, à leur qualité; mais le soin qu'on apporte à les laver et à en faire le triage y ajoute beaucoup. Il y a quinze ans il n'existait peut-être pas en France un seul lavoir pour les laines fines. Aujourd'hui on en compte plus de quarante seulement autour de Paris. C'est M. Ternaux qui a donné le premier modèle d'un établissement de ce genre.

Pendant long-temps on avait cru que les moutons perdaient

leur laine chaque année, et cette assertion, dénuée de fondement, avait été avancée dans des ouvrages qui jouissent d'une considération justement méritée. Les membres du conseil d'agriculture, voulant vérifier cette assertion, firent laisser pendant deux ou trois années des brebis sans les tondre, et ils obtinrent, sans aucun déchet, une laine longue d'une égale finesse, et qui représentait sensiblement en poids une quantité égale à celle que deux ou trois tontes auraient produite. Cette expérience ouvrit une nouvelle branche à l'industrie; la laine longue obtenue sur les bêtes à laine fine fut remise à divers manufacturiers, et produisit des casimirs qui ont été présentés à l'exposition générale des produits de l'industrie française, et qui ont soutenu avec avantage la comparaison avec les plus beaux casimirs anglais. On a observé que les animaux chargés de cette toison longue et pesante n'avaient pas souffert notablement.

LAINE MINERALE. On a découvert dans le comté de Schwartzenau, en Basse-Autriche, à une profondeur de dix-huit pieds sous terre, une espèce de laine minérale très souple et très douce, d'une couleur rouge bleuâtre. On en a fabriqué à Vienne des chapeaux, des gilets, etc. : on en peut même fabriquer un papier très solide, qui conserve cependant la couleur de sa substance. (Archives des découvertes et des inventions nouvelles, faites pendant l'année 1809, page 21.)

LAIT. Dans les sacrifices, les anciens faisaient de fréquentes libations de lait. Les moissonneurs

en offraient à Cérès, les bergers à Palès, et dans un quartier de Rome, nommé pour cela Vicus sobrius, on offrait à Mercure du lait au lieu de vin.

me,

« De tous les produits d'une ferle lait, dit M. Chaptal (Chimie appliquée à l'agriculture, t. II, p. 169), est un de ceux qui concourent le plus puissamment à la prospérité de l'établissement. Non seulement il forme par lui-même et par les principes qu'on en retire un des principaux aliments de la famille, mais la vente d'une partie des produits fournit encore une recette journalière qui permet de pourvoir à presque tous les besoins de l'intérieur du ménage.»

Les recherches que MM. Fourcroy et Vauquelin ont faites sur le lait sont tellement simples et si exactes, que l'on peut regarder comme une véritable découverte le résultat de leurs observations. L'acide qui se développe dans cette liqueur que l'on regardait comme d'une nature particulière, n'est, suivant MM. Fourcroy et Vauquelin, que l'acide du vinaigre modifié par quelques substances animales, et quelques sels qu'il tient en dissolution. Ils ajoutent que le lait est une liqueur mixte, formée de beaucoup d'eau et de deux genres de matières. Les premières, qui sont le sucre, le mucilage, le muriate et le sulfate de potasse, et l'acide acétique, sont ici dans un état de dissolution complète; les secondes sont la matière du fromage, celle du beurre, et les phosphates de fer, de chaux et de magnésie : elles sont simplement suspendues dans le liquide. « Cette complication infinie du premier aliment pré

paré au jeune animal par la naare, nous offre, dit M. Cuvier dans un rapport à l'Institut, de Louveaux motifs d'admirer la prévoyance de cette mère commune. Elle y a déposé tous les matériaux d'un prompt accroissement. La substance caséeuse est presque la même que celle des muscles; le phosphate de fer est l'un des éléments du sang, et celui de chaux fait la base terreuse et la cause du durcissement des os. >>

LAIT D'ANESSE. Ce lait n'est en réputation en France que depuis le règne de François Ier; et voici comment on l'y a connu. Ce monarque se trouvait très faible et très incommodé : les médecins ne purent le rétablir. On parla au roi d'un juif de Constantinople qui avait la réputation d'être un très habile médecin. François Ier ordonna à son ambassadeur en Turquie de faire venir à Paris ce docteur israélite, quoi qu'il en pût coûter. Le médecin juif arriva, et n'ordonna pour tout remède que du lait d'ânesse. Ce remède doux réussit très bien au roi, et tous les courtisans des deux sexes s'empressèrent à suivre le même régime, pour peu qu'ils crussent en avoir besoin.

Un malade guéri par l'usage de cette nourriture saine et restau rante crut devoir exprimer sa reconnaissance par ce quatrain :

Par sa bonté, par sa substance, D'une anese le lait m'a rendu la santé ; Et je dois plus, en cette circonstance,

Aux ânes qu'à la faculté.

LAITON. La fabrication du laiton brut manquait totalement, en 1806, à l'ancien territoire de France. Cet alliage s'obtient en

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combinant le cuivre rouge avec le zinc. Ce dernier métal, qui porte le nom de calamine quand il est à l'état d'oxide, était l'objet d'une grande exploitation dans les départements de la Roër et de l'Ourthe; mais quoique l'on connût dans l'ancienne France quelques gîtes de minerai de zinc, nulle part on n'avait songé à les exploiter. C'est vers l'an 1810 que la fabrication du laiton s'est naturalisée chez nous. Avant cette époque, il avait existé une fabrique de ce genre à Landrichampt, dans les Ardennes; mais elle était sans activité, lorsque celle de Fromelenne fut fondée par M. de Contamine. Dans celle-ci l'on faisait du laiton, et l'on traitait le zinc même au laminoir et à la filière ; mais on était obligé de faire venir ce métal de Liége. Aujourd'hui la fabrication du laiton brut est en activité dans plusieurs grandes usines. Néanmoins elle n'est pas encore assez étendue pour satisfaire à tous les besoins des arts français, et nous sommes obligés d'en tirer de l'étranger une quantité considérable. Il a été fait, en 1818, des essais pour parvenir à remplacer la calamine, dont la France ne possède plus aucune exploitation, par la blende ou zinc sulfuré, que nous possédons en abondance, et dont, jusqu'en 1819, on n'avait fait aucun emploi. Ces expériences, entreprises sous les auspices de l'administration des mines, ont eu d'heureux résultats. On a vu à l'exposition des produits de l'industrie française, du laiton brut fabriqué par M. Boucher fils, de Rouen, avec la blende en remplacement de la calamine.

M. Japy de Beaucourt a obtenu

un brevet d'invention pour une machine à couper les feuilles de laiton laminées, par bandes parallèles d'une largeur quelconque; on en tire les platines, les balanciers et les roues des montres.

LAITUE. Les laitues ont toujours été les plus estimées de toutes les herbes potagères; elles faisaient un des mets favoris des Romains : les disciples de Pythagore leur attribuaient la propriété d'éteindre les feux de l'amour. C'est ce qui a fait dire à Callimaque que Vénus, après la mort d'Adonis, se coucha sur un lit de laitues, pour modérer la violence de sa passion.

Les médecins ont observé depuis long-temps une vertu narcotique dans la laitue. Galien rapporte que dans sa vieillesse il ne trouva point de meilleur remède contre les insomnies auxquelles il fut sujet, que de manger des laitues le soir, soit crues, soit bouillies.

«

<< La laitue commune de jardin contient un jus qui, épaissi, est un véritable opium, de meilleure qualité que celui qu'on tire du Levant. Le jus laiteux qui forme cet opium existe dans la tige et dans les feuilles de la plante, et se trouve dans des vaisseaux qui lui sont propres et qui suivent longitudinalement la partie fibreuse de la tige. On recueille le jus laiteux lorsque la plante commence à monter en graine; auparavant il n'a pas toute sa qualité; plus tard, son produit est beaucoup moins considérable. On l'extrait, comme l'opium des pavots, par incision, mais l'ouverture doit être circulaire une petite profondeur suffit. Le jus sort en gouttes blan

:

ches qu'on recueille sur-le-champ, ou qu'on laisse sur la tige pour les enlever lorsqu'elles sont desséchées. Toutes les espèces de laitues contiennent plus ou moins d'opium, mais la lactuca silvestris ou virosa de Linnée est cellequi en contient le plus. Les essais ont été faits sur la laitue commune, qui n'est pas celle qui en donne le moins; de sorte que les tiges qu'on laisse monter en graines pourront maintenant procurer un double profit. On a essayé d'obtenir cet opium par la pression; mais les autres sucs de la plante, qui s'y mêlent, l'altèrent presque entièrement. Cette connaissance, due au docteur Coxe de Philadelphie, a été importée en France par un voyageur. »> (Moniteur, an IX, page 968.)

LAMBERT (Michel). Ce célèbre musicien français, né en 1610 à Vivonne, petite ville du Poitou, et mort à Paris en 1696, jouait supérieurement du luth, et chantait avec un goût infini. Il est le premier en France qui ait fait sentir les vraies beautés de la musique vocale, ainsi que la justesse et les grâces de l'expression. Les personnes de la première distinction l'attiraient chez elles, et il faisait les délices des cercles les plus brillants. Boileau a dit à ce sujet :

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fest et embrassent l'écu, pour lui ervir d'ornement : c'était l'anenne couverture des casques, comme la cotte-d'armes était celle

reste de l'armure, pour garanir de la chaleur, de la pluie, de Ja poussière, et faire reconnaître es chevaliers dans la mêlée. Ils etaient d'étoffe, et servaient à souzair et à lier les cimiers qui étaient de plumes. L'origine des lambrequins vient des anciens chaperons qqui servaient autrefois de coiffure ant aux hommes qu'aux femmes. Quelques hérauts on appelé volet eet habillement du casque, lorsqu'il était léger, parcequ'il voleait au gré du vent, et n'était attaché qu'avec un tortil, ou bourlet, composé de cordons et de rubans entrelacés des couleurs et métaux des armes du chevalier. D'autres lui ont donné le nom de capeline, quand il était fait en manière de tape, d'où est venu un ancien proverbe militaire, Homme de capeline, pour dire résolu et déterminé au combat. On l'a aussi appelé mantelet, quand il était large et court, et enveloppait le casque et l'écu; ce qui le faisait nommer camail par quelques uns.

On croit que les lambrequins ont été ainsi nommés parcequ'ils pendaient en lambeaux, et étaient hachés à cause des coups qu'ils avaient reçus dans les batailles. › Le père Ménestrier prétend que ce mot vient du latin lemmiscus, qui signifie ces rubans volants dont les couronnes des anciens étaient attachées.

Quelques uns les ont aussi appelés feuillards, parcequ'ils ressemblent en quelque façon aux feuilles d'acanthe. Les lambrequins ont été quelquefois mis en forme de

bonnet élevé comme celui du doge.

LAMBRIS. Ornement de menuiserie dont on couvre le plancher d'en haut et les murs d'une salle, d'un appartement. Jusqu'à la prise de Carthage, on ne sut à Rome ce que c'était que lambris doré. On commença, sous la censure de L. Mummius, par dorer ceux du Capitole.

LAMIE, du latin lamia, être fabuleux. Cette reine, d'une extrême beauté, habitait, selon la fable, un antre vaste et garni d'ifs et de lierre; mais, en punition de la férocité de son caractère, elle fut transformée en bête sauvage. Ayant perdu tous ses enfants, elle tomba dans un tel désespoir, qu'elle faisait enlever ceux des autres femmes d'entre leurs bras pour les massacrer elle-même. C'est pour cela, dit Diodore de Sicile, que cette femme est devenue odieuse à tous les enfants, qui craignent même d'entendre prononcer son nom. « Comme on a feint, dit Dacier (remarque sur le 340o vers de l'Art poétique d'Horace), qu'il y avait un Lamus, roi des Lestrigons, qui se nourrissait de chair humaine, on a feint aussi qu'il y avait en Libye une reine appelée Lamia qui dévorait les enfants.... »

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