d'états-généraux, afin de procurer au fyfteme qu'on juge le plus utile, les, fuffrages des gens de bien, & de le rendre ainfi plus recommandable auprès du monarque & de fon confeil. Qu'on cherche de bonne for à s'éclairer mu tuellement, & qu'on laiffe les injures & les calonies à l'ufage des factieux. Il eût encore mieux valu pêut-être que les ennemis des inftitutions nouvelles euffent renvoyé jufqu'au rétabliffement du trône, toutes les differtations fur leurs différens fyftêimes. Je ne me les fuis cru permifes que parce que j'ai vu que j'ai vu répandré dans une foule d'écrits, & s'acréditer affez rapidement, une foule d'erreurs de la plus funefte conféquence.

Les citoyens qui, reftés dans le royaume, reconnoiffent que la conftitution est vicieuse & qu'elle ne peut être maintenue, devroient profiter du' premier instant favorable pour fe liguer dans toute les parties du royaume, & fupplier le Roi, par des adreffes, d'arrêter les maux de l'anarchie, de publier une chartre des droits du peuple françois conciliés avec ceux de la couronne, & d'ordonner, dans le délai d'une année, un nouvelle compofition d'étatsgénéraux. Ils jureroient d'obéir, pendant cet intervallé, à tout ce qu'il lui plairoit de com

ļ

mander le maintien de la tranquillité pu

blique.

pour

Quand Louis XVI ne tiendroit pas de fa couronne & de la nature des circonftances le droit de fixer lui même la forme du gouvernement futur, ne devroit il pas le tenir de 1 affection & de la confiance de fes fujets? Il ne feroit pas le premier prince qui eût été l'auteur des loix fondamentales les plus effentielles pour les droits des citoyens. Quel monarque a mieux mérité de pofér les bafes de la félicité publique ? La feule confolation, la feule vengeance que puiffe ambitionner l'ame de ce bon Roi, c'eft de pouvoir s'occuper fans obftacles du bonheur: de ceux qu'ont égarés fes lâches perfécu

teus.

Qu'on ne dife pas que les conceffions du monarque feroient faciles à révoquer, & que la liberté publique dépendroit, de la volonté même de celui qui l'auroit établie. Quelle que foit l'origine de la liberté, une fois obtenue, elle eft fous la fauve-garde de ceux qui jouiffent de fes bienfaits. D'ailleurs, la liberté accordée aux defirs d'un peuple, qui pendant quatre ans a fait des efforts pour y parvenir, ne pourroit être confidérée comme le feul ouvrage du fouverain. Qu'on ne dife pas que le Roi ne

confertiroit plus à borner les droits de la couronne, quand une fois il feroit dépofitaire d'une puiffance fans limites; on verra bientôt que fon intérêt, & la nature des circonftances ne lui permettroient pas d'entreprendre de la conferver.

Prétendroit-on que c'eft mal remplir mon titre des recherches fur les moyens d'acquérir la liberté, que de propofer un pouvoir absolu dans les mains du Roi? Je répondrois que j'indique les feuls moyens que permet la fituation préfente. Quand il feroit vrai que nous courrions le rifque de perdre à jamais toute liberté politique, le danger feroit bien moindre que celui de la durée de l'anarchie. L'ordre nous eft plus néceffaire aujourd'hui que la liberté. Hume, dans fes effais moraux, examine cette question: de quel côté le gouvernement d'Angleterre penche le plus, vers la monarchie abfolue, ou vers l'état républicain? Il croit qu'il incline plus vers la monarchie illimitée; il en félicite fon pays. Le péril lui paroît plus imminent du côté de la monarchie, mais plus terrible du côté du gouvernement populaire.

Mon titre feroit encore rempli même si je confeillois le defpotifme d'un feul; il laiffe fub

fifter une très-grande liberté perfonnelle, en la comparant au fort des fujets de la faction qui domine en France. Un efclave tomain' que fon maître venoit d'affranchir, & qui reftoit foumis envers lui à tous les engagemens du patronage, croyoit avec raison, en fe rappelant fon ancienne fervitude, qu'il avoit acquis la liberté,

CHAPITRE XL IL

Si l'on rétablit, l'ancien gouvernement. › он ou fi l'on donne au monarque un pouvoir illimité fera-t-il poffible de le maintenir ?

MALGRÉ les abus de l'ancien gouvernement, il eft permis fans doute de regretter aujourd'hui qu'il n'ait pu fe foutenir fur fes bafes; mais peut-on oublier que fes vices ont été l'origine de nos défaftres,? Combien feroient imprudens des architectes qui voulant reconftruire un bâtiment écroulé par les défauts de fa conftruction,, s'obtineroient à fuivre les plans du premier, & même à remettre en place, fans aucun changement, les pièces, vermoulues dont la chûte avoit caufé les plus grands malheurs?

Des principes faux ou véritables de liberté, admis pendant plufieurs années, par la plus grande partie d'une nation , ne doivent pas la difpofer à l'obéiffance paffive. Il eft vrai que l'excès de la démocratie conduit fouvent au defpotifme d'un feul; mais c'eft pour l'ordinaire fous les apparenc es de la liberté, quand un, favori de la multitude promet de la rendre plus