La Revue hebdomadaire

qui montre à son père des toiles blanches, est un fou; mais cette folie, M. Maurice Rostand l'admire, et Mme Sarah Bernhardt, que la pièce nous montre comme une Gloire déjà encadrée, l'approuve et la couronne. Lorsque, pour flatter la manie de son misérable fils, l'illustre peintre garnit de chefs-d'oeuvre les cadres vidres, il nous est enjoint de croire que le véritable auteur en est ce fou ridicule. Nous demandons à M. Maurice Rostand si l'oubli du monde, le goût de la retraite et du silence, cette pudeur de l'artiste qui ne cherche que l'enrichissement intérieur, si là n'est pas l'introduction à toute vie vraiment glorieuse? Parmi les grandes œuvres dont nous vivons, il n'en est guère qui n'aient été enfantées dans l'ombre. Si la pièce de M. Maurice Rostand parfois émeut, c'est par ces cris d'aveugle qui demande le soleil; un sourd désespoir, en dépit de vers cocasses, nous défend de sourire. Le mauvais goût de ce jeune homme (ce faux goût que les lois de l'hérédité nous empêchent de lui imputer à crime) suffirait à gâter son œuvre. Mais qui dira la débilité intellectuelle de ce communiste « aux accablants cheveux si lourds d'être si blonds »? Faut-il parler du poète? Cette enflure, cette boursouflure, cet immense barbarisme en trois actes ne semblent avoir scandalisé ni le public ni la critique. M. Maurice Rostand, poète, est exactement « fin-de-siècle ». Il occupe, dans la même classe que Mendès, un assez mauvais rang.

FRANÇOIS MAURIAC.

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