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mette bientôt au gouvernement d'entreprendre ces grands travaux forestiers, dont les résultats compensent si largement dans l'avenir les sacrifices que l'on demande au présent.

Léon BRUAND.

CHRONIQUE FORESTIÈRE.

Actes de dévouement.

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Société nationale d'agriculture; séance solennelle, récompenses. Société des agriculteurs; programme des prix à décerner en 1880. — Pétition des gardes communaux de la Côte-d'Or. Production des fers et fontes en 1877 et 1878. Conservation du pavillon des forêts. Une pluie de sève. Société de secours.

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Sur la proposition du ministre de l'intérieur, le président de la République a décerné une médaille d'argent de 2o classe au sieur Galy (François), garde forestier à Gourbit (Ariège), qui s'est signalé en portant secours à un enfant sur le point de périr dans un incendie.

La Société nationale d'agriculture de France a tenu sa séance annuelle des récompenses le 20 avril dernier. M. le ministre de l'agriculture, assisté de M. Girerd, sous-secrétaire d'Etat, a présidé cette solennité.

Parmi les nombreux prix décernés dans cette séance nous mentionnerons seulement ceux qui ont été accordés sur la proposition de la Section forestière, savoir:

2000 francs à M. Herpin de Frémont, au domaine de Frémont près de Cherbourg, pour ses plantations d'essences forestières exotiques; Grande médaille d'or à M. Alexandre Adam, à Boulogne-sur-Mer, pour ses boisements des dunes de Condette et de Saint-Etienne; Médaille d'argent à M. de Montrichard, sous-inspecteur des forêts, pour sa règle destinée au cubage des bois.

Nous extrayons du Bulletin du 15 avril de la Société des agriculteurs le programme des prix à décerner dans la session de 1880, aux propriétaires et aux gardes forestiers:

1° Médailles instituées par la Société forestière au profit des régisseurs et gardes qui auront rempli ces fonctions pendant dix ans au moins;

2o Médailles d'argent grand module aux gardes de l'Etat, des communes ou des particuliers qui présenteront les meilleurs mémoires sur l'abatage des bois;

3° Prix de 1000 francs offert par M. Droche à l'auteur du système pratique le meilleur et le plus économique de repeuplement des bois, qui aura effectué le plus de reboisements et dans les meilleures conditions depuis 1867.

Les pièces à produire à l'appui des propositions de récompenses à donner aux régisseurs ou gardes des particuliers sont : un rapport indiquant l'âge, la durée des services du candidat, l'étendue des forêts confiées à sa surveillance, les travaux auxquels il a participé. Ce rapport devra être certifié par le maire de la commune où sont situés les bois et par un agent forestier ou un membre de la Société des agriculteurs. Ce rapport devra être adressé, avant le 15 janvier prochain, au secrétariat de la Société.

Les candidats au prix fondé par M. Droche devront adresser, avant le 1er janvier 1880, au secrétariat un mémoire dans lequel ils feront connaitre l'étendue des terrains reboisés, leur situation, leur nature géologique, les modes de reboisement employés, le prix de revient, les résultats obtenus.

Le concours est ouvert non seulement pour les reboisements des terrains complètement dénudés, mais encore pour le repeuplement des vides dans les forêts. Les mémoires devront être certifiés soit par un agent forestier de l'Etat, soit par le maire de la commune et un membre de la Société des agriculteurs de France.

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La Société des agriculteurs a, en outre, institué sous le nom de Prix agronomiques des récompenses consistant en objets d'art qui sont décernés pendant les sessions aux personnes qui ont satisfait aux conditions des concours spéciaux ouverts dans les diverses branches de l'agriculture. L'un de ces prix sera décerné dans la prochaine session « à l'inventeur du meilleur procédé mécanique propre à l'exploitation ou au débitage des bois ». Les concurrents doivent envoyer leurs mémoires et faire connaître leurs procédés au siége de la Société (rue Lepeletier, no 1) avant le 1er janvier 1880.

M. Hugot, député de la Côte-d'Or, a déposé à la Chambre des députés une pétition dans laquelle les gardes des bois communaux de ce département demandent: 1° à recevoir le même traitement que les gardes des bois de l'Etat, traitement qui serait acquitté par les communes et l'Etat; 2° à jouir du bénéfice d'une retraite.

Sur le rapport de M. Leroy, la commission des pétitions a proposé de passer à l'ordre du jour, et la Chambre a adopté ces conclusions. Voici les motifs de la commission : Le salaire des gardes forestiers communaux est réglé, aux termes de l'article 98 du Code forestier, par le préfet sur la proposition du conseil municipal. L'arrêté du ministre des finances, du 3 mai 1852 (art. 5), indique que cette fixation aura lieu en

outre sur l'avis du conservateur, et dans la circulaire du 14 mai 1852, relative au même arrêté, le ministre des finances s'explique ainsi : « Vous aurez soin de fournir à MM. les préfets tous les renseignements dont ils auraient besoin pour fixer les salaires à un taux qui, à raison du prix dans la localité des choses nécessaires à la vie, puisse, en donnant aux préposés des moyens suffisants d'existence, les garantir de la séduction et leur permettre de se livrer exclusivement à leurs fonctions. >>

Il résulte de ces dispositions que si leurs traitements sont insuffisants, c'est au préfet du département de la Côte-d'Or que les pétitionnaires doivent s'adresser. Gette dépense constitue pour la commune une charge obligatoire (art. 30, § 7 de la loi du 18 juillet 1837). Y a-t-il lieu, ainsi que le demandent les pétitionnaires, de mettre à la charge de l'Etat une. partie de leur salaire? Nous ne le croyons pas, puisqu'ils ont la garde de la propriété communale et que c'est la commune qui bénéficie exclusivement du revenu de ses bois. Les prélèvements autorisés par l'article 5 de la loi du 25 juin 1841 au profit de l'Etat sur le produit des adjudications de biens communaux ou les produits délivrés en nature, ne s'exercent qu'à titre d'indemnités des frais d'administration dus à l'Etat.

Faut-il, pour créer dans le budget de l'Etat une charge nouvelle, s'arrêter à cette considération que les gardes des bois communaux peuvent éventuellement être astreints à un service militaire? Nous ne le pensons pas davantage. Il est certain que d'après l'article 6 de la loi du 27 juillet 1872 et l'article 8 de la loi du 24 juillet 1873, le personnel de l'administration des forêts entre dans la composition des forces du pays, mais tout aspirant aux fonctions de garde sait que telle est la condition du service dans lequel il est admis, et d'ailleurs, jusqu'à ce qu'une mobilisation intervienne, toute démission peut se produire sans conditions. (Décret du 2 avril 1875, art. 1er.)

Quant aux charges d'habillement, les pétitionnaires font erreur. Aucune charge nouvelle ne paraît résulter pour eux de la réglementation actuelle. S'agit-il de gardes compris dans les compagnies actives de chasseurs forestiers, ils reçoivent leur habillement de grande tenue aux frais du Trésor, et il est pourvu à l'entretien de cet habillement au moyen de retenues sur leur salaire, retenues qui doivent être continuées alors même qu'ils passent dans la catégorie des compagnies territoriales. S'agit-il de gardes qui figurent dans les compagnies territoriales, rien n'est changé aux dispositions autrefois en vigueur : ils continuent à se pourvoir à leurs frais des effets d'habillement fixés par les règlements.

Quant aux effets de petite tenue et objets d'équipement mentionnés dans divers arrêtés ministériels, les préposés forestiers en supportent comme précédemment la charge.

En ce qui concerne les retenues opérées pour l'entretien de l'habillement, elles sont fixées à 15 francs à percevoir par douzième pour les

préposés domaniaux et par quart pour les préposés communaux. Sous l'empire de l'ancienne réglementation, les gardes étaient tenus de se procurer à leurs frais l'uniforme de grande tenue et de supporter les dépenses d'entretien et de renouvellement. Cette situation, qui ne laissait pas que d'être onéreuse pour eux, a disparu.

Ajoutons que les gardes forestiers, en cas d'appel à l'activité, sont assimilés, au point de vue de divers avantages, aux corps de troupes qui composent l'armée sous le rapport des honneurs et récompenses, pensions pour infirmités et blessures, pensions des veuves, etc.; en outre, ils continuent à jouir de leur traitement civil. (Décret du 2 avril 1875. Circulaire du 11 mai 1875.- Arrêté du 28 octobre 1875. Circulaire du 19 novembre 1875.- Circulaire du 7 juillet 1876. — Arrêté du 28 janvier 1878.)

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Quant au vœu émis par les pétitionnaires au sujet du bénéfice de la retraite, les règlements leur ont donné satisfaction, puisque, dans un but de sage prévoyance, il a fait sur leur salaire des retenues dont le produit est versé à la caisse des retraites pour la vieillesse. (Circulaire du 15 décembre 1865.)

La huitième commission des pétitions, tout en constatant combien il est à désirer que les gardes forestiers communaux reçoivent un traitement suffisamment rémunérateur, soit au moyen de modifications dans les triages, soit au moyen d'allocations supplémentaires prélevées sur le budget des communes, ne peut que renvoyer les pétitionnaires à sel pourvoir devant le préfet de leur département et décide en conséquence qu'il y a lieu de passer à l'ordre du jour.

Nous extrayons des tableaux publiés par le Journal officiel les chiffres suivants, qui, comparés avec ceux que nous avons publiés en 1877, donneront à nos lecteurs une juste idée de la situation de l'industrie métallurgique en France.

Les hauts fourneaux français ont produit en 1877 1 506 826 tonnes de fonte; en 1878, la production a été de 1508 246 tonnes, dont 1 386 685 tonnes de fonte au coke, 74 642 tonnes de fonte au bois et 46 979 de fonte mixte.

Les départements qui produisent la fonte au bois sont : Ardennes, production, 1079 tonnes; Charente, 175 tonnes; Cher, 5 169 tonnes; Corse, 4 320 tonnes; Côtes-du-Nord, 332 tonnes; Dordogne, 4300 tonnes; Doubs, 521 tonnes; Gironde, 2237 tonnes; Indre, 902 tonnes; Isère, 990 tonnes; Landes, 16774 tonnes; Loire-Inférieure, 447 tonnes; Lot-et-Garonne, 320 tonnes; Haute-Marne, 12865 tonnes; Meurthe-etMoselle, 1854 tonnes; Meuse, 1871 tonnes; Morbihan, 900 tonnes; Pyrénées-Orientales, 10 388 tonnes; Haute-Saône, 8333 tonnes.

En 1877, la production de la fonte au bois était de 89 116 tonnes; elle a été de 75 642 tonnes en 1878, soit une diminution de 14 474.

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En 1877, les forges ont produit 745 054 tonnes de fer; en 1878, la production a été de 681 675 tonnes, dont : 654 368 de fers à la houille, 14 484 tonnes de fers au bois et 12 823 tonnes de fers mixtes.

Les départements qui produisent des fers au bois sont les suivants : Ardennes, 70 tonnes; Ariège, 400 tonnes; Charente, 145 tonnes; Corse, 270 tonnes; Côte-d'Or, 2 138 tonnes; Dordogne, 2 480 tonnes; Doubs, 1540 tonnes; Gironde, 850 tonnes; Indre, 427 tonnes; Isère, 140 tonnes; Landes, 1006 tonnes; Loir-et-Cher, 110 tonnes; Lot-etGaronne, 145 tonnes; Basses-Pyrénées, 381 tonnes; Pyrénées-Orientales, 533 tonnes; Haut-Rhin, 449 tonnes; Haute-Saône, 299 tonnes; Saône-et-Loire, 30 tonnes; Savoie, 108 tonnes; Haute-Savoie, 180 tonnes; Tarn-et-Garonne, 201 tonnes; Vienne, 94 tonnes; Haute-Vienne, 1 170 tonnes; Vosges, 1318 tonnes.

- Le pavillon des forêts qui a obtenu un si légitime succès de vogue à l'Exposition de 1878 ne sera pas détruit. Ce bâtiment, construit de manière à pouvoir être aisément démonté, va être transporté au domaine des Barres-Vilmorin et servira à abriter les collections de plus en plus importantes qui se créent dans ce bel établissement.

Quant au pavillon rustique, dit pavillon des gardes, qui a abrité les gardiens pendant la durée de l'Exposition, il est mis en vente et sera prochainement démoli.

M. Ch. Musset a fait à l'Académie des sciences, dans la séance du 3 février, une curieuse communication sur une pluie de sève observée par lui.

« ..... Le 22 août dernier, à quatre heures du soir, par un temps calme, une température à l'ombre de 24 degrés et un ciel pur, je fus frappé des évolutions des moucherons sous les branches étalées de deux sapinettes, variété d'abies excelsa. A l'entour de quelques ifs (taxus baccata), sous un tilleul (tilia platyphyllos) et deux pieds très vieux d'althæa frutex, et quelques autres essences, je remarquais de semblables tourbillons d'insectes, mais moins nombreux; sous d'autres enfin, il n'y avait aucun moucheron.

« J'aperçus alors, tombant sous forme de pluie fine, une immense quantité de gouttelettes très limpides, qui, traversant les rayons du soleil tamisés par les branches feuillues des sapinettes, devenaient visibles.

« Je rendis plusieurs personnes témoins de ce phénomène, et la même observation put être répétée pendant quinze jours, à toute heure de la journée, souvent bien avant dans la nuit, à la lumière d'une lampe.

« Si, par les journées chaudes, mais avec un ciel laiteux, on ne peut apercevoir la chute d'aucune gouttelette, il est facile d'en constater la réalité en étendant une étoffe de soie de couleur sombre.

« ... Voici très succinctement les causes, selon moi, les plus pro

MAI 1879.

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