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CHRONIQUE FORESTIÈRE.

Récompenses pour actes de dévouement. Feuilles de route accordées au personnel forestier. Exposition de la Société horticole et forestière de Troyes, récompenses. Société industrielle d'Amiens, questions mises au concours. Liste des élèves admis à l'Ecole forestière; prorogation de la limite d'âge. - Statistique criminelle en 1877. Conseil général de la Corrèze; rapport sur le reboisement. Le reboisement dans le département des Bouches-du-Rhône. Le parc national d'Yellowstone. Le déboisement dans le Tyrol. Société de secours.

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Sur le rapport du ministre de l'intérieur, le président de la république a décerné, par décision du 22 septembre dernier, une médaille d'argent de première classe à M. Reynaud (Marius-Antoine), garde forestier à Saint-Christol de Rodières, qui s'est particulièrement distingué dans diverses circonstances périlleuses, notamment lors d'un incendie survenu à Saint-Christol le 21 juin 1879.

-Le Journal militaire officiel (partie supplémentaire, n° 73) publie, sous le numéro d'ordre 423, une circulaire du ministre de la guerre, en date du 28 août 1879, au sujet de la délivrance de feuilles de route au personnel du corps forestier.

Ces délivrances seront effectuées sur la proposition des conservateurs, dans les cas de déplacement: 1° pour mobilisation, grandes manœuvres, etc., sur l'ordre de l'autorité militaire; 2o pour le fonctionnement de l'organisation militaire du corps forestier (exercices, tirs à la cible, revues, inspections), sur des ordres administratifs du conservateur, visés par le général de brigade de sa résidence. Cette circulaire sera insérée dans le Répertoire.

- A la suite de l'exposition qu'elle a organisée à Troyes, la Société horticole, vigneronne et forestière de l'Aube a décerné de nombreuses récompenses aux jardiniers, maraîchers, horticulteurs, instituteurs, etc. Parmi les médailles décernées par cette association, nous citerons seulement celles qui sont destinées à encourager la culture forestière.

M. René de Bantel, propriétaire à Mussy-sur-Seine, a obtenu un rappel de médaille de vermeil, pour les importants travaux de reboisement qu'il a fait exécuter sur des terrains incultes.

M. Margot, à Champfleury, a obtenu un rappel de médaille de vermeil, pour la bonne tenue de sa pépinière de résineux.

M. Moreau, à Premier-Fait, a reçu une médaille d'argent pour les reboisements exécutés par lui sur différents points du département.

M. Ribault, à Eguilly, a obtenu une médaille d'argent pour ses plantations sur friches.

M. Aubriot, brigadier forestier à Lusigny, a reçu une médaille d'argent pour avoir inventé une raclette simple et économique, destinée à l'émondage des baliveaux.

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- La Société industrielle d'Amiens a mis au concours, pour l'année 1879-80, un certain nombre de questions se rattachant aux arts industriels et à l'agriculture. Parmi ces dernières, il en est une qui mérite d'être signalée à l'attention des forestiers. La société offre une médaille d'or à l'auteur du meilleur mémoire sur l'opportunité du reboisement des sols pauvres dans le département de la Somme. L'auteur devra indiquer les différents sols sur lesquels il convient de substituer la culture forestière à celle des productions agricoles, les essences à employer, les modes de repeuplement par semis ou plantations, les prix de revient, les avantages de cette transformation, son influence sur l'avenir du régime des eaux et sur le climat. La question devra être traitée au point de vue pratique et tout moderne.

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Liste, par ordre de mérite, des candidats nommés élèves à l'Ecole forestière de Nancy, à la suite du concours de 1879, par arrêté ministériel du 25 septembre 1879: GuYOT DE SALINS, MASSELIN, SCHAEFFER, -RABUTTE. MULLER, USSÈLE,

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HUBERT,
DE BOTHEREL,

HUFFEL,

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DE CUSSAC, RODOLPHE,

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Ces élèves devront se présenter devant M. le directeur de l'Ecole forestière à Nancy, le 7 novembre prochain, à midi.

- En vertu d'une décision de M. le ministre de l'agriculture et du commerce, du 3 octobre 1879, la limite d'âge d'admission à l'Ecole forestière de Nancy, au concours de 1880, est prorogée d'un an pour tous les candidats qui ont atteint cette limite en 1879.

Nous extrayons du rapport sur l'administration de la justice criminelle en 1877 quelques chiffres relatifs aux délits en matière forestière et de pêche. Le nombre d'affaires forestières jugées par les tribunaux correctionnels a été, en 1877, de 5 794; il avait été de 6 123 en 1876, de 6 123 en 1875, de 8010 en 1874, et de 8 232 en 1873.

Ce progrès est d'autant plus appréciable que l'administration n'a transigé, avant jugement, en 1877, que dans 20318 affaires, quand, en 1876, elle avait consenti à 23 166 transactions. C'est donc, en réalité, 3571 contraventions commises de moins en 1877 qu'en 1876.

Le nombre des délits de pêche que les tribunaux correctionnels ont été appelés à juger a été de 5639 en 1877; il avait été de 5 592 en 1876, de 4 970 en 1875, de 5895 en 1874, et de 4 864 en 1873.

Le conseil général de la Corrèze a, cette année encore, manifesté l'intérêt qu'il porte aux travaux de reboisement, en allouant une subvention de 3500 francs aux communes qui reboisent leurs terres incultes.

Ce département, l'un des moins riches de la France, est un de ceux qui s'imposent les plus grands sacrifices pour aider les communes dans cette œuvre de restauration. Il est juste d'ajouter que le conseil général a trouvé dans M. Desliens, sous-inspecteur à Tulle, un auxiliaire précieux. Le rapport présenté au conseil général, dans la session d'août, exprime cette estime d'une manière si flatteuse pour cet agent, que nous croyons devoir le publier in extenso, afin de démontrer qu'il est des départements où les services rendus par les fonctionnaires de l'administration des forêts sont hautement appréciés :

Messieurs,

Depuis l'année dernière, la question du reboisement de nos vastes landes montagneuses a fait un grand pas.

Vous savez tous, messieurs, avec quel dévouement M. l'inspecteur des forêts poursuit cette œuvre, à laquelle il s'est consacré depuis douze ans; aussi, grâce à ses efforts incessants, ce fonctionnaire est-il parvenu à obtenir, pour cette année, de six communes différentes, l'initiative de propositions de reboisement pour des contenances relativement considérables.

Ce n'est guère qu'à dater de 1868 que, dans notre département, on s'est sérieusement occupé de cette question du reboisement. Depuis lors jusqu'en 1878 inclusivement, c'est-à-dire en une période de dix ans (1871 ne compte pas, les circonstances ayant interrompu tous travaux), la contenance totale des reboisements demandés par les communes elles-mêmes ne dépasse pas 430 hectares, divisés entre dix communes, soit une moyenne annuelle de 43 hectares; tandis que, pour 1879, la contenance dont le reboisement a été demandé est de 198,36, appartenant aux communes dont les noms suivent :

Palisse, section de Soutras . .

Lamazière-Haute, la Vervialle et Loutre

Eygurande, Laveyssie

Saint-Angel, le Bourg et Cussac

Saint-Etienne-aux-Clos, Saint-Etienne et Charussejoux
Valiergues, le Ponchet, Cornillou et Valierguet

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La principale considération qui a amené ce résultat ne serait autre que la promesse faite par le Conseil général de prendre à la charge du département, pour les communes pauvres, les frais de garde jusqu'à ce que les semis donnent des produits compensateurs de la somme à payer.

Or, la plupart des terrains ensemencés en 1879 appartiennent à des villages dénués de ressources.

Dès lors votre commission d'agriculture vous propose :

De vouloir bien inviter M. le préfet à prélever sur les fonds du reboisement, pour salaire des gardes, les sommes suivantes :

OCTOBRE 1879.

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Votre commission vous propose également de maintenir au budget de 1880 le crédit de 3500 francs affecté au reboisement des communaux.

Ce crédit devra sans doute être prochainement augmenté, comme il y a lieu de s'y attendre, si les communes continuent à comprendre l'immense intérêt qu'elles ont à faire reboiser leurs bruyères.

Pour encourager les reboisements particuliers, l'administration forestière a décidé, le 14 août 1878, que des graines et des plants de pins seraient délivrés aux propriétaires qui en feraient la demande ; de nombreuses demandes se sont produites; malheureusement, les décisions y faisant droit sont parvenues trop tard; il en est résulté qu'un très petit nombre de propriétaires ont pu bénéficier de l'avantage qui leur était offert. De là un vif mécontentement parmi les intéressés. En effet, en vue de semer leurs bruyères au printemps, les propriétaires intéressés s'étaient défaits des bêtes à laine qu'ils hivernent, et il était trop tard ensuite pour qu'ils pussent en acheter d'autres pour l'été et utiliser leurs bruyères restées libres; il y a lieu d'espérer que les mêmes inconvénients ne se reproduiront pas, et que les graines et plants demandés parviendront aux divers destinataires en temps utile.

Le rapport est adopté et le crédit voté.

L'article suivant, que nous reproduisons d'après le Petit Marseillais, prouve que les idées de restauration des forêts semblent prendre le dessus sur celles de destruction, qui ont si longtemps prédominé dans la Provence.

Le département des Bouches-du-Rhône, dont la superficie est de 510 847 hectares, renferme 72 401 hectares de terrains boisés, soit environ 14 pour 100 de son étendue. C'est fort peu si l'on considère que, dans les Landes et dans le Var, cette même proportion atteint 47 pour 100 et 42 pour 100.

Ce faible rapport indique la nécessité de conserver les forêts existantes et d'en créer de nouvelles, chose facile, car notre département renferme 164 400 hectares de terres vagues, pour la plupart susceptibles d'être reboisées.

Sur les 72 401 hectares de terrains boisés dont nous parlions plus haut, 50 552 hectares appartiennent aux particuliers et 21 849 aux communes.

Les particuliers exploitent leurs bois sans contrôle, limités seulement par la loi dans leur droit de défricher; quant aux communes, elles sont soumises pour la gestion de leur propriété forestière à la tutelle de l'Etat; elles ne peuvent abuser et sont obligées de conserver un capital qui, pour plusieurs d'entre elles, est l'unique source de revenus. Cette situation a été souvent l'objet de tiraillements et de malentendus entre les administrations municipales et l'Etat : « Les arbres dépérissent dans nos forêts, dit-on, on n'en retire pas les revenus que l'on pourrait y trouver, et on y laisse s'accumuler une réserve qui est inutile. » C'est là une erreur profonde qui vient de l'opinion très répandue que le capital-forêt est constitué par le sol et que le revenu est tout le bois qui pousse à sa surface, tandis qu'il est clair que le capital comprend non seulement le sol, mais les arbres, et que le revenu n'est que l'accroissement annuel du bois. Cet accroissement annuel est assez facile à calculer, et, en exploitant chaque année un volume équivalent, on est certain de retirer de son capital tout le revenu possible.

Nous ne voulons pas parler ici des divers produits que l'on retire des forêts des Bouches-du-Rhône, nous ne voulons insister que sur la nécessité de leur conservation. Sans doute les produits retirés n'ont pas une très grande valeur et suffisent aujourd'hui largement aux besoins de la consommation, mais en serait-il toujours ainsi si la production diminuait?

Depuis quelques années, l'industrie des ciments a pris une grande extension dans le département, ces ciments sont expédiés dans des tonneaux dont les douelles sont fournies par les pins des forêts voisines. Si vous exagérez l'exploitation des bois, aurez-vous toujours les arbres droits et sains nécessaires pour la fabrication de ces merrains? Et si vous êtes obligés de les importer, ne porterez-vous pas un grand coup à l'industrie des ciments des Bouches-du-Rhône ? Pourrait-elle ensuite soutenir la concurrence?

En dehors de ces considérations, il en est d'autres qui réclament non seulement la conservation des forêts, mais encore le reboisement de tous ces terrains dénudés, de ces 164 400 hectares de terres vagues que renferme le département. Nous citions plus haut le Canada; ne pourrait-on pas répéter exactement ce que nous en disions au sujet de la Provence, en présence de l'irrégularité des saisons, et lorsque nous voyons, après plusieurs années d'une sécheresse incroyable, des périodes aussi pluvieuses que celles que nous venons de tra

verser.

Il est certain que la plupart de ces montagnes rocheuses sur lesquelles on n'aperçoit aujourd'hui qu'une végétation rabougrie, quelques kermès, des sumacs, souvent rien, ont été autrefois boisées et que leur déboisement provient en grande partie de l'abus du pâturage. Il est probable qu'à cette époque les saisons étaient plus régulières, les chaleurs moins fortes en été, les froid; moins vifs en hiver, que le pays était plus sain, que les pluies étaient mieux distribuées. Certains auteurs prétendent que le mistral est un vent de création humaine, qui ne souffle que depuis que l'on a abattu les forêts qui recouvraient les Cévennes et les montagnes qui dominent la Crau.

Les communes reboisent lentement en raison des faibles ressources dont elles disposent; mais les particuliers, qui possèdent la plus grande partie des terrains dénudés, ne reboisent pas. Ils y trouveraient cependant leur intérêt, non seulement dans leur participation à l'amélioration générale du pays, mais encore

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