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d'une façon anomale par la température ou par des filtrations d'eau provenant de couches aquifères plus élevées.

Nous allons examiner successivement ces diverses conditions, en commençant par la dernière, qui a trait au choix de la localité. Nous nous baserons pour cela sur les propositions suivantes, résultant du mode même de nivellement direct que j'ai proposé.

Le repérage de chaque point d'un réseau pouvant être effectué au millimètre près par des opérations successives dans lesquelles la précision pourra atteindre le dixième de millimètre, le repère fondamental doit conserver, à un dixième de millimètre près, la même hauteur en tout temps.

La limite donnée d'un dixième de millimètre est une cause presque déterminante dans le choix de l'emplacement; si l'on prend en effet un point élevé au-dessus de la surface générale du sol, que cette élévation soit naturelle ou artificielle, il est clair que le repère, quelle que soit sa fixité pour ainsi dire personnelle, participera à toutes les variations produites par les dilatations diurnes ou annuelles de la couche de terrain sur laquelle il s'appuie.

Supposons, par exemple, que, pour obtenir un effet monumental, on établisse un repère sur un mamelon calcaire élevé de 10 mètres audessus du sol environnant, et que la température moyenne de cette couche de 10 mètres surpasse de 10 degrés en été la moyenne de la température de l'hiver, ce qui rentre dans des conditions très normales; on aura pour la correction due à la dilatation du monticule les chiffres suivants, variant suivant la nature de la roche qui le constitue :

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On voit que le marbre et le ciment ont des dilatations importantes que l'on ne saurait négliger, et comme il est impossible à priori de connaître ces mouvements internes et qu'une table de correction serait difficile à obtenir, je conclus en indiquant que le repère doit être placé en un point du sol où la température ne puisse produire une dilatation supérieure à un dixième de millimètre.

Ceci peut être obtenu de deux façons: soit en maintenant un cube de rocher ou une barre métallique à une température artificielle à peu près constante, au moyen d'un manchon dans lequel on ferait couler une eau de source qui conserverait cette température uniforme; soit, ce qui vaut mieux encore, parce que cela est plus simple, en plaçant le niveau assez profondément sous le sol naturel pour que la température y reste invariable.

Nous pouvons, pour déterminer cette profondeur, employer le tableau

suivant où sont inscrites, en partant de la couche considérée comme stable par suite de la constance de la température, les dilatations de chaque zone de 1 mètre d'épaisseur et la somme de ces mêmes dilatations. On suppose que le terrain est calcaire.

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Ce tableau est fait pour le nord de la France; il pourrait donc servir à fortiori pour celui de Marseille, où les variations annuelles sont moins grandes. En examinant la dernière colonne, on voit qu'à 3 mètres la variation totale de la dilatation est inférieure à 0mm,1, et en adoptant 4 mètres on est dans des conditions excellentes.

Je crois que ce dernier chiffre doit être choisi pour la France, car il satisfait à l'une des conditions importantes du problème. Il est, d'autre part, absolument indispensable que le sol sur lequel reposera le repère soit rocheux et que la roche soit compacte.

Nous sommes en effet trop souvent témoins, dans les pays de montagnes, d'éboulements produits par le gonflement des couches argileuses sous l'influence de filtrations, pour que l'on ne repousse pas le choix des terrains constitués par des couches minces de calcaires séparées par des glaises.

Le repère devra en outre être tenu en dehors des points traversés par des galeries souterraines, pour éviter non seulement un effondrement direct du sol, mais aussi un glissement latéral.

En admettant qu'une localité ait été choisie de manière à satisfaire à toutes ces conditions, il faut indiquer maintenant celles afférentes au repère lui-même et comment on pourra l'utiliser.

Nous proposons de placer au fond de l'excavation de 4 mètres de profondeur une dalle de porphyre de 60 centimètres de côté et de 30 de hauteur. Cette dalle serait encastrée dans la roche qui forme le fond de l'excavation en arasant au ciseau les deux surfaces, de façon à avoir l'assiette la meilleure possible. La stabilité latérale de la dalle serait obtenue par des crampons ou par un cimentage en bordure.

Il resterait entendu que, pour éviter l'invasion des eaux dans l'excavation, le massif sur lequel la dalle serait fixée serait isolé, et le fossé

comblé par du charbon de bois et du sable; un drain partirait du fond du fossé et irait se rendre dans un puisard.

Enfin, le dallage qui recouvrirait le charbon porterait sur la partie extérieure de l'excavation, de sorte que la dalle ne serait point en contact avec lui.

Quant au repère lui-même, il consisterait en trois portions d'un cylindre de platine iridié encastrées au moyen d'une forte pression. dans les trous creusés au foret dans le porphyre.

La mise à niveau des trois cylindres serait opérée après le dressage horizontal de la dalle de porphyre.

Ce ne serait point directement sur ces repères en platine que se placerait la mire, mais bien sur une plaque intermédiaire en bronze ou en platine dont l'épaisseur aurait été déterminée avec une grande exactitude.

Une telle disposition parerait non seulement aux accidents toujours possibles, mais elle obvierait au buttage de la règle et elle permettrait de donner une assiette suffisante au talon de la règle, dont la longueur doit dépasser 4 mètres.

Si on admet ce système, en somme assez simple, il reste à indiquer comment peut s'effectuer le transport du premier élément de

mesurage.

Il conviendra pour cela de fixer au dehors de l'édicule qui renfermera le repère principal plusieurs repères ordinaires en bronze, placés sur des piliers à une hauteur peu différente de celle de la portion supérieure de l'orifice, orifice qui portera lui-même un petit dé en platine servant de repère secondaire.

La hauteur de ce dé au-dessus du repère fondamental sera déterminée directement au moyen d'une règle en métal consistant en un cylindre creux à parois de laiton peu épaisses et de 4,10 de hauteur, portant une division de quelques millimètres de hauteur vis-à-vis du vernier dont le zéro correspond à la surface supérieure du dé en platine. Le repérage de la division en millimètres aura été fait chez un artiste à une température déterminée, et la correction de la longueur de la règle relative à la température actuelle sera obtenue au moyen d'un thermomètre consistant en un tube mince en métal s'étendant intérieurement dans toute l'étendue de la règle et renfermant de l'alcool.

La hauteur de l'alcool sera lue sur un tube capillaire ajusté.

La pression de la règle, maintenue toujours verticale sur la plaque, sera limitée au moyen de ressorts. En temps ordinaire, la règle sera appuyée sur une buttée et sur des ressorts.

Le contact du talon avec la plaque en platine sera obtenu en faisant mouvoir la règle au moyen d'une crémaillère.

Il reste à indiquer comment on pourrait reporter le repère de l'orifice aux autres repères annexes situés dans le voisinage.

On se servira pour cela du mode opératoire général, c'est-à-dire d'un tube en caoutchouc muni de deux ajutages en verre.

On pourrait même à la rigueur laisser en permanence des conduits en métal sous terre en les enveloppant de charbon, et obtenir chaque jour en quelques minutes une mesure des hauteurs relatives du repère supérieur et des repères annexes.

A. BOUQUET DE LA GRYE,
Ingénieur hydrographe.

BIBLIOGRAPHIE.

Cours d'agriculture de M. Grandeau.

Plantes et Bêtes, par M. J. Pizzetta.

Aménagement et estimation des forêts, par M. Tallotte. L'art forestier à l'expo

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Traité de calcul différentiel, par M. Piccioli; Le permis de chasse et la pêche la ligne, par

Lorsque M. Faré créa une chaire d'agriculture à l'Ecole de Nancy, beaucoup de forestiers se demandèrent ce que serait cet enseignement. Les uns pensaient qu'il se réduirait à quelques notions élémentaires sur les modes de culture qui ont des points de contact avec l'exploitation des forêts; d'autres, plus sceptiques, supposaient qu'il consisterait en simples conférences où les élèves entendraient les banalités agricoles qui composent habituellement les discours de distribution des prix et autres solennités officielies. Ces prévisions ont été heureusement déçues. En publiant la première partie du cours qu'il professe depuis dix ans à l'Ecole forestière, M. Grandeau vient de dissiper toutes nos incertitudes à ce sujet.

Le savant doyen de la Faculté des sciences de Nancy a compris qu'un enseignement destiné à des jeunes gens déjà formés par de solides études scientifiques ne peut pas se borner à l'exposition sèche des pratiques agricoles ou à des dissertations sans but défini. Il a justement pensé qu'il pouvait aborder, avec ses élèves, les plus hautes régions de la science et il l'a fait avec un talent qu'on ne saurait trop louer.

M. Grandeau expose, dans une introduction très remarquable, les considérations qui l'ont guidé dans la composition de son programme.

<«< Loin de moi, dit-il, la prétention ou seulement la pensée de vouloir faire agents forestiers des agriculteurs proprement dits. Leur tâche est ailleurs; mais j'estime qu'ils doivent, en quittant l'Ecole, posséder des connaissances précises sur les phénomènes fondamentaux de la vie des

plantes et des animaux et une idée exacte des questions économiques qui président à l'exploitation bien entendue du sol. »

Pour donner à ses élèves ces notions, qui sont les assises fondamentales de l'agriculture, M. Grandeau étudie, dans la première partie de son cours (1), les rôles de l'atmosphère, du sol, des eaux, de la lumière, de la chaleur et de l'électricité, sur la végétation. Mais il ne se borne pas à indiquer l'état actuel de nos connaissances sur ces questions si complexes il fait parcourir à ses élèves toutes les étapes par lesquelles ont passé les diverses théories scientifiques avant d'arriver au point où elles sont aujourd'hui. Cette méthode excellente permet de suivre pas à pas les savants qui ont consacré leur vie à ces recherches délicates, elle laisse voir toutes les difficultés qu'ils ont eu à vaincre et fait mieux apprécier l'importance de leurs découvertes.

Un pareil ouvrage, dans lequel sont analysés méthodiquement les matériaux épars dans les recueils scientifiques de toutes les nations européennes, ne pouvait être fait que par un savant doué d'une grande érudition et d'une puissante faculté de travail. M. Grandeau, qui réunit ces qualités rares, a su les faire servir à la réalisation de son vaste programme. Ses élèves doivent se montrer fiers de lui avoir inspiré l'idée de publier cet ouvrage qui restera comme le monument le plus complet de la science agronomique de notre époque.

Les hautes théories scientifiques ne sont accessibles qu'aux hommes dont l'instruction est déjà complète, les livres dans lesquels ces théories sont développées ne s'adressent donc qu'à un nombre assez restreint de lecteurs; mais à côté de ces ouvrages d'ordre élevé, il en est de plus modestes dont l'utilité n'est pas moins grande, je veux parler de ceux dans lesquels les sciences naturelles sont présentées sous leur aspect attrayant.

Parmi ces livres, je signalerai comme très habilement fait celui que vient de publier M. A. Hennuyer, l'éditeur de la Bibliothèque du Magasin des Demoiselles.

Plantes et Bêtes (2). Tel est le titre simple sous lequel M. Pizzetta raconte les particularités les plus curieuses de la vie des plantes et des animaux. De nombreuses gravures et de délicieuses planches coloriées ornent ce charmant volume.

Le récit des excursions dans lesquelles l'auteur guide ses jeunes

(1) Chimie et Physiologie appliquées à l'agriculture et à la sylviculture, par M. Grandeau, doyen de la Faculté des sciences, professeur d'agriculture à l'Ecole forestière, etc. 1re partie, La nutrition de la plante; in-8°, xv1-624 pages. Nancy, impr. Berger-Levrault.

(2) Plantes et Bétes, causeries familières sur l'histoire naturelle, par J. Pizzetta; un volume in-8° jésus, de 450 pages, illustré de 150 gravures sur bois et de 6 planches coloriées. Paris, A. Hennuyer, impr.-édit., 51, rue Laffitte.

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