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pérature inférieure à zéro, se solidifiait instantanément au contact des corps solides. Mais cette hypothèse ne s'accorde guère avec ce qu'on sait du phénomène de la surfusion; l'eau qui reste liquide, à une température inférieure à zéro lorsqu'elle est au repos, se congèle instantanément quand elle est mise en mouvement. L'eau pluviale, animée d'une grande vitesse, ne resterait pas liquide, si sa température était inférieure à zéro.

Après avoir discuté les explications données jusqu'à ce jour, nous nous hasardons à en proposer une nouvelle :

Le verglas, on l'a constaté, précède toujours de quelques heures le dégel. Il se produit au moment où un vent chaud vient mettre fin à un froid vif. Ce vent chaud se fait sentir d'abord dans les couches atmosphériques élevées, les régions inférieures restant encore très-froides. Au contact de ces deux courants de température si différente, la vapeur d'eau se précipite et se refroidit assez en traversant le courant inférieur pour se solidifier à moitié ; elle prend alors une consistance analogue à celle des sorbets qui restent à demi fluides, quoiqu'ils soient à une température inférieure à zéro. Arrivée sur le sol, cette eau figée, mais non cristallisée, s'y étale comme un vernis et s'y maintient jusqu'au moment où l'influence du courant chaud, devenant prédominante, amène le dégel, ce qui arrive toujours après quelques heures.

Toutes les personnes qui se sont trouvées en plein air au moment de la chute du verglas, ont pu constater que ce phénomène se produit avec un bruit tout à fait différent de celui de la pluie ou du grésil. C'est un son mat, comme celui que produirait une substance visqueuse.

Ce n'est pas de l'eau à l'état de surfusion qui tombe, c'est de l'eau figée à une température inférieure à zéro, qui s'étale et se solidifie complètement au contact du sol.

Or, on sait qu'il est facile de maintenir les liquides très-froids à l'état demi-fluide, en leur imprimant un mouvement continu de rotation, et qu'ils congèlent, si on les laisse au repos. La fabrication des sorbets est fondée sur cette propriété.

- Un des fleuves les plus remarquables du monde, tant par l'étendue de son cours et le volume de ses eaux, que par les singularités qu'il présente, est le plus grand fleuve de l'Amérique du Nord, le Mississipi. La quantité de bois qu'il arrache durant ses crues aux contrées arrosées par ses eaux, et qu'il charrie ensuite dans son lit, est une chose vraiment extraordinaire. Les troncs d'arbres obstruent la navigation et la rendent très-dangereuse. Ces troncs finissent par s'engraver à moitié dans le fond de la rivière; le sommet seul se relève, et, inclinés par la force du courant, ces troncs énormes se tiennent sous l'eau comme autant de lances en arrêt, contre lesquelles les bateaux qui remontent avec vitesse, les bateaux à vapeur par exemple, viennent

FÉVRIER 1879.

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donner brusquement et quelquefois se crever. « La plupart du temps ces pieux formidables, dit le capitaine Hall en parlant de la navigation du Mississipi, demeurent tellement tranquilles, qu'on ne peut reconnaître leur présence que par un léger remous qui se produit à la surface du courant, et que l'expérience apprend à distinguer; d'autres fois ils se balancent verticalement, tantôt montrant leur tête à la lumière et tantôt la replongeant dans le fleuve. Les bateaux à vapeur sont construits sur un plan particulier, à cause de la multitude d'accidents qui proviennent de la rencontre fortuite de ces troncs; leur partie antérieure, la seule qui soit exposée au danger du choc, est disposée de manière à pouvoir s'effondrer sans compromettre la sûreté de la partie postérieure où se trouvent les passagers et les marchandises. »

Rien n'est plus commun que de rencontrer d'immenses radeaux formés dans la partie supérieure du fleuve ou de ses affluents, et suivant tranquillement leur route vers la mer, où ils vont s'échouer ou s'enfoncer dans la baie du Mexique, à peu de distance des embouchures du fleuve. On ne peut se faire une idée de la quantité de mètres cubes qui s'enfouissent ainsi dans les sables de la mer dans l'espace d'une centaine d'années. L'étude de ces phénomènes est importante, parce qu'elle peut servir à donner l'explication de ces grandes couches de combustible que nous allons maintenant chercher dans les entrailles de la terre et qui y ont jadis été déposées par l'action des eaux.

Dans un des bras du Mississipi, il existe un immense radeau de cette espèce, qui, s'étant arrêté sans pouvoir passer outre, forme aujourd'hui barrage et s'accroît tous les ans de tout le bois qui arrive dans cette direction. Ses dimensions, mesurées par un voyageur il y a une vingtaine d'années, étaient de 3 lieues et demie de longueur sur 600 pieds de largeur et 8 d'épaisseur. Cette masse énorme est le résultat du bois qui s'est accumulé dans une seule branche du Mississipi dans un intervalle de trente-huit ans, car le barrage n'est pas d'une date plus ancienne. Le radeau, quoique arrêté et empêché d'avancer, est cependant libre comme un immense bateau tenu à l'ancre, et il s'élève ou s'abaisse suivant la hauteur des eaux du fleuve. Il est entièrement couvert de broussailles et de végétations fleuries, et il réalise parfaitement l'île fabuleuse de Délos, ou ces jardins flottants dont les industrieux habitants du pays de Cachemire couvrent les eaux enchanteresses de leur lac. « Cette masse, qui s'accroît d'année en année, dit à ce sujet un minéralogiste, finira sans doute par obstruer entièrement le fleuve (et demeurera alors au milieu des sables), ou par couler à fond, ou par s'en aller en débâcle échouer quelque part à la côte. »

Tous les arbres arrachés par le Mississipi dans sa course ne s'arrêtent pas dans son lit ou dans les sables de son embouchure; non-seulement il y en a qui s'éparpillent çà et là dans le golfe du Mexique, mais il y en a, chose étrange! qui vont, sur les côtes de l'Islande, du Spitz

berg et du Groënland, fournir à ces contrées glacées le bois dont la rigueur de leur climat les prive. Ces troncs, charriés par un seul courant, se répartissent sur un espace quarante fois plus considérable que le territoire de la France; les courants de la mer et les vents les échouent sur toutes les côtes de l'Amérique du Nord; les navigateurs en rencontrent au milieu de la haute mer; l'auteur d'une histoire du Groënland affirme que le bois qui vient s'échouer sur les côtes de l'île de Jean de Mayen égale quelquefois la superficie entière de l'île ; dans les baies de l'Islande et du Spitzberg, on trouve, au milieu de mille autres espèces de bois, des amas de bois de Campêche et de bois de Fernambouc, comme on en trouve dans les ports des nations civilisées, et c'est le commerce bienfaisant de la nature qui s'est chargé de l'y. apporter sans aucuns frais de notre part. Tout ce bois dont profitent. les populations septentrionales ne vient sans doute pas du Mississipi; les autres fleuves en versent de leur côté dans la mer, sur les mêmes routes, mais, de tous ces flottages naturels, aucun n'est plus actif et plus puissant que celui de ce grand fleuve, nourri par tant de tributaires et laissé libre de dévaster à son gré les forêts vierges les plus magnifiques du monde, et aboutissant directement sur le plus grand courant qu'il y ait dans l'Océan, le fameux courant du golfe du Mexique.

Société de secours.

Durant le mois de janvier, la Société de se

cours et prêts entre les agents forestiers a reçu :

1° La cotisation (1876) de M. Pintiau;

2o Les cotisations (1877) de MM. Emard et Pintiau;

3o Les cotisations (1878) de MM. Hossard, Pintiau, Jouaux, Honore, Emard, Bouer, Rose et Fillon;

4o Les cotisations (1879) de MM. Thil, Fetet, Fillon, Carrière (P.), Hossard, Pison, Masson (J.-G.). Gast, Larzillière, Levret, Pichon, Loyer, Laigre, de Boixo (E.), Madin, Gilliot, Millot, d'Arbois de Jubainville, Pintiau, Mangin (F.), Lamarque (A.), Dambrun, Charlemagne (E.-N.), Masson (L.-Th.-A.), Marcotte de Quivières, Le Rouyer (0.), Jouaux, Michaud (P.), Honoré, de ia Boissière, Durand de Villiers, d'Uzer, Diou, Champenois, Bouer, Rousseau, Houyès, Ballin, Bourdin et Trombert. 5° La cotisation anticipée (1880) de M. Masson de la Sauzaie; 6° Les cotisations anticipées (1881-1882) de M. Burel.

-Un ancien employé de forges, au courant des bois et de la gestion d'une forêt, désirerait trouver un emploi de régisseur d'un domaine, de préférence dans la région est de la France. S'adresser, pour renseignements, à M. Arbeltier de la Boullaye, sous-inspecteur des forêts à Troyes (Aube).

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(1) En remplacement de M. Cornet, nommé dans le service de l'Algérie.

BULLETIN DU COMMERCE DES BOIS.

6 février 1879.

Paris. Les ventes de bois de feu ont été très-actives pendant tout le mois de janvier. Les chantiers se sont à peu près vidés. En même temps, les transports étaient devenus impossibles, tant à cause de la neige que des grandes eaux. Ces circonstances réunies auront nécessairement pour effet d'imprimer une grande activité aux transactions. aussitôt qu'il sera possible de reconstituer les approvisionnements.

On nous signale une fraude qui tend à s'introduire dans le commerce des bois de chauffage. On sait qu'à Paris les bois de démolition entrent pour une part assez importante dans la consommation. Ces bois, toujours secs et généralement sains, se vendent 40 à 45 francs les 1 000 kilogrammes, et sont d'un emploi plus économique que les bois neufs qui se paient 50 à 55 francs dans les chantiers. Or, il paraît certain qu'un grand nombre de marchands de bois de démolition ont imaginé de les mélanger avec des bois provenant de vieilles traverses de che⚫ mins de fer. Ceux-ci ont, pour ainsi dire, perdu toute puissance calorifique. Il est donc essentiel que le consommateur apporte le plus grand soin à choisir son marchand; car, s'ils sont convenablement apprêtés, les bois de traverses se distinguent difficilement de ceux qui proviennent de vieilles charpentes. Vide cui fidas.

Les bois d'œuvre sont toujours dans la période de la morte-saison. Cependant de nombreux travaux sont en perspective et il est permis d'espérer, d'après les demandes qui commencent déjà à se produire, que ces bois se placeront à des prix rémunérateurs.

Clamecy.

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La charpente est toujours en faveur et se vend à de bons prix, bien que celle qu'on commence à amener sur le port laisse

quelque peu à désirer au point de vue de la qualité. Le merrain s'enlève au fur et à mesure de la confection, au cours de 725 francs les 2600 pièces. Les échalas aussi sont très-recherchés. Les bois de feu donnent lieu à des transactions très-actives. Les bois blancs notamment sont en hausse sensible; ils se cotent de 78 à 85 fr. le décastère.

On signale peu de marchés en charbonnette, qui maintient son cours de 10 à 11 francs par corde de 2 st. 33. Le charbon est en hausse de 1 franc environ par double hectolitre. Enfin, il s'est conclu quelques marchés en écorces, peu importants encore, il est vrai, mais qui ne resteront sans doute pas isolés. On a payé 175 francs les 104 bottes de 18 à 20 kilogrammes l'une.

La marine vient de reprendre ses transports sur Paris, à la suite de la diminution des eaux.

Villers-Cotterets. Les bois de chauffage sont très-recherchés, ainsi que les sciages de hêtre. Les chantiers se dégarnissent rapidement. La charpente reste sans changement, mais maintient ses cours. Le merrain, longtemps délaissé, donne lieu à quelques transactions.

Saint-Florentin. Stock au 31 janvier charpente et grumes, 2517 décistères, valant de 5 à 7 francs l'un. Les transactions ont été nombreuses sur cet article. Voliges de bois blanc: 550 000 mètres, se cotant de 15 à 16 francs les 104 mètres. Affaires très-suivies, en reprise générale. Bois de feu dur: 63 décastères (130 à 140 francs l'un); article très-recherché par le commerce de Paris.

Arbois et Salins. Les affaires ont été complètement nulles pendant le mois de janvier. Les neiges ont à la fois entravé les exploitations, les transports et les transactions.

Meaux. La situation n'a pas changé depuis la fin de l'année, la neige ayant empêché tout mouvement d'arrivage et d'enlèvement. Les ports de la Marne ont été généralement submergés pendant les débordements du commencement du mois de janvier; mais, grâce aux précautions prises par les agents du service des ports, on n'a eu aucun accident à déplorer. On ne signale aucune transaction, mais la longueur et la rigueur de l'hiver autorisent à penser que les bois de feu seront très-recherchés pendant la prochaine campagne. Nous donnons ci-après le stock des ports de la Marne au 1er janvier.

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Beaucaire. Les affaires sont très-calmes. Il y a très-peu de bois à la vente. La grosse charpente se vendrait facilement, mais elle manque complétement sur la place.

Bordeaux. - Les pluies et les inondations, qui se succèdent sans relâche depuis plusieurs mois, entravent les travaux. On espère que la belle saison ramènera quelque activité dans les transactions, notamment en ce qui concerne le merrain. Il a été conclu pendant le mois de janvier des marchés assez importants en essences et en produits résineux.

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