exclamations, les explications, les indignations et ce que finalement il a dû s'en dire, en se passant en amies la tabatière, sur ces monstres d'hommes et sur Israël Bernard en particulier. Eh bien! voilà, la troisième femme pour ce mari, c'est une belle mère, et Bernard est en prison. Le service de l'octroi n'en souffre pas, puisqu'il n'en était pas, mais il est singulier de penser que cet homme ingénieux est puni, non pas pour avoir eu deux femmes, mais parce qu'il avait une belle-mère. Le printemps marqua la fin de cette idylle qui tour à tour enchantait Montrouge et Montmartre. Il ne faut pas moins que le cœur endurci d'une belle-mère pour choisir à ce dénouement l'heure la plus favorable au transport amoureux. Mais Amour, cette saison, connut d'autres drames. Un baryton, dont le perpétuel sourire semble à la scène une réclame pour une eau dentifrice, s'est logé dans le gras des chairs une balle de pistolet pour une demoiselle à qui Molière ne songeait guère lorsqu'il fait, dans l'École des femmes, recommander à Agnès la lecture des quatrains de Pibrac. Le baryton n'en est pas mort, fort heureusement, et vous l'entendrez, sans doute, et l'applaudirez l'automne prochain à la reprise de la saison théâtrale. Mais ce n'est pas au vaudeville d'Israël Bernard ni à l'épisode tragique du baryton que l'intérêt s'attache en ces jours de printemps parisien, et la constance des amours de la princesse et du tzigane fait le sujet des rêveries de tous les cœurs sensibles. Je n'ai point manqué de vous en dire un mot jadis. Depuis, le prince a divorcé, la princesse s'appelle Mme Clara Ward. Le tzigane s'appelle toujours Rigo; il n'a pas divorcé, lui, mais sa femme a pu, à Paris même, faire établir un constat d'adultère dont elle compte tirer un bon prix, et l'on annonce enfin que la très belle personne, que l'on continue à appeler la princesse, va s'exhiber aux Folies-Bergère dans des tableaux vivants. Cette exhibition sensationnelle, et le succès même scandaleux qu'elle ne peut manquer d'avoir, c'est la consécration triomphale de l'influence du reportage et de l'interview. Roméo et Juliette, s'ils revenaient et qu'ils eussent à gagner leur vie sur les champs de foire, ne s'embarrasseraient ni de Shakespeare ni de Berlioz. Ils dévoileraient à d'indiscrets journalistes tous les mystères du balcon et de l'alcôve, et le truc de l'alouette, et le secret de leurs nuits. On en rirait, la curiosité en serait piquée, et Roméo et Juliette feraient recette. Mais qu'on me pardonne d'évoquer l'ardent et jeune amour de Roméo et de Juliette à propos de cette cynique exhibition. Il me reste peu de place pour les théâtres. Maigre semaine, d'ailleurs, que cette semaine maigre. Au Châtelet, une reprise de Michel Strogoff; à la Porte-SaintMartin, une éclatante et somptueuse féerie, la Montagne enchantée, de MM. Albert Carré et Émile Moreau. Je m'en voudrais de ne pas dire un mot d'une charmante petite revue de M. Adrien Vély, le Train du Havre, destinée aux cercles et aux salons, où la font applaudir Mlle Méaly et M. Albert Brasseur, fort amusant sous les traits de l'hôte le plus illustre que reçoive le Havre pendant les vacances parlementaires. CLAYEURES. Le directeur-gérant : P. MAINGUET. PARIS. TYP. E. PLON, NOURRIT ET Cie. 2486. Notre intention est de publier dans notre Supplément illustré toute une suite de planches se rapportant aux sujets suivants : 1° Types et costumes; 2° Moyens de transport; 3° Fêtes et coutumes; 4° Monuments royaux et nationaux. Nous faisons appel aux amateurs photographes du monde entier pour les prier de nous envoyer les documents qu'ils possèdent se rapportant aux sujets ci-dessus et dont ils peuvent autoriser la reproduction. Envoyer de chaque photographie une bonne épreuve sur papier positif quelconque, du format 6 1/2X9 ou au-dessus de préférence. Abonnement au Supplément illustré seul : PARIS ET DÉPARTEMENTS... UNION POSTALE.... 5 50; PRIX DU NUMÉRO POUR L'ÉTRANGER: 20 CENTIMES 8 fr. 10 fr. Les abonnements partent du 1er décembre et du 1er juin de chaque année. Les abonnements partent du 1o de chaque mois. Pour s'abonner, envoyer un mandat ou une valeur à vue sur Paris à MM. E. PLON, NOURRIT et Cie, 8, rue Garancière, Paris. On s'abonne également dans toutes les librairies ou bureaux de poste de la France et de l'Etranger. Un exemplaire spécimen est envoyé franco à toute personne qui en fait la demande. |