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CHAPITRE XVIII.

Réflexions sur les circulaires, arrêtés, règlemens et discours qui précèdent.

INTERROMPONS un moment cette longue série de règlemens, de discours et de circulaires.

On conviendra, nous l'espérons, que le Corps enseignant, loin d'être sans liens et sans vie, est au contraire fortement uni par les doctrines et les principes, véritables liens des institutions morales. On a désormais la preuve que, par toute la France, ce Corps marche et se meut dans une même direction: direction d'autant plus constante, qu'elle est plus conforme aux vœux de tous les siècles, au mouvément général de l'esprit humain, aux besoins et aux goûts particuliers de l'esprit français."

Que de choses déjà sont uniformes, sans

avoir été convenues, et seulement parce que la loi et le Roi les veulent, parce qu'elles sont d'ail leurs sagement religieuses, ou religieusement raisonnables; parce qu'elles sont justes, vraies, généreuses, en un mot nationales!

Une loi a ordonné que l'Université serait Seule chargée de l'instruction et de l'éducation publique, dans tout le royaume;

Le Prince a voulu que l'Université prît pour première et principale base de l'enseignement, la religion catholique;

Il a voulu aussi que les autres cultes chrétiens, sous la même surveillance, mais avec une égale liberté, eussent leurs facultés de théologie, et leurs écoles primaires ;

Il a voulu trouver ensuite dans toutes les écoles, quelle que fût la diversité des cultes, la fidélité au chef de l'Etat et à sa dynastie, l'attachement à la famille, le dévouement à la patrie, la soumission aux lois, la distinction des deux puissances ecclésiastique et civile, l'indépendance et la souveraineté de chaque puissance dans son propre ressort; enfin le perfectionnement continuel de toutes les connaissances humaines, et toutes les idées vraiment libérales.

Il suffit.

L'Université a compris ce langage du législateur; elle a mesuré d'un coup d'oeil toute l'étendue de sa mission: elle l'a acceptée; elle a commencé à la remplir.

S'il en eût été autrement, elle n'existerait plus.

Mais elle vit, et non seulement elle vit, mais elle vivra; et toujours attaquée, elle ira s'affermissant toujours.

Nous allons donner de cette dernière proposition une raison, qui rentre essentiellement dans notre sujet, et que nous prions de peser avec quelque attention.

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Pourquoi l'Université, toujours attaquée, ira s'affermissant toujours.

DEPUIS dix-neuf siècles, grâces au christianisme et à son divin fondateur, il existe pour le monde entier un corps chargé de transmettre d'âge en âge, au nom et avec l'autorité de Dieu même, le précieux dépôt des doctrines religieuses; et dans ces doctrines religieuses que Dieu a faites, nous comprenons, sans aucun doute, les doctrines qui doivent régler les moeurs. Les unes et les autres sont liées ensemble d'un lien éternel et nécessaire, comme un principe est lié à ses conséquences, comme des conséquences sont liées à leur principe. Ce corps auguste, immortel, dont la tête est au ciel, dont l'empire tout spirituel ne finit que là où finit le monde, ce corps exclusivement chargé de l'enseignement doctoral de la religion (1), c'est le corps ecclésiastique, c'est le

(1) Ite et docete omnes gentes.

Clergé : la France est le pays où ce même corps s'est le plus constamment distingué par ses vertus, par ses lumières, par son attachement aux saines doctrines, par une vraie et solide piété.

En même temps, il existe parmi nous un corps dont la destination naturelle et spéciale est de conserver, en l'agrandissant, un dépôt qui, d'un ordre bien inférieur au premier, a néanmoins son importance, le dépôt des sciences, des arts et des lettres. Ce corps, que la France montre avec orgueil à ses amis et à ses envieux; qui ne permettra jamais à l'esprit humain de faire aucun pas rétrograde; qui encourage, honore, récompense les nobles efforts de l'imagination et du génie; qui ouvre une carrière à tous les talens, leur décerne des couronnes, et leur offre la brillante perspective d'un asile plein de gloire, sous les yeux mêmes de nos Rois; ce corps si justement célèbre, tout le monde l'a nommé : c'est la réunion de nos quatre Académies; c'est l'Institut royal de France.

Mais, ici, une double réflexion se présente.

L'immense service que le Clergé rend à la société, en entretenant le feu sacré de la religion parmi les hommes, malgré leurs passions fou

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