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L'Université ne peut pas ne point étre religieuse dans ses doctrines et dans ses habitudes (1).

L'UNIVERSITÉ, religieuse avec courage sous Bonaparte, religieuse avec sagesse et simplicité sous LOUIS XVIII, est nécessairement religieuse, ou elle cesse d'être.

Cela est bien sensible.

(1) Nous ne songeons pas à prouver que l'Université aime, cultive, encourage les études profanes. Nous ne connaissons personne, de quelque poids et de quelque autorité, qui ait hasardé sérieusement une assertion contraire.

Sans doute on peut désirer quelques améliorations dans certaines méthodes; imaginer pour les divers objets des études une distribution plus heureuse des temps et du travail; soit à l'égard des maîtres, soit à l'égard des élèves, souhaiter que l'instruction classique. embrasse des connaissances plus variées ou plus étendues; que les grades des différentes facultés soient conférés avec des formes plus sévères ou plus solennelles : mais on sent bien que tout cela est nécessairement le sujet des obser→ vations et des efforts du corps enseignant. On sent bien que grâces au droit précieux qu'il a de faire et d'amé-~

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tenir au clergé par l'esprit religieux, et à l'Ins titut par la culture des sciences et des lettres.

Ne pourrait-on pas aller jusqu'à dire qu'un tel corps est non-seulement désirable, mais nécessaire, dans l'état actuel de la France? nous ajouterons même, dans l'état futur de la France: car on peut parler de cet état futur, quand tout annonce que l'état actuel doit subsister et s'affermir. La monarchie constitutionnelle des Bourbons autorise le long espoir et les vastes pen

sées.

Eh bien! ce corps désirable, ce corps nécessaire.... il existe, et ses adversaires eux-mêmes ne peuvent s'empêcher de le reconnaître et de le nommer. Ce corps mixte, qui ne peut se concevoir, ni sans un esprit religieux qui le rapproche du Clergé, ni sans un amour et un goût des sciences et des lettres, qui lui donnent des points de contact avec l'Institut; ce corps, qui, par la nature même des choses, par la loi essentielle de son être, est tout à la fois moral et religieux, savant et littéraire; ce corps, enfin, qui semble un trait d'union tiré au milieu du système social, entre d'autres corps que leur nature propre, ou plutôt certains préjugés, semblaient d'abord devoir isoler, c'est évidemment le corps chargé de l'instruction et de

l'éducation publique de la jeunesse dans tout le royaume, c'est l'Université.

Si nous ne nous faisons point illusion, il y a là une raison d'existence, un principe de vie, qui protége puissamment cette institution, et qui la soutiendra toujours contre les plus rudes attaques des partis ennemis, quels qu'ils soient, et de quelque masque qu'ils essaient de se couvrir.

On conçoit, du reste, combien cette grave considération deviendrait plus forte encore et plus impérieuse pour une grande nation que son génie et ses souvenirs appellent à tous les genres de gloire, si cette nation avait à la fois sous les yeux un clergé qui s'affaiblirait tous les jours, et une société où, tous les jours aussi, l'esprit religieux paraîtrait languir et s'éteindre; un clergé qui ne se renouvellerait au milieu des ruines, qu'avec une extrême difficulté, qui ne recevrait presque dans ses rangs appauvris que des enfans de la campagne, et qui, précipitant son instruction, aurait à peine le loisir de joindre quelque étude accessoire à l'étude spéciale de la religion; et une société où les sciences et les arts, s'enrichissant continuellement de nouvelles découvertes et de nouveaux disciples,

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L'Université est chargée de l'éducation de

la jeunesse.

L'éducation doit former l'homme tout entier. Or, l'homme, sans la religion, n'est rien moins que l'homme tout entier.

Fils du temps, mais candidat de l'éternité, l'homme qui ne s'élève pas jusqu'à Dieu, perd de son être, et se dégrade du haut rang qu'il occupait dans la création.

Il pourra bien encore, sans la religion, se montrer fils respectueux, père tendre, ami généreux, sujet fidèle, citoyen dévoué, juge intègre, intrépide soldat, général habile, grand et fidèle ministre, homme instruit et savant, homme honnête et probe; mais d'abord, combien sont fragiles toutes ces vertus humaines, séparées de la religion ! C'est pitié à l'homme de compter sur lui seul. Qu'une occasion délicate vienne tenter cet homme jusque - là si ferme il luttera sans doute; voyez-le recueillir

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liorer ses règlemens intérieurs de discipline et d'études, il parviendra bientôt à rendre, sur tous ces points, sa législation aussi bonne qu'on peut la souhaiter. Il n'en est pas moins reconnu que, même dans l'état présent des choses, les études d'aujourd'hui valent les études d'autrefois.

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ses forces, évoquer ses souvenirs, rejeter l'idée
d'un crime comme une indigne faiblesse, mau-
dire l'injustice comme un déshonneur; l'in-
nocence est en proie à ses ennemis, il vole à
sa défense, et plus ils sont puissans, plus il la
protégera. Cependant, l'occasion se représente
sous mille formes diverses; il appelle à son se-
cours cette morale si belle et si pure qu'il a tou-
jours aimée, cette mâle vertu qui fut peut-être
son unique passion... Eh! quoi! nous allions cé-
lébrer la victoire de notre sage, et tout à coup

Le masque tombe, l'homme reste,
Et le héros s'évanouit.

Allons plus loin. Admettons, s'il est possible, un sage qui ne se démente jamais dans l'exercice des vertus sociales et domestiques : ce n'est pas là tout l'homme. Il aurait assez fait pour la société, trop peu pour lui-même. Il aurait embelli la terre, il aurait honoré sa vie; mais cette vie, ce songe d'un moment, n'est pas toute son existence, et cette terre, qu'il faut quitter, n'est pas son unique séjour.

L'homme se doit à lui-même, non-seulement d'être un membre utile de la société civile durant le peu de jours qu'il passe au milieu d'êtres semblables à lui; mais il se doit encore, et principalement, de travailler à devenir un digne

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