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A l'armée, les ordres descendent sans interruption et sans obstacles du général aux colonels, du colonel aux chefs de bataillon, du chef de bataillon aux capitaines, du capitaine aux moindres officiers, de ceux-ci aux soldats.

Un semblable système subordonne les tribunaux de première instanceaux cours royales, les cours royales à la cour de cassation...

Il y a de même force et unité dans le Corps enseignant, par l'action continue de l'autorité centrale sur ses recteurs, et de chaque recteur sur les chefs des divers établissemens d'instruction, depuis les doyens de facultés et les proviseurs des colléges royaux, jusqu'au maître d'une école primaire

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Il est beau de faire ainsi concourir toutes les volontés et toutes les forces, individuelles et collectives, au bien-être général.

C'est le grand probleme que les gouvernemens ont sans cesse à résoudre ; c'est le but de toute la législation; c'est le secret du génie. Les corps, les communautés, les ordres religieux surtout, ont admirablement, pour euxmêmes et dans leur intérêt propre, connu ce secret, atteint ce but, résolu ce problème.

L'histoire atteste leurs efforts et leurs succès; les annales de tous les peuples sont remplies des prodiges de l'esprit de corps.

Mais ce qui s'y rencontre moins communément, ce sont des corps, ou laïques ou religieux, qui aient su tout à la fois, et lier leurs membres entr'eux, et lier leurs membres à l'Etat ; ensorte que chaque individu tînt à honneur et devoir d'obéir invariablement à deux lois l'une, immédiate et actuelle, l'intérêt du corps dont il faisait partie; l'autre, habituelle et prédominante, l'intérêt de l'Etat, dont le corps lui-même n'était qu'un membre.

Trois institutions en France ont eu ce bonheur et ce mérite.

Une d'elles n'existe plus, et la gloire du gouvernement représentatif sera de servir la patrie aussi bien que cette première institution l'a servie durant tant de siècles; nous voulons dire les parlemens, dont on a blâmé trop légèrement les courageuses résistances, quelquefois peutêtre excessives et déplacées, mais le plus souvent salutaires aux peuples, et sollicitées par nos meilleurs rois, qui se voulaient mettre en garde contre eux-mêmes ou contre leurs courtisans.

La seconde de ces institutions conservatrices a été le Clergé, ce clergé, instruit et ferme autant et plus encore qu'il n'était pieux; clergé vraiment national, dont les doctrines rehaussaient et fortifiaient les vertus, dont les vertus et les doctrines formaient un des boulevarts de la France. Aujourd'hui, plus facilement que jamais, le Clergé français recouvrera, aggrandira sa bienfaisante influence, toutes les fois que ce sel de la terre ne sera point affadi par des pensées humaines, toutes les fois que ces lumières du monde n'iront point s'éteindre dans les ténèbres que jadis elles ont dissipées.

L'Université royale est la troisième de ces grandes institutions. Un goût nécessaire et inné de toute science et de toute saine doctrine, voilà son esprit de corps et sa loi immédiate : l'amour de son Roi et des franchises et libertés nationales, voilà l'autre esprit qui la pénètre et qui l'inspire; voilà sa seconde loi, supérieure à toutes autres lois, hors les divines.

CHAPITRE XXIV.

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Conséquence à tirer des derniers chapitres.

Les Frères des Ecoles chrétiennes, et toute autre espèce d'associations charitables, religieuses, chrétiennes, catholiques, n'ont donc point à redouter l'esprit qui anime l'Université royale; ses doctrines sont leurs doctrines, ses vues sont leurs vues, ses moyens sont leurs moyens.

Aussi, avons-nous déjà vu et verrons-nous encore que, pendant long-temps, les Frères mêmes des Ecoles chrétiennes n'ont rien moins que redouté d'être affiliés et soumis à l'Université.

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Exécution de l'ordonnance royale par les Frères des Ecoles chrétiennes, comme par les autres instituteurs primaires.

RAPPELONS d'abord ce que nous croyons avoir démontré dans notre troisième livre, que Bonaparte voulant, malgré des lois formelles qui n'étaient point abrogées par d'autres lois, réta blir la congrégation religieuse des Frères des Ecoles Chrétiennes, voulut en même temps ne les rétablir qu'avec certaines précautions: 1o. le visa des statuts qui devenait, comme on l'a dit, une sorte de diplóme général pour toute la Congrégation; 2°. et cela ne pouvait s'entendre que de chaque frère en particulier, le brevet, le serment, lecostume: précautions qui n'atteignaient point les autres instituteurs des petites écoles, ceux qui ne faisaient point corps.

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