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L'ACADÉMIE de Strasbourg répondit avec son zèle accoutumé à l'appel du prince et aux vues de la Commission royale. Nous donnerons quelqu'étendue au récit de ce qui s'est pratiqué dans cette Académie, à cause du caractère particulier qui la distingue, et qui semble être un heureux mélange de l'ardeur française et de l'exactitude allemande. Il en résulte qu'en beaucoup d'occasions, elle est prompte à donner l'exemple, et digne d'offrir le modèle.

Depuis plusieurs années, son premier recteur, M. le Chevalier de Montbrison, avait employé avec constance et succès les moyens qu'il avait à sa disposition. Mais ces premiers moyens se trouvèrent agrandis et fortifiés par l'ordonnance du 29 février, et il fut heureux de mettre

à profit pour l'enfance cet accroissement de pouvoir.

Il adressa successivement plusieurs circulaires aux curés catholiques, et aux ministres luthériens et calvinistes, qui étaient appelés à présider les divers comités cantonnaux d'instruction primaire.

Il écrivait aux curés, le 1er novembre 1816,' dans les termes qui suivent.

<< Monsieur le Président, l'ordonnance du 29 février ouvre en France une ère nouvelle dans les annales de l'instruction publique. Les générations qui nous suivront béniront la sagesse du Prince, si digne de tout notre amour, qui leur aura préparé un pareil bienfait.

« L'Université de France avait dès long-temps porté ses regards sur les établissemens d'instruction élémentaire. L'Académie de Strasbourg s'en était constamment occupée depuis sa création, et l'état actuel des écoles primaires avait excité toute sa sollicitude.

«En le comparant à la situation prospère de plusieurs parties de la civilisation de ces belles contrées, et notamment à celle des écoles supérieures, les pères de famille espéraient une réforme.L'Académie l'avait portée dans plusieurs

parties du régime des petites écoles; elle manquait d'autorité pour l'étendre aux autres.

« L'isolement de ces écoles, le manque de surveillance, beaucoup d'abus constatés par l'expérience, et relatifs surtout au mode d'élection des maîtres d'école, avaient été signalés. L'initiative de la présentation était abandonnée aux Communes rurales; et de petits intérêts, des animosités déplorables décidaient trop souvent du choix des nouveaux maîtres, du maintien ou du renvoi des anciens.

«La modicité des traitemens, et la cumulation des fonctions, qui en est la suite, privaient souvent ces Communes de la possibilité de faire de bons choix, et enlevaient aux instituteurs une partie du temps consacré aux écoles.

« Ce qui doit être l'un des premiers soins des maîtres, l'enseignement de la langue française, qu'il s'agit de répandre et de rendre populaire dans les deux départemens, était négligé dans la plus grande partie des écoles, malgré mes recommandations réitérées.

« L'Académie avait constamment prescrit aux instituteurs le respect dont ils doivent donner l'exemple à leurs élèves et à tous les citoyens à

l'égard des ministres de la religion (1); et néanmoins plusieurs d'entr'eux se mettaient encore dans le cas d'être rappelés avec sévérité au sentiment d'un de leurs premiers devoirs.

« Il importait de s'assurer de la conduite morale et religieuse et de la capacité de tous les maîtres, avant de les investir définitivement de leurs fonctions.

<< Il convenait de les soumettre à une surveillance exacte des Autorités civile et ecelésiastique, de les diriger dans le choix des méthodes d'enseignement, de tendre à perfectionner partout celles-ci, d'établir parmi les instituteurs le sentiment de l'émulation à l'appui de l'amour du bien, et d'offrir des motifs d'encouragement à ceux qui se distinguent, en leur indiquant à l'avance une carrière progressive et des degrés successifs d'avancement.

<< Tel était depuis long-temps, Monsieur, l'objet des propositions de l'Académie ; et si je n'avais pu organiser de ma propre autorité les Comités cantonnaux, j'avais établi déjà avec succès des Commissions d'examen, et je m'étais

(1) Notamment, par une circulaire du 24 juin 1812,

fait une règle de déléguer une surveillance locale à tous ceux de MM. les ecclésiastiques qui avaient bien voulu l'accepter. Partout cette mesure, même partielle, a été féconde en résultats utiles. Quels heureux fruits ne devons-nous pas nous promettre de son application à toutes les écoles! Que n'opérera pas une telle réunion d'efforts éclairés et bienveillans en faveur d'un enseignement qui, dirigé avec soin, dispensé avec sagesse et mesure, influe sur l'aptitude, sur les principes moraux et religieux, et par conséquent sur la destinée de la classe la plus nombreuse, la plus dépourvue des moyens de suppléer à l'insuffisance des seules écoles qui soient à sa portée!

<< Tels sont les importans bienfaits de l'ordonnance émanée de la sagesse et de la bonté du Roi désiré.

<< Vous êtes appelé, Monsieur, ainsi que MM. vos Collègues, à présider l'association des amis de Ja religion et de l'ordre social qui vont être chargés de surveiller dans chaque canton et d'y encourager l'enseignement primaire. Les fonctions vénérables qui vous étaient déjà confiées, sont un sûr garant des principes qui vous dirigeront dans celle-ci. Elles répondent de l'esprit de paix, de justice, de charité et d'amour du bien, qui

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