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Nous n'avons pas besoin de faire observer que, tout en paraissant ne nous occuper dans ce moment, que des règlemens d'une académie, nous touchons sans cesse à des questions et à des mesures d'un intérêt général. Nous ne craindrons donc pas de prolonger l'exposition des travaux du recteur de l'académie de Strasbourg, un de ceux qui, dans des circonstances plus délicates, ont plus heureusement devancé et mieux exécuté les principales dispositions de l'ordonnance royale.

Après avoir pris les précautions que nous avons vues pour avoir de bons maîtres et des écoles bien tenues, il faisait remarquer un des plus grands bienfaits de l'Ordonnance, qui est

la division de l'instruction primaire en trois degrés.

« Les besoins des diverses classes de la société n'étant pas les mêmes, disait-il, et tous les enfans ne pouvant, sans nuire aux moyens futurs de leur subsistance, consacrer le même temps à leur instruction, l'enseignement primaire doit nécessairement présenter divers degrés d'étendue. Les maîtres, à leur tour, ont à faire preuve d'une capacité proportionnée à la portée de l'enseignement qu'ils doivent donner. Aussi l'ordonnance du 29 février établit-elle trois degrés de capacité, lesquels sont constatés par trois brevets différens.

« Le 3° degré ou le degré inférieur, est accordé « à ceux qui savent suffisamment lire, écrire et « chiffrer pour en donner des leçons;

« Le 2° degré, à ceux qui possèdent bien « l'orthographe, la calligraphie et le calcul, et << qui sont en état de donner un enseigne<<ment simultané analogue à celui des Frères « des Ecoles Chrétiennes (1). »

(1) Ce mode d'enseignement a beaucoup de rapport avec celui qui est connu parmi nous sous le nom de méthode normale, et qui, usité dans les écoles des Sœurs de

er

« Le 1° degré, ou supérieur, est accordé à « ceux qui possèdent, par principes, la gram« maire française et l'arithmétique, et qui sont << en état de donner des notions de géographie, d'arpentage et des autres connaissances utiles dans l'enseignement primaire. »

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« De la diversité des conditions imposées aux différentes classes d'instituteurs résultent plusieurs conséquences, que la Commission de l'instruction publique a soigneusement développées dans ses instructions. >>

Le recteur rappelait la substance de ces instructions de l'autorité centrale, et considérant ensuite combien d'instituteurs, actuellement en exercice, étaient hors d'état de satisfaire aux *conditions exigées, il usait d'un sage tempérament qui sied toujours aux bonnes et fortes institutions, quand ce n'est pas le droit qui est contesté.

Il établissait une classification secondaire dans chaque degré, et des autorisations provisoires, « Il est divers degrés d'aptitude entre les ins

la Providence, et enseigné à la classe normale de Strasbourg, est pratiqué depuis long-temps dans le grandduché de Bade, en Bavière, en Autriche et dans l'ancien archevêché de Mayence. (Observation du recteur.)

tituteurs de la même classe, et il importe de les indiquer avec soin, en faisant connaître, de chacun d'eux, s'il est très-bon, bon, médiocre, ou plus ou moins faible, dans la classe à laquelle il appartient. L'on conçoit en effet qu'il peut y avoir une plus grande distance entre le premier et le dernier de la même classe, qu'entre le dernier d'une classe, et le premier de la sui

vante.

« Cette classification secondaire a un but également avantageux pour les instituteurs et pour l'enseignement, en ce qu'elle devient un ressort puissant d'émulation et un moyen naturel d'avancer les plus méritans: car, ainsi que les maîtres seront partagés en classes d'après leur savoir, de même les écoles le seront en séries d'après leur revenu ; et je tiendrai à ce que, dans les divers arrondissemens, les écoJes d'un meilleur revenu soient données aux meilleurs maîtres (1).

(1) Il est trop facile d'observer que ce ne sont pas là les seuls ni les premiers motifs qui doivent diriger un instituteur, et exciter son zèle: mais quand on administre, quand on veut marcher, quand on ne se fait pas illusion, on prend les hommes comme ils sont, on les prend en masse, et on ne néglige aucun des ressorts qui les font mouvoir.

« L'ordonnance royale n'établit, il est vrai que trois degrés de capacité; mais telles sont encore, pour un temps plus ou moins long, sous le rapport du traitement qui y est attaché, la malheureuse condition de nos écoles et la triste position de la plupart des instituteurs, que l'académie doit être portée à quelque indulgence dans un certain nombre de cas. Cette indulgence serait blâmable plus tard; mais elle doit être écoutée en ce moment, si l'on ne veut désorganiser l'enseignement primaire, et lorsqu'il s'agit du sort de nombreux pères de familles, d'une bonne conduite, anciens dans leur place, n'ayant pas d'autres moyens de subsister, et à qui cependant on ne peut accorder un brevet, même du troisième degré, s'ils n'ont pas les connaissances requises.

«En conséquence, les maîtres auxquels ces considérations s'appliquent, pourront obtenir une autorisation provisoire de continuer leurs fonctions.

<< Parmi ces mêmes hommes, les uns seront tolérés provisoirement, sans autre condition, à défaut de meilleurs candidats, dans de petites communes; tandis que les sujets susceptibles de mieux s'instruire, et qui seraient coupables, par conséquent, de ne pas y consacrer leurs

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