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>> Quant au reproche de n'être pas parti de suite pour rejoindre le Roi, c'est la crainte d'être arrêté qui m'a déterminé à suivre le maréchal. Je suis arrivé le 18 à Paris, et le 19 j'ai vu le Roi.

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Le maréchal Ney. M. de Bourmont prétend que je portais une décoration de Bonaparte. J'ai conservé celle du Roi devant Bonaparte, et jusqu'à Paris, où mon bijoutier m'en a fourni de nouvelles; on peut le faire entendre. Comment pouvez-vous faire une pareille supposition! C'est une infamie, général, de dire que j'avais d'avance l'intention de trahir.

M. Bellart au témoin. N'avez-vous jamais eu aucune querelle avec le maréchal ?

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M. Bellart au maréchal. A-t-il continué à servir après la proclamation ?

il a

R. Il a suivi la colonne jusqu'à Dôle. Là, pris une direction différente, et j'ai donné tous les

ordres en mon nom.

-D. Pourquoi a-t-il été compris dans les arres

tations ?.

1 R. La colonne était pleine d'agens de Bonaparte. Cette mesure n'a été prise que fort tard, le 19, après avoir vu Bonaparte; elle n'a été -mise à exécution, elle a été levée aussitôt son arrivée à Paris.

pas

M. Bellart. Si M. de Bourmont vous a donné le conseil de lire la proclamation, comment se serait-il ensuite séparé de vous?

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R. J'ai déjà répondu à cela. Il paraît qu'il a changé après avoir vu Clouet. De fait, il a disparu; mais il était d'accord de lire la proclamation, et même il m'y a poussé.

M. Bellart. Vous invoquez le témoignage du général Lecourbe; voulez-vous qu'on donne lecture de sa déposition écrite?

Le maréchal. Comme on le jugera convenable. Avant d'en donner lecture, M. Berryer a demandé au témoin comment il pouvait attribuer au maréchal la division des troupes par deux bataillons.

Le témoin. L'ordre en a été donné par le ministre de la guerre; on ne peut l'imputer au maréchal, qui au contraire a voulu réunir les troupes. De la discussion qui s'est engagée il est résulté

que

les défenseurs attribuaient à M. Bourmont ce que M. de Faverney avait dit à cet égard.

Me. Berryer au témoin. Si c'est un sentiment de curiosité qui vous a conduit sur la place, quel est le sentiment qui vous a porté à dîner chez le maréchal?.

M. de Bourmont. La crainte d'être arrêté.
Le maréchal. Personne n'a été arrêté. Le co-

lonel Dubalen seul a fait son devoir. Il m'a fait des remontrances; il est parti pour Besançon. Je n'avais pas de garde, vous pouviez me faire arrêter, me tuer; vous m'auriez rendu un grand service, et peut-être auriez-vous fait votre devoir.

Me. Berryer au témoin. Quelles étaient les forces présumées de Bonaparte?

R. Avant d'entrer à Lyon, il pouvait avoir trois mille neuf cents hommes, et il en était parti avec sept mille.

Le maréchal. Le ministre de la guerre savait qu'il en avait quatorze mille, et je n'avais que quatre malheureux bataillons qui m'auraient pulvérisé plutôt que de me suivre. J'ai eu tort, sans doute; mais j'ai eu peur de la guerre civile : j'aurais marché sur quarante mille cadavres avant d'arriver à Bonaparte.

M. le président au témoin. Le maréchal auraitil pu engager le combat?

R. Je crois que, si le maréchal eût marché, comme il l'avait dit le 13, avec les tirailleurs, qu'il eût tiré le premier coup de fusil ou de carabine il aurait été possible d'engager un combat; mais je ne peux pas dire qu'il eût été vainqueur : la victoire dépend d'autres circonstances.

Le maréchal. A quelle distance étions-nous de Lyon? A vingt lieues. Le 76. régiment ve

nait de partir de Bourg pour rejoindre Bonaparte; le 15o. était à Saint-Amour prêt à s'insurger. Estce vous qui auriez marché dans cette position? Je ne vous crois pas capable de cela. Non : vous n'avez pas assez de caractère.

M. le procureur - général a invité le maréchal à se circonscrire dans sa défense.

Mr. Dupin a demandé au comte de Bourmont si on aurait pu attaquer avec succès.

M. le procureur-général a dit qu'il ne fallait pas éterniser les débats.

M. Dupin a insisté, et a fait observer au. procureur-général qu'il n'avait, comme l'accusé, que le droit de faire des interpellations au témoin.

Le témoin a pensé que le maréchal ne pouvait plus rien après l'insurrection des. troupes de Bourg

et de Saint-Amour.

Me. Dupin à demandé au témoin si c'était à sa première ou à sa seconde visite que le maréchal lui avait donné connaissance de la proclamation.

Le témoin. Ce n'est pas la première fois ; c'est la seconde, entre dix et onze heures. J'étais avec le général Lecourbe.

Me. Dupin. Vous ne saviez donc pas ce qui allait se passer?

Le témoin. Sans doute, puisque j'allais pour le

savoir.

Me. Dupin. Qu'avez-vous fait dans ces deux

heures ?

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Le témoin. Rien, parce que je croyais que tout était arrangé. J'ai cru qu'il n'y avait plus de ressources, puisque le Roi était parti de Paris.

Me. Dupin. Comment expliquez - vous votre curiosité, si vous croyiez que tout était perdu? Le témoin. On pouvait encore se rallier.

Me. Dupin. Les troupes étaient bien disposées pour le Roi. Est-ce M. le maréchal qui a changé l'esprit du soldat?

Le témoin. Il n'y a pas de doute qu'à l'instant il n'y avait plus de ressource. Si l'on me demande si les troupes auraient marché pour le Roi, je ne puis pas répondre.

Les débats ont établi ensuite qu'un officier qui avait tenu des propos le 15 au soir, avait été envoyé à Besançon, et le maréchal est convenu que Bourmont était venu le lui dénoncer; mais que, tout étant en subversion, personne n'aurait osé le toucher pour le conduire à la citadelle.

Me. Dupin. M. de Bourmont est incontestablement un des témoins les plus importans. Il faut donc que ses réponses s'appliquent à la question. Il fait un reproche à M. le maréchal d'avoir fait échelonner les troupes de manière qu'elles ne pussent présenter une masse imposante.

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